Fiche du document numéro 3556

Num
3556
Date
Dimanche 24 juillet 1994
Amj
Hms
13:00:00
Taille
22633814
Surtitre
Journal de 13 heures [6:46]
Titre
Le dispositif français à Goma n'était pas destiné à faire face à une tragédie pareille. Mais l'essentiel, c'est que l'aide humanitaire arrive
Soustitre
Déjà 80 000 réfugiés sont touchés par le choléra. La peur de la maladie pousse certains à rentrer au pays.
Nom cité
Lieu cité
Lieu cité
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Résumé
- Arrival of the first two planes of the American airlift at Entebbe in Uganda. These devices carry food, relief equipment and water purification stations. These are all essential things for the Rwandan refugees in Goma. On site we organize ourselves as best we can to welcome this humanitarian manna.

- If proof was needed of the arrival of humanitarian aid, here it is: food drops in the French security zone in southwest Rwanda. This is done under the eyes of a dumbfounded population of whom we are not absolutely certain that they know how to take advantage of these gifts from heaven.

- For the rest, Goma airport knows improvisation: lack of qualified staff, shortage of staff. You need hands to unload packages and gray matter to organize their routing.

- And this morning, visit of the Zairian Prime Minister, who came to try to reopen the border between Rwanda and Zaire. This is the occasion for a demonstration of political support for the President of Zaire. Meanwhile the humanitarian airlift is interrupted.

- The French device in Goma was not intended to deal with such a tragedy. But the bottom line is that humanitarian aid is coming. It is coming slowly, it is still clearly insufficient. But already, in a number of camps around Goma, some people have been reported this morning who have been saved from cholera.

- Already 80,000 refugees are affected by cholera. Fear of illness pushes some to return home. And this is not an easy task since the Zairian border is still officially closed.

- There were several thousand refugees this morning to present themselves at the Goma border post to return to Rwanda. But the Zairian soldiers have their orders: no one passes. The situation, if it continues, risks turning into a riot. The Rwandan side of the border, in fact, has still not been cleaned: Kalashnikov chargers and grenades abandoned by the Rwandan Armed Forces are piling up on the roadway preventing the passage of civilians.

- 60 kilometers north of Goma, the refugees are luckier: near the Volcanoes National Park, the border is not guarded. A refugee: "I am going back to Zaire to look for my wife and my daughters. The situation is certain in Rwanda. We can return home if we respect the new power".

- 1,700,000 people live in the humanitarian zone. In the past 24 hours, 45,000 of them, most of them Tutsi, have left. They join the territory held by the new government. It is the still very timid beginning of a return to normal.

- In France, among the gestures of solidarity of a good number of charitable or religious organizations, that of the Catholic community of Longwy in Meurthe-et-Moselle. On the initiative of three students, parishioners from a small church got involved.

- On his release from Cochin hospital yesterday afternoon [July 23], François Mitterrand, referring to the Rwandan drama, thanked Bill Clinton for the help provided by the United States. And then in front of a few journalists, the Head of State engaged in a sort of impromptu press conference. Calmly, but with determination, the President asserted that he would remain in command of the state until the end of his mandate. François Mitterrand: "What do I have in front of me? I have to accomplish my task. The task for which the French elected me. 10 months is within my reach! And even more… I hope. The main thing is that I can reach the end of my mandate. And the question does not seem to be asked".
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[Jean-Claude Narcy :] […] rwandais : arrivée des deux premiers avions du pont aérien américain à Entebbe en Ouganda. Ces appareils transportent des vivres, des équipements de secours et des stations de purification d'eau. Autant de choses essentielles pour les réfugiés rwandais de Goma. Sur place on s'organise comme l'on peut pour accueillir cette manne humanitaire. Le reportage de nos envoyés spéciaux Gauthier Rybinski et Manuel Joachim.

