Fiche du document numéro 3552

Num
3552
Date
Vendredi 22 juillet 1994
Amj
Hms
13:00:00
Taille
24107705
Surtitre
Journal de 13 heures [6:14]
Titre
À Goma les organisations humanitaires sont très pessimistes : l'épidémie pourrait toucher jusqu'à 50 000 réfugiés
Soustitre
Bill Clinton a annoncé hier [21 juillet] le déblocage de plusieurs dizaines de millions de dollars pour les réfugiés rwandais.
Nom cité
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MSF
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Résumé
- The humanitarian disaster announced for several weeks in Rwanda is happening. The war is over, but cholera kills hundreds of refugees every day. In Goma, the border town between Rwanda and Zaire, humanitarian organizations are very pessimistic: the epidemic could affect up to 50,000 refugees.

- In principle cholera only affects between 2 and 5% of an exposed population, provided that the others are somewhat valid. Here, of course, this is not the case: those who have not succumbed to it suffer from dysentery or malaria, blessed bread for cholera which is easily grafted onto this poisoned cocktail.

- Humanitarian organizations are mobilizing. But in Goma the needs are enormous: we lack drinking water, we lack food. There is also a shortage of doctors and nurses. Yesterday [July 21] Doctors Without Borders launched an appeal for goodwill. Very quickly, volunteers showed up.

- Since yesterday [July 21], around 3,000 people have responded to the call from Médecins sans frontières. Doctors in the majority, but also nurses or anonymous people who want to help Rwanda. Everyone is welcome, but MSF above all needs the medical profession.

- Edouard Balladur this morning asked the Minister of Health, Philippe Douste-Blazy, to go without delay to Goma to deploy French medical aid. And Lucette Michaux-Chevry, Minister for Humanitarian Action, will also be visiting Rwanda and Zaire next week.

- Last night [July 21] at dinner time, America was for the first time truly stunned by the chilling reports of its special envoys on what a member of the Clinton administration called "Rwanda's African Holocaust". Brutal images which once again undoubtedly prompted Clinton to react, to ask the Pentagon soldiers to launch a massive humanitarian action plan that could change the situation on the ground. The White House is therefore freeing up $ 41 million to deliver food, grain, medicine to curb the cholera epidemic.

- The President's appearance on the scene comes late and he is already being criticized in Washington. But Bill Clinton, like Americans, remains traumatized by the humiliations suffered in Somalia. No question therefore of talking about military intervention or even relief from the French. Humanitarian aid is the priority.

- François Mitterrand has received the green light from his doctors to leave Cochin hospital. According to Professor Debré, one of his surgeons, the President of the Republic spent a completely perfect night. He can now go out starting tomorrow [July 23].
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[Thomas Hugues :] Le désastre humanitaire annoncé depuis plusieurs semaines au Rwanda est en train de se produire. La guerre est finie mais le choléra tue chaque jour des centaines de réfugiés. À Goma, la ville-frontière entre le Rwanda et le Zaïre, les organisations humanitaires sont très pessimistes : l'épidémie pourrait toucher jusqu'à 50 000 réfugiés. Reportage à Goma, Gauthier Rybinski et Manuel Joachim.

[Gauthier Rybinski :] Chaque jour, nous vous montrons des images des mouroirs de Goma [on voit un tapis de cadavres puis une femme et un bébé en train d'agoniser au sol ; une incrustation "Région de Gisenyi, Rwanda" s'affiche à l'écran], en pensant que le sommet de l'abomination a été atteint. Chaque jour, nous nous trompons. Le pire est encore possible [gros plan sur une femme en train de cracher du sang].

En principe le choléra ne touche qu'entre 2 et 5 % d'une population exposée, à condition que les autres soient un tant soit peu valides. Ici bien évidemment ce n'est pas le cas : ceux qui n'y ont pas succombé souffrent de dysenterie ou de la malaria, du pain béni pour le choléra qui se greffe facilement sur ce cocktail empoisonné [on voit notamment une humanitaire de Médecins sans frontières cajoler un enfant en train de crier].

Ce matin, le camp de Munigi est plus clairsemé qu'hier : la nuit a fait des ravages, bien sûr, mais les hommes aussi.

[Catherine Lefebvre, "MSF Hollande" : - "Il y a moins de monde dans le camp parce que l'armée zaïroise les…, les repousse tous vers le Nord, les fait remonter sur Kuvumba et Katale". Gauthier Rybinski : - "Et vous, ça vous facilite le travail ?". Catherine Lefebvre : - "Mais, pfff…, je peux pas dire que ça facilite aujourd'hui parce que tous les gens qui passent ici, qui ont le choléra, s'arrêtent tous ici. Donc, euh…, et ça va pas faciliter parce que le choléra va se répandre à Kuvumba et Katale". Gauthier Rybinski : - "Ici le…, comment s'est passé la nuit ?". Catherine Lefebvre : - "La nuit ici ? Eh ben, on est arrivé hier…, hier soir [21 juillet]. On avait essayé d'organiser quelque chose. On arrive ce matin, c'est le désastre, quoi".]

Heureusement certains n'ont pas encore complètement oublié de vivre [on voit un homme en train de se raser].

[Thomas Hugues :] Les organisations humanitaires se mobilisent. Mais à Goma les besoins sont énormes : on manque d'eau potable, on manque de nourriture. On manque aussi de docteurs et d'infirmières. Hier [21 juillet] Médecins sans frontières lançait un appel aux bonnes volontés. Très vite, des volontaires se sont manifestés. Lisa Verdiani et Michel Anglade.

