Fiche du document numéro 33534

Num
33534
Date
Lundi 2 mai 1994
Amj
Auteur
Taille
2189146
Titre
Fiche - Objet : les Forces armées rwandaises (FAR) sont dans une situation difficile
Cote
N°1036/DEF/DRM/SDE/AFMO/CD
Source
DRM
Type
Document militaire
Langue
FR
Citation
MINISTERE DE LA DEFENSE

DIRECTION DU RENSEIGNEMENT

N°1036/DEF/DRM/SDE/AFMO/CD
Officier traitant: L/C Pouly

Objet: les Forces armées rwandaises (FAR) sont dans une situation difficile
Pièces jointes : 2 annexes et 2 cartes

La destruction de l'avion présidentiel, le 6 avril, les massacres de
Tutsi et l'offensive des forces du Front patriotique rwandais (FPR) ont remis en
cause l'équilibre précaire que les accords de paix d'Arusha avaient réussi à
instaurer le 4 août 1993. À l'heure actuelle, ni les FAR, ni le FPR n'ont pu
prendre l'avantage sur le camp adverse. Toutefois, le FPR poursuit sa
progression avec lenteur mais avec méthode exploitant la supériorité que lui
confère ses appuis feu

1. Les FAR contiennent le FPR à Kigali et dans les secteurs
nord-est et nord-ouest.

A Kigali, le front est figé depuis une semaine et les belligérants
campent sur leurs positions en échangeant des tirs (armes légères, mortiers et
artillerie). Le FPR occupe la partie nord de la capitale et les collines
environnantes. Il tire sur l'aérodrome de manière sporadique avec des armes
lourdes Les FAR tiennent la colline de la présidence, les quartiers sud
(Gicondo, Kicukiro) et la plate-forme aérienne de Kanombe. Le FPR aurait
concentré environ 4 000 hommes dans le secteur de Kigali, face à 2 500 -
3 000 hommes des FAR

Dans le secteur nord, 3 à 4 bataillons des FAR contiennent la
poussée des unités du FPR et s'opposent aux tentatives de s'emparer de
Ruhengeri

Dans le secteur centre (Rulindo), la situation est incertaine, la
route Kigali-Ruhengeri est coupée, probablement entre Nemba et Shyorongi

Dans le secteur est (Mutara) les FAR résistent à Ngarama et
tiendraient encore Gabiro. Le FPR (volume estimé à 3 bataillons) a percé en
direction du sud-est et a coupé la route Kigali-Tanzanie à hauteur de
Rwamagana. Les unités du FPR ont atteint la frontière tanzanienne à Rusomo
le 30 avril

La Mission d'interposition des Nations unies au Rwanda (MINUAR),
forte de 450 hommes a évacué la zone démiltarisée et s'est regroupée à
Kigali, ses effectifs devraient être réduits à 270 hommes. La Mission
d'observation des Nations unies sur la frontière Ouganda-Rwanda

(81 observateurs) reste en place elle n'a signalé aucun mouvement de forces
ougandaises en direction du Rwanda.

2. La pression constante exercée par le FPR et la diminution
des munitigns des FAR devraient permettre au FPR de
s'emparer de Kigali. Ses forces ne semblent pas en mesure
d'envahir immédiatement le sud-ouest du pays.

Après 25 jours de combats soutenus, les munitions des unités
gouvernementales de la capitale devraient commencer à manquer. Par ailleurs,
l'acheminement de troupes et de moyens logistiques convergeant vers Kigali
devraient donner une supériorité au FPR et conduire à la chute dans
un avenir prochain.

Le dispositif des FAR pourrait, toutefois, être en mesure de se
rétablir sur les crêtes est de Kigali à hauteur de la rivière Nyabarongo.

Dans le secteur nord-ouest, les FAR semblent en mesure de tenir
grâce à la présence du bataillon Ruhengeri, une des unités les plus
opérationnelles des FAR. Après la chute de Kigali, la saisie de la province de
Ruhengeri, d'où est originaire le président du FPR, Alexis Kanyarengwe,
pourrait devenir une priorité.

Les unités des FAR au nord-est du pays, coupées du reste de
l'armée devraient succomber, à terme, aux assauts du FPR faute de munitions
et de renforts. Au sud-est, le FPR pourrait profiter de l'exode des populations
Hutu et profiter de la présence de sympathisants et des Tutsi pour asseoir son
autorité sur la province du Bugesera.

Compte tenu de l'hostilité des populations du sud à majorité Hutu,
une offensive du FPR visant à s'emparer du sud-ouest du pays semble peu
probable à court terme. II a annoncé que son but était de s'emparer de Kigali et
d'appliquer, alors, les accords d'Arusha.

