Fiche du document numéro 3511

Num
3511
Date
Mardi 28 juin 1994
Amj
Hms
13:00:00
Auteur
Taille
15245875
Sur titre
Journal de 13 heures [4:50]
Titre
Les forces françaises ont procédé ce matin à l'évacuation d'une quarantaine de religieuses d'un couvent de Kibuye
Sous titre
Les soldats français sont à moins de 20 kilomètres des lignes du Front patriotique.
Nom cité
Lieu cité
Lieu cité
Lieu cité
Mot-clé
Résumé
- In Rwanda the French forces proceeded this morning to the evacuation of around forty nuns and eight orphans from a convent in Kibuye. These 40 nuns were threatened with death by government forces every day for months.

- The Hutus accuse the Tutsi clerics of being sympathizers of the RPF. They even go so far as to say that weapons have been hidden in churches. A government minister told us that he found it normal for Hutus to kill Tutsi.

- The Rwandan government has just confirmed that there have been nearly a million people killed in Rwanda in recent months.

- This morning 4 Mirage F1 left Reims to join Istres in the Bouches-du-Rhône, from where they will also leave for Rwanda to participate in this Turquoise mission. These devices are equipped with infrared photosensors capable of taking approximately 600 photos, all while covering approximately 60 to 100 kilometers of ground.

- In Rwanda, French soldiers are less than 20 kilometers from the lines of the Patriotic Front. The strength of Operation Turquoise now stands at 1,500 soldiers.

- In Kigali, the Blue Helmets are still powerless, there should be 5,500, there are 450. Their boss, General Dallaire, has been waiting for two months for reinforcements that do not come.

- Since the death of 13 of them and since the departure demanded by the RPF of the French-speaking contingents, we no longer see many peacekeepers in town. What we see flourish there on the other hand, are the French flags.
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[Jean-Claude Narcy :] […] Au Rwanda les forces françaises ont procédé ce matin à l'évacuation d'une quarantaine de religieuses et de huit orphelins d'un couvent de Kibuye, c'est sur le lac Kivu. Ces religieuses avaient reçu des menaces de mort. Tôt ce matin, cinq hélicoptères Puma les ont transportées dans la petite ville zaïroise de Goma, c'est à la frontière avec le Rwanda. Sur place le reportage d'une de nos équipes…, d'une équipe de nos envoyés spéciaux, Nahida Nakad et Sébastien Renouil.

[Nahida Nakad :] L'aéroport de Goma au Zaïre à 6 h 45 du matin, un premier hélicoptère de l'armée française se pose [une incrustation "Goma, Zaïre" s'affiche à l'écran]. La mission d'évacuation du couvent de Kibuye est réussie [on voit des Sœurs descendre d'un hélicoptère français Puma]. Ces 40 religieuses ont été menacées de mort par les forces gouvernementales, tous les jours et cela pendant des mois [on voit la Sœur Marie-Julianne Farrington et un militaire au béret rouge aller à la rencontre des Sœurs évacuées].

Une pression insoutenable, surtout pour les religieuses tutsi qui ont même failli être fusillées il y a quelques jours [gros plans sur les religieuses tutsi ; certaines sont en larmes]. Elles sont enfin en sécurité aujourd'hui. Sur le tarmac de l'aéroport, l'émotion est intense. Les religieuses retrouvent leur mère supérieure [on voit la Sœur Farrington embrasser l'une des Sœurs en lui disant, avec un accent anglais : "Ah, contente de vous voir ici !"].

[Une Sœur rwandaise : - "Hum…, ça a été un peu dur. Enfin dur, hein, quand nous étions encore, euh, là-bas avant d'arriver ici. Mais quand nous avons vu que on devait partir…, on pouvait partir, on était contente de…, de pouvoir respirer autre chose". Nahida Nakad : - "Pendant tout le temps où vous étiez là-bas est-ce que vous pensiez presque chaque jour que vous étiez en danger de mort ?". La Sœur rwandaise : - "Oui. On était… sur le qui-vive. C'était un peu difficile parce qu'on ne pouvait même pas sortir".]

Dimanche dernier [26 juin], nous les avions rencontrées dans leur couvent à Kibuye [une incrustation "Dimanche 26 juin 1994" s'affiche à l'écran]. Elles n'osaient visiblement pas nous parler de leur calvaire. Les forces gouvernementales encerclaient encore le couvent [on voit deux militaires rwandais en treillis et au béret rouge]. Les soldats français les visitaient pour la première fois. Ce jour-là, ils ont [inaudible] de les évacuer [on voit trois militaires français, dont le lieutenant-colonel Duval, en conversation avec des religieuses].

