Fiche du document numéro 33847

Num
33847
Date
Saturday March 16, 2024
Amj
Auteur
Taille
449701
Surtitre
Opinion
Titre
Genocide denialism at its peak: Lutundula and Ishimwe's song
Nom cité
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M23
Source
Traduction
L'attention internationale actuelle sur la RDC a mis en lumière une tendance inquiétante : la montée des discours de haine et de la violence, notamment à l'encontre de groupes ethniques tels que les Tutsi, les Hema, les Teke et les Banyamulenge. Cette montée a été exacerbée par des campagnes de désinformation, rappelant la rhétorique incendiaire qui a alimenté le génocide de 1994 contre les Tutsi au Rwanda, qui a mis à nu le pouvoir dévastateur que la propagande de haine peut déclencher.

Dans un discours bouleversant prononcé le 8 mars 2024 lors de la réunion du Conseil des ministres de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), le ministre des Affaires étrangères de la RDC, Christopher Lutundula, a accusé le gouvernement du Rwanda d'exploiter cyniquement la tragédie du génocide contre les Tutsi comme "un capital politique".

Si le message poignant de Lutundula fait écho à des sentiments qui peuvent trouver un écho chez certains, il ressuscite en réalité un discours commun aux génocidaires et à leurs réseaux, dissimulant ainsi le soutien connu de son gouvernement au groupe génocidaire des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), qui trouve son origine dans les régimes génocidaires rwandais antérieurs.

Cette répétition des récits n'est pas seulement dédaigneuse de la gravité du génocide, mais elle sert aussi de catalyseur à la division, à l'hostilité et aux crimes dans une région qui a désespérément besoin de paix, d'unité et de développement durable.

La promotion d'un langage aussi conflictuel n'est pas seulement imprudente, mais dangereuse. Il alimente les rancœurs qui couvent et qui peuvent facilement dégénérer en violence, alimentant le cercle vicieux du conflit dont la RDC s'efforce de se libérer depuis des décennies.

La désinformation et les discours de haine sapent les efforts laborieux déployés en faveur de la stabilité et de la paix dans la région des Grands Lacs et au-delà. Il est impératif d'affronter de front ces récits toxiques et de les démanteler par des contre-récits factuels qui réaffirment notre humanité partagée et notre responsabilité collective de prévenir les formes extrêmes de violence, y compris le cannibalisme génocidaire.

Ces luttes ne font que s'intensifier à mesure que le profil de la situation critique de la RDC est assombri par la diffusion de fausses nouvelles, de tropes racistes et de théories du complot xénophobes contre les communautés parlant le kinyarwanda. Il est crucial pour la communauté internationale, les médias et les individus de s'armer d'informations qui non seulement proviennent de sources fiables, mais qui sont également largement vérifiées par celles-ci, afin de s'assurer que les efforts de plaidoyer et d'aide soient informés et aient un impact.

Conseils aux lecteurs, méfiez-vous



J'encourage les lecteurs à ne pas rester des spectateurs passifs, mais à devenir des militants éduqués et actifs dans la lutte contre les discours de haine et les incitations au génocide. Nous devrions toujours soutenir les voix qui cherchent à combler les fossés plutôt qu'à les creuser, et nous engager dans un processus continu d'apprentissage des causes profondes du conflit en RDC et de la prolifération de l'idéologie du génocide.


Dans un pays comme le Rwanda ou dans tout autre pays où les cicatrices du génocide hantent encore des nations entières, la menace insidieuse du négationnisme du génocide refait surface. Le 12 mars 2024, Norman Ishimwe, un personnage notoirement connu pour son affiliation à des idéologies génocidaires, a publié un communiqué sous la bannière d'une nouvelle organisation, "All For Rwanda", faisant l'éloge du déploiement des forces de la SADC en République démocratique du Congo (SAMIDRC). Ses propos, empreints de négationnisme, visent l'éradication du groupe rebelle M23 tout en présentant les FDLR comme d'innocents réfugiés méritant sympathie et soutien. Cette rhétorique révisionniste ne déforme pas seulement les faits historiques, elle sape également les efforts de justice et de réconciliation.

Ce qui est particulièrement alarmant, bien que non surprenant, c'est la tentative d'Ishimwe de blanchir les actions des FDLR, un groupe impliqué dans un génocide et plusieurs crimes odieux contre l'humanité. En présentant les FDLR comme de simples réfugiés, Ishimwe cherche à susciter la sympathie et le soutien de certains pays de la SADC et du Burundi. Un tel récit non seulement minimise les souffrances infligées à d'innombrables civils parlant le kinyarwanda, en particulier les Tutsis, mais perpétue également un dangereux cycle d'impunité.

