Fiche du document numéro 32077

Num
32077
Date
Dimanche 20 avril 2014
Amj
Taille
1555424
Titre
Management d’opérations complexes - Rwanda - Turquoise
Mot-clé
Type
Blog
Langue
FR
Citation
20avr2014

Management d’opérations complexes –
Rwanda – Turquoise
Posté dans Gestion de conflits & de
crises, Management, Opérations, Stratégie par Clément HOUSSIN

Mission RECO nord Rwanda 23 juin – droits réservés CH
20 ans jour pour jour après le début du génocide des Hutu modérés et des Tutsi au
Rwanda alors que le président Kagamé mettait à nouveau en cause la France, un
ancien officier de Turquoise utilisé dans des fonctions d’ appui a donné sur
une radio du service public une version tronquée et romancée de cette
opération (23 juin-22 août 1994).
Il déclare qu’un raid aéroterrestre avait été programmé sur Kigali fin juin et que
l’avancée du FPR (Front patriotique rwandais) devait être bloquée militairement. Il
prétend aussi que nous aurions rendu des armes aux militaires rwandais réfugiés au
Zaïre et que nous leur aurions payé leur solde en dollars.
L’un des directeurs et contrôleurs opérationnels auprès du général
Lafourcade, je donnerai pour la première fois les tenants et aboutissants des
opérations humanitaires de Turquoise qui ont pris immédiatement le pas sur les
préoccupations d’ordre purement militaire, une tendance qui ne s’inversera qu’en
Afghanistan et au Mali où nous reprendrons des postures plus offensives.
Mais notre mission prendra une tournure infiniment plus complexe qui mettra à
jour des lacunes riches d’enseignements que nous ne répéterons pas par la suite.
Le contexte international de Turquoise

Un bref rappel du contexte international dans lequel nous intervenons permet de
comprendre des clefs de ce conflit, les objectifs de notre intervention et les
conditions dans lesquelles elle se déroulera.
Turquoise est l’opération la plus visible et la plus emblématique de la France en
1994. Conduite par des militaires en uniforme sous l’œil des caméras, elle s’inscrit
dans le cadre de luttes d’influences feutrées mais féroces entre grandes puissances
dans la région des Grands Lacs, à la limite d’espaces anglophones et francophones.
La France y dispose de deux alliés, les présidents Mobutu (Zaïre) et Habyarimana
(Rwanda) alors que Londres et Washington misent sur l’axe Museveni
(Ouganda) – Kagamé pour préparer l’après Mobutu que nous anticipons
exactement. Avec l’arrivée de Kagamé au pouvoir l’est du Zaïre, lieu de profonds
clivages ethniques et objet de tensions récurrentes sur fond de déliquescence des
autorités zaïroises, implosera et deviendra un champ de bataille futur.

SAS Britanniques déguisés en journalistes – droits réservés CH
Le soutien logistique et opérationnel de Londres et Washington à l’Ouganda et la
rébellion du Front patriotique rwandais (FPR) s’inscrit dans le cadre de mesures
d’isolation internationale et régionale du Soudan islamiste.
Ils misent sur le chef des services de renseignements militaires de l’armée
ougandaise, le major Paul Kagamé. Cet homme brillant et énergique est en réalité,
sous des abords qui peuvent être affables, un redoutable stratège cynique et
manipulateur pour qui la fin justifie tous les moyens.
Formé aux actions subversives et psychologiques à Fort Bragg, il ne faisait pas
mystère de vouloir créer une communauté tutsi avec le Burundi et de reprendre au
Kivu zaïrois les districts de Goma, de Rutshuru et de Walikale qui appartenaient au
Rwanda avant le traité de Berlin de 1885. Les événements post Turquoise l’ont
confirmé.
Après de laborieuses tractations diplomatiques pour vaincre les obstructions
systématiques de nos alliés anglo-saxons, Turquoise est déclenchée deux mois

