Fiche du document numéro 32794

Num
32794
Date
Samedi 12 août 2023
Amj
Taille
2036770
Titre
L’avenir de l’Afrique passe par les jeunes, dit le général Roméo Dallaire
Nom cité
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Source
Type
Page web
Langue
FR
Citation
Le lieutenant-général à la retraite Roméo Dallaire effectue un retour au Rwanda pour s'adresser à la jeunesse du pays. PHOTO : RADIO-CANADA / RAPHAËL GUILLEMETTE

KIGALI, Rwanda – Bientôt 30 ans après le génocide des Tutsis au Rwanda, le lieutenant-général à la retraite Roméo Dallaire est de retour au pays pour s'adresser à la jeunesse qu'il estime la clé de la réussite à long terme du continent africain.

Invité de la fondation Giants of Africa du président des Raptors de Toronto, Masai Ujiri, qui tient un festival de basketball dans la capitale rwandaise jusqu'au 19 août, l'ancien sénateur canadien a rencontré 2000 jeunes Rwandais, samedi, aux côtés de la Première dame du Rwanda, Jeannette Kagame, afin de souligner la Journée internationale de la jeunesse des Nations Unies.

Vendredi, il avait aussi visité le Mémorial du génocide contre les Tutsis à Kigali, comme maintes fois auparavant.

« Comme toute l’Afrique, [le Rwanda] est jeune. C'est le futur de l’humanité qui est entre les mains des jeunes, a-t-il déclaré au micro de Radio-Canada en matinée.

Au-delà du besoin de se souvenir des atrocités commises par le passé pour ne pas répéter les mêmes erreurs, le lieutenant-général Dallaire veut que les jeunes Africains regardent droit devant et se permettent d'être ambitieux.

Ils sont dans l’ère où il n’y a pas de frontières, ils peuvent communiquer et ils peuvent justement s’épanouir dans le monde entier. [Je dis cela] beaucoup plus pour leur faire réaliser le potentiel inouï qu’ils ont – par l’éducation qui leur est maintenant bien fournie et par la technologie et le sens de nation – qui peut être compétitif et qui peut les élever dans l’humanité », ajoute-t-il.

« Ce que j’espère pouvoir passer à ces jeunes comme message, c’est qu’il n’y a pas de limite à leur potentiel, mais il faut qu’ils deviennent activistes. Il faut qu’ils passent dans l’éducation et, de ce fait, deviennent pleinement participants dans les décisions de leur pays et non pas qu'ils voient ça comme une arrière-pensée ».

Le général canadien Roméo Dallaire a dirigé la mission de paix des Casques bleus de l'ONU au Rwanda. PHOTO : RADIO-CANADA

Commandant en chef de la Mission de Nations Unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR) lors du génocide en 1994, Roméo Dallaire n'a pas cessé de s'impliquer sur le continent après l'échec de sa mission. En fait, il s'y est grandement investi, notamment avec le Centre africain d'excellence qu'il a mis sur pied à Kigali. Il veille à la prévention du recrutement et de l’utilisation d’enfants-soldats dans les conflits.

« Il y aura toujours un manque flagrant à combler parce que le défi est énorme », dit-il quant à l'aide internationale, et canadienne en particulier, en Afrique.

« Ce gouffre exige beaucoup plus d’abnégation de notre part pour pouvoir faire avancer l’humanité et pas seulement nos pays dans le contexte de pays souverains ».

Épaté par la modernisation de Kigali



Quand on la compare aux grandes villes du monde, Kigali n'a pas encore le même lustre, mais son rattrapage commence à porter fruit. En près de 30 ans, M. Dallaire note une nette amélioration des infrastructures, de son économie et de sa place dans le monde.

« [Kigali] est devenue, vraiment, une ville moderne. Elle est capable d’être compétitive avec les grandes villes de n’importe où dans les pays les plus développés. C’est un genre de Singapour de l’Afrique », fait-il remarquer.

Le président rwandais Paul Kagame fait l'objet de certaines critiques à l'international, mais Roméo Dallaire salue ce qu'il a fait pour le Rwanda depuis le génocide. PHOTO : GETTY IMAGES / LUKE DRAY

« C’est une œuvre que je considère comme exceptionnellement gérée, par une main, oui, ferme, mais avec une ambition de créer, vraiment, un pays moderne », ajoute-t-il, faisant référence au gouvernement de Paul Kagame au pouvoir depuis la fin du génocide et qui fait l'objet de certaines critiques à l'international.

Grâce à sa femme Marie, Roméo Dallaire dit aujourd'hui moins ressentir le poids des fantômes qui l'ont hanté pendant deux décennies et le sens de culpabilité lié à l'échec de sa mission. Ce nouveau voyage au Rwanda n'a pas le même parfum que les précédents, souligne-t-il.

« Je trouve que cette fois-ci, c’est vraiment un pèlerinage qui me permet de fermer, dans un sens, la boucle. On est ici, à un endroit où pendant le génocide, le gouvernement extrémiste me rencontrait et les obus tombaient. Ça fait que je trouve ça assez exceptionnel qu’on se parle ici aujourd’hui », dit-il quant au lieu de notre entretien, un hôtel réputé de Kigali non loin de celui des Mille Collines qui a d'ailleurs inspiré le film Hotel Rwanda.

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024