Dans ce communiqué, il est essentiel de remarquer qu'Ishimwe évite stratégiquement le terme "génocide", une tactique délibérée employée pour obscurcir la réalité des atrocités passées. Son alignement sur des organisations telles que Jambo Asbl et FDU-Inkingi souligne en outre son engagement à diffuser des idéologies dangereuses sous couvert d'activisme politique.

Les vieux récits répétés



Le récit des ministres Lutundula et Ishimwe n'est pas nouveau ; il fait écho à des sentiments propagés par de nombreuses personnes telles que Joseph Matata, basé à Bruxelles, et une journaliste canadienne, Judi Rever, qui est un propagateur d'idées des génocidaires. Il y a aussi des universitaires comme le professeur Filip Reyntjens. Reyntjens, un universitaire belge lié à des sympathisants du génocide, qui a introduit ou popularisé le concept de "crédit de génocide", accusant le Rwanda d'exploiter cyniquement des tragédies historiques à des fins politiques. Ce récit, ancré dans le négationnisme, cherche à délégitimer les efforts du Rwanda pour affronter son passé et construire une société plus sûre et plus inclusive.

La nature insidieuse du négationnisme du génocide s'étend au-delà des cercles universitaires. En 2014, à la veille de la 20e commémoration du génocide contre les Tutsi, un article publié en ligne par "The Conversation" a mis en doute l'existence de l'idéologie du génocide, la reléguant au royaume des guillemets. Cette tentative flagrante de saper les vérités historiques démontre l'influence durable des récits négationnistes.

Les exemples susmentionnés nous rappellent brutalement la menace persistante que représente le négationnisme en matière de génocide. En perpétuant des récits dangereux et en blanchissant les atrocités du passé, des individus comme Ishimwe entravent les efforts déployés pour parvenir à un véritable "plus jamais ça".

C'est une parodie de voir les souffrances historiques utilisées à des fins politiques. Les conséquences du génocide de 1994 contre les Tutsis ont laissé de profondes cicatrices au Rwanda et dans la région. Les blessures historiques ne devraient pas être exploitées à des fins politiques. L'utilisation d'une histoire aussi douloureuse à des fins politiques n'est pas seulement cynique, elle est moralement répréhensible.

La rhétorique haineuse à l'encontre des Tutsis congolais n'est pas un récit que nous devrions tolérer. C'est une pierre qui renvoie à l'ère sombre de la division et du génocide. Notre région a suffisamment souffert. Nous ne devrions pas permettre aux discours de haine et aux idéologies de génocide de nous définir.

Faire du Rwanda un bouc émissaire est une diversion. Le véritable problème auquel le ministre Lutundula devrait s'attaquer est le chaos qui règne dans le système politique actuel de la RDC, et non les manipulations historiques. Son gouvernement a pour mission d'établir l'ordre, de lutter contre la corruption et d'assurer la sécurité de TOUS les citoyens congolais.

La collaboration avec des groupes comme les FDLR par n'importe quelle administration est un affront à la justice. Elle doit être dénoncée et condamnée sans équivoque. Nous devons nous opposer fermement à tout soutien à des entités génocidaires. Il ne s'agit pas de politique, mais d'humanité.

L'auteur est un chercheur basé à Kigali spécialisé sur le génocide
Type
Article de journal
Langue
EN
Citation
Some of DR Congo citizens who are Kinyarwanda Speakers, captured here undergo a severe torture in Eastern DR Congo. Courtesy

Current international attention on the DRC has elevated a concerning trend: the rise in hate speech and violence, notably against ethnic groups such as the Tutsi, Hema, Teke, and Banyamulenge. This surge has been exacerbated by disinformation campaigns, reminiscent of the incendiary rhetoric that fueled the 1994 Genocide against the Tutsi in Rwanda, which laid bare the devastating power hate propaganda can unleash.

In an upsetting speech on March 8, 2024 at the Council of Ministers of the Economic Community of Central African States (ECCAS) meeting, DRC Minister of Foreign Affairs, Christopher Lutundula, accused the government of Rwanda of cynically exploiting the tragedy of the genocide against the Tutsi as "political business capital."

While Lutundula's poignant message echoes sentiments that may resonate with some, in reality it resuscitates a discourse common amongst genocidaires and their networks, thus covering up a known support of his government for the genocidaires group Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), which originates from past Rwandan genocidal regimes.

This rehashing of narratives is not only dismissive of the gravity of the genocide but also serves as a catalyst for further division and hostility and crimes in a region desperately needing peace, unity and sustainable development.