après l’assassinat du président Habyarimana, un assassinat qui signale le début des
tueries de Hutu modérés et des Tutsi.
Le Rwanda est alors engagé dans une phase de délicate transition politique sans
doute trop rapide et brutale. Pour satisfaire aux exigences du discours de la
Baule (… Le vent de liberté qui a soufflé à l’Est devra inévitablement souffler un
jour en direction du Sud (…) Il n’y a pas de développement sans démocratie et il
n’y a pas de démocratie sans développement »), le président Habyarimana doit
accepter de partager intégralement le pouvoir politico-militaire avec
l’opposition Tutsi (10 % de la population). C’est l’esprit et la lettre de l’accord
d’Arusha de 1993 que nous soutenons pleinement par des actions diplomatiques et
financières.
L’assassinat du président Habyarimana le 6 avril 1994 intervient dans un climat
de peur et de haine attisé par trois offensives du FPR en quatre ans qui ont été
accompagnées de massacres commises par les deux camps et singulièrement le
FPR. Dans les semaines qui l’ont précédé plusieurs personnalités proches du
pouvoir, extrémistes comme modérées, ont été assassinées alors qu’une
intense propagande médiatique préparait la population à des événements perçus de
manière diffuse comme inquiétants.
L’attentat contre le président est la « divine surprise » qui permet aux extrémistes
de l’Akazu de prendre le pouvoir qui bascule dans les faits aux mains d’une junte
militaire dirigée par le colonel Bagosora qui couvrira les massacres les ennemis de
l’intérieur. C’est aussi l’occasion pour le FPR de lancer une ultime offensive
victorieuse et de prendre le pouvoir par la force puisqu’il sait qu’il ne pourra jamais
le gagner par les urnes.
Comme le soutien de Londres et de Washington, le soutien de Paris prend
différents visages et emprunte des canaux qui alimentent les suspicions de
duplicité. Les extrémistes trouvent que nous n’intervenons pas assez et les
opposants nous accusent d’ingérence. Ces critiques qui trouvent un écho dans les
milieux intellectuels et pacifistes de Washington, Londres et Paris sont
soigneusement alimentées par les réseaux d’influence de Kagamé.
Le contexte national de Turquoise
Le jour de l’attentat nous sommes en période de cohabitation et avons pour
horizon la présidentielle de 1995. Divers plans sont envisagés en conseil de défense
mais le premier ministre ne veut pas que nous intervenions directement dans les
combats. Il exclut tout soutien au gouvernement intérimaire considéré comme
complice des massacres, en réalité totalement impuissant. Cette décision
marque une rupture dans le soutien au régime Hutu et bornera strictement
l’opération Turquoise.

Philippe Léotard – Ministre de la Défense et le CF Marin Gillier CDT Trepel –
30 juin 1994 – droits réservés CH
Ma mission
Notre mission est d’arrêter les massacres en prenant le contrôle des zones sous
contrôle gouvernemental pour protéger les populations, d’exfiltrer les
personnes en danger et de préparer le déploiement de casques bleus de l’ONU.
Mais notre mandat évoluera sous la pression d’événements dramatiques. Il n’était
déjà plus question de prendre Kigali pendant l’opération d’évacuation de nos
ressortissants le 9 avril (Amaryllis) même si, naturellement, toutes les options
demeurent sur la table pour répondre aux ordres du gouvernement.
Les plans d’opération Turquoise comportent 4 phases et 4 lignes de
défenses successives : une phase 1, le 22 juin, de déploiement initial d’une ligne
Nord / Sud allant de Gisenyi à Bukavu avec 469 soldats. Une phase 2, le 4 juillet,
de ligne de position maximale avancée de Mukavira à Butare avec 2 255 soldats.
Une phase 3 de retrait, le 7 juillet, correspondant à notre position de départ avec
2 566 soldats dont 508 étrangers. Une phase 4 au 22 aout de ligne de
désengagement au Zaïre avec une force réduite à environ 600 soldats.
A Paris, avec le lieutenant-colonel M.P, nous préparons les dossiers d’appréciation
de situation présentés en conseils de défense et sommes associés aux travaux
préparatoires de la future opération Turquoise. En liaison avec la cellule de crise du
ministère des Affaires étrangères, j’établis également une carte des zones où nous
pensons trouver des Tutsi en danger. Dès le principe de l’opération acquis, je reçois
l’ordre de poursuivre sur le terrain les travaux débutés à Paris.

