Fiche du document numéro 31389

Num
31389
Date
Lundi 9 juillet 2001
Amj
Taille
475574
Titre
Audition d'Aloys Ntiwiragabo
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Mot-clé
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Cote
D3246-D3252
Source
Fonds d'archives
PAT
Extrait de
Mimran, Jean-Mi Commission rogatoire internationale délivrée le 20 juin 2001 aux autorités de la République Démocratique du Congo par Monsieur Jean-Louis BRUGUIERE, Premier vice-président chargé de l'instruction au tribunal de grande instance de PARIS (instruction n° 1341) 16 juillet 2001
Type
Audition judiciaire
Langue
FR
Citation
REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE
DU CONGO
Ministère de la Justice

RAP Numéro 007/PG/MM

PRO JUSTICIA

Parquet Général près la Cour
d'Appel de Kinshasa-Gombé

L'an deux mille un, le 9éme jour du mois de juillet, devant nous Victor
MUMBA MUKOMO, officier du ministère public près la Cour d'Appel de
Kinsahsa Gombé, et nous y trouvant,
A comparu le nommé:
--- nom : NTIWIRAGABO
--- prénom Aloys
--- fils de Balthazar MPITABAKANA et de Marie Goretti KANKERA,
--- né le 3 mai 1947 à Hindiro, cellule Nyagasozi, secteur Hindiro commune
de Satinsyi,
--- de nationalité rwandaise,
--- qui prête serment de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, et
dépose comme témoin.
--- « J'ai effectué mes humanités gréco-latines au séminaire de Nyundo que
j'ai terminées en 1969 après avoir obtenu le certificat. D'août 1969 a mai
1971, j'ai été à l'école d'officier de Kigali. J'ai obtenu une licence social et
militaire. De mai 1971 à novembre 1971, j'ai suivi une formation d'officier de
police judiciaire à l'école de Ruhengeri. Puis de novembre 1971 à 1972 je
suis parti en stage en Allemagne suivre un stage dans la police judiciaire
dans le land de Bavière.
--- A mon retour, en janvier 1973 jusqu'en octobre 1974 j'ai été instructeur à
l'école de Police de Ruhengeri. Par la suite je suis devenu le chef du bureau
judiciaire à l'état major de l'armée rwandaise. A la création de la
1991, j'étais
gendarmerie nationale en juillet 1974 jusqu'en janvier
commandant du camp de la gendarmerie de Kigali. D'août 1983 à février
1984, j'ai fait l'école d'état-major à Compiègne en France et ensuite j'ai
passé le brevet d'étude militaire supérieur de la gendarmerie à PARIS.
Puis de janvier 1991 à octobre 1992, j'ai été commandant du secteur
opérationnel de la ville de Kigali. Ensuite d'octobre 1992 à juin 1993, j'ai été
commandant en second de l'école supérieure militaire de Kigali. Je suis
devenu chef des services de renseignements militaires (G2) de juillet 1993
à juillet 1994 avec le grade de colonel.
De par mes fonctions, je supervisais le service du renseignement général,
le renseignement militaire opérationnel et la contre intelligence qui étaient
les 3 branches du G2. Le renseignement général était dirigé par le major
Gérard NTAMAGEZO, le renseignement militaire par le capitaine Morgan
HATEGIKAMANA et la contre intelligence par le capitaine Gaspard
NTIBAKUNZE.
les services
--- Dans la cadre du renseignement général, je collaborais a
r
nseignement
du ministère de l'Intérieur, pour la contre intelligence et
militaire avec les autorités militaires, je dépendais u qu ment du Chef
d'état-major de l' Armée. Je collaborais aussi avec I s rvice central de
renseignement civil.

