Fiche du document numéro 34355

Num
34355
Date
Mardi Novembre 2022
Amj
Fichier
Taille
4631266
Titre
Billets d'Afrique No. 322
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Lieu cité
Mot-clé
Cote
No 322
Type
Publication périodique
Langue
FR
Citation
RWANDA - ARMÉE FRANÇAISE

« VIOLÉES PARCE QU’ELLES
ÉTAIENT TUTSIES »

Presque 20 ans après le dépôt des premières plaintes pour viols par des femmes tutsies, la
procédure judiciaire semble au point mort. Un récent documentaire diffusé sur Arte a
remis en lumière cette affaire, portée par la médecin Annie Faure. Celle­ci nous en explique
l’histoire, les tenants et les aboutissants.
Un récent documentaire de M. Stanzke
et G. Faye a mis en lumière les viols
commis par des militaires français
contre des femmes tutsies au Rwanda
en 1994. Plusieurs de ces femmes ont
porté plainte, pouvez­vous nous dire
combien de plaintes ont été déposées,
quand et quelle est l’origine de ces
plaintes ?
Il y a eu deux séries de plaintes, la pre­
mière en 2005, la seconde en 2012. Dans le
cadre de la commémoration du génocide
des Tutsis organisée par Survie, en 2004, a
été présenté un film où l’on entendait des
femmes tutsies se plaindre de viols commis
par des soldats français. A ce moment­là,
Survie a décidé d’envoyer des personnes au
Rwanda pour rencontrer ces femmes, re­
cueillir leur témoignages, et si possible des
plaintes contre l’armée française.
A l’époque, c’est important à com­
prendre, nous sommes en 2004, c’est­à­dire
10 ans après le supposé viol par les soldats
français. Or , 10 ans, c’est le délai de pres­
criptibilité en France pour les dépôts de
plainte pour viol. Après avoir vu ce film, on
part donc très vite au Rwanda, avec 2 hypo­
thèses en tête : soit les témoignages concer­
neront des viols « simples » et on arrive à
temps avant le délai de prescriptibilité, soit
ces viols sont spécifiquement contre les
femmes tutsies et à ce titre ils relèvent de
crimes contre l’humanité et sont impres­
criptibles. C’est cette deuxième hypothèse
que l’on a pu établir.
Quand on arrive au Rwanda pour re­
cueillir les plaintes, je rencontre l’association
Ibuka et je bénéficie d’une certaine crédibili­
té en tant que médecin qui est allée au
Rwanda pendant le génocide, avec Méde­
cins du Monde, dans les zones libérées par
le FPR. C’est ce qui me permet de rentrer
très vite en contact avec les femmes violées,
et qu’elles me fassent confiance. A ce mo­
ment­là on recueille 3 plaintes.
Dans un deuxième temps, les plaintes
sont ramenées à Paris, en même temps que
des plaintes pour le dossier Bisesero­Mu­
rambi. Malheureusement pendant plusieurs
années les plaintes pour viols dorment et
n’évoluent pas, jusqu’en 2009. Je décide
alors de reprendre ces plaintes déposées
par Survie et de trouver un autre avocat,
pour que cela avance plus vite. Maître Laure
Heinich, à qui je présente les plaintes, ac­
cepte immédiatement de s’en occuper. Elle
parvient à mobiliser la juge d’instruction du
Tribunal des Armées, Florence Michon, qui
reçoit ces plaintes, les analyse et décide de
les instruire pour deux motifs importants :
crime contre l’humanité et participation à
une association de malfaiteurs en vue de la
préparation d’un crime contre l’humanité.
C’est donc la juge, aidée par l’avocate et par
le témoignage de ces femmes, qui décide de
qualifier ces viols de crimes contre l’huma­
nité, car les femmes ont été violées parce
qu’elles étaient tutsies, ce qu’elles ont bien
expliqué dans le film de Michaël Stanzke
(voir encadré).
En 2012 je retourne au Rwanda pour re­
cueillir d’autres témoignages, et deux autres
plaignantes s’ajoutent au dossier des 3 pre­
mières plaintes. Il y a donc 5 plaignantes ac­
tuellement, regroupées dans le même
dossier.
Pouvez­vous nous rappeler le contexte
dans lequel les militaires français
étaient au Rwanda et donc le contexte
dans lequel ces viols ont eu lieu ?
Les militaires français sont là dans le cadre
de l’opération Turquoise. Elle est imaginée
par la France à partir de mai­juin 1994 et, en
accord avec l’ONU, l’armée française est
chargée d’aller pacifier le territoire et proté­
ger les rescapés du génocide des Tutsis. En
réalité, l’opération Turquoise est une opéra­