Avec la division spéciale présidentielle du maréchal Mobutu – Zaïre 1994 – droits
réservés CH
Arrivé au Rwanda dans la nuit du 19 juin, j’assure avec quatre officiers le
commandement et le contrôle des opérations de renseignement et d’extraction des
personnes menacées puis des opérations humanitaires. Nous travaillons en étroite
coordination avec le bureau « Affaires civiles », notre interface avec la cellule
de coordination humanitaire où siègent les ONG.
Avec des moyens limités, nous lancerons dès le 24 juin les premières opérations
de sauvetage d’envergure. Mais la réalité du désastre va bien au-delà de nos
estimations et dépasse nos moyens. Je concentre initialement nos efforts sur
la protection de 8.000 Tutsi à Cyangugu, sur un millier de Tutsi au sud de Kibuye,
sur plusieurs centaines de blessés à Butare et l’exfiltration d’enfants cachés dans
des monastères, des caves ou des faux plafonds.

Détachement commandement des opérations spéciales Bisesero 30 juin 1994 –
droits réservés CH
Je tiens également à jour les flux de déplacés, la situation sanitaire et alimentaire de
centaines de milliers de déplacés dans les camps pour que la BIOFORCE et les
ONG endiguent les foyers d’épidémies qui éclatent partout.

De fait si les massacres cessent où nous intervenons nous ne pouvons pas sauver
toutes les personnes en danger et devrons faire tous les jours des choix cornéliens.
Nos relations avec les Forces armées gouvernementales rwandaises et le
gouvernement intérimaire
Si nos autorités ont soutenu les forces armées rwandaises (FAR) jusqu’en
novembre 1993, les FAR ne recevront aucune aide pendant Turquoise ce qu’elles
nous reprocheront parfois avec véhémence notamment après leur débâcle. A mon
arrivée, elles sont sous embargo, très mal en point.
Elles ont perdu de nombreux officiers, abattus par des snipers et n’ont plus de
munitions d’appui (5,56 mm). Leur hélicoptère canon est cloué au sol faute de
pièces de rechange et il lui reste des roquettes de 68 mm pour une seule sortie
aérienne. Leurs blindés légers n’ont quasiment plus de carburant et la perte de 8m3
d’essence et de stocks de nourriture marque le début de la fin.
Malgré des commandes d’armes à la Belgique, à l’Afrique du Sud et à la
Roumanie les FAR lâcheront prise après trois mois de combats.

Armes abandonnées par les Forces armées rwandaise poste frontière Zaïre – droits
réservés CH
Conscients des menaces qu’ils font peser sur nos opérations,
nous désarmons systématiquement les FAR qui transitent dans nos zones même
si quelques bataillons parviennent à entrer armés au Zaïre par le Nord, le 17 juillet
à la faveur de la confusion créée par l’offensive de FPR, et par le sud plongé dans
le chaos après le départ des autorités locales (4 bataillons passeront et 6 autres
seront désarmés).
Entre le 19 et le 23 juillet, le commandant du groupement Sierra, le lieutenantcolonel Jacques Hogard, conduira des opérations de maintien de l’ordre avec des
officiers de Gendarmerie et un détachement prévôtal métropolitain. Il neutralisera
des bandes armées partout et surtout dans la région de Kamembe et de Cyimbogo
avec l’aide de quarante-cinq gendarmes rwandais volontaires réarmés pour

l’occasion. Ces supplétifs nous aideront à ramener le calme, à protéger des
centaines de milliers de déplacés et à sauver d’autres victimes.