(;?47
--- A l'occasion de l'installation des troupes du F.P.R. le 28 décembre 1993
dans l'enceinte du C.N.D. à KIGALI, il a été constaté par le major Joel
BARARWEREKANA, responsable de la police militaire chargée de l'escorte
du bataillon du « F.P.R. » entre Mulundi et Kigali, que dans ce convoi, se
trouvait une dizaine de minibus ainsi que des individus en civil qui n'étaient
pas prévus. Il a attiré l'attention du chef d'escorte de la Minuar, qui n'a pas
réagi. A l'entrée du cortège dans la ville, au carrefour de Nyabugogo, ces
minibus sont sortis du cortège et se sont perdus dans la nature. En outre,
aucun décompte des militaires autorisés n'a pu être effectué, ni le contrôle
du matériel et armement introduit à Kigali.
--- Je n'avais aucun contact avec le F.P.R. en tant que G2, mais en tant que
membre de délégation, j'ai été amené à rencontrer des responsables du
F.P.R. tels Tito RUTAREMERA, le Major Sam KAKA, sur le territoire
rwandais à Kinihira et ce avant les accords d'Arushq. Ces rencontres
avaient pour but de préparer l'installation du bataillon du F.P.R. à Kiggli.
En début de l'année 1994, j'ai rencontré le général Paul KAGAMF, le
colonel Théoneste LIZINDE, le colonel Stanislas QISERLKA, le colonel
Frank MUGAMBAGE, le colonel Cesar KAYIZARI , Charles MUhIRE, à
deux reprises au moins. Il y était question d'organiser les structura et la
logistique de la nouvelle armée rwandaise, ainsi que de la profondeur de la
zone tampon et des emplacements des cantonnements du F.P.R.
J'ai rencontré à la Primature à Kigali dans le mois de janvier 1994,
messieurs Seth SENDASHONGA et Pasteur BIZIMUNGU pour parler des
problèmes liés aux réfugiés rentrés au Rwanda.
Je me souviens qu'avant l'arrivée du bataillon du F.P.R. à Kigali, nous nous
sommes rendus à son quartier général à Mulindi, où celui-ci était installé
depuis fin 1992, pour tenter de régler les raisons qui avaient entraîné le
retard de la mise en place des institutions prévues aux accords d'Arusha.
--- Pour répondre à votre question, après l'installation du groupe des
observateurs militaires neutres (GOMN), des officiers du F.P.R. sont venus
à Kigali, et leur chef était le major Karake KARENZI, détachés auprès de la
Minuar Je me souviens également du capitaine Fred RWIGAMBA , du
capitaine BIRASA. Ceux-ci étaient logés à l'hôtel Méridien à Kigali.
--- Avant la tenue d'une réunion tenue à Ngondoré, après les accords
d'Arusha, en février ou mars 1994, en attendant l'arrivée de Paul KAGAME,
alors que j'étais en compagnie du colonel Emmanuel KANYADEKWE ou
du lieutenant colonel Paul RWARAKABIJE des F.A.R, les colonels Stanislas
BISERUKA et César KAYIZARI du F.P.R. lors d'une conversation au sujet
du blocage des accords d'Arusha, a fait état que l'obstacle pour la prise du
pouvoir par le F.P.R. était le président HABYARIMANA, et qu'il n'arrivait
pas à trouver des complices au sein des F.A.R pour l'éliminer.
--- A la suite de cette confidence, j'ai rédigé un rapport au Chef d'état-major
qui a transmis celui-ci à la présidence. Durant mon exil, j'ai confié cette
information et d'autres au colonel Tharcis RENZAHO, afin que quelqu'un
puisse apporter son témoignage si je venais à disparaître.
--- Je pense que c'est au cours du mois de mars 1994 que le F.P.R. a
interdit le survol de son cantonnement sous le prétexte que nos avions ou
hélicoptères espionnaient ses activités. En outre, je me souviens qu'un tir
de semonce avait été effectué sur un avion qui avait survolé le C.N.D.
--- En 1991-1992, un groupe des F.A.R. dénommé « monitoring team »avait
été envoyé en Ouganda à la demande des ougandais eux mêmes pour
vérifier que le F.P.R. n'infiltrait pas de troupes au Rwanda depuis leur
territoire. C'est à cette occasion, cette équipe a recr une femme
ougandaise d'origine rwandaise par son père ommée Ruth
MUKAMURENZI et qui communiquait des informations u e F.P.R.