tion militaire à prétention humanitaire. Il
suffit de regarder le nombre de boîtes de lait
condensé par rapport au nombre de muni­
tions emmenées par les militaires français
pour comprendre qu’il y a une inadéquation
entre la prétention et la réalité. L’opération
Turquoise, sous prétexte de protéger les
Tutsis, établit une zone de sécurité au sud­
est du Rwanda mais elle ne désarme pas les
génocidaires. Dans les endroits où l’armée
française est censée sécuriser et protéger les
Tutsis, les exactions contre les Tutsis se
poursuivent et surtout les soldats de l’armée
génocidaire continuent à se réunir et sont
toujours armés.
Les rescapés du génocide sont réunis
dans des camps de réfugiés, notamment à
Nyarushishi et Murambi, et sont censés y
être protégés par les soldats français de
l’opération Turquoise. Or ce sont dans ces
camps que les femmes dont nous avons re­
cueilli les témoignages sont sélectionnées
par les soldats français et violées. Elles ont
décrit ces faits avec une grande précision
qui ne laisse pas place au doute, comme on
le voit dans le récent documentaire.
Ces camps sont gérés par l’armée fran­
çaise ?
Non, ils ne sont pas gérés entièrement par
les soldats français car ils ne sont pas assez
nombreux. Les soldats de Turquoise tra­
vaillent en lien avec des administrateurs lo­
caux, qui sont des Hutus ayant eux­mêmes
participé au génocide. D’où l’ambiguïté de
cette « protection » française qui joue sur
deux tableaux : d’une part elle veut protéger
les Tutsis mais d’autre part elle utilise pour
les protéger et les garder des personnes qui
ont elles­même tué des Tutsis ou participé à
des massacres.

Billets d'Afrique 322 - novembre 2022

ENTRETIEN

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PORTRAIT

10
Les plaintes concernent donc deux
camps, est­ce que cela s’est produit
dans d’autres endroits, est­ce que da­
vantage de femmes ont été victimes ?
Evidemment, il y a probablement eu
d’autres femmes violées. Certaines sont
mortes, comme me l’ont dit celles qui ont
porté plainte. Et il y a beaucoup de femmes
qui n’osent pas porter plainte, car être une
femme violée au Rwanda, c’est considéré
comme une faute, elles sont considérées
comme des collaboratrices. Une des plai­
gnantes raconte dans le film que son mari a
divorcé lorsqu’il a appris qu’elle avait dépo­
sé plainte pour viol.
Pouvez­vous revenir sur cette qualifica­
tion des viols de « crime contre l’hu­
manité », quel en a été l’impact ?
La qualification de crime contre l’humani­
té a été retenue par la juge d’instruction,
suite au dépôt des 3 premières plaintes, car
les femmes ont témoigné avoir été sélec­
tionnées par les soldats français parce
qu’elles étaient tutsies. Puis les deux autres
plaintes qui ont rejoint le dossier ont reçu la
même qualification.
Ce qui est important à savoir, c’est que le
parquet a fait appel de cette qualification.
Dans l’instruction, l’armée disait, je carica­
ture grossièrement, « quand on est en cam­
pagne, on viole, c’est comme ça ». Mais la
chambre d’instruction a rejeté l’appel du
parquet en disant que ces viols de femmes
avaient été des viols de femmes tutsies et
que cela faisait partie d’un génocide. Cette
reconnaissance de l’appellation de crime
contre l’humanité est fondamentale et cru­
ciale. C’est le nœud central du dossier et
c’est ce qui fait peur à l’armée française, car
elle sait que c’est imprescriptible.
A partir du moment où le parquet a fait
appel sur ce point, c’est significatif aussi de
la position de l’État français dans ce dossier...
Comment s’est déroulée l’enquête de­
puis le recueil des témoignages ?
Lorsque les plaintes sont ramenées en
France, les femmes sont convoquées à Paris
et auditionnées par le juge d’instruction, qui
les déclare recevables. Pour les deux plai­
gnantes suivantes, l’audition a lieu au Rwan­
da.
Mais depuis ces étapes, il ne s’est rien pas­
sé. Cela traîne beaucoup, malgré les diffé­
rentes relances. Un des écueils majeurs dans
l’enquête, c’est la reconnaissance visuelle
des violeurs, qui est évidemment extrême­
Billets d'Afrique 322 - novembre 2022