Armes abandonnées par les Forces armées rwandaises embarquées par la DSP
zaïroise – droits réservés CH
Les armes abandonnées par les FAR sont récupérées par les forces armées
zaïroises (FAZ) qui s’engageront le 2 aout à Gisenyi à les restituer au nouveau
ministre de l’intérieur rwandais (FPR), Seth Sendashonga.
Nous ne soutenons pas davantage le gouvernement intérimaire rapidement
expulsé de la Zone humanitaire sûre (ZHS), sa présence étant incompatible
avec son statut de neutralité et nous n’apportons évidemment aucune aide
financière aux forces armées rwandaises en déroute.
Ce type d’opération ne rentrait pas dans nos attributions et le gouvernement
intérimaire emportait par ailleurs dans son exil le trésor de la banque du Rwanda.
Son directeur réglera les traitements de fonctionnaires civils et militaires à Gisenyi
le 19 juillet puis au Zaïre.

Forces armées rwandaises (FAR) réfugiées au Zaïre en train de se payer avec
l’argent de la banque du Rwanda (sous bâches) 1994 – droits réservés CH
Nos relations avec le FPR

Nous évitons tout affrontement avec le FPR qui contourne nos zones pour mieux
les infiltrer et nous engage à six reprises lors d’escarmouches meurtrières pour
lui.
Le mouvement rebelle compte environ 25 000 hommes dont dix mille soldats
aguerris majoritairement anglophones, légèrement armés, mobiles, courageux et
endurants. Ses unités composées de 3 à 10 hommes ont pour instruction d’avancer
ou de mourir.
A mesure que s’étend ses lignes de front, le FPR fait acheminer de la nourriture et
des munitions par des conteneurs cadenassés qui franchissent quotidiennement la
frontière ougando-rwandaise à Kagitumba sous les yeux des soldats de l »ONU
impuissants. D’autres convois transportent des caisses métalliques recouvertes de
bananes entre Kabale et Mulindi, la capitale rwandaise du FPR d’où il achemine
des estafettes munis d’ordres d’opération à bord d’ambulances et de véhicules
d’ONG réquisitionnés, y compris de l’ONU.
Nous recevons rapidement de nombreux témoignages de rescapés de
massacres dans les zones conquises interdites aux ONG et à l’ONU jusqu’au 26
juillet. Kagamé ne veut pas de camps de réfugiés aux frontières pour éviter que les
Hutu ne reviennent en force comme l’ont fait les réfugiés tutsis des années 1960 au
début des années 1990. Il favorise donc les retours pour mieux trier les éléments
dangereux mais n’a aucune intention d’intégrer durablement les plus modérés à la
vie politique du nouveau Rwanda, ce que l’avenir démontrera.
Les Tutsi venus de l’étranger, notamment les Burundais, s’installeront sur les
terres abandonnées et les anciens propriétaires, quel que soit leur ethnie, ne
pourront les récupérer, ni leurs biens d’ailleurs.
Tous les itinéraires routiers de retour sont filtrés. Les réfugiés et déplacés sont
conduits dans des camps de triage à Kigali, à Kizi, Maraba, Bukeye, au stade Kavaya
et dans la cathédrale de Nyondo, notamment. Sectorisés par village d’origine, un
responsable FPR local désigne alors les génocidaires, ou les supposés tels, qui sont
transférés puis exécutés à l’arme blanche, à la houe ou à la mitrailleuse lourde.
De fait des massacres sont rapportés à Masango, Kanyanza, Nganzo, Kirangara,
Kilinda, Butare, Murambi, Gisovu, Nyabikenke, Muhando, Nyarusangue, Runga,
Cyaratzi, Rukundo, Shanga, Simbi, Rushikikiri, Runyinya, Kazizi, Muyira, Bwakira,
Gikongoro, Maraba, Gahunga, Gisovu, notamment.
Leçons pour l’avenir
L’opération Turquoise a permis d’aborder des aspects de gestion de crise inédits
qui se retrouveront dans toutes nos interventions futures. Les questions d’ordre
humanitaire et l’impact des radios locales ont pris le pas sur les
préoccupations d’ordre purement militaire.

