Fiche du document numéro 31355

Num
31355
Date
Mardi 24 mai 1994
Amj
Hms
20:00:00
Auteur
Taille
23331
Surtitre
Journal de 20 heures
Titre
Des milliers d'habitants fuient Kigali par crainte de nouveaux massacres. Les rebelles devraient en effet prendre le contrôle de la capitale dans les tous prochains jours
Soustitre
Ceux qui ont échappé aux massacres commis par les milices extrémistes hutu sont maintenant victimes des bombardements aveugles des artilleurs du FPR.
Nom cité
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Lieu cité
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Résumé
- In Rwanda it is more than ever the trip to the end of hell. Thousands of Kigali residents are fleeing the capital for fear of new massacres. The rebels should indeed take control of Kigali in the next few days.

- On Thursday [May 26], the magazine "Envoyé Spécial" will broadcast a document produced by journalists from the CAPA agency. A document filmed in an orphanage in Kigali managed somehow by a French aid worker, Marc Vaiter, who refused to abandon his children in a city ravaged by civil war.

- After six weeks of nightmare, Kigali is today transformed into a gigantic refugee camp. More than 4,000 people are crammed into this downtown hospital with no water or electricity.

- Those who escaped the massacres committed by extremist Hutu militias are now victims of the indiscriminate bombardments of the gunners of the Rwandan Patriotic Front, which is tightening its grip around the city. Everywhere the same testimonies, the same distress: this woman lost a child in the bombardments, the three others are seriously injured here.

- Outside the massacres continue. Hutu militiamen ransacked the city in search of the last living Tutsis hiding in Kigali. While waiting for the reinforcements promised by the Security Council, the few Blue Helmets present are protecting as best they can pockets of the civilian population where Hutu and Tutsi have taken refuge indiscriminately. Question: what can the Blue Helmets do in the event of a massive attack by Hutu killers? General Henry Kwami Anyidoho, No. 2 of the United Nations force in Rwanda: "We hope they will not attack. We have succeeded in protecting these people so far. We will continue. We will continue to protect them. protect until things get better".

- In the devastated city center, 70 orphans live holed up inside their homes. They are reduced to digging a shelter on the ground. They only owe their lives to the continued presence at their side of Marc Vaiter, the manager of this orphanage.

- In the early hours of the massacres, when the French soldiers came to evacuate him, Marc Vaiter refused to abandon the children. They now share their fate. Marc Vaiter: "We are so threatened, every day. We never know if we will spend the night or if we will not be forced out. We are very tense".

- At the other end of the city center, Father Blanchard also lives cut off in his parish. The missionary who has lived in Rwanda for 30 years opened his church to hundreds of refugees when the massacres broke out. The next day, soldiers and militiamen forced the doors: 15 people were killed before his eyes. Henri Blanchard: "I saw people killed sometimes by bullets, sometimes by stab wounds, sometimes by clubbing. It was unbearable".
Source
Fonds d'archives
INA
Commentaire
The 20 o'clock news of France 2 of May 24, 1994 is visible in its entirety here: https://www.youtube.com/watch?v=JPQyL1zizi0
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Bruno Masure :] Madame, Monsieur, bonsoir. Au Rwanda c'est plus que jamais le voyage au bout de l'enfer. Des milliers d'habitants de Kigali fuient en effet la capitale par crainte de nouveaux massacres. Les rebelles devraient en effet prendre le contrôle de Kigali dans les tous prochains jours.

Jeudi [26 mai], après-demain, notre magazine "Envoyé spécial" diffusera un document réalisé par nos confrères de l'agence CAPA. Un document tourné dans un orphelinat de Kigali tenu tant bien que mal par un coopérant français, Marc Baiter [Vaiter], qui a refusé d'abandonner ses enfants dans une ville ravagée par la guerre civile.