Elle a été découverte et arrêtée par les services ougandais et notre équipe
a été expulsée. Toutefois elle a réussi à s'échapper et à rejoint le Rwanda
où elle a travaillé avec le G2, à l'époque avec le colonel Anatole
NSENGIYUMVA puis avec moi. Elle a réussi à établir un contact avec le
colonel Karake KARENZI, Charles KAYONGA, et le capitaine KAMANZI qui
ignoraient qu'elle avait été arrêtée en Ouganda. Elle a obtenu à notre
demande des renseignements sur le F.P.R. et elle fréquentait également
l'ambassade d'Ouganda à Kigali. Au cours de ses contacts, elle a appris
que le F.P.R. « voulait descendre l'avion du président ». Elle a obtenu ces
renseignements par madame Fatou, ougandaise travaillant à l'ambassade
d'Ouganda à Kigali comme agent administratif. Mon informatrice a été à ce
point affectée qu'elle s'est mise à pleurer et j'ai considéré cette information
comme sérieuse. Cette dame Fatou avait fait également état à cette
informatrice que le F.P.R. avait tenté d'abattre le Président au cours de ses
déplacements terrestres et qu'il n'avait pu réussir en raison de la sécurité
mise en place. Nous n'avons jamais pu identifier cette personne mais nous
avons pu établir son existence et même son lieu de résidence à Kigali. Elle
demeurait à Gatsata à la lisière de la forêt de la famille Bourgrave au
dessus du siège de l'entreprise de travaux publics Colas.
--- Quand nous avons quitté Kigali en juillet 1994, j'avais mis en sécurité
Ruth MUKAMURENZI, parmi les familles réfugiées au lycée Notre Dame de
Citeaux à Kigali et depuis je n'ai plus de nouvelles d'elle.
--- En outre, au cours du mois de février 1994, un certain Joachim
MURAMUTSA qui était bourgmestre de la commune de Muhura avait
intercepté une lettre émanant d'un certain « Zubéri » demeurant à
Nyamirambo, quartier de Kigali et adressée au général Paul KAGAME,
disant qu'ils avaient tout essayé pour abattre le président lors de ses
déplacements terrestres mais qu'ils n'avaient jamais réussi en raison des
mesures de sécurité prises par la garde présidentielle et qu'il faudrait au
moins une centaine de personnes en civil pour y parvenir. Je n'ai jamais eu
cette lettre entre les mains, mais je sais qu'elle avait été donnée au colonel
Elie SAGATWA, secrétaire du Président. Je tiens l'information de monsieur
MURAMUSTA lui même qui était venu me voir connaissant mes fonctions
après qu'il ai remis cette lettre au colonel SAGATWA.
--- Je tiens à préciser que le général Roméo DALLAIRE avait à plusieurs
reprises demandé à ce que l'on réduise l'effectif de la garde présidentielle
chargée d'assurer la sécurité du Président car selon lui, l'importance de
celle-ci faisait peur à la population. Il tenait en outre à connaître l'effectif qui
était utilisé lors de ces protections par voie terrestre ainsi que sur les lieux
des manifestations au quelles le Président assistait. Devant cette
insistance, le chef d'état-major lui a répondu que s'il continuait à faire de
telles demandes, il établirait un rapport au chef de l'État et en saisirait
l'ONU.
--- Dans le cadre du renseignement général nous avons entendu parler
qu'effectivement une réunion s'était tenue à BOBO DIOULASSO au Burkina
Faso, à laquelle avait assisté Paul KAGAME en personne et là aurait été
évoqué l'assassinat du Président HABYARIMANA. Un rapport avait été
établi à la suite de cela par le major Gérard NTAMAGEZO, que j'avais
transmis au chef d'état-major des armées.
A mon retour de mission du Cameroun en compagnie de monsieur
Augustin BIZIMANA, ministre de la Défense, j'ai pris connaissance d'un
rapport rédigé par mon adjoint le 3 avril 1994, disant que le Président et le
Chef d'état-major pouvaient être assassinés entre le 5 et le 7 avril. Je ne
connais pas l'origine de cette information.
--- En même temps le 3 avril 1994, le représentant s9éciI du secrétaire
général des Nations Unies, monsieur Roger BOOH H, a informé le
chef de l'État à sa résidence privée de Gisenyi que PaijTGAMÇurait dit

