Fiche du document numéro 33514

Num
33514
Date
Mercredi 17 août 1994
Amj
Taille
1115303
Titre
Fiche particulière n° 19240/N - Rwanda-Zaïre : Situation au Sud Kivu
Cote
N°19240/N
Source
Type
Note
Langue
FR
Citation
Le 17 août 1994
19240/N

FICHE PARTICULIERE
RWANDA - ZAIRE

SITUATION AU SUD KIVU

L'éventualité d'un repli des éléments français hors de la Zone Humanitaire
Sûre (HS) ne laisse pas d'inquiéter les responsables des Organisations Non
Gouvernementales (ONG) et, dans une moindre mesure, les autorités zaïroises,
visiblement résignées. Tous semblent redouter un nouvel afflux massif de réfugiés.

1- SITUATION HUMANITAIRE

Selon un responsable des Nations Unies du World Food Program, le scénario le plus dramatique, similaire à celui déjà connu à Goma, consisterait à voir affluer au Sud Kivu une grande partie des réfugiés rwandais se trouvant actuellement en ZHS (estimés à un million). Les collines surplombant la localité de Bukavu sont déjà si densément peuplées, que la plupart des 160 000 réfugiés présents dans la zone ont été dirigés vers des camps, à une soixantaine de km de la ville, L'implantation de nouveaux sites demeure un réel problème.

A Bukavu, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) réceptionne de 35 à 45 tonnes de vivres par jour, mais le travail des ONG ne se fait pas toujours dans des conditions satisfaisantes de sécurité. Ainsi, le IICR [CICR ?] et Médecins Sans Frontières (MSF), en conseillant aux réfugiés de rentrer au Rwanda, sont fréquemment accusés par ces derniers d'être au service du Front Patriotique Rwandais (FPR) qui, selon eux, ne manquerait pas de les assassiner dès leur retour. Par ailleurs, des bandes de pillards zaïrois s'en prennent régulièrement aux entrepôts de l'aide internationale et ont parfois directement menacé des membres des ONG. La population zaïroise, dans son ensemble, se montre hostile aux réfugiés, car elle s'estime délaissée par les ONG. Sa réaction devra d'ailleurs être attentivement surveillée, après le retrait du détachement Turquoise.

Dans le but de maintenir des relations étroites avec la population rwandaise et d'être en mesure d'exercer son influence, l'ancien gouvernement rwandais à mis en place une commission sociale auprès des réfugiés. Ces derniers sont ainsi regroupés par préfecture d'appartenance et reçoivent leurs vivres par le biais de cette commission. Dans leur majorité, ils se disent décidés à rester au Zaïre.


1994-08-17 17:51 CH-68 S +5

II - SITUATION DES FAR

5 000 militaires des anciennes Forces Armées Rwandaises (FAR) sont actuellement regroupés dans le camp de Bulonge, à environ 50 km au sud-ouest de Bukavu. Non approvsionnés par le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR), ne disposant pas d'eau potable, ils sont dans une situation sanitaire déplorable. Par ailleurs, délaissés par l'encadrement (le plus haut grade est sous-lieutenant), ils refusent d'être placés sous la surveillance des Forces Armées Zaïroises (FAZ) et revendent leur armement et leurs effets militaires à là population locale. Des pillages, à l'encontre de réfugiés civils, bénéficiant de l'aide du HCR, ont été également relevés.

Environ 10 000 miliciens sont présents dans les camps mais, sans encadrement et livrés à eux mêmes, ils ne se manifestent que durant les distributions de vivres. Beaucoup se disent décidés à reprendre le combat aux côtés des FAR.

III - ATTITUDE DES ZAIROIS

Depuis l'adoption par le gouvernement zaïrois d'un discours plus ferme à l'encontre des membres de l'ancien gouvernement rwandais, ceux-ci se font plus discrets. Toutefois, les directives du gouverneur zaïrois de la région, adressées à l'ex-Premier ministre. Jean Kambanda, n'ont été que partiellement répercutées. En particulier, les FAR opposent une fin de non recevoir, et font tout ce qui est en leur pouvoir, pour ne pas rendre leur armement, Par ailleurs, la décision des autorités zaïroises de séparer l'encadrement des FAR de la troupe et de transformer ces militaires en réfugiés provoque quelques tensions qui inquiètent les Zaïrois. Ces derniers redoutent, en outre, une reprise de l'activité clandestine de l'ancien gouvernement rwandais. Les responsables zaïrois n'excluent d'ailleurs pas une ultime tentative de coup de force, à l'occasion du départ de la mission Turquoise et du désordre qui ne manquerait pas d'accompagner l'arrivée d'une nouvelle vague de réfugiés.

Enfin, il convient de signaler que des officiers du FPR en civil ont été repérés par Le Service National d'intelligence et de Protection zaïrois (SNIP), le 14 août 1994, à Bukavu. Ces militaires auraient tenté, mais en vain, de rencontrer discrètement les autorités zaïroises probablement en vue de discuter des problèmes liés au déplacement des réfugiés de la ZHS. Bien que naturellement portés à cautionner en priorité l'ancien gouvernement rwandais, les Zaïrois reconnaissent cependant qu'ils doivent entretenir certains contacts avec le nouveau pouvoir.

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