Fiche du document numéro 33957

Num
33957
Date
Vendredi 5 avril 2024
Amj
Taille
0
Titre
Rwanda : "On demande à l'État français de reconnaître la complicité des politiques de 1994" dit Alain Gauthier
Sous titre
Au Rwanda, pour Emmanuel Macron, la France "aurait pu arrêter le génocide" mais n'en a "pas eu la volonté" : après cette prise de parole présidentielle, Alain Gauthier, cofondateur du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) est l'invité de 6h20.
Nom cité
Source
Type
Émission de radio (son)
Langue
FR
Citation
Jeudi, le président Emmanuel Macron a estimé que Paris "aurait pu arrêter les massacres mais n'en a pas eu la volonté", pendant le génocide des Tutsis par les Hutus au Rwanda, il y a 30 ans, en 1994. Une prise de position qui doit être développée dans une vidéo, dont la diffusion est prévue dimanche prochain. "Dire que la que la communauté internationale et la France en particulier n'ont pas eu la volonté d'arrêter le génocide, je dirais que c'est quelque chose qu'on connaît depuis longtemps" affirme Alain Gauthier, "puisque le Conseil de sécurité, dès le début du génocide, a réduit d'une manière assez drastique le nombre de soldats de la MINUAR", la mission pour l'assistance au Rwanda.

Cofondateur du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), Alain Gauthier œuvre pour la justice au Rwanda aux côtés de son épouse Daforza. "Ce qui est nouveau, c'est de voir que le président Macron lance un nouveau jalon, un jalon supplémentaire dans la reconnaissance des responsabilités lourdes et accablantes qu'il a déjà reconnues en 2021", affirme-t-il, même si "on aimerait pouvoir aller jusqu'à la reconnaissance d'une complicité qui amènerait même des réparations".

"Comment voulez-vous qu'on n'aille pas jusqu'à une complicité ?"



"

Un État qui a volé au secours du président Abiyalimana [Habyarimana] dès 1990, qui a soutenu un régime génocidaire pendant longtemps, avant, pendant, après, Comment voulez-vous qu'on n'aille pas jusqu'à une complicité que je pense qu'on ne reconnaîtra pas ?

" s'alarme Alain Gauthier. Mais il concède : "

C'est un petit pas en avant, qui pour nous n'est pas suffisant. Je ne voudrais pas que ce soit simplement un effet de communication à l'égard du gouvernement rwandais

".

Il le rappelle : les alertes, bien avant 1994, ont été nombreuses. Lui-même explique : "

J'ai écrit au président Mitterrand dès l'intervention de Jean Carbonnard à la télévision, en 1993, sur le risque d'un génocide, pour savoir ce que le gouvernement français souhaitait faire au Rwanda

". C'est pour ces raisons qu'il évoque plutôt une notion de complicité : "

On demande à l'État de reconnaître la complicité non pas de la France, mais des hommes politiques de 1994. Je ne vois pas comment on peut se dispenser de ce mot-là

".

Emmanuel Macron ne participera toutefois pas aux commémorations du génocide. "

Il a décidé de ne pas venir et d'envoyer monsieur Séjourné, son ministre des Affaires Etrangères, je crois que le gouvernement rwandais en prend acte. Il est probable, dans la mesure où il avait été invité, que le Rwanda aurait souhaité la présence du président Macron

", ajoute Alain Gauthier.

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024