Fiche du document numéro 31812

Num
31812
Date
Samedi 25 juin 1994
Amj
Hms
12:00:00
Taille
10114286
Surtitre
Journal de 12 heures [3:08]
Titre
Une rescapée tutsi du camp de Nyarushishi : « On a tué mon bébé qui avait un mois et demi, on a tué l'autre qui avait deux ans, on a tué mon mari. On a tué tout le monde de ma famille ! »
Soustitre
À mesure de leur avance, les bérets rouge français découvrent l'horreur : des charniers.
Nom cité
Lieu cité
Lieu cité
Lieu cité
Résumé
- Three days after the green light from the UN, the Turquoise humanitarian operation is therefore set up in Rwanda. A thousand soldiers have already arrived on the ground to protect civilian populations. But they also discover many mass graves.

- After the surprise and a moment of anxiety, there is joy and above all relief among the civilian population, both Hutu and Tutsi. "There was a moment of tension when we arrived, but it quickly dissipated", explains a French soldier.

- Operation Turquoise began in the south-west of Rwanda in the Cyangugu region and should extend to the north-west and the city of Gisenyi.

- As they advance, the French red berets are informed of the presence of vulnerable Tutsi refugees who need protection. Also as they advance, the soldiers discover the horror: mass graves. Many women and children victims of the murderous madness of Hutu extremists.

- On the diplomatic level, the RPF tones down its criticism of France but reaffirms its desire to continue military operations. The fighting is still raging today in Kigali.

- At the international level six European countries [sic], Italy, Belgium, Portugal, Germany, Denmark, the United Kingdom and Spain say they are ready for a logistical contribution to the French initiative.< br/>
- The Quai d'Orsay is also trying to reactivate the constitution of a United Nations force called "UNAMIR II". France therefore does not intend to remain alone on the ground. Besides, officially Operation Turquoise must precede the arrival of new Blue Helmets. It remains to mobilize the international community.

- I suggest you now listen to the moving testimony of a Tutsi mother, now under the protection of the French soldiers, and who tells what she experienced to our colleague from France Info, Nicolas Poincaré. The Tutsi woman survivor: "Until now it's the only night we've slept. Otherwise we weren't sure who was keeping us. They killed my baby who was a month and a half old, we killed the other one who was two years old, my husband was killed. Everyone in my family was killed! I'm staying with these two children here. The baby's head was hit until the baby died. And when I touched the child, I found he was dead. I left him there. I slipped between the dead. And I went into the bush. The other child was with a servant. We cut it. I saw the head, I saw the trunk. I left very quickly since I wanted to escape. I went into the bush. Luckily I met the two children with whom I am now".
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[Richard Tripault :] Trois jours après le feu vert de l'ONU, l'opération humanitaire Turquoise se met donc en place au Rwanda. Un millier de soldats sont déjà arrivés sur le terrain pour protéger les populations civiles. Mais ils découvrent aussi beaucoup de charniers. Hervé Ghesquière.

[Hervé Ghesquière :] Après la surprise et un moment d'anxiété, c'est la joie et surtout le soulagement parmi la population civile, hutu comme tutsi [une incrustation "Sud-Ouest du Rwanda, hier [24 juin]" s'affiche à l'écran ; on voit des gens qui acclament les militaires français le long de la route en tenant un panneau sur lequel est écrit "VIVE LA FRANCE" ou en brandissant un drapeau tricolore"]. "Il y a bien eu un moment de tension lors de notre arrivée mais cela s'est vite dissipé" explique un soldat français [on voit un camion militaire rempli de soldats français passer devant un panneau indiquant la direction de Cyangugu].

L'opération Turquoise a débuté au sud-ouest du Rwanda dans la région de Cyangugu et doit se prolonger vers le Nord-Ouest et la ville de Gisenyi [diffusion d'une carte du Rwanda et de l'Est du Zaïre localisant les villes de Goma, Bukavu, Gisenyi, Cyangugu et Kibuye ; une flèche au départ de Cyangugu pointe en direction de Kibuye].

À mesure de leur avance les bérets rouge français sont informés de la présence de réfugiés tutsi vulnérables et qui ont besoin de protection [on voit notamment un militaire français au béret rouge au milieu des réfugiés]. À mesure de leur avance également, les soldats découvrent l'horreur : des charniers [diffusion de scènes de massacre]. Beaucoup de femmes et d'enfants victimes de la folie meurtrière des extrémistes hutu.

Sur le plan diplomatique le FPR atténue ses critiques envers la France mais réaffirme sa volonté de poursuivre les opérations militaires [on voit notamment un soldat des FAR, mitrailleuse en bandoulière]. Les combats font encore rage aujourd'hui à Kigali.

Au niveau international six pays [sic] européens, l'Italie, la Belgique, le Portugal, l'Allemagne, le Danemark, le Royaume-Uni et l'Espagne se disent prêts pour une contribution logistique à l'initiative française.

Le Quai d'Orsay tente également de réactiver la constitution d'une force des Nations unies appelée "MINUAR II" [on voit des militaires français en train de vérifier leurs armes]. La France n'entend donc pas rester seule sur le terrain. D'ailleurs officiellement l'opération Turquoise doit précéder l'arrivée de nouveaux Casques bleus [on voit un groupe de militaires français au béret noir marcher sur le tarmac d'un aéroport]. Reste à mobiliser la communauté internationale.

[Richard Tripault :] Je vous propose d'écouter maintenant le témoignage bouleversant d'une mère de famille tutsi, désormais sous la protection des militaires français, et qui raconte ce qu'elle a vécu à notre confrère de France Info, Nicolas Poincaré.

[La femme rescapée tutsi [on entend seulement sa voix ; des photographies du camp de Nyarushishi ou de villageois encadrés par des soldats des FAR sont diffusées en guise d'images d'illustration] : - "Jusqu'à maintenant c'est la seule nuit que nous avons dormi. Sinon… on n'était pas sûrs de ceux qui nous gardent, hein". Nicolas Poincaré : - "Vous avez un pansement sur la figure, c'est un coup de machette ?". La rescapée tutsi : - "Ah c'est un coup de machette ! Et voilà des coups de morceaux de bois. On a tué mon bébé qui avait un mois et demi, on a tué l'autre qui avait deux ans, on a tué mon mari. On a tué tout le monde de ma famille ! Je reste avec ces deux enfants, ici". Nicolas Poincaré : - "Comment ils ont été tués vos enfants ?". La rescapée tutsi : - "Bon. On m'a frappé depuis la tête, jusque ici. On a frappé la tête du bébé… jusqu'à ce que le bébé meurt. Et quand j'ai touché l'enfant, j'ai trouvé qu'il était mort. Je l'ai laissé là. Je me suis glissée entre les morts, entre…, les…, les morts qui étaient déjà là. Et je suis allée dans la brousse. J'ai laissé le bébé. Je n'ai pas vu l'enterrement de mon bébé. L'autre enfant était avec un domestique. On l'a coupé. J'ai vu la tête, j'ai vu le tronc… de l'autre. Je suis partie très vite puisque je voulais m'échapper. Je suis allée dans la brousse. Heureusement j'ai rencontré les deux enfants avec qui je suis maintenant. Je les ai gardés dans la brousse jusque… à l'autre jour" [deux incrustations "camp de Nyarushishi" et "témoignage recueilli par Nicolas Poincaré France Info" s'affichent respectivement en haut et en bas de l'écran pendant toute la durée du témoignage].]

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