[Gauthier Rybinski :] S'il fallait une preuve de l'arrivée de l'aide humanitaire, la voici [on voit un avion qui largue au-dessus des collines des vivres retenues par des parachutes] : des largages de vivres dans la zone de sécurité française au sud-ouest du Rwanda [pourtant une incrustation "Goma, Zaïre" s'est affichée juste auparavant à l'écran]. Cela se fait sous les yeux d'une population médusée dont on n'est pas absolument certain qu'elle sache comment profiter de ces dons du ciel.

Pour le reste, l'aéroport de Goma connaît l'improvisation : manque de personnel qualifié, manque de personnel tout court. Il faut des bras pour décharger les colis et de la matière grise pour organiser leur acheminement.

Et ce matin, visite du Premier ministre zaïrois [on voit Kengo Wa Dondo en train de saluer un militaire zaïrois], venu pour tenter la réouverture de la frontière entre le Rwanda et le Zaïre. C'est l'occasion d'une démonstration de soutien politique au Président zaïrois. Pendant ce temps le pont aérien humanitaire est interrompu [on voit un humanitaire de MSF assis sur une palette de bois en train de regarder la cérémonie officielle].

12 heures : un gros-porteur américain atterri enfin à Goma. Difficulté de compréhension avec le guideur français au sol. La porte s'ouvre. À l'heure où nous vous parlons, il n'en est descendu que des journalistes. Autour, les enfants de Goma attendent.

[Gauthier Rybinski, face caméra, sur le tarmac de l'aéroport de Goma : "Ce que nous venons de vous montrer est encore un peu brouillon, un peu désordonné, pour une raison simple : c'est que le dispositif français, ici à Goma, n'était pas destiné à faire face à une tragédie pareille. Mais l'essentiel, c'est que l'aide humanitaire arrive. Elle arrive lentement, elle est encore nettement insuffisante. Mais déjà, dans un certain nombre de camps autour de Goma, on signale ce matin quelques cas, quelques personnes qui ont pu être sauvées du choléra".]

[Jean-Claude Narcy :] Cette aide humanitaire internationale est bien entendu indispensable pour éviter, euh, que les camps de réfugiés ne soient "les camps de la mort", comme le disait hier soir [23 juillet] sur TF1 le ministre Philipe Douste-Blazy. Déjà 80 000 réfugiés sont touchés par le choléra.

La peur de la maladie pousse certains, d'ailleurs, à rentrer au pays. Et ce n'est pas chose facile puisque la frontière zaïroise est toujours officiellement fermée. Loïck Berrou.

[Loïck Berrou :] Ils étaient plusieurs milliers de réfugiés ce matin -- des hommes valides pour la plupart -- à se présenter au poste-frontière de Goma pour revenir au Rwanda. Mais les soldats zaïrois ont leurs ordres : personne ne passe [on aperçoit une foule de réfugiés massée devant le poste-frontière].

[Un soldat zaïrois s'adressant aux réfugiés : "Alors, je regrette ! Vous restez avec nous ici ! [Plan de coupe] [Inaudible] la sécurité ! D'accord ?".]

La situation, si elle se prolonge, risque de tourner à l'émeute. Le côté rwandais de la frontière, en effet, n'a toujours pas été nettoyé : chargeurs de Kalachnikov et grenades abandonnés par les Forces armées rwandaises s'entassent sur la chaussée empêchant le passage des civils [des quantités d'armes et de munitions jonchent le sol].

À 60 kilomètres au nord de Goma, les réfugiés sont plus chanceux : près du parc national des volcans, la frontière n'est pas gardée. Cet homme, par exemple, revient avec ses trois fils d'une reconnaissance au Rwanda.

[Le réfugié [il s'exprime en kinyarwanda mais ses propos sont traduits] : "Je retourne au Zaïre chercher ma femme et mes filles", explique-t-il. "La situation est sûre au Rwanda. On peut rentrer chez nous si on respecte le nouveau pouvoir".]

12 000 personnes vivent dans ce camp à flanc de volcan. Les premiers cas de choléra y sont apparus hier [23 juillet]. Un objet de curiosité, sans doute, pour ces touristes qui inaugurent un safari d'un nouveau genre [on voit des touristes blancs filmer les réfugiés].

