Fiche du document numéro 30891

Num
30891
Date
Mercredi 29 septembre 1999
Amj
Taille
201117
Titre
Déposition de monsieur Paul Barril
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Lieu cité
Cote
D58 à D60
Source
Fonds d'archives
PAT
Type
Audition judiciaire
Langue
FR
Citation
REPUBLIQUE FRANCAISE

MINISTERE DE L'INTERIEUR
DIRECTION GENERALE
DE LA POLICE NATIONALE
DIRECTION CENTRALE
DE LA POLICE JUDICIAIRE
----division nationale anti-terroriste

PROCES-VERBAL
L'an mil neuf cent quatre vingt dix neuf le vingt neuf septembre
à seize heures
NOUS : Pierre PAYEBIEN
commandant de police
Direction Centrale de la Police Judiciaire
division nationale anti-terroriste

nO AkkiZ
AFFAIRE:
C/ X ....
Assassinat en relation avec une
entreprise terroriste

Officier de Police Judiciaire en résidence à PARIS ----------- ----------------------- Poursuivant l'exécution de la commission rogatoire délivrée le 29
septembre 1999 par madame Laurence LE VERT, premier juge d'instruction
au tribunal de grande instance de PARIS, substituant monsieur Jean-Louis
BRUGUIERE, premier vice-président empêché, relative à l'information n°
1341 suivie contre X ... du chef d'assassinat en relation avec une entreprise
terroriste , ---------------------------------------------------------------------------------------

OBJET:
Déposition de monsieur Paul
BARRIL

--- Vu les articles 81, 151 et suivants du code de procédure pénale, ----------------- Assisté du lieutenant de police Nathalie LUSZCZ du service, -------------------- Procédons au recueil de la déposition de monsieur Paul BARRIL, né le 13
avril 1946 à VINAY (Isère), consultant en sécurité, élisant domicile 207
boulevard perreire à PARIS (17 ème arrondissement), après avoir pris
connaissance de notre commission rogatoire et après avoir prêté serment selon
les règles de droit : ----------------------------------------------------------------------------- SUR LES FAITS . ------------------------------------------------------------------- »Je suis en mesure de vous apporter les éléments suivants qui me semblent
utiles à la manifestation de la vérité. ------------------------------------------------------- Dès 1990, sur ordre de monsieur DE GROSSOUVRE et du Général
HABYARIMANA, j'ai été chargé d'infiltrer les structures militaires et
politiques du F.P.R en Europe et en Afrique. Ainsi, j'ai rencontré tous les
dirigeants du F.P.R en Belgique et en particulier monsieur BIZIMENGU qui
est aujourd'hui le président du Rwanda ainsi que le ministre des affaires
étrangères actuel. Une année avant l'attentat de l'avion, Paul KAGAME est
même venu en France pour essayer d'obtenir de ma part des télécommandes à
distance d'une portée de 30 kilomètres afin d'assassiner le président du
Rwanda. Cette entrevue s'est réalisée à l'hôtel « Sofitel » de la Défense à
PARIS. ------------------------------------------------------------------------------------------

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--- Je rendais compte de tous ces éléments à monsieur DE GROUSSOUVRE
qui en informait le président de la république française. En octobre 1993, le
général IIABYARIMANA me demandait de venir d'urgence à KIGALI. Sur
place, il m'informait que son ami, le président hutu du BURUNDI, monsieur
N'DAYE N'DAYE, élu depuis juillet était en danger de mort par les
extrémistes tustis. Il m'envoyait à BUJUMBURA rencontrer le chef de l'état et
effectuer une investigation précise. ------------------------------------------------------En une semaine, j'avais pu rassembler les éléments qui indiquaient qu'un
coup d'état était en préparation par les militaires tutsis, épaulés et conseillés
par le F.P.R. du Rwanda, à la tête avec Paul KAGAIVIE qui disposait à ce
moment là d'un passeport du BURUNDI. ------------------------------------------------- J'ai été victime d'une tentative d'élimination, j'arrivais cependant à quitter
BUNDIBURA avec un vol Sabena mais dès le lendemain, le président du
BURUNDI était abattu et les militaires tutsis prenaient le pouvoir. ---------------

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--- Suite déposition de monsieur Paul BARRIL, feuillet n° deux, --------------- Le plan général du Front Patriotique Rwandais (F.P.R.) était dans sa
première phase, les militaires toutsis étaient au pouvoir au BURUNDI. Après
les accords d'ARUSHA (Tanzanie), imposés par le président MITTERRAND,
le F.P.R. dispose alors officiellement de 400 hommes armés, très structurés et
aguerris à KIGALI. Il s'agit du cheval de Troie de Paul KAGAME. ----------------- De cette date, des infiltrations militaires toutsis sont visibles et connues à
KIGALI. les femmes apportent les armes et les munitions et les militaires du
F.P.R. se cachent chez leurs sympathisants ainsi que chez des personnalités
belges. -------------------------------------------------------------------------------------------

