Fiche du document numéro 30881

Num
30881
Date
Vendredi 28 février 1992
Amj
Taille
17100269
Titre
Lettre de Pierre Rubibi [pseudonyme], de la commune de Kibilira, sur la situation au Rwanda
Soustitre
Adressée au député Pierre Bourguignon et aux membres français et belges du Parlement européen avec, en annexe, l’accord de N’Sele (cessez-le-feu entre le gouvernement du Rwanda et le FPR, 29 mars 1991) et la résolution de l’assemblée ACP/CEE (condamnant la situation au Rwanda, 21 février 1992)
Lieu cité
Fonds d'archives
Type
Lettre
Langue
FR
Citation
Vu le 30 3 92

Kibilira, le 28 février 1992


M. BOURGUIGNON PIERRE

Honorable Membre de
l'Assemblée Nationale
Française,

Puis-je, avec respect,me permettre
de vous demander un sacrifice: un peu de votre temps, dont vous avez
besoin. Consacrez-le, si vous me l'accordez, à la lecture attentive
et à la compréhension du dossier que je vous présente, et à travers
vous, au peuple français dont vous avez mérité la confiance.

Quel que soit votre parti poli-
tique, je vous prie de considérer personnellement mon message, d'en
vérifier le bien-fondé et d'user de votre pouvoir (ne devrait-il pas
appartenir aux peuples?) pour faire cesser les manoeuvres du gouver-
nement français sur le sol ensanglanté du Rwanda. Faites vite pour
éviter le pire. Je me suis adressé à vous, représentant du peuple,
parce que mon pays, petit et pauvre, sans liens historiques avec le
vôtre antérieurs à l'indépendance, ne paraît pas intéresser les média
et l'opinion publique de votre pays: contrairement à l'opinion déter-
minante du peuple belge qui a victorieusement forcé le gouvernement de
ce pays (pourtant ex-puissance administrante) à renoncer à tout inter-
ventionisme militaire, afin de faciliter la tâche de médiation de
l'OUA (Organisataion de l'Unité Africaine) épaulée par les pays
environnant le mien.

Si l'auteur du présent dossier
était découvert par les autorités rwandaises il serait emprisonné,
torturé et probablement tué "dans des circonstances-inconnues du
gouvernement !" C'est pourquoi il se présentera sous un pseudonyme,
avec l'espoir que cette précaution ne vous détournera pas de votre
détermination à enquêter sur la véracité des faits relatés dans son
appel.

Remerciements infinis et très
haute considération.

Pierre Rubibi

de la Commune Kibilira
au Rwanda. -


ANNEXES

cc Membres belges et français du
Parlement Européen

RWANDA

Superficie: 26.338 km2

Divisions Administratives:

- 10 Préfectures et une Urbaine de Kigali
- Plus de 140 Communes.

Population:
Plus de 7.000.000 d'habitants
répartis en hutu-tutsi et twa
(ethnies? races? tribus? classes sociales?)

CROQUIS ADMINISTRATIF DU RWANDA

-2-

Survol rapide de l'histoire du Rwanda

Le Rwanda est un petit pays de 26.338 km2 sur les
confins de l'Afrique Centrale et Orientale. Ses voisins sont
le Burundi au Sud, la Tanzanie à l'Est, l'Uganda au Nord et
le Zaire à l'Ouest.

Avant la colonisation allemande à la fin du 19ème
siècle, le Rwanda formait un vaste territoire caractérisé par
un climat tempéré peu favorable aux épidémies. C'était une
monarchie aux structures politiques unitaires et centralisées,
comparables à celles d'un Etat au sens classique du terme.
Il était caractérisé par l'existence d'une armée de métier et
de milices populaires sans distinction ethnique, une même
langue et une même culture, éléments essentiels à l'édification
d'une nation.

Dans les régions agricoles du nord et de l'ouest, les
inégalités sociales étaient fondées sur "l'Ubukonde", système
social suivant lequel les riches propriétaires fonciers hutu,
l'un des trois piliers du pouvoir monarchique rwandais (l'armée,
le sol et la vache) prétaient leur domaine à des usufruitiers,
astreints en contrepartie à certaines prestations en nature
et à des travaux manuels pour leurs maîtres.

