Fiche du document numéro 860

Num
860
Date
Vendredi 15 juillet 1994
Amj
Taille
105035
Titre
Note à l'attention de Monsieur le Président de la République. Objet : Rwanda réunion à Matignon vendredi 15 juillet 11 h 15
Résumé
Hutu exodus after taking Ruhengeri. Léotard proposes to withdraw to Zaire. For Quesnot, the RPF will not negotiate. He will install his minority power without sharing and will carry out a complete redistribution of land for the benefit of Tutsi emigrants. He will not accept reinforcements from UNAMIR.
Type
Note
Langue
FR
Citation
- N O T E —

a l' attention de
Monsieur le Président de la République

0 B 1 E T : Rwanda - Réunion à Matignon
vendredi .5 juillet à 11h15

Au cours de cette réunion présidée par le Premier
Ministre

— M. Léotard a décrit l'évolution dramatique de la
situation humanitaire, le FPR poussant volontairement les
populations hutues après la prise de la ville de Ruhengeri, vers
Goma au Zaïre. 200 000 rwandais s 'y sont réfugiés en 48 heures.
Il seront rejoints par 400.000 autres aujourd'hui et demain. Cet
afflux massif, en particulier sur le terrain d'aviation, nous a
amenés à transférer nos avions à Bukavu au sud.

Le "gouvernement” est toujours à Gisenyi qui devrait
tomber incessamment aux mains du FPR.

Dans notre zone "humanitaire sûre“ l'annonce d'un

retrait de 300 hommes d'ici le 31 juillet a entraîné des
mouvements de populations vers le Zaïre.
Le Ministre de la Défense estime que nous ne pouvons rester au
Rwanda au- -delà des dates prescrites et qu'il convient de gérer
la fin de notre opération en accord avec le FPR. Son idée est de
replier notre dispositif le plus rapidement possible au Zaïre où
il pourrait rester un certain temps afin d'organiser les camps
de réfugiés pour plus1eurs millions de personnes.

Le Premier ministre, après avoir souligné qu'il
n ‘avait pas été personnellement saisi de l'initiative française
de demande de cessez le feu, entérinée à l'unanimité le 14 Juillet
par le Conseil de Sécurité, a demandé une réflexion sur le
scénario qui lui apparaissait comme le plus préoccupant

- le "nouveau gouvernement" du FPR est reconnu par la
communauté internationale et nous demande de quitter
immédiatement le Rwanda,

- s'appuyant sur la résolution 929, le Conseil de
Sécurité nous demande de rester au moins jusqu'au 21 août date
de la fin de notre mandat.

M. Balladur estime que pour l'instant nous ne devons
pas changer d'attitude

- confirmer notre décision de retrait du Rwanda à
l’expiration du mandat et départ des premiers éléments fin
juillet,

- lancer un appel à nos partenaires européens cet
après—midi à Bruxelles pour obtenir une aide logistique et
sanitaire sur le terrain, ainsi qu'une contribution à
l'équipement des éléments africains de la MINUAR.

- Il s'inquiète d’une action possible du FPR dans notre
zone humanitaire sûre et des réactions de peur que pourrai
entraîner au Zaïre cet afflux massif de réfugiés. '

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Je suis persuadé que le Général Kagamé s'inspire
totalement des méthodes du Président Museveni lors de sa prise
du pouvoir en Ouganda et qu'il n'a nullement l'intention de
négocier quoi que soit avec le "gouvernement résiduel" actuel,
pas plus qu'avec les chefs militaires des FAR.

Sa volonté est de vider le Rwanda de toute présence

étrangère qu'elle soit française, "onusienne" ou autre afin
d'établir un ouvrir min ri air 5 n par a e et procéder sans
témoins à une complète redistribution des terres au profit, en
priorité, des émigrés Tutsis. Dans cette perspective, il,

n'acceptera ni la présence d'un bataillon africain francophone
ni les renforts de la MINUAR qui restent à ce stade
hypothétiques. >

Nous sommes donc placés devant une alternative, dont
les conséquences sur notre politique africaine et notre image
internationale devront être soigneusement pesées

_ - 1) s'appuyer sur les résolutions de l'ONU et
maintenir l‘intégrité de la zone humanitaire sûre ; exiger des
instances internationales la mise en place des renforts promis
et procéder par "tuilage" au remplacement de nos unités par
celles disponibles de la MINUAR, quelles que soient les
pressions du FPR dont le gouvernement ne devrait pas être
reconnu avant l'achèvement du processus,

- 2) se retirer dès que possible au Zaïre en
déclenchant un exode supplémentaire de 3 millions de Rwandais
vers ce pays et en laissant le FPR maître d'un état dont les
trois quarts de la population seront exilés et n'auront de cesse
de reprendre le pouvoir à Kigali par les armes. _J

P. G.,—__— A k—QWMb

Bruno DELA Général QUESNOŒ

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