--- Une semaine environ avant la date de l'attentat de l'avion, un avion
militaire du BURUNDI en transit de nuit à GENEVE (Suisse) est contrôlé par
les services français et suisses qui découvrent à son bord, dans un attaché-case,
des cartes militaires ainsi qu'un plan de vol avec deux possibilités
d'interception et d'attentat de l'avion. ----------------------------------------------------- Depuis de longues années, j'étais un proche du Maréchal MOUBUTU du
ZAIRE, la veille de l'attentat, le président du Rwanda s'était déplacé au Nord
du ZAIRE, à GBADOLITE, la résidence privée du maréchal MOUBUTU pour
lui demander de l'accompagner à la réunion. Le maréchal MOUBUTU m'a
confirmé avoir déconseillé au président du Rwanda de se rendre à cette
réunion qui était provoquée et qui ne servait que de motifs pour la réalisation
de l'attentat. Le président MOUBUTU, qui était un homme particulièrement
bien renseigné, avait eu ses informations par son chef des renseignements,
monsieur ATUNDU LIONDU. En fait, le président de l'OUGANDA qui pour
des raisons historiques, était aussi le supérieur hiérarchique de Paul KAGAME,
souhaitait ardemment aussi la disparition du maréchal MOUBUTU et du
Général HYABYARIMANA. ---------------------------------------------------------------- L'attentat était planifié depuis longtemps et a été très facile à réaliser car
KIGALI est entouré de collines. Sans la disparition du général
HYABARIMANA et de son état-major, le F.P.R. n'aurait jamais pu prendre le
pouvoir. ------------------------------------------------------------------------------------------- IL faut également savoir que dès le lendemain de l'attentat, le F.P.R. a
déclenché une offensive militaire généralisée qui a bousculé les 27 bataillons
gouvernementaux et qui a mis l'ensemble de la population hutu en fuite de son
proprepays. -------------------------------------------------------------------------------------- A la demande de madame HYABARIMANA, en tant que spécialiste de la
sécurité, j'ai mené une investigation concernant l'attentat, je me suis rendu sur
place, j'ai récupéré quelques éléments de l'appareil, ainsi que de la
documentation de l'aéroport. J'ai recueilli environ 80 témoignages visuels, qui
amènent la certitude que l'attentat a été conçu, programmé et exécuté par le
F.P.R. sous les ordres directs de Paul KAGAME. ---------------------------------------- J'ai écrit au secrétaire général de l'O.N.U. aux fins de lui demander d'ouvrir
une enquête, ce dernier m'a répondu que ce n'était pas du ressort de l'ONU
mais que je devais voir avec l'aviation civile au Canada, qui n'a pas été
intéressé non plus. J'ai tenté alors de faire déposer une plainte en France par
madame HYABARIMANA, cette plainte a également été refusé car il n'était
pas français. Le ministre de la coopération de l'époque, Michel ROUSSIN,

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ainsi que les autorités politiques ont tout fait pour que mes démarches

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n'aboutissent pas. Quelques temps plus tard, je découvrais au Rwanda qu'un
français, habitant à ANNECY, monsieur LEMONNIER, était impliqué dans un
trafic de détournement de fonds et de livraison d'armes. J'en informais
monsieur le président de la république en lui disant qu'il n'était pas impossible
que les missiles ayant abattu l'avion ait pu être livré à KIGALI par ce biais, à
l'insu de monsieur LEMONNIER. ------------------------------------------------ -----i

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---Suite déposition de monsieur Paul BARRIL, feuillet n° trois, ---------------- Ce dernier a été incarcéré quelques temps et est décédé depuis. ----------------- Je vous remets certains éléments que j'ai pu recueillir, à savoir un registre
dit « main courante », supportant la mention « Enregistreur » ouvert le 23 juin
1986 et arrêté à la date du 5 avril 1994. --------------------------------------------------- Saisissons et plaçons sous scellé n° UN le document ci-dessus décrit. --------- un second registre également dit « main courante » ouvert le 1 er janvier
1993 et arrêté le 05 avril 1994. -------------------------------------------------------------- Saisissons et plaçons sous scellé n° DEUX le dit document. --------------------- un rouleau de messages « telex » supportant des textes codés, -------------------- Saisissons et plaçons sous scelle n° TROIS le dit rouleau. ---------------------- Une plaque métallique de couleur beige supportant au verso un boîtier noir
d'où sort un connecteur. ---------------------------------------------------------------------- Saisissons et plaçons sous scelle n° QUATRE la dite plaque métallique. ----- Une « barrette » de matière plastique de couleur grise sur laquelle est
apposé un feuillet supportant des annotations manuscrites chiffrées. ---------------- Saisissons et plaçons sous scellé n° CINQ la dite barrette. ----------------------- Je précise que les trois premiers scellés proviennent de l'aéroport de
KANONBE à KIGALI, les deux derniers proviennent des débris du « FALCON
50 », découverts autour de la résidence présidentielle. --------------------------------- Je voudrais terminer en disant que le vice-président KAGAME est très
attentif à l'évolution du dossier de l'attentat du « Falcon 50 » et qu'il est prêt à
toutes extrémités pour qu'aucune information ne soit jamais publiée ou
--- Lecture faite par lui même, monsieur BARRIL persiste et signe le présent et
les scellés j udici aires ce jour avec nous à dix huit heures. ---------1----------------Mr. L 1 Le commandant e police

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