qu'il allait l'éliminer s'il ne mettait pas rapidement les accords d'Arusha en
application. J'ai appris cette information plus tard à Goma de la part
d'Anatole NSENGIUYMVA et de monsieur Joseph NZIZORERA Il m'a été
dit que monsieur Alphonse HIGANIRO était lui aussi présent ainsi que
l'épouse du Président HABYARIMANA..
--- Je n'ai pas été avisé d'une réunion qui se serait tenue à la résidence du
général Salim SALE H, mais en revanche, j'ai appris pendant que j'étais en
exil, par monsieur Stanislas MBNONAMPEKA, ancien ministre de la Justice
qui avait travaillé sur cette affaire dans le cadre d'un dossier sur le drame
Rwandais, que le président MUSEVENI, avait présidé une réunion qui
s'était tenue au « State House » à Entebbé au mois d'août ou septembre
1993. Y assistaient les services de renseignements américains et
britanniques, le général KOMBE des services tanzaniens, madame
Prudence BUSHNELL sous secrétaire d'état adjoint aux affaires africaines,
madame Patricia IRVING, sous secrétaire d'état à la défense des droits de
l'Homme, madame Arlène RENDER, directrice du bureau Afrique au
département d'État américain. Pour le F.P.R. y participaient madame
Christine UMUTONI ambassadrice du Rwanda à Bruxelles. Le colonel
BIKOMAGU de l'armée burundaise était lui aussi présent à cette réunion.
Selon les informations recueillies l'objet de cette réunion était d'envisager
l'élimination physique de trois dictateurs de la région des grands lacs, le
maréchal MOBUTU, le général HABYARIMANA et le Président Arap MOI.
J'ai également appris que c'est le général KOMBE qui avait prévenu le
président kenyan de cette réunion et de ce qui s'y était dit. Récemment j'ai
appris que ce général avait été tué au mois de juin de l'année 2000 en
raison de cette fuite.
--- Concernant la présence de missiles SAM 7 au C.N.D. c'est moi même
qui ait établi un rapport en faisant état. Un adjudant-chef belge de la Minuar
répondant au nom « DEMAYERE » qui était lié au major Gérard
NTAMAGEZO, l' avait informé de la présence probable de ces missiles au
sein du C.N.D.
J'ajoute que le colonel français MAURIN de la coopération militaire m'avait
dit personnellement qu'il y avait des missiles au C.N.D et que nous devrions
collaborer ensemble à la recherche de renseignements plus précis à ce
sujet.
C'est également ce même militaire belge qui a signalé la présence d'armes
lourdes au C.N.D. au major NTAMAGEZO.
--- S'agissant de la réunion du 6 avril 1994 de Dar-Es-Salaam, je n'en ai pas
été informé avant sa tenue car je me trouvais personnellement en mission
depuis le 3 avril au Cameroun et que par mes fonctions , je n'avais pas à
connaître les déplacements du chef de l'État. C'est par la suite dans le
cadre des travaux de recherches sur ce qui s'était passé que j'ai appris que
le 25 mars 1994, l'Ambassadeur du Rwanda en Tanzanie avait envoyé un
fax au Président pour lui faire part de la tenue de cette réunion prévue le 6
avril à Arusha. Cette réunion avait pour objet de débattre de la sécurité au
Burundi.
Le ministre des Affaires étrangères tanzaniens avait réuni à Dar-Es-Salaam
le 24 mars les ambassadeurs des états concernés pour les informer de la
réunion du 6 et les inviter à aviser leur chef d'État respectif.
Selon monsieur Désiré MAGEZA, chef du protocole rwandais, pour des
raisons d'économie, la réunion aurait été déplacée d'Arusha à Dar-EsSalaam.
--- Pour répondre à votre question, non le Chef d'état-major n'avait pas pour
habitude d'accompagner le Président, c'était la pJefiire fois que cela
arrivait. Je pense qu'il avait été désigné en raison du roblème particulier
qui devait être traité à cette réunion concernant la s Êté du Burundi.