Dans les régions pastorales, c'est-à-dire dans le reste
du pays, le système appelé "Ubuhake" s'appuya sur la possession
des vaches et disposa d'un code complexe régissant les droits
et les devoirs du patron (le propriétaire de la vache) et du
client (le demandeur). Les grands propriétaires de bovidés
étaient quelques familles tutsi et les clients étaient la
majorité du peuple, hutu et tutsi confondus.

Le propriétaire suprême du sol et des troupeaux rwandais
était le Mwami (roi). Celui-ci pouvait spolier n'importe qui
de ses troupeaux ou de ses terres, souvent au bénéfice de ses
milices ou pour tempérer l'arrogance des puissants. Son
pouvoir reposait sur la puissance des chefs:

- les chefs du sol (hutu): autorité de distribution
du sol
- les chefs de pâturages (tutsi): autorité
d'organisation des prairies pour les vaches

- les chefs d'armée: défendre et élargir le territoire
(au bénéfice des agriculteurs et des éleveurs). Notez que
ces chefs étaient sélectionnés parmi les plus vaillants sans
tenir compte de l'ethnie.

_ Cet équilibre des forces a maintenu l'unité et la paix
de la nation rwandaise précoloniale pendant un millénaire.


-3-

L'arrivée des européens (les allemands: 1899-1916 et
les belges: 1916-1962) bouleversa l'équilibre, en supprimant
les trois pouvoirs traditionnels: plus de milices, plus de
chefs du sol et des pâturages. Les européens mirent sur pied
une administration indigène subalterne uniformisée en faveur
des tutsi et du monarque dont les pouvoirs exorbitants furent
entièrement supprimés et le rôle dans la société désacralisée.

Après la défaite des allemands dans la Première Guerre
Mondiale, le Rwanda fut gouverné par la Belgique par mandat
de la Société des Nations, puis des Nations Unies.

Dans le souci d'uniformiser le système d'identification
des indigènes du Rwanda-Burundi et du Congo Belge, l'adminis-
tration belge imposa la mention des ethnies dans les livrets
d'identité. Mais au Rwanda-Burundi, elle se fonda sur des
critères purement fantaisistes:

a. d'abord saumatiques: toute personne de taille égale ou
supérieure à 180cm était automatiquement étiquetée tutsi (de
nombreux hutu tombèrent dans cette catégorie}.

b. ensuite économique: tout propriétaire de plus de dix
vaches était classé tutsi (plusieurs hutu en avaient et
plusieurs tutsi n'en avaient pas).

c. enfin politique: l'élite indigène nommée aux postes
subalternes de l'administration tutellaire dut remplir au
préalable les deux premiers critères. C'était encore avant
l'instauration de la fameuse école des chefs indigènes. À la
longue, le mot “tutsi" finit par signifier pour les européens
la classe des “privilégiés de la Tutelle". Lorsque ces
"privilégiés de la Tutelle", à la tête desquels se trouvait
le roi traditionnel, se posèrent en champions de l'indépendance
dans les années 1950-1959, la Tutelle s'estima trahie et
décida de leur en faire payer l'audace, en accordant ses
faveurs à des lettrés hutu qui, soit dit en passant, devait à
leur tour payer cher ces faveurs. En effet ils devaient
avaler leur rancoeur longtemps nourrie contre la Tutelle
belge qui les avait écartés 40 ans durant du cercle des
privilégiés, et se contenter d'un sanglant coup de pied de
l'âne vengeur donné aux anciens subalternes du pouvoir
mandataire. Ensuite ils durent sacrifier l'unité nationale en
cachant au peuple la vraie nature du combat, celui des anciens
et des nouveaux favoris de la Tutelle belge, acceptant de
dresser froidement les masses hutu contre les masses tutsi
pourtant économiquement indifférenciables, mais démagogiquement
différenciés par les nouveaux leaders hutu pour les besoins
de leur cause. Celle-ci s'imposa au peuple par une fausse
définition de la démocratie. Cette fausse définition continue
encore de nos jours à légitimer tout potentat par le simple
fait d'appartenir à l'ethnie majoritaire hutu et à faire
couler le sang d'innocentes masses paysannes tutsi.

