Fiche du document numéro 4093

Num
4093
Date
Jeudi 19 janvier 2012
Amj
Auteur
Taille
134596
Titre
Le site mémorial de Cyanika voit le jour 18 ans après
Nom cité
Lieu cité
Lieu cité
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Source
Type
Page web
Langue
FR
Citation
A 18 ans après le génocide contre les Tutsi, un nouveau site mémorial voit le jour dans la circonscription de Nyamagabe en Province du Sud. Il s’agit bien du site mémorial de Cyanika, localisé au Nord du district de Nyamagabe. Il repose plus de 25 000 âmes victimes du génocide. Les travaux de finissage sont en cours en attentant le 26 février prochain, la date officielle d’inhumation en toute dignité des corps collectés ici et là dans le district.

Dans le secteur administratif de Cyanika, les hommes et les femmes se mobilisent mutuellement pour accélérer les travaux de finissage de construction du site mémorial de Cyanika. Les braves hommes exhument les corps des victimes du génocide contre les Tutsi, tandis que les femmes lavent ces corps retrouvés. Le silence semble dominer tout le monde, car l’horreur est encore ancrée dans l’esprit de toute la population, 18 ans après ce drame hors du commun.

Les dirigeants du district font la navette sur les anciennes fausses communes à tour de rôle. Ils supervisent le déterrement des corps, mais aussi, estiment les travaux qui restent pour achever ledit site mémorial avant la date d’inhumation officielle des victimes du génocide contre les Tutsi, fixé au 26 février 2012.

Le rôle de la population locale est salué par le Secrétaire Exécutif du secteur administratif de Cyanika, M. Jean Chrysostome Ndorimana. Il annonce que la population s’est résolument intégrée dans les travaux de construction du site mémorial de Cyanika à travers les travaux communautaires « Umuganda ». « On estime la contribution de la population du district administratif de Nyagabe à 24 millions de francs rwandais. Chaque village du secteur administratif de Cyanika a son tour d’exhumer et de laver les corps. On espère que les travaux les plus urgents seront achevés avant le 26 février », note Jean Chrysostome Ndorimana.

Ce site, malgré qu’il soit lancé 18 ans après le génocide contre les Tutsi, M. Jean Chrysostome Ndorimana n’en trouve aucune critique de retard ni de mauvaise foi. Par contre, il souligne l’idée de construction de ce site qui date juste après la période des urgences (1994-1998).

Pour lui, pendant toutes les années écoulées, les victimes du génocide contre les Tutsi ont reçu leur dignité. "Des sites ont été aménagés (fosses communes) en attendant leur exhumation en toute dignité afin de les ramener dans le grand site bien construit de Cyanika", a-t-il expliqué.

Ces propos ont été repris par les femmes qui lavaient les corps des victimes. A l’unisson, elles ont salué la construction de ce site qui revêt un caractère local du district de Nyamagabe. "Le site mémorial de Murabi (dans la ville de Nyamagabe) revêt un caractère nationale tandis que celui de Cyanika est propre au district même ", parlent ainsi les hommes et les femmes au site mémorial de Cyanika.

Les bourreaux et les rescapés ont amené leur part…



Il faudra 112 millions de francs rwandais pour que le site mémorial de Cyanika soit achevé au grand complet. En vue de réaliser ce montant, les détenus qui ont passé à l’aveu de culpabilité et regretté leurs actes ignobles pendant la tragédie rwandaise, ont contribué à la construction du site mémorial de Cyanika.

En effet, ces bourreaux ont purgé plusieurs années dans la prison et exercent à présent les Travaux d’Intérêt Général (TIG). « Ces bourreaux appelés Tigistes, ont participé à plusieurs travaux de construction dont le relèvement des murs de soutènement et l’aménagement du terrain. Ces travaux sont évalués à 10 millions des francs rwandais », rappelle le Secrétaire Exécutif de Cyanika.

Une telle réalité est aussi observée au sein de la population qui exécute les travaux d’exhumation des corps. Parmi elle, figure des coupables du crime de génocide qui ne sont plus poursuivis par la justice, car leur peine a été exécutée. « Eux aussi participent aux travaux de construction du site de Cyanika au même titre que le reste de la population », annonce Kalisa, un des rescapés du lieu.

Outre la population qui a contribué à 24 millions de francs rwandais, l’Unity Club (une organisation des femmes dirigeantes rwandaises) a joué un rôle clé dans la construction du site. Au nom de la Première Dame de la République, Mme Jeannette Kagame, cette organisation a octroyé au site 15 millions des francs rwandais. Le Ministère de Sport et de la Culture a aussi contribué à 10 millions de francs rwandais et le PAM a pu donner 14 millions de francs rwandais. Ce fonds servira aux travaux de finissage, a-t-on appris de M. Jean Chrysostome Ndorimana.

L’horreur est encore là



Le drame du génocide dans le secteur administratif de Cyanika est encore plus récent dans la mémoire de plusieurs gens. Les attaques qui ont endeuillé ce secteur, ont bel et bien eu lieu le 21 avril 1994, le même jour du calvaire des Tutsi qui s’étaient exilés à Murambi. Des Interahamwe ont attaqué Cyanika et ont coupé en mille morceaux toutes les personnes identifiées comme Tutsi.

Les grands défenseurs de l’idéologie du génocide sont eux aussi reconnus jusqu’à présent. Vers les années 1960, le Préfet de Gikongoro, M. Nkeramugaba est pointé du doigt ainsi que son successeur Laurent Bukibaruta. Désiré Ngezahayo, ancien bourgmestre de la commune Karama, ses actes barbares ne seront pas oubliés dans le secteur de Cyanika.

Des attaques des Interahamwe les plus redoutables, sont venues des anciennes circonscriptions de Mudasomwa, Murambi, Gasarenda, Kinyamakara et Bunyambiriri. Force est de rappeler que les militaires français, à travers l’opération Turquoise, ont jeté certains Tutsi dans la forêt de Nyungwe à travers les hélicoptères, a-t-on appris au site mémorial de Cyanika.

Certaines victimes du génocide contre les Tutsi déterrées, sont identifiées. Le Secrétaire Exécutif du secteur de Cyanika, M. Jean Chrysostome Ndorimana a cité les noms de trois personnes dont le Prêtre Joseph Niyomugabo. Le site de Cyanika leur réserve une demeure à part entière.

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024