Fiche du document numéro 3185

Num
3185
Date
Mardi 5 mai 1992
Amj
Taille
10886362
Titre
Le problème des réfugiés rwandais et des populations Banyarwanda dans la région des Grands lacs africains
Source
HCR
Fonds d'archives
Type
Rapport
Langue
FR
Citation
3. LES RÉFUGIÉS, TRENTE ANS APRES

“Igihugu cya ndakuzi lyo kitagutabaye kiragutabariza"

(Litéralement : “Le pays où tu es bien connu, s'il ne vient pas à ton secours, annonce aux autres ta mort”, c'est-à-dire : Si les tiens ne viennent pas à ton secours, c'est qu'ils se réjouissent de ta disparition)





3.1. Le décompte des réfugiés et ses enjeux

Entre novembre 1959 et septembre 1961 surtout, les massacres et l'insécurité ont généré des dizaines de milliers de réfugiés à l'intérieur et à l'extérieur du pays, aussi bien tutsi que hutu dans un premier temps, puis presqu'exclusivement tutsi. Lors de la proclamation de l'indépendance, ils sont estimés à quelque
300 000 personnes dont environ 120 000 à l'étranger. Pendant plus d'une douzaine d'années, les troubles répétés et plus ou moins localisés dans certaines préfectures du pays vont entretenir ces flux qui gagneront principalement
le Burundi, l'Ouganda, la Tanzanie et le Zaire. Quelques miliers d'exilés seront accueillis dans d'autres pays d'Afrique (Kenya et Afrique de l'Ouest), en Europe (principalement en Belgique) et en Amérique du Nord. Après les deux vagues de 1963-1964 puis de 1973, on atteindrait alors au début de la 2e République un effectif total de l'ordre de 300 000 réfugiés dispersés
dans l'ensemble des pays de la région.

En 1964, un recensement effectué par le HCR et la Croix-Rouge intermationale dans les camps sous leur contrôle dénombre 336 000 réfugiés dont environ 200 000 au Burundi, 78 000 en Ouganda, 36 000 en Tanzanie et 22 000 au Zaire. Ces chiffres, repris tel quel par les gouvernements, figureront ensuite dans divers documents officiels pendant de nombreuses années tout en faisant l'objet de fluctuations périodiques (rarement explicitées) et d'appréciations contradictoires (cf. tableau infra). Ce flou, dont, témoignent ensuite les documents diffusés par le HCR sur la base des informations transmises par les gouvernements, dépasse les approximations habituelles liées aux doubles décomptes, aux retours spontanés, aux transferts d'un pays à l'autre, etc.

A titre d'exemple, le décompte des effectifs réfugiés au Burundi illustre l'extrême difficulté d'arriver à des résultats vraiment fiables. Ainsi, alors que depuis 1974, le HCR indiquait des effectifs stables de 50 000 réfugiés parmi lesquels les Rwandais représentaient quelque 40-42 000 personnes (1), on assiste à une montée brutale des effectifs à 234 000 à partir de 1980 (2) qu'aucun événement particulier ne peut expliquer. Dans le premier document
de 1981, ce chiffre correspond à l'effectif total des réfugiés au Burundi, toutes nationalités confondues, mais dans celui de 1982, les seuls Rwandais sont estimés alors à 234 600. Ce total qui n'a jamais pu être clairement justifié par la suite a fait l'objet de débats controversés (3) qui se traduisent encore aujourd'hui par un double décompte :

- le premier celui du gouvernement burundais (‘réfugiés hébergés") se maintenant depuis lors entre 240 000 et 256 000 selon les années, c'est-à-dire la quasi totalité des 268 403 réfugiés recensés par le gouvernement burundais au 31/12/1990 ;

- le second, celui des réfugiés “recensés at secourus” par le HCR se situant entre 64 000 et 67 684 (chiffre au 31/12/1880).



1 On se reportera aux Report of the UNHCR : General Assembly Official Records des 30e (1975), 31e (1978), 326 (1977). 33e (1978), 34e (1979) et 35e session (1980).

2 UNHCR News from the UNHCR, n° 1/January-February 1981 Chilire repris ensuite pour 1982 dans le Preliminary Report of the UNHCR, United Nations Economic and Social Council.

3 Cf les articles de M. Mikaza publiés dans Le Renouveau du Burundi (Quelques réflexions sur la Conférence de Genève, n° 728 du 27/03/1981 et Les réfugiés au Burundi, n° 1488 du 21/04/1983).

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