3. Moyens nécessaires aux FAR

Selon des informations recueillies par la DGSE, les FAR auraient un
besoin urgent de munitions de mortiers (25 000 obus de 80 et 5 000 obus de
81 mm), de grenades à main (20 000) et à fusil (20 000), de cartouches de 7,62
(8 millions) et de 12,7 (700 000)

Selon l'attaché de défense rwandais en poste à Paris, la Pologne et
Israël seraient actuellement disposés à vendre des munitions. Le problème se
situerait au niveau du transport, aucune compagnie aérienne n'ayant accepté
de se charger de l'acheminement

4. Environnement

41. A l'intérieur du pays, les affrontements interethniques se
poursuivent : dans la zone sous contrôle des forces gouvemementales, les
massacres de Tutsi continuent principalement dans le sud-ouest (régions de
Cyangugu, Gikongoro et Butare), fief des extrémistes Hutu. Les soldats du FPR
auraient perpétré des exactions à l'encontre des populations Hutu dans le
Mutara. Ils ont provoqué la fuite de nombreux Hutu (200 000 personnes selon
le HCR) vers la Tanzanie.

42. Au Burundi, la poursuite des combats au Rwanda risque de
raviver les tensions interethniques. L'arrivée des réfugiés venus du Rwanda
1200 000 hutu burundais et 20 000 à 30 000 Tutsi rwandais) a été maîtrisée par
les autorités. Une intervention des pays occidentaux dans le conflit rwandais

pourrait inciter l'opposition Tutsi et une fraction de l'armée à faire preuve d'hostilité à l'encontre de la Communauté expatriée.

43. Au Zaïre, environ 50 000 rwandais (principalement des Tutsi)
ont trouvé refuge dans la communauté banyarwandaise favorable au FPR. Les
autorités zairoises ont dépéché deux compagnies de la division spéciale
présidentielle à Goma pour être en mesure de réagir, soit au passage d'unités
du FPR en territoire zairois soit en cas de troubles organisés par les banyarwandais.

44, La Tanzanie fait face depuis le 29 à l'afflux de réfugiés, en
majorité Hutu qui fuient devant les forces du FPR. Selon le HCR, 200 000 à
300 000 auraient déjà franchi la frontière, 200 000 autres tenteraient de les
suivre. Le président Mwinyi tente de renouer les contacts entre les deux parties.

CONFIDENTIEL DEFENSE

IMPLICATION OUGANDAISE
DANS LE SOUTIEN AU FPR

1. Soutien au FPR avant les accords d'Arusha (août 1993)

L'implication de l'armée ougandaise (NRA) dans le confit rwandais
n'a jamais pu être formellement établie. Toutefois, l'Ouganda a fourni un
soutien logistique et offert les zones refuges indispensables à la survie du
Front patriotique rwandais (FPR).

Les unités constituées de la NRA ne semblent pas avoir participé
aux opérations. Les seuls indices de la présence d'Ougandais ont été la
capture d'un soldat ougandais le 17 juillet 1991 et la saisie d'un car
ougandais le 17 février 1993, dans la région de Ruhengeri. L'Armée populaire
rwandaise a été formée initialement à partir de réfugiés Tutsi. Ceux-ci au sein
de la NRA avaient contribué à la victoire du président Museweni dans sa lutte
pour le pouvoir. Lors des offensives d'octobre 1990 et de juin 1992, la base de
départ du FPR se trouvait en territoire ougandais.

La mission des observateurs français (novembre 1991 - mars 1992)
avait mis en évidence le fait que le FPR ne pouvait opérer s'il ne disposait de
nombreuses facilités en territoire ougandais. Les points suivants ont été
soulignés:

- le ravitaillement en munitions de gros calibre nécessite une
logistique qui ne peut être assurée qu'à partir de l'Ouganda

- les sites d'entrainement et de soins ne se trouvaient pas dans les
zones des combats ; ils ne pouvaient se situer qu'en Ouganda.

2. Soutien au FPR depuis les accords de paix

La mise en place de la Mission d'observation des Nations unies
Ouganda-Rwanda (MONUOR) sur la frontère a limité les possibilités de
soutien de l'Ouganda au FPR. Depuis son déploiement en octobre 1993, elle
n'a pas constaté de mouvements suspects.

En ce qui concerne les effectifs, l'Ouganda a lancé un programme
de démobilisation en 1992 ; 32 000 soldats ont êté rendus à la vie civile, une
partie d'entre eux a rejoint les rangs du FPR. Au moment de la signature des
accords d'Arusha, les effectifs de l'APR était compris entre 9 000 et 10 000
hommes, selon les estimations de mars 1994, le FPR disposait de 17 000
soldats.

Au point de vue logistique, le FPR a connu une pénurie de vivres et
de carburant depuis août 1993, les livraisons en provenance d'Ouganda sont
restées à un niveau réduit ; elles ont été effectuées à l'aide de camions civils. Selon les FAR, le dernier trimestre 1993 a été mis à profit par le FPR pour constituer des stocks de munitions enterrés dans la zone qu'il contrôlait.

Dans la première phase de l'offensive d'avril 1994, les unités FPR
se sont infitrées à pied, elles se nourrissaient en prélevant des vivres sur la
population ; le soutien ougandais ne semble pas avoir été nécessaire pendant
cette première période. Après le 14 avril, la présence des armes lourdes du
FPR à Kigali suscite une seule question:

- le FPR a du bénéficier d'un soutien véhicule et d'une cession de
carburant par l'Ouganda pour assurer l'acheminement des pièces d'artillerie et
l'approvisionnement en munitions de gros calibre de ses unités au contact













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