Promoting such conflict-ridden language is not just careless but dangerous. It feeds the simmering resentments that can easily erupt into violence, fueling the vicious cycle of conflict the DRC has been struggling to break free from for decades.

Disinformation and hate speech undermine the painstaking efforts towards stability and peace in the Great Lakes region and beyond. It is imperative to confront these toxic narratives head-on and dismantle them with factual counter-narratives that reaffirm our shared humanity and collective responsibility to prevent extreme forms of violence including genocidal cannibalism.

These struggles only intensify as the profile of the DRC's plight becomes clouded by the spread of fake news, racist tropes, and xenophobic conspiracy theories against Kinyarwanda speaking communities. It is crucial for the international community, media, and individuals alike to arm themselves with information that not only originates from but is extensively verified by reliable sources, to ensure that advocacy and aid efforts are informed and impactful.

Advice to readers, beware



I encourage readers not to remain passive onlookers but to become educated, vocal activists in fighting hate speech and incitements to genocide. We should always support voices that seek to bridge gaps rather than deepen divides, and commit to an ongoing process of learning about the root causes of the conflict in the DRC and proliferation of the genocide ideology.

In a country like Rwanda or anyplace where the scars of genocide still haunt entire nations, the insidious threat of genocide denialism rears its ugly head once more. Norman Ishimwe, a figure notorious for his affiliation with genocidal ideologies, on March 12, 2024, issued a communique under the banner of a new organization, 'All For Rwanda', praising the deployment of the SADC forces in the Democratic Republic of Congo (SAMIDRC). His words, masked in denialism take aim at the eradication of the M23 rebel group while simultaneously portraying the FDLR as innocent refugees deserving of sympathy and support. This revisionist rhetoric not only distorts historical facts but also undermines efforts to seek justice and reconciliation.

What is particularly alarming, although not surprising, is Ishimwe's attempt to whitewash the actions of the FDLR, a group implicated in genocide and several heinous crimes against humanity. By painting FDLR as mere refugees, Ishimwe seeks to elicit sympathy and support akin to that provided by certain SADC countries and Burundi. Such a narrative not only downplays the suffering inflicted upon countless Kinyarwanda-speaking civilians, especially Tutsi but also perpetuates a dangerous cycle of impunity.

In that communique, it is essential to spot Ishimwe's strategic avoidance of the term "genocide," a deliberate tactic employed to obfuscate the reality of past atrocities. His alignment with organizations like Jambo Asbl and FDU-Inkingi further underscores his commitment to spreading dangerous ideologies under the guise of political activism.

Old narratives repeated



Minister Lutundula and Ishimwe's narrative is not novel; it echoes sentiments propagated by many individuals like Joseph Matata who is based in Brussels and a Canadian journalist, Judi Rever who is a genocidaires’ spin doctor. There are scholars such as Prof. Filip Reyntjens. Reyntjens, a Belgian academic with ties to genocidal sympathizers, who introduced or popularized the concept of "genocide credit," accusing Rwanda of cynically exploiting historical tragedies for political gain. This narrative, rooted in denialism, seeks to delegitimize Rwanda's efforts to confront its past and build a more safe and inclusive society.

The insidious nature of genocide denialism extends beyond academic circles. In 2014, on the eve of the 20th commemoration of the genocide against the Tutsi, an article published online by 'The Conversation' cast doubt on the existence of genocide ideology, relegating it to the realm of inverted commas. This blatant attempt to undermine historical truths demonstrates the enduring influence of denialist narratives.

The above mentioned examples is a stark reminder of the persistent threat posed by genocide denialism. By perpetuating dangerous narratives and whitewashing past atrocities, individuals like Ishimwe hinder efforts to achieve meaningful ‘Never Again’.

It's a travesty to see historical sufferings weaponized for political gains. The aftermath of the 1994 Genocide against the Tutsi left deep scars in Rwanda and the region. Historical wounds shouldn't be exploited for political ends. Using such painful history to garner political leverage is not just cynical; it's morally reprehensible.

Hateful rhetoric against the Congolese Tutsi is not a narrative we should tolerate. It's a stone that rolls back to the dark era of division and genocide. Our region has suffered enough. We shouldn’t allow hate speech and genocide ideologies to define us.

Scapegoating Rwanda is a diversion. The real issues at hand which Minister Lutundula should be addressing is the chaos in the DRC's current polity, not historical manipulation. His government has a task of focusing on establishing order, confronting corruption, and ensuring the safety of ALL Congolese citizens.

Collaboration with groups like FDLR by any administration is an affront to justice. It must be called out and condemned unequivocally. We must stand firmly against any support for genocidal entities. This isn't about politics, it's about humanity.

The author is a Genocide researcher based in Kigali

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024