[Lisa Verdiani :] Depuis hier [21 juillet] [on voit une jeune femme s'entretenir au téléphone et demander à son interlocuteur : "Et vous pensez être disponible à partir de 24 heures ?"], environ 3 000 personnes ont répondu à l'appel de Médecins sans frontières. Des médecins en majorité, mais aussi des infirmières ou des anonymes qui veulent aider le Rwanda. Tous sont bienvenus mais MSF a surtout besoin du corps médical [on voit des gens de MSF au téléphone en train de remplir des fiches].

[Brigitte Vasset, "Directrice des Opérations 'Médecins Sans Frontières'" : "On demande des gens qui peuvent traiter, euh…, des malades. Euh, les gens expérimentés on les a, ils sont en train d'installer tout ça. Donc actuellement on a besoin de gens expérimentés mais également de gens qui savent juste soigner des malades".]

Violette a entendu l'appel hier. Elle y a tout de suite répondu. C'est une première pour cette nutritionniste de 40 ans. Jamais elle n'est partie pour une organisation humanitaire. Et elle n'a pas vraiment l'âme d'une militante. Mais cette fois, elle veut répondre à l'urgence.

[Violette Hollenbech, "Nutritionniste" : - "Y'a un véritable holocauste qui est en train d'avoir lieu. Y'a une épidémie, y'a des images insoutenables. Euh…, ces mamans qui… sont en train de perdre leurs enfants, elles sont toutes aimantes que nous. Y'a aucune différence, quelle qu'elle soit. Et… il faut qu'on y aille". Lisa Verdiani : - "Vous avez pas peur ?". Violette Hollenbech : - "J'ai peur de la mort, j'ai peur de l'odeur, j'ai peur de la chaleur, j'ai peur de la…, l'eau. J'ai peur des conditions dans lesquelles on va…, on va être hébergés. Euh…, j'ai vraiment peur de tout, oui. Mais c'est pas le goût de l'aventure qui m'a poussé à…, à… répondre à MSF. Donc c'est… une conscience d'être humain, oui, plutôt. Oui absolument".]

Mais Violette doit encore être sélectionnée par MSF et montrer qu'elle sera réellement utile au Rwanda.

[Thomas Hugues :] Edouard Balladur a demandé ce matin au ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, d'aller sans tarder à Goma pour déployer l'aide médicale française. Et Lucette Michaux-Chevry, ministre déléguée à l'Action humanitaire, se rendra elle aussi au Rwanda et au Zaïre la semaine prochaine.

Mobilisation à l'étranger également : Bill Clinton a annoncé hier [21 juillet] le déblocage de 76 millions de dollars pour les réfugiés rwandais. Une aide d'urgence qui pourrait être acheminée par l'armée américaine. À Washington, notre correspondant Ulysse Gosset.

[Ulysse Gosset :] Hier soir [21 juillet] la présentatrice du journal a bien pris soin de prévenir les téléspectateurs : "Les images horribles que nous allons vous montrer [on voit un camion décharger sa benne remplie de cadavres dans une fosse commune] risquent de choquer certains d'entre vous". À l'heure du dîner l'Amérique a vraiment, en effet, pour la première fois été assommée par les reportages effrayants de ses envoyés spéciaux [on voit les images d'un reportage et du correspondant santé ["health correspondent"] Bob Arnot au milieu d'un camp de réfugiés] sur ce qu'un membre de l'administration Clinton a appelé "l'Holocauste africain du Rwanda" [gros plan sur le visage d'un enfant à l'agonie].

Des images brutales qui une fois encore ont sans doute poussé Clinton à réagir, à demander aux militaires du Pentagone de déclencher un plan d'action humanitaire massif qui puisse changer la situation sur le terrain. La Maison-Blanche débloque donc 41 millions de dollars -- 200 millions de francs -- pour acheminer des vivres, des céréales, des médicaments pour freiner l'épidémie de choléra. 1 000 Américains, civils ou militaires, vont partir vers l'Ouganda ou le Zaïre. Exemple : il faut que l'aéroport de Goma fonctionne 24 heures sur 24, explique l'envoyé spécial de Clinton [une incrustation "Brian Atwood, 'Directeur Agence Américaine pour le Développement'" s'affiche à l'écran et on le voit s'exprimer en anglais face caméra].

L'entrée en scène du Président arrive tard et on le lui reproche déjà à Washington. Mais Bill Clinton, comme les Américains, reste traumatisé par les humiliations subies en Somalie. Pas question donc de parler d'intervention militaire ou même de relève des Français [diffusion d'images de GI américains]. L'humanitaire est la priorité. Les États-Unis sont sans doute d'ailleurs les seuls à avoir les moyens de changer le cours des choses [vue aérienne sur un camp de réfugiés].

[Thomas Hugues :] François Mitterrand a reçu le feu vert de ses médecins pour quitter l'hôpital Cochin. Selon le professeur Debré, l'un de ses chirurgiens, le président de la République a passé une nuit tout à fait parfaite. Il peut désormais sortir à partir de demain [23 juillet] et en fonction de ses désirs. Écoutez le professeur Debré.

[Pr Bernard Debré, "Chef de Service Urologie, Paris - Hôpital Cochin", s'exprime devant l'hôpital aux micros des journalistes] : "Il prendra une décision ce soir ou demain matin [23 juillet]. Et on vous préviendra le jour de sa sortie, ou du moins l'heure de sa sortie si c'est demain. Euh…, il est plutôt, lui, en faveur de la sortie de demain. Euh…, c'est un peu tôt. Mais c'est lui qui décidera. Vous savez, c'est comme toujours, les hommes hyperactifs, euh…, on ne peut pas les garder très longtemps à l'hôpital".]

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