[Général Jean-Claude Lafourcade, "Commandant en chef Opération 'Turquoise'" : "Nous savions, euh, depuis un certain temps que ces…, ces religieuses étaient dans un état, euh, un peu dramatique, qu'elles avaient très peur. Alors nous avions reçu des…, des messages par les contacts que nous avions pris avec elles, par le contact avec les autorités religieuses et par le contact avec la mère supérieure, qui est leur chef ici et qui était très, très inquiète".]

[De Goma Nahida Nakad, face caméra, devant un hélicoptère Puma de l'armée française : "En fait les Hutu accusent les religieux tutsi d'être des sympathisants du FPR [on voit les religieuses, bagages en main, quitter le tarmac de l'aéroport]. Ils vont même jusqu'à dire que des armes ont été cachées dans des églises. Un ministre du gouvernement nous a affirmé hier [27 juin] qu'il trouvait normal que des Hutu tuent des Tutsi. Il était donc urgent d'évacuer les 40 Sœurs".]

[Jean-Claude Narcy :] Nahida Nakad vient de vous le rappeler mais… vous avez sans doute…, vous n'avez sans doute pas oublié ces images effectivement de… la détresse de ces religieuses que nous avait présenté Marine Jacquemin. C'était dans l'un de nos journaux de dimanche [26 juin].

J'apprends à l'instant que le gouvernement rwandais vient d'affirmer qu'il y aurait eu près d'un million de personnes de tuées au Rwanda, ces derniers mois.

Ce matin 4 Mirage, euh, F1 ont quitté Reims pour rejoindre Istres dans les Bouches-du-Rhône, d'où ils repartiront d'ailleurs vers le Rwanda pour participer à cette mission Turquoise. Ces appareils sont dotés de capteurs photos à infrarouge capables de prendre quelque 600 photos, tout ça en couvrant, euh, environ 60 à 100 kilomètres de terrain [on voit les Mirage F1 en train de décoller].

Là-bas au Rwanda, les soldats français continuent sans incident leur avancée. Ils sont à moins de 20 kilomètres des lignes du Front patriotique. L'effectif de l'opération Turquoise s'élève maintenant à 1 500 soldats. Nos envoyés spéciaux Loïck Berrou et Jean-François Monnet sont encore aujourd'hui à Kigali. Ils viennent de nous faire parvenir un reportage. Ils se sont rendu dans le centre de la ville assiégée alors que les Casques bleus de [inaudible] sont toujours impuissants dans la capitale rwandaise.

[Loïck Berrou :] Remise de médailles dans la cour de la mission d'intervention des Nations unies à Kigali [une incrustation "Kigali, Rwanda" s'affiche à l'écran]. 90 jours de bons et loyaux services pour ces Ghanéens, Tunisiens, Bangladeshies qui ont assisté impuissants au plus grand massacre de cette fin de siècle. Ils devraient être 5 500, ils sont 450. Leur patron, le général Dallaire, attend depuis deux mois des renforts qui ne viennent pas. C'est sans amertume pourtant qu'il voit arriver les soldats de l'opération Turquoise [on voit le général Roméo Dallaire en train de procéder à une remise de médailles à ses soldats].

["Major Général" Roméo Dallaire, "Commandant de la MINUAR" : "Le contingent français, euh…, a rempli des rôles de sécurité, euh, et aussi, euh, de…, de…, de protection pour, euh, les gens qui sont en danger dans des secteurs que je ne peux pas aller [sic]. Je veux dire on doit sauver des vies, on doit sauver des gens. Et c'est, euh, c'est tout à fait positif dans ce contexte-là".]

Depuis la mort de 13 d'entre eux, depuis le départ exigé par le FPR des contingents francophones, sénégalais et togolais, on ne voit plus beaucoup les Casques bleus en ville [on voit des Casques bleus en train de prendre des photos après la cérémonie de remise de médailles]. Ce qu'on y voit fleurir par contre, ce sont les drapeaux français [on voit un drapeau français étendu sur un barrage puis un homme armé d'une mitraillette -- probablement un milicien -- traverse la rue avec un bandana bleu, blanc, rouge sur la tête]. Trois morceaux de tissu cousus pour 1 000 francs rwand… [la vidéo s'interrompt sur une image montrant notamment une moto ornée d'un drapeau français].

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