Notre action s’est déroulée dans un contexte sécuritaire très dégradé qui a nécessité
le suivi des activités des milices et l’actualisation quotidienne de la situation des
personnes menacées. La mise en place de détachements de liaison nous a permis de
clarifier les intentions du FPR, de manoeuvrer en sûreté et de faciliter la prise en
compte de la zone par les Nations-unies en fin de mission. La présence d’officiers
ayant déjà servi au sein de l’ONU ou dans la région des Grands lacs connaissant
personnellement les interlocuteurs locaux a joué un rôle déterminant dans le succès
de nos opérations.
Par ailleurs le travail préalable d’évaluation de situation humanitaire effectué avec
le ministère des Affaires étrangères a permis de sauver des milliers de
victimes d’une mort certaine. Il a également permis d’élargir notre champ
d’expertise et de travailler en bonne intelligence avec des ONG habituellement
réticentes à travailler avec des militaires. La décision de création de la zone
humanitaire sûre (ZHS) pour contenir l’afflux de déplacés au Zaïre en proie à
de fortes tensions intérieures, a conduit à faire effort sur le renseignement
sécuritaire.

Tract ZHS distribué à la population – droits réservés CH
Dans chaque secteur les individus, groupes et bandes armées ont été identifiés, les
éléments les plus dangereux étant désarmés, neutralisés, emprisonnés ou expulsés
vers le Zaïre d’où ils conduiront des raids de pillages.
Mais nous avons clairement sous-estimé les menaces posées par les radios FM
vecteurs de haine et de propagande. De fait les Radios
gouvernementales « Rwanda » et radio « Mille Collines » ont quitté Kigali le 1er
juillet pour cesser définitivement d’émettre les 13 et 19 juillet au Sud-Kivu avant
que nous puissions les brouiller.
Ces facteurs seront pris en compte dans d’autres guerres civiles débouchant sur des
actions humanitaires où nous neutraliserons plus rapidement les instigateurs de
massacres et chercherons à limiter les flux migratoires gênants pour nos opérations.

Epilogue
Le moment de sidération passé après l’assassinat du président, nous ne saisissons
pas immédiatement l’ampleur des massacres qui débutent dans la nuit du 6 au 7
avril. Mais nous réalisons que les extrémistes opposés au processus de paix
empêcheront désormais toute sortie négociée de crise. L’irréparable a été
commis.

Charniers Bisesero 30 juin 1994 – droits réservés CH
Dès octobre 1992 le premier ministre d’ouverture rwandais s’était pourtant plaint
au président des lenteurs des réformes et des obstructions de son entourage. Dès
1993 les milices hutu des partis MRND et CDR s’agitaient. En janvier 1994
elles provoquaient la Mission des Nations unies au Rwanda (MINUAR) et les
bataillons FPR stationnés à Kigali.
Une fraction des responsables de l’armée ne voulait clairement pas la paix alors que
le président redoutait sa mise en accusation internationale et voulait aboutir. Il
devenait gênant pour les Ultras du Hutu power autour de son épouse Agathe.
De son côté le major Kagamé avait l’intention de mettre en accusation le président
Habyarimana pour des massacres commis lors de précédentes offensives. Et nous
avions acquis la certitude qu’il prendrait le pouvoir par la force puisqu’il savait
qu’il ne pouvait pas remporter des élections libres.
Les massacres lancés, la marge de manœuvre de la France s’est
considérablement rétrécie. Ne pas agir eut été coupable. Intervenir directement
dans les affaires intérieures du pays pour arrêter les tueries devenait trop risqué et
aurait été dénoncé par les mouvements pacifistes. Nous étions pris au piège
d’évènements dramatiques.
Nous n’avions pas non plus anticipé l’ampleur de la catastrophe humanitaire qui
suivrait l’effondrement des forces armées rwandaises et n’étions certainement pas
préparés ni dimensionnés pour accueillir, nourrir et soigner plus 1,5 déplacés en
l’espace de quelques jours.