J32s o
b

--- Vous me demandez ce que je sais sur la présence le 6 avril 1994, d'un
C 130 belge qui aurait suivi l'avion présidentiel et équipé d'un dispositif antimissiles, j'ai appris du lieutenant MBONEKO, membre de la garde
présidentielle qui commandait le détachement devant accueillir le Président
et qui se trouvait à la tour de contrôle, qu'une vingtaine de minutes après
l'explosion de l'avion présidentiel, un autre appareil s'était présenté à
l'atterrissage et qu'il s'agissait d'un C 130 belge dont il n'avait pas la plan de
vol. Il avait refusé l'atterrissage et devant l'insistance de la Minuar qui
exigeait que l'appareil se pose il avait été obligé de neutraliser la piste en y
mettant des véhicules. L'appareil s'était alors dérouté après que des
éléments belges de la Minuar aient lancé des fusées éclairantes. En
revanche je n'ai pas d'informations précises sur ce dispositif anti-missiles
qui ont fait l'objet de rumeur.
--- N'étant pas à Kigali le 6 avril, car je suis rentré de mission le 9, je ne
peux témoigner sur les réactions des autorités civiles et militaires
immédiatement après l'attentat. Dans l'urgence, pour désigner un chef
d'état major et c'est le colonel Marcel GATSINZI, qui a été désigné en
raison de ses qualités et de son expérience précédente au sein de l'étatmajor. Le lendemain a un comité de crise a été constitué.
--- En ce qui concerne, les mouvements qu'avaient effectué des unités du
F.P.R. le matin du 6 avril 1994, ils m'ont été confirmés par des messages
que nos services avaient intercepté à cette occasion. Je ne me souviens
plus du nom de l'opérateur des F.A.R. qui avaient intercepté ces messages,
mais je sais qu'il travaillait comme civil à la Préfecture de Gisenyi. Nous
l'avions recruté en raison de ses compétences linguistiques. J'avais fait sa
connaissance dans les camps à Goma par contre le colonel Anatole
NSENGIUYMVA le connaît. Il existait un centre d'écoute à Gisenyi et un
autre à Kigali.
--- Il existait des messages écrits dans nos archives, mais ceux-ci ont été
détruits lors de l'attaque des camps.
--- Vous me présentez un message figurant dans la procédure suivie en
France et annexé au procès-verbal 144/58 et je reconnais son contenu.
J'en ai pris connaissance par une version dactylographiée à mon retour à
Kigali le 9 avril. J'étais destinataire d'une copie de tous ces messages et ils
étaient archivés par mon service.
--- Pour la rumeur concernant la participation de militaires belges à cet
attentat, celle-ci provient d'une rumeur non vérifiée due aux activités
suspectes d'un groupe de militaires commandé par le lieutenant Lotin qui
aurait escorté des officiels du F.P.R. vers l'est du pays. Nous n'avons pas
pu vérifier cette sortie avec la délégation du F.P.R.
--- L'indicatif radio Cobra m'est inconnu ainsi que l'existence d'une société
de transfert de fonds gérée par des ressortissants belges.
--- A mon retour d'une mission de l'ex Zaire, le 28 avril 1994, j'ai aperçu un
tube lance missile dans la salle de réunion de l'état-major et il m'a été dit
qu'il avait été récupéré dans les buissons du coté de Masaka par des
paysans déplacés. Il m'avait été précisé qu'il existait un second tube, mais
qu'il avait été mis en sécurité à la discrétion du ministère de la Défense. Il
m'avait été précisé que ceux-ci avaient été photographiés et que le colonel
Ephrem RWABALINDA était parti par la suite en mission en France pour
obtenir de l'aide sur l'identification de ceux-ci.
--- Ces photographies ont été prises par un sous-officier du G2 dont j'ai
oublié le nom. Je vous le communiquerai si je le retrouve.
--- J'ai omis de vous dire que dès le 10 avril 1994, j'ai trouvé dans mon
bureau, un boîtier métallique noir que l'on m'a désigné commutant la boite
noire de l'avion qui aurait été récupéré par un militaire fra sur les lieux
nversations air
du crash ainsi que des enregistrements magnétiques d