ment difficile pour les femmes. Il faudrait
que l’armée délivre le trombinoscope précis
de tous les militaires présents dans les
camps de Murambi et Nyarushishi. Mais l’ar­
mée refuse. Le parquet aura alors beau jeu
de dire que le procès ne peut pas avoir lieu
puisqu’on ne peut pas identifier les violeurs.
C’est le risque qui existe en ce moment.
Est­ce que des responsables militaires
ont été convoqués pour être audition­
nés ?
La justice française, quand elle ne veut
pas avancer, trouve les moyens de prendre
des chemins de traverse pour qu’on ne
puisse pas dire qu’elle bloque. Donc, effecti­
vement, des soldats de la hiérarchie des
camps de Nyarushishi et Murambi ont été
convoqués comme témoins et ils ont tout
nié en bloc. En somme, ils disaient qu’ils ne
pouvaient pas violer les femmes puisque
leur commandant leur avait dit que c’était
interdit. La revue Causette avait fait un très
bon papier là­dessus en 2011. C’est comme
si on disait : en France, le viol c’est interdit,
c’est pour ça qu’il n’y en a aucun dans ce
pays.
D’où viennent les blocages dans ce
dossier ? Qu’est­ce qui pourrait per­
mettre des avancées ?
Il n’y aura aucune volonté d’avancer de la
part de l’armée française. Et on pourrait dire
avec un euphémisme qu’il n’y a pas de vo­
lonté arrêtée du Pôle génocide d’arrêter
l’instruction. Le documentaire va peut­être
servir de catalyseur, mais pour le moment
c’est très lent. Les juges changent régulière­
ment, c’est normal puisqu’il y a un roule­
ment, mais en attendant le temps passe et
cela n’avance pas.
La question importante ici, c’est qui a
commis les viols ? Pour certains, ce sont des
légionnaires de la Légion étrangère, car ce
sont eux qui étaient en charge du camp de
Nyarushishi. Par définition, la Légion étran­
gère est composée de soldats qui ne sont
pas forcément Français. Il est donc facile, ou
le sera, pour l’armée française, de faire que
ces responsables des viols soient renvoyés
dans leur pays d’origine. Il est très possible
que l’armée française connaisse parfaite­
ment qui sont les auteurs des viols, car il n’y
avait pas des milliers de soldats envoyés sur
place. L’hypothèse la plus probable à mon
avis est que ces soldats ont été identifiés,
qu’ils sont d’origine étrangère, qu’on leur a
demandé de rentrer dans leur pays, et

qu’on va les perdre de vue, car ils n’ont pas
été réembauchés dans l’armée. On efface le
crime en écartant le coupable.
Déjà au moment de recueillir les témoi­
gnages, on nous a mis des bâtons dans les
roues. Je vais vous raconter une anecdote.
Lorsque je vais au Rwanda en 2004 pour re­
cueillir les plaintes des femmes violées, une
femme rwandaise se propose de porter
plainte et je la reçois. Elle dit qu’elle est hu­
tue, qu’elle était dans le camp de Nyarushi­
shi et qu’elle a été violée par les soldats
français de l’opération Turquoise. Mais
lorsque je lui pose des questions, ses ré­
ponses me paraissent un peu fausses. Pour
vous redonner le contexte, quand j’ai re­
cueilli les témoignages de Concessa et Jac­
queline, les premières plaignantes, elles
avaient des crises de nerf pendant les entre­
tiens. C’était la nuit, on avait mis des bou­
gies, on était dans un hôtel au sous­sol parce
qu’on ne voulait pas que les Hutus autour
de l’hôtel se retournent contre elles, je rap­
pelle qu’on est en 2004. On est donc dans
l’appréhension et la peur de mettre en dan­
ger ces femmes qui voulaient porter plainte.
Après avoir recueilli ces plaintes, dont la vé­
rité éclatait sur le visage et sur la manière de
le raconter de ces femmes, je reçois donc
cette autre femme qui veut aussi porter
plainte et là je ressens autre chose. Je trouve
qu’elle récite un peu, qu’elle raconte qu’elle
a été violée comme on dirait qu’on a été
boire un verre.Je me dis que quelque chose
ne va pas. Je fais mon enquête et je com­
prends que cette femme est une fausse plai­
gnante. On a réussi à l’identifier comme
étant la femme qui tenait le bar où s’abreu­
vaient les soldats de Turquoise en 1994. Je
pense donc que c’est l’armée française elle­
même qui a essayé de nous mettre des bâ­
tons dans les roues en nous donnant une
fausse plaignante hutue dont le témoignage
permettrait de relativiser et de balayer le té­
moignage des autres femmes tutsies, et de
faire tomber l’accusation de crime contre
l’humanité. C’est dire la force de l’armée
française pour colmater et fermer ce dossier,
dès 2004. Cela montre à quel point l’armée a
peur.
Maintenant il n’y a qu’une seule solution,
qu’une seule réponse à cela : qu’une voix
dans l’armée s’élève contre ces crimes, de­
mande des comptes. Il y en a déjà eu à pro­
pos du Rwanda. Il y a donc peut­être, en ce
moment, quelque part dans l’armée, un res­
ponsable militaire qui se donne une certaine
idée de la France et qui ne veut pas d’une