Aurions-nous dû abandonner le Rwanda dès la première offensive du FPR en
1990 ? Aurions-nous du contraindre le président Habyarimana à faire accepter par
son peuple – qui n’en voulait pas – un accord de partage du pouvoir immédiat avec
les Tutsi ? Aurions-nous dû intervenir massivement dès le 9 avril pour arrêter le
génocide, éliminer les ultras, repousser le FPR et dicter une nouvelle feuille de
route politique ?
Toutes les options étaient sur table mais on ne refera pas l’histoire. Les armées
sont aux ordres de la République et Turquoise a répondu exactement aux
objectifs fixés par le gouvernement.
Les militaires qui ont participé à cette opération d’une rare complexité aux côtés de
leurs camarades africains maliens, sénégalais, mauritaniens et tchadiens
notamment ont accompli des miracles. Ils ne méritent certainement pas injures
et horions.
Pendant nos tergiversations, nos alliés, beaucoup plus pragmatiques,
façonnaient une réalité conforme à leurs intérêts sans états d’âmes.
On ne fait pas de politique étrangère et de sécurité avec de bons sentiments et
certainement pas 20 ans après. Nous ne ressusciterons malheureusement pas
900 000 rwandais assassinés par leurs compatriotes dans l’indifférence générale.
La nature n’aime pas le vide. La cohabitation, en l’espèce, n’a pas été heureuse.
Nous avons été sortis du Rwanda, pour longtemps et la reconfiguration
géopolitique de la région nous invite à agir autrement.
La gestion et la résolution de crises aussi complexes ne fonctionnent pas avec des
schémas traditionnels ni des méthodes classiques, Turquoise l’a démontré dans son
domaine d’expertise et son périmètre d’action avec de réels succès.

Goma PCIAT Turquoise – droits réservés CH

Goma déboisé par 1,5 million de déplacés de guerre – droits réservés CH

Goma 1,5 million de déplacés de guerre – droits réservés CH

Goma 1,5 million de déplacés de guerre arrivent de Ruhengeri – droits réservés CH

Goma le FPR tire au mortier sur 1,5 million de déplacés – Nous ramassons les
morts – droits réservés CH

Petite frontière Goma le 17 juillet 1994 le FPR tire au mortier sur 1,5 million de
déplacés – Nous ramassons les cadavres – droits réservés CH

Forces armées rwandaises (FAR) en déroute au poste frontière Zaïre – droits
réservés CH

Forces armées rwandaises (FAR) en déroute au poste frontière Zaïre – droits
réservés CH

Forces armées rwandaises (FAR) en déroute au poste frontière Zaïre – droits
réservés CH

Forces armées rwandaises (FAR) en déroute au poste frontière Zaïre – droits
réservés CH

Armes abandonnées par les Forces armées rwandaises (FAR) en déroute au poste
frontière Zaïre – droits réservés CH

Armes abandonnées par les Forces armées rwandaises (FAR) récupérées par les
Forces armées zaïroises (FAZ) au poste frontière Zaïre – droits réservés CH

Armes abandonnées par les Forces armées rwandaises (FAR) transportées par les
Forces armées zaïroises (FAZ) au Zaïre – droits réservés CH

CF Marin Gillier Bisesero 30 juin 1994 – droits réservés CH – visages floutés pour
raisons de sécurité.

COS Bisesero 30 juin 1994 – droits réservés CH

Détachement commandement des opérations spéciales Bisesero 30 juin 1994

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