3ai
sol de la journée du 6 avril récupérés dans la tour de contrôle de Kigali.
C'est mon adjoint Gérard NTAMAGEZO qui me les avait remis. Je les avais
gardé en sécurité quelques temps.
--- Le 23 avril 1994 je suis arrivé à Ndijili-Kinsahsa avec le ministre rwandais
des Poste et télécommunications André NTAGERUKA, de madame Agnés
NTAMABYALIRO, ministre de la Justice et du colonel Marcel GATSINZI,
pour nous rendre à Arusha afin de signer un cessez le feu avec le F.P.R.
Arrivé à Kinshasa en provenance du Rwanda pour un transit vers Dar-EsSalaam, nous avons été accueilli à l'aéroport par l'amiral zairois MAVUA en
compagnie de l'ambassadeur du Rwanda Etienne SENGEGERA, qui nous
attendaient pour nous conduire chez le maréchal MOBUTU à Gbadolite où
nous devions rencontrer une délégation du F.P.R.
En effet le maréchal MOBUTU avait reçu le 19 avril des émissaires du
F.P.R. qui avaient sollicité son intervention pour signer un accord de cessez
le feu. Arrivé à Gbadolite nous avons constater l'absence du F.P.R.
--- Au cours de notre entrevue avec le Maréchal MOBUTU celui-ci nous a
demandé si nous avions retrouver la boite noire ce l'avion. Le sujet étant
particulièrement sensible, 'ai attendu d'être seul avec le Maréchal et l'amiral
MAWUA pour lui confirmer que nous étions en possession d'une pièce de
l'avion présentée comme étant la boite noire. Le Maréchal MOBUTU nous a
demandé de lui fournir toutes les informations et éléments en notre
possession sur l'avion. De retour à Kigali dans la soirée, j'ai trouvé dans la
salle de réunion de l'état major le tube dont je vous ai parlé précédemment
que j'ai pris avec la boite noire et les enregistrements. Arrivé à Gisenyi, j'ai
laissé le tube au colonel Anatole NSENGIYUMVA car il était encombrant et
je suis allé à Gbadolite où j'ai remis en personne au Maréchal MOBUTU la
boite noire et les enregistrement ainsi qu'une main courante provenant de la
tour de contrôle. Je lui ai également parlé de l'existence des deux tubes
lance missiles, que l'un des deux pouvait être récupéré par le général
TEMBELE commandant de la région militaire de Goma. De retour à Gisenyi,
j'ai avisé le colonel Anatole NSENGIUYMVA que les général TEMBELE
prendrait en charge de ce tube lance-missile. Plus tard par message reçu à
l'état major celui ci m'a confirmé la remise du tube au général TEMBELE.
Le second tube a également été remis par le ministre Augustin BIZIMANA à
Anatole NSENGIYUMVA qui en décembre 1994 l'a remis au nouveau
ministre de la Défense en exil le colonel Athanase GASAKE. Celui-ci se
trouve en Belgique actuellement. Puis le premier avril 1995, nous avons
également remis au général TEMBELE ce second tube afin qu'il le remette
également au Maréchal MOBUTU. J'en ai référé à l'amiral MAVUA nouveau
ministre de la Défense. Plus tard j'ai appris que ce tube avait été
effectivement remis au Président MOBUTU.
--- Pour répondre à votre question, j'ignore où se trouvent ces deux tubes.
--- Non, à ma connaissance aucun personnel des F.A.R n'avait été entraîné
à l'utilisation des missiles sol-air et nous n'en possédions pas. Par contre au
début de l'année 1991, nous avions saisi dans le parc de l'Akagera un tube
lance missile en la possession de militaires du F.P.R.
De plus depuis le début de la guerre en octobre 1990, le F.P.R. avait abattu
à l'aide de ces missiles un avion de reconnaissance et deux hélicoptères.
-- L'hypothèse d'un coup d'état ayant les F.A.R. comme auteur est
impossible. Quant à la participation des extrémistes de la C.D.R. dans cet
attentat cela me paraît également impensable. Par ailleurs l'armée
rwandaise n'était pas du tout préparée à un coup d'état.
--- En ce qui concerne les réactions de la garde présidentielle s'est livrée
à des exactions le 7 avril, je crois qu'il s'agit de réactions inelles qui

