Fiche du document numéro 5597

Num
5597
Date
Vendredi 17 juin 1994
Amj
Auteur
Taille
111771
Titre
Les rebelles « libèrent » 600 personnes déplacées à Kigali
Nom cité
Source
AFP
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
©AFP Général - Vendredi 17 Juin 1994 - 17:18 - Heure Paris (665 mots)

De l'envoyée spéciale de l'AFP, Annie THOMAS

KIGALI, 17 juin - Le Front patriotique rwandais (FPR) a ``libéré'' vendredi 600 personnes déplacées d'un centre de réfugiés de Kigali, lors d'un raid nocturne qui a fait plusieurs dizaines de victimes, a-t-on appris auprès de l'ONU à Kigali.

De 150 à 200 blessés ont été admis à l'hôpital du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) situé dans le quartier du centre de réfugiés, l'église de la Sainte-Famille. Un membre du FPR a estimé que l'opération pourrait avoir fait une quarantaine de morts et autant de blessés. Aucun bilan n'a été confirmé par la mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR).

Par ailleurs, un observateur militaire de la MINUAR, de nationalité uruguayenne, a été tué et un de ses collègues blessé dans le nord ouest du pays. L'officier uruguayen est le 13e Casque bleu tué au Rwanda depuis la reprise de la guerre civile le 6 avril.

Après l'opération du FPR à l'église de la Sainte-Famille, des miliciens hutus ont fait irruption dans l'hôtel des Mille Collines où sont réfugiées environ 400 personnes déplacées. Des coups de feu ont été tirés mais apparemment personne n'a été blessé ou tué, a indiqué le général Roméo Dallaire, commandant de la MINUAR.

Dans le même temps, la violence des combats a redoublé à Kigali.

Une nouvelle session de négociations pour un cessez-le-feu a eu lieu aujourd'hui au siège de la MINUAR mais n'a donné aucun résultat significatif. Aucune date n'a été fixée pour une prochaine rencontre.

Le FPR, mouvement de rebellion de la minorité tutsie, avait décidé de lancer son opération au centre Saint-Paul de l'église de la Sainte-Famille après l'enlèvement d'une soixantaine d'adolescents qui ont très certainement été tous tués par des miliciens hutus.

L'étau se resserre



Une trentaine de soldats rebelles sont arrivés de Gisozi, quartier du nord ouest de Kigali qu'ils contrôlent. Ils ont traversé les lignes ennemies et sont arrivés à l'église où sont réfugiées environ 3.000 personnes. Ils ont eux-mêmes admis avoir tué un gendarme à l'arme blanche pour entrer dans le camp. Là, ils ont demandé qui voulait les suivre et ont réussi à évacuer 600 personnes vers le nord puis vers l'est de la ville, également sous leur contrôle.

Ni la MINUAR ni le mouvement rebelle n'ont précisé, en fin d'après-midi, où se trouvaient ces personnes.

L'ONU a déjà évacué environ 2.500 personnes déplacées, otages des combats de part et d'autre des lignes ennemies à Kigali. Mais ses opérations ont été plusieurs fois suspendues et ont échoué, notamment mardi à l'église de la Sainte-Famille. Les miliciens avaient sequestré et menacé des observateurs militaires de la MINUAR qui avaient dû être secourus par des militaires rwandais. Plus tard dans la journée, les adolescents, vraisemblablement tutsis, étaient enlevés.

Vendredi en fin d'après-midi, l'ONU préparait une nouvelle opération d'évacuation qui devait avoir lieu à l'hôtel des Mille Collines, en secteur gouvernemental, et à l'hôpital Roi Fayçal, en secteur rebelle.

Par ailleurs, l'ancien ministre de la Santé Bernard Kouchner est arrivé vendredi à Kigali.

Le FPR resserre son étau autour de la capitale, notamment dans un quartier du sud-ouest, Nyamrambo, bastion des miliciens. Pendant son opération à la Sainte-Famille, menée au milieu de la nuit, il a violemment bombardé le nord de Kigali et les environs de l'église.

AT/chm

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