Au sud du lac Kivu, dans la zone de sécurité tenue par l'armée française, le choléra n'a pas encore fait son apparition. Les soldats continuent consciencieusement leur travail de nettoyage [on voit un soldat français conduire un bateau à moteur ; puis il s'arrête au milieu du lac et il y jette délicatement des munitions].

1 700 000 personnes vivent dans la zone humanitaire. Ces dernières 24 heures, 45 000 d'entre eux, Tutsi pour la plupart, en sont sortis. Ils rejoignent le territoire tenu par le nouveau gouvernement. C'est l'amorce encore très timide d'un retour à la normale [on voit des réfugiés embarqués dans des camions du FPR].

[Jean-Claude Narcy :] En France, parmi les gestes de solidarité de bon nombre d'organisations caritatives ou cultuelles, celui de la communauté catholique de Longwy en Meurthe-et-Moselle. À l'initiative de trois étudiants, les paroissiens d'une petite église se sont mobilisés. Le reportage de François de Roubaix et Pascal Laurent.

[François de Roubaix :] Hier soir [23 juillet], la messe de 19 heures de la petite église Saint-Dagobert était célébrée pour les réfugiés rwandais entassés dans les camps. Une initiative qui revient à un petit groupe d'étudiants profondément émus par les derniers évènements. Durant l'office, en accord avec le curé de la paroisse, leur porte-parole lance un appel à la générosité.

[L'étudiant porte-parole : ""Les Rwandais ne se battent plus pour survivre mais pour mourir dans les moindres souffrances. [Plan de coupe] Du fond du cœur, je vous remercie".]

[Olivier Cortesi, "Étudiant" : "C'est quelque chose de…, d'insoutenable. Quand on a ça devant les yeux, on ne peut pas rester indifférent. Faut…, il faut qu'on fasse quelque chose".]

L'après-midi, le petit groupe a écrit une page d'information où l'on retrouve les différentes étapes du conflit dans ce qu'il présente de plus cruel. Au sortir de la messe, cela ne laisse pas indifférent les 102 paroissiens présents.

[Une paroissienne : "C'est vrai qu'on est un peu ingrats et égoïstes, hein. Je dois le reconnaître. On est en train de laisser faire des choses dans le monde qui…, qui sont intolérables".

Une autre paroissienne : "C'est super. Il faudrait des…, des initiatives comme ça souvent quand il y a des…, des coups durs".

Une troisième paroissienne : "Et si toutes les…, les paroisses pouvaient en faire autant, alors ça serait… tout à fait bien".]

Hier [23 juillet], 2 450 francs ont été récoltés. Une des premières gouttes d'eau qui ira rejoindre l'ensemble des quêtes collectées ce matin dans les églises lorraines.

[Jean-Claude Narcy :] Et tous les fonds collectés par les paroissiens seront reversés à Médecins sans frontières.

À sa sortie de l'hôpital Cochin hier après-midi [23 juillet], François Mitterrand, évoquant le drame rwandais, a remercié Bill Clinton de l'aide apportée par les États-Unis. Et puis devant quelques journalistes, le chef de l'État s'est livré à une sorte de conférence de presse improvisée. Avec calme, mais avec détermination, le Président a affirmé qu'il resterait aux commandes de l'État jusqu'au bout de son mandat.

[François Mitterrand : "Non mais j'ai…, qu'est-ce que j'ai devant moi ? J'ai à accomplir ma tâche [une incrustation "Hôpital Cochin - Paris, hier [23 juillet] 18 h 00" s'affiche à l'écran]. La tâche pour lequel [sic] les Français m'ont élu. 10 mois, c'est à ma portée ! Et même davantage… je l'espère. Bon, ensuite j'aurai des préoccupations de caractère privé. L'essentiel c'est que je puisse parvenir au terme de mon mandat. Et… la question ne semble pas posée".]

[Jean-Claude Narcy :] Le Président ira se reposer dans quelques jours dans sa maison de Latché avec son épouse qui, vous le savez, est en ce moment hospitalisée à l'hôpital Broussais, d'où elle devrait sortir le 4 ou 5 août.

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