DIIS2.
ont résulté d'une tension qui régnait entre les ethnies hutu et tutsi
exacerbée par la mort du Président.
--- Vous me présentez le document intitulé « Contribution des FAR à la
recherche de la vérité sur le drame rwandais », j'en suis l'auteur en
compagnie Emmanuel KANYANDEKWE, le capitaine Vincent
NSENGIMANA, officier des transmissions , le colonel Paul
RWARAKABIJE, le sous lieutenant Alphonse MUNYARUGENDO. Tout ce
qui figure dans ce document a été extrait des archives des F.A.R. qui ont
été détruites dans les camps au Zaire lors de l'attaque de ceux-ci par les
F.P.R. Par contre les archives du ministère de la Défense doivent posséder
une copie de ces documents.
--- Le nom de Gabriel NTAMUMARO ne m'est pas inconnu car il s'agit je
pense d'un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères en poste à
Kigali et qui habitait à Masaka . Il avait assisté à la remise des deux tubes
lance missiles aux militaires des F.A.R.qui venaient à la source puiser de
l'eau , par des paysans qui les avaient découverts. Il m'a rapporté ce qu'il
avait vu et à ma demande, il avait rédigé un rapport qui aujourd'hui a lui
aussi disparu avec les autres archives.
--- Quant au document « environnement immédiat et futur du F.P.R. » nous
le possédions dans notre service et il correspondait à l'état d'esprit du
F.P.R. après les accords d'Arusha. Quant à monsieur Seth
SENDASHONGA, je n'avais pas de relation particulière avec lui et je pense
que son assassinat est le fait qu'il devait témoigner contre le F.P.R. à
Arusha. Théoneste LIZINDE était un ancien officier des F.A.R. et était
devenu officier de renseignements civils du F.P.R. J'ai connu Christophe
HAKIZABERA car il était officier des F.A.R.
--- En ce qui concerne le voyage du 7 mars 1994 du Président
HABYARIMANA à Kampala, je n'ai pas eu connaissance d'un incident
particulier lors de celui-ci. Pour la société Gutanit, je connais ses
actionnaires, il s'agissait du colonel Laurent SERUBUGA et de Pascal
NGIRUMPATSE. Je ne peux rien dire si celle-ci était en activité le 6 avril
1994 et e ne connais pas son actionnaire suisse.
--- Vous me présentez deux documents l'un intitulé « lettre ouverte à
Monsieur le Président du Parlement français », le second « éléments
d'enquête sur les faits marquant de la tragédie rwandaise », j'en suis
l'auteur. Pour terminer je voudrais dire que nous avons mené des
négociations avec le F.P.R. dès le 8 avril pour établir un cessez le feu afin
de voir comment nous pourrions mettre en place les institutions prévues
aux accords d'Arusha, puis le 12, le 14 avril et enfin le 16. A chaque fois le
F.P.R. nous demandait de faire cesser les massacres avant de cesser le
combat ce qui nous était impossible nous ne pouvions faire les deux choses
en même temps. Le F.P.R. s'est opposé à ce que des forces étrangères
interviennent au Rwanda pour rétablir la paix.
Après lecture, persiste et signe avec nous.
Dont acte
L'O.M.P
Le comparant

Haut

fgtquery v.1.9, 9 février 2024