Fiche du document numéro 34139

Num
34139
Date
Jeudi 4 avril 2024
Amj
Taille
752130
Titre
Rwanda, 30 ans après le génocide des Tutsis : le secteur de la santé mentale se prépare aux commémorations
Soustitre
Au Rwanda, le 7 avril 2024 marquera le début de 100 jours de commémorations officielles du génocide de 1994 perpétré contre les Tutsis. Il y a 30 ans, selon les Nations unies, plus d'un million de personnes – en majorité des Tutsis, mais également des Hutus, et d'autres opposants au génocide – ont été systématiquement tuées en moins de trois mois. Nous consacrons cette semaine une série de reportages à la société rwandaise, 30 ans après. À l'approche des commémorations, le secteur de la santé mentale se mobilise pour venir en aide aux rescapés les plus vulnérables pendant cette période douloureuse, à travers des formations de volontaires qui seront déployés au cours de la première semaine de deuil.
Nom cité
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Source
RFI
Type
Page web
Langue
FR
Citation
Les formateurs enseignent aux volontaires des techniques de premiers soins et de prise en charge de personnes en crise traumatique. © Lucie Mouillaud / RFI

De notre correspondante à Kigali.

Au milieu d’une salle d’hôtel, deux formateurs montrent les techniques d’évacuation à un groupe de jeunes volontaires. Parmi eux, Alice Tuyizere, 22 ans, étudiante dans la ville de Musanze, dans le nord du pays. « C’est ma première fois comme volontaire. Je suis Rwandaise, donc je veux aider mes concitoyens, je veux pouvoir les aider du mieux possible. »

Cent-vingt étudiants de 40 universités du pays seront déployés pendant les commémorations. À tour de rôle, chacun pratique les techniques de premiers secours enseignées : position latérale de sécurité en cas d’évanouissement, évacuations vers les centres dédiés à la santé mentale dans les cérémonies... Une prise en charge particulière, explique Alice Tuyizere :

« J’ai appris beaucoup de choses sur comment aider quelqu’un en crise traumatique pendant les commémorations, comment le calmer, comment lui parler, et l’aider de plusieurs façons. Certaines personnes qui sont traumatisées ne sont pas prêtes à surmonter ce qu’il leur est arrivé. »

Crises de panique, hallucinations, flashbacks… L’année dernière, les autorités ont enregistré plus de 2 800 interventions au cours de la première semaine de commémoration. Dans la salle, Athanase Nsengiyumva, psychologue, donne des conseils aux jeunes volontaires sur la prise en charge des crises traumatiques.

Formations en cascade



Ces besoins périodiques sont trop importants pour les 16 psychiatres, 2 000 psychologues et 500 infirmières psychiatriques pratiquants au Rwanda. Depuis février, des formations de personnels soignants généralistes et de volontaires sont organisées pour préparer les commémorations. Des formations en cascade, explique Audace Mudahemuka, coordinateur national du groupe d’étudiants :

« On forme trois personnes par université, et ces trois personnes deviennent à leur tour des formateurs. Ils forment à leur tour des étudiants dans leur université pour avoir un grand nombre de personnes avec des compétences de base pour soutenir. »

Plus d’un quart des rescapés du génocide souffrent encore de stress post-traumatique. Les besoins en accompagnement psychologique ne s’arrêtent pas à la période de commémoration : selon les autorités, un Rwandais sur cinq est affecté par des problèmes de santé mentale, en majorité par la dépression.

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024