-4-

Le bilan des confrontations ethniques de 1959 déboucha
sur la création d'une république hutu en 1961, plus soucieuse
de notre cohésion ethnique autour du principe de la haine
contre le tutsi minoritaire que de l'unité du peuple rwandais.
Pourtant le pays souffrit de graves secousses politiques au
sein même des partis uniques ethniques ou ethnisants au
pouvoir depuis l'indépendance de 1962, à savoir:

- le Parmehutu (parti de l'émancipation des hutu) fondé par
le premier Président Grégoire Kayibanda, éliminé le 5.7.1973
par son Ministre de la Défense, le Général Habyalimana.

- le M.R.N-D.(parti ethnisant de Habyalimana) créé et rendu
Parti-Etat depuis 1975.

Un point commun entre les leaders des deux partis: camoufler
les dissensions dans leurs partis, derrière d'injustifiables
luttes entre les hutu et les tutsi. Sans succès. Malgré la
politique du bouc émissaire, les luttes d'influence internes
firent tomber le règne du Parmehutu. L'événement fut précédé,
c'est devenu le passage obligé, par des massacres et des
exodes massifs au détriment des tutsi. Sans aucun prétexte.

Les divisions au sein du MRND, plus profondes et plus tragiques,
ont la peau dure, parce que le fondateur est un militaire et
si astucieux; mais elles finiront par emporter le régime,
comme le croient nombre d'observateurs, malgré d'inexplicables
appuis extérieurs et le silence devant la barbarie du régime
en place à Kigali:
- l'élimination physique des soixante haut dignitaires hutu
de l'ancien régime (en 1974)
- les arrestations et les emprisonnements massifs de 1980
- les nombreux assassinats politiques de civils et de militaires
hutu entre 1980 et 1989
- la corruption et la dilapidation des deniers publics
- des tensions sociales multiples et multiformes depuis 1973
- dix mille emprisonnements arbitraires, plusieurs miliers de
citoyens innocents massacrés ou forcés à l'exode entre 1990
et ce jour. Prétexte: la guerre du FPR (Front Patriotique
Rwandais) opposition armée en lutte contre le pouvoir de
Kigali depuis le 1er octobre 1990.
Personne n'a été surpris de savoir:
- que l'opposition armée du FPR soit dirigée par un colonel
évadé de l'Armée Rwandaise, après avoir occupé des postes
clés au sein de l'armée et du gouvernement rwandais. Le FPR
est taxé de tutsi par le régime du Général Habyalimana.
- que la majorité du Bataillon paracommando (tous hutu) du
Camp Kanombe (Kigali) dirigé par le colonel Mayuya (assassiné
dans des circonstances non encore élucidées) ait rejoint la
guérilla du FPR, après avoir été entièrement et injustement
rayé de l'Armée Rwandaise.
- que l'ancien Directeur Général de la puissante Société
Nationale de l'Electricité-Eau et Gaz, ancien étudiant en
France, d'une intégrité reconnue, ait également regagné les
rangs du FPR. Il est hutu.

Ce ne serait pas surprenant de voir demain l'unité
nationale régner au pays des mille collines malgré tant de
sang innocent versé et l'indifférence du monde face à la
tragédie.



-5-

1. Guerre et interventions étrangères

Le 1er octobre 1990, un conflit armé opposant le gouver-
nement du Général Habyalimana aux forces du Front Patriotique
Rwandais (FPR) éclate au Rwanda, petit pays de l'Afrique ex-
belge. Les gouvernements belge, français et zairois y envoient
des troupes, les deux premiers à la rescousse de leurs nationaux,
le troisième pour secourir un ami qui criait à l'invasion du
Rwanda par l'Uganda l'un des pays qui hébergent plus d'un
million de réfugiés rwandais interdïts de rentrer dans leur
pays voici trente ans. Les forces du FPR seraient composées
de la jeunesse des réfugiés et de plusieurs jeunes recrutés
dans les régions défavorisées à l'intérieur du Rwanda.