[Jean-Christophe Klotz :] Après six semaines de cauchemar, Kigali est aujourd'hui transformée en un gigantesque camp de réfugiés [une incrustation "reportage : Jean-Christophe Klotz, Agence CAPA" s'affiche à l'écran]. Plus de 4 000 personnes s'entassent dans cet hôpital du centre-ville, sans eau, sans électricité [on voit un Casque bleu déambuler parmi les réfugiés de l'hôpital].

Ceux qui ont échappé aux massacres commis par les milices extrémistes hutu sont maintenant victimes des bombardements aveugles des artilleurs du Front patriotique rwandais, qui resserre son étau autour de la ville [on voit des blessés sur leur lit d'hôpital ; certains ont un membre amputé].

Partout les mêmes témoignages, la même détresse : cette femme a perdu un enfant dans les bombardements, les trois autres sont ici grièvement blessés [gros plans sur les enfants souffrants].

Dehors les massacres continuent. Les miliciens hutu saccagent la ville à la recherche des derniers Tutsi vivants qui se terrent dans Kigali. En attendant les renforts promis par le Conseil de sécurité, les quelques Casques bleus présents protègent du mieux qu'ils peuvent des poches de population civile où se sont réfugiés indistinctement Hutu et Tutsi [on voit des réfugiés dans un bâtiment sous la protection de quelques Casques bleus]. Question : que peuvent faire les Casques bleus en cas d'attaque massive des tueurs hutu ?

["Colonel Yatchi [il s'agit en réalité du général ghanéen Henry Kwami Anyidoho], no2 force des Nations-Unies au Rwanda" [il s'exprime en anglais mais ses propos sont traduits] : "On espère bien qu'ils n'attaqueront pas, ça on l'espère bien. On a bien réussi à protéger ces gens jusqu'à maintenant. On va continuer. On continuera à les protéger jusqu'à ce que les choses aillent mieux. Nous sommes en discussion permanente avec tous ces gens. C'est une question de négociation".]

Dans le centre-ville dévasté, 70 orphelins vivent retranchés à l'intérieur de leur foyer. Ils en sont réduits à creuser un abri à même le sol [on voit des enfants creuser un trou à l'intérieur d'un bâtiment]. Ils ne doivent la vie sauve qu'à la présence continue à leurs côtés de Marc Vaiter, le responsable de cet orphelinat [gros plan sur Marc Vaiter].

Aux premières heures des massacres, alors que les militaires français venaient l'évacuer, Marc Vaiter a refusé d'abandonner les enfants. Ils partagent désormais leur sort.

[Marc Vaiter, se prenant la tête dans une main : "On est tellement menacé, tous les jours. On…, on…, on…, on sait jamais, euh…, on sait jamais si on va être, euh, si on va passer la nuit ou… si on va pas nous…, nous…, nous…, nous forcer les portes, euh… Et on est…, on est…, on est…, on est très tendu".]

À l'autre bout du centre-ville, le Père Blanchard vit lui aussi retranché dans sa paroisse. Le missionnaire vivant au Rwanda depuis 30 ans a ouvert son église à des centaines de réfugiés lorsque les massacres ont éclaté. Le lendemain, militaires et miliciens en ont forcé les portes : 15 personnes ont été tuées sous ses yeux [on voit le Père Blanchard au milieu d'enfants regroupés dans un couloir du bâtiment].

["Père Henri Blanchard" : "J'ai vu des gens tués… tantôt par balles, tantôt par coups de couteau, tantôt par, euh…, coups de gourdin. C'était insoutenable. Vous savez… on en ressort soi-même profondément meurtri".]

[Bruno Masure :] L'intégralité de ce document sera diffusé -- je vous le rappelle -- après demain jeudi [26 mai] dans "Envoyé spécial". Et demain [25 mai] Gérard Leclerc recevra dans "Les 4 vérités" à 7 h 50 le responsable du programme "Rwanda" de l'association Médecins sans frontières.

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024