11

Quelle a été la genèse du documen­
taire de M. Stanzke et G. Faye ? Y avez­
vous participé ? Et quel a été son im­
pact ?
J’ai été sollicitée par Michaël Stanzke pour
l’aider à faire ce film, je lui ai fourni tous les
documents et tous les contacts que j’avais, je
suis même allée au Rwanda une semaine
avant le tournage pour conforter les femmes
dans la nécessité de témoigner et leur don­
ner confiance. Aujourd’hui c’est très impor­
tant que ce film existe.
Au niveau médiatique les retombées ont
été très importantes, c’était incroyable, mais
on sait que le soufflé va retomber.
Au niveau judiciaire, on sait que le tribu­
nal a le film entre les mains, les juges l’ont
demandé. Mais honnêtement je n’ai pas eu
de nouvelles importantes depuis la sortie du
documentaire. J’ai très peur qu’on aille vers
un non­lieu, comme pour le dossier Bisese­
ro.
Selon l’avocate, les plaintes des femmes
violées sont très solides car ce sont des actes
précis dans un lieu précis. On a des actes
clairs, des femmes qui ont été violées par les
soldats français qui étaient censés les proté­
ger. C’est pour cela que le parquet et l’ar­
mée française ont très peur.
Est­ce que le documentaire a été vu au
Rwanda ? A­t­il suscité de nouveaux té­
moignages ?
Oui, il a été vu là­bas. Je suis en contact
régulier avec les femmes plaignantes, et le
film les a beaucoup soulagées, que ce soit
dit au grand jour. Elles sont maintenant
considérées comme des victimes, ce qui
n’était pas gagné au début. Le film les a aussi
aidées à avoir une meilleure image d’elles­
même.
J’espère toujours de nouveaux témoi­
gnages mais pour l’instant je n’ai eu aucune
sollicitation.
Il n’y a qu’une seule chose qui fera avan­
cer le sujet maintenant, c’est qu’un militaire
parle. Il faut qu’il y ait au moins un soldat du
camp qui parle. Soit un violeur, soit un té­
moin de viol. Juste un, et cela empêcherait
d’avoir un non­lieu. Mais personne ne le fait,
l’armée c’est la grande muette.
Propos recueillis par Marie Bazin

PORTRAIT

France qui envoie des soldats violer des
femmes. Ce témoignage­là, on l’attend. Il
faut qu’on arrive à sensibiliser l’armée.

UN CHOC SALUTAIRE
« On pensait naïvement que le blanc
était un sauveur et qu’il apportait forcé­
ment la paix. Mais nos problèmes ont em­
piré. On s’était habitué à la souffrance, et
ils ont aggravé notre situation. » (Concessa
Musabyimana).
« On commençait à espérer le retour de la
paix. On était comme d’habitude dans nos
tentes. Eux, ils étaient toujours en train de
guetter à la recherche d’une jolie fille. Et ils
disaient « Tutsi, Tutsi ! ». Ils nous appelaient
comme ça. « Tutsi, Tutsi ! ». Ils s’appro­
chaient de nos tentes et disaient encore :
« Tutsi, Tutsi ! ». Ils te sortaient de la tente
et faisaient de toi ce qu’ils voulaient » (Ma­
rie­Jeanne Muraketete).
« Leurs désirs étaient des ordres. Se mettre
à quatre pattes ou lever la jambe, on s’exé­
cutait. Ils réalisaient tous leurs fan­
tasmes. » (Prisca Mushimiyimana).
C’est par ces extraits de témoignages
que s’ouvre le documentaire co­réalisé par
Michaël Stanzke et Gaël Faye, intitulé
« Rwanda : le silence des mots ». En
quelques phrases sont résumées les souf­
frances endurées par les femmes tutsies
des camps de réfugiés de Nyarushishi et
Murambi, de même que les éléments prin­
cipaux à charge contre l’armée française,
contre laquelle ces femmes ont porté
plainte. Elles ont été violées par ceux qui
venaient les protéger, elles ont été violées
car elles étaient tutsies, et ces viols ont eu
lieu de manière répétée. C’est la première

fois que les témoignages de ces femmes
sont livrés au grand jour et diffusés en
France, grâce à ce documentaire et aux
liens de confiance établis par Annie Faure
avec ces femmes depuis qu’elle les accom­
pagne auprès de la justice française.
Le documentaire commence par poser
le contexte, celui du génocide des Tutsis
du Rwanda en 1994, à travers le parcours
des quatre femmes interrogées. En racon­
tant « leur » génocide, elles racontent aussi
le génocide dans son ensemble, et ainsi le
film rend cette histoire accessible et com­
préhensible même pour des personnes
qui la découvriraient.
Elles racontent ensuite l’horreur qui se
poursuit, à la fin du génocide, commise
cette fois par les soldats français. Les co­
réalisateurs les filment de façon très sen­
sible, avec une grande pudeur, sur les lieux
des viols où certaines ont choisi de retour­
ner, non seulement pour tourner le film,
mais surtout pour tenter de traverser en­
semble cette souffrance et pour trans­
mettre cette histoire à leurs proches.
Ce documentaire rejoint ainsi le corpus
d’œuvres et d’ouvrages qui, par leur sincé­
rité et leur justesse, produisent un choc
salutaire chez leur auditoire.
"Rwanda, le silence des mots", Mi­
chaël Stanzke et Gaël Faye, 60 mi­
nutes, 2021. En accès libre sur la
plateforme Arte.tv .

HOMMAGE

GÉRAUD DE LA PRADELLE
NOUS A QUITTÉS
Géraud a en effet participé dès sa concep­
tion à la Commission d’Enquête Citoyenne
(CEC) sur l'implication de la France dans le
génocide des Tutsis, auprès de François­Xa­
vier Verschave et de Sharon Courtoux. L’im­
plication d’un juriste de son niveau et sa
renommée a été déterminante en termes de
crédibilité et a pu à elle seule faire taire cer­
taines critiques.

Nous avons créé une page dédiée sur le
site internet de Survie, avec de nombreux
liens vers ses travaux et interventions.
Parmi les nombreuses interventions dans
des soirées publiques, vous y trouverez un
lien pour réécouter la 5e partie de son inter­
vention de 2006 sur la justice et l’impunité.

Par ailleurs l’ouvrage « Imprescriptible ­
l'implication française dans le génocide des
Tutsi portée devant les tribunaux » (Edition
Les Arènes) en 2005, a ouvert la voie à
presque 20 ans de démarches judiciaires. Ce
livre figure en bonne place dans les dossiers
en cours mais aussi parmi les éléments four­
nis en documentation de fond des avocats
qui nous accompagnent aujourd’hui.
Nous avons appris le récent décès de Gé­
raud de la Pradelle le dimanche 16 octobre
2022. Au­delà de notre tristesse et de celle
de ses proches que nous partageons, l’asso­
ciation Survie se souvient des années de
combat commun et de son apport précieux,
principalement dans la recherche de vérité
et de justice sur l’implication française dans
le génocide des Tutsis du Rwanda.

Enfin, ses conseils avisés, sa capacité
d’analyse, son courage et la force de ses
convictions, au moment des prises de
risques, mais aussi son charisme, son hu­
mour parfois féroce mais désopilant, sa
courtoisie, ont apporté une cohésion
énorme au groupe des militants qui s’est
lancé dans la CEC et dans les plaintes qui
ont suivi.

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024