Fiche du document numéro 9719

Num
9719
Date
Jeudi 5 août 2004
Amj
Auteur
Taille
524585
Titre
Audition de Jacques Simal
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Source
Fonds d'archives
RDP
Type
Langue
FR
Citation
Simal, économiste, cadre ING Belgium Bruxelles, entré à la BBL
BCR filiale de la BBL
Directeur général adjoint de la BCR
Le 6 avril vers 18 h nous avons entendu deux déflagrations sourdes et puis plus rien de spécial.
Evacué par les militaires français à l'école française puis à l'aéroport par les Belges.


QUESTION : En début d'audition, vous avez expliqué que, de retour
en Belgique, vous avez poursuivi la gestion de la BCR pendant quelques
semaines.

REPONSE : Je vous explique en quoi a consisté, entre autres choses
cette gestion. La BBL était l'actionnaire de référence de la BCR. Les
liquidités en devises de la BCR étaient constituées essentiellement de
USD et avaient été rassemblées, par précaution, auprès de banquiers
américains correspondants de la BBL. Ceci permettait à la BBL d'avoir
un contrôle de fait sur l'utilisation des avoirs de la BCR. Par ailleurs,
dans la chambre forte de la BCR à KIGALI, se trouvait un important
stock de traveller's cheques de THOMAS COOK. Lors des
événements d'avril 94, le gouvernement rwandais est parti à
GITARAMA. Une partie des cadres rwandais de la BCR a suivi le
gouvernement et a tenté de faire fonctionner la banque à partir de
GITARAMA. Ceci contrairement aux instructions de la BBL
Bruxelles qui avait mis en place une cellule de crise. Laquelle avait
informé nos partenaires bancaires, que la BCR RWANDA était fermée
jusqu'à nouvel ordre.
Durant cette période, mai, juin ou juillet 94, j'ai appris qu'une colonne
blindée avait été envoyée de GITARAMA à KIGALI pour s'emparer du
stock de traveller's cheques de la BCR. Dès que cette information a
été connue par la cellule de crise à Bruxelles, nous avons fait
opposition sur les traveller's. Si ma mémoire est bonne, c'est Claver
MVUYEKURE, Directeur Général de la BCR, qui m'en a informé par
téléphone. Durant cette période, j'ai été plusieurs fois en contact
avec lui. Claver faisait référence à une décision du gouvernement
rwandais et du gouverneur de la BNR pour justifier cette
récupération de traveller's.
La conséquence de cela, c'est que par après, des personnes qui se sont
malgré tout présentées dans une banque à Bruxelles (autre que la
BBL), ont été interceptées. C'est l'information que j'ai eue. Je ne sais
qui étaient ces personnes. A mon sens et pour la grande majorité des
traveller's, ils n'ont pas pu être utilisés vu l'opposition dont ils
faisaient l'objet.
Je sais que le trésorier de la BCR a dû être impliqué, de gré ou de
force dans l'expédition à KIGALI en vue de récupérer les traveller's.

Mais je ne sais pas si d'autres cadres de la BCR, comme par hasard
Ephrem NKEZABERA, ont participé à cette opération. .
Je ne sais vraiment pas préciser le jour où cette expédition à la BCR
a été effectuée. Je situe cela à l'époque où le gouvernement rwandais
était à GITARAMA, mais j'aurais tendance à dire en mai ou en juin 94.
Après l'échec de l'opération des traveller's, les cadres de la BCR,
toujours en se justifiant par une décision gouvernementale, ont
essayé à diverses reprises d'utiliser les avoirs en USD de la BCR, par
transferts. La BBL, ayant fait bloquer les comptes en USD de la BCR,
ils devaient passer par moi. Je me suis toujours opposé, à ces
transferts sur décision de la direction de la BBL. J'ai reçu plusieurs
coups de téléphone de Claver MVUYEKURE et d'autres cadres de la
BCR. Le dernier appel téléphonique de Claver remonte à la veille de la
chute de KIGALI le 03 juillet 94, comme vous me le rappelez. Le
gouvernement rwandais avait un besoin crucial d'argent. Bien que la
raison n'a jamais été évoquée très clairement, il était évident pour
tout le monde qu'ils devaient acheter des armes et munitions. Le
Rwanda était sous embargo.

Je me rappelle même que, pour forcer la BBL, le gouvernement
rwandais a envoyé des émissaires pour nous convaincre de libérer les
fonds. Je me souviens que ces émissaires étaient à Frankfurt en
Allemagne en provenance d'Afrique. IIs voulaient que je les y
rencontre. Je ne m'y suis pas rendu, d'une part parce que les
consignes de la BBL à Bruxelles étaient claires, d'autre part, parce
que j'avais des raisons de craindre une action musclée de leur part
contre ma personne. Je suis à peu près certain que le gouvernement
rwandais exigeait mon retour, en arguant du fait que j'étais sous
contrat rwandais. J'ai appris par après, par la société THOMAS
COOK, qui avait envoyé des enquêteurs en Afrique, que j'étais placé
sur la liste rouge du gouvernement rwandais en fuite. Ces enquêteurs
tenaient cette information du Gouverneur de la BNR, Denis
NTIRUGIRIMBABAZI, qu'ils avaient rencontré à Nairobi.
La personne qui me contactait habituellement était Claver, mais
à l'occasion de la mission à Franfurt, ils m'ont fait appeler par un autre
cadre de la BCR que je connaissais bien, responsable de l'agence de
KIGALI lorsque j'y étais, à savoir Denis MASONGA. C'est lui qui m'a
dit qu'il était avec d'autres personnes à Frankfurt et qu'il souhaitait
que je vienne. Il ne m'a pas donné les noms des personnes qui
l'accompagnaient, ni le nombre. II s'est borné à dire qu'il faisait partie
d'une mission de plusieurs personnes venues spécialement pour cela,
sans autre précision. Je ne peux pas préciser la date de cet appel de
Frankfurt, mais par rapport à d'autres points de repères, je vais
essayer d'y réfléchir.

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