Fiche du document numéro 31173

Num
31173
Date
Dimanche 8 mai 1994
Amj
Hms
20:00:00
Auteur
Auteur
Taille
8953294
Surtitre
Journal de 20 heures [2:20]
Titre
La rivière Kagera qui marque la frontière entre Tanzanie et Rwanda n'a pas encore digéré toute l'horreur de ces dernières semaines
Soustitre
Ces 20 derniers jours 200 000 Rwandais ont préféré traverser le pont qui marque cette frontière, plutôt que de finir dans le torrent.
Nom cité
Lieu cité
Mot-clé
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Résumé
- There are thousands and thousands of children in Rwanda who no longer have parents because their parents were massacred in atrocious conditions. These children are alive not because they were spared but because the militiamen, by killing their families, had left them for dead. And these orphans have joined the long, very long columns of refugees fleeing the horror.

- The Kagera River which marks the border between Tanzania and Rwanda has not yet digested all the horror of recent weeks. Over the past 20 days, 200,000 Rwandans have preferred to cross this [Rusumo] bridge rather than end up like them, in the torrent. Today the bridge is empty. At its extremities, live the Tanzanian army and the Rwandan rebels who now hold two-thirds of the country.

- The bridge is empty but the flow of refugees has not dried up. Their own village had so far been spared the war. A bombardment yesterday finally decided them to hit the road. Their final destination, there it is: 20 kilometers from the border, the largest refugee camp in the world. Only three weeks ago there was only one reserve and a few tourists for photo safaris.

- Humanitarian organizations were very quick to react. The UN, through the High Commissioner for Refugees, the Red Cross and a few NGOs, including Doctors Without Borders, seem to have the health situation under control for the moment.

- On the other hand, the number of refugees poses many problems for the distribution of food.

- 1,500 new arrivals per day, that's the official figure here. The news from Rwanda is bad and no one knows if these refugees who settle here do so for a few weeks or, as in other African countries, for years.
Source
Fonds d'archives
INA
Commentaire
The 20 o'clock news of France 2 of May 8, 1994 is visible in its entirety here: https: https://www.youtube.com/watch?v=k7s4Z7ssxFk
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[Paul Amar :] Il y a au Rwanda des milliers et des milliers d'enfants qui n'ont plus de parents parce que leurs parents ont été massacrés dans des conditions atroces. Ces enfants sont vivants non pas parce qu'ils ont été épargnés mais parce que les miliciens, en tuant leurs familles, les avaient laissés pour morts. Et ces orphelins sont venus s'ajouter aux longues, très longues colonnes de réfugiés qui fuient l'horreur. Reportage de nos envoyés spéciaux Éric Monier et Pierre-Laurent Constant.

[Éric Monier :] La rivière Kagera qui marque la frontière entre Tanzanie et Rwanda n'a pas encore digéré toute l'horreur de ces dernières semaines [le reportage s'ouvre sur un gros plan sur les chutes de Rusumo ; le plan suivant montre des corps tourbillonnant dans les flots]. Ces 20 derniers jours 200 000 Rwandais ont préféré traverser ce pont plutôt que de finir comme eux, dans le torrent [gros plan sur des cadavres flottant sur l'eau].

Aujourd'hui le pont est vide. À ses extrémités, cohabitent l'armée tanzanienne et les rebelles rwandais qui tiennent désormais les deux-tiers du pays [on voit successivement un militaire tanzanien puis un soldat du FPR ; le plan suivant montre un panneau indiquant "Bienvenue en République Rwandaise / Welcome in Republic of Rwanda / Préfecture Kibungo"].

Le pont est vide, c'est vrai, mais le flot des réfugiés n'est pas tari. Leur village à eux avait jusqu'ici été épargné par la guerre. Un bombardement hier les a finalement décidés à prendre la route [on voit un groupe de réfugiés sous un arbre].

[Un réfugié, tout sourire : "On a emmené très peu de nourriture avec nous. Quand on sera arrivé on espère qu'on nous aidera".]

Leur destination finale, là voilà : à 20 kilomètres de la frontière, le plus grand camp de réfugiés du monde. Il y a seulement trois semaines, il n'y avait là qu'une réserve et quelques touristes pour safari-photo [diffusion d'images du camp de réfugiés].

Les organisations humanitaires ont été très rapides à réagir. L'ONU, à travers le Haut-Commissariat aux réfugiés, la Croix-Rouge et quelques ONG, dont Médecins sans frontières, semblent pour l'instant maîtriser la situation sanitaire [on voit des membres de la Croix-Rouge en train de distribuer des sacs de haricots aux réfugiés].

[Panos Moumtzis, "Haut Commissaire aux réfugiés" : "Euh, ce qu'on a décidé de faire, c'est de distribuer immédiatement ce qu'on avait sur place. Et on espère que les camions vont arriver dans le prochain jour [sic] pour pouvoir vraiment avoir assez de bouffe pour tout le monde et pour éviter d'avoir des épidémies ou des grands problèmes nutritionnels dans le camp".]

En revanche, le nombre de réfugiés pose bien des problèmes pour la distribution de la nourriture.

[Un réfugié : "C'est quand même difficile. Parce que on a pris de la nourriture et y'a… presqu'une semaine. Et c'était un kilo de haricots. Donc c'est difficile de vivre une semaine avec un kilo de haricots seulement".]

[Éric Monier, face caméra, au milieu du camp de réfugiés : "1 500 nouveaux arrivants par jour, c'est le chiffre officiel ici. Les nouvelles du Rwanda sont mauvaises et nul ne sait si ces réfugiés qui s'installent ici le font pour quelques semaines ou comme dans d'autres pays d'Afrique, pour des années".]

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