2. Refus d'assistance à personnes en danger

Prenant prétexte de cette guerre, le président rwandais
donne ordre à son administration des régions rurales de
procéder à des exécutions massives des Tutsi tandis que dans
les agglomérations urbaines il les fait massivement emprisonner
et torturer.

Alors que les troupes belges et françaises gardaient la
ville de Kigali, que les zairois se battaient contre le FPR,
les soldats rwandais et l'administration du Parti de Habyalimana
menaçaient gravement les paysans Hutu qui refusaient de tuer
les paysans Tutsi de la Commune Kibilira dans la Sous-Préfecture
de Ngororero. Je suis hutu et enseignant dans cette Commune.
Mais pour ma sécurité je ne donnerai pas mon identité.

En même temps que quelques personnes de la Commune, j'ai
été approché le soir du 10 octobre 1990 par un émissaire de
la Présidence de la République accompagné du Conseiller
Communal nommé SHYIRAMBERE et d'un collègue appelé UKIZEBARAZA.
Le discours tenu par le représentant de la présidence était
le suivant: "Vous avez été choisis pour constituer un comité
chargé de l'extermination des tutsi de cette Commune. Les
hutu qui s'y refuseront seront massacrés comme collaborateurs
du FPR. Par contre la Présidence de la République-a prévu
des récompenses aux chefs de file. Tuez sans pitié tous les
tutsi, hommes, femmes, enfants, vieillards, détruisez leurs
biens et effacez les traces. Les militaires interviendront
en cas de résistance. Après les massacres, l'armée rwandaise
se présentera pour enquêtes et pacification. Rassurez-vous
et rassurez vos hommes. Vous avez 4 ou 5 jours pour terminer
la mission. À tout étranger qui viendrait enquêter, répondez
que les hutu manifestent leur colère contre l'invasion du
FPR".

Ces paroles terrifiantes sont à jamais imprimées dans
ma mémoire et la barbarie que j'ai été forcé de voir le 11,
le 12, le 13, le 14 et le 15 octobre 1990 m'a atteint dans
mon être le plus profond et à jamais culpabilisé alors que je
n'ai tué ni fait tuer ni détruit les biens de personne. Plus

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de quatre cents personnes ont été tuées dans les secteurs
suivants de la Commune Kibilira: RUBONA, KIRENGO, NTOBWE,
NGURUGUNZU, GATUMBA, GITARAMA, MIKINGO, NTAGANZWA, RUGARAMA,
et NVAMASA. Je garde l'image de la vieille chrétienne Anastasie
Bwanakeye de Rusebeya qui, le chapelet à la main et le glaive
du tueur en train de lui traverser le coeur répétait stoïquement:
"Tuez cette carcasse de corps mais vous ne tuerez pas mon
âme, la seule qui compte pour moi!" Et les bébés, et les
petits à quatre pattes, sourire «aux lèvres, les yeux dans les
yeux des tueurs qui les exterminaient quand même. Ces massacres
se perpétraient au su des militaires européens dépêchés au
Rwanda mais, semble-t-il, interdits d'intervenir dans le
conflit. Un prêtre de la Commune Kibilira a téléphoné à
l'Ambassade de France et l'a prévenue des événements le
12.10.1990 avant-midi. “Nos militaires ne peuvent pas inter-
venir, mais nous le signalerons aux autorités rwandaises,
fût-il répondu. La mission de nos militaires est d'évacuer
le plus vite possible nos ressortissants désireux de quitter
le pays."

Poussé par l'opinion de son électorat excédé par les
massacres et prenant en considération les efforts de l'Organi-
sation de l'Unité Africaine (O.U.A) et des pays de la région
pour trouver une solution au conflit, le gouvernement belge
rapatrie ses paras dès novembre 1990.

3,.Couvrir un génocide

Si les paras belges sont repartis, les légionnaires
français sont toujours là, encore bien là en 1992. Leur
nombre aurait largement dépassé les 150 à 180 officiellement
annoncés en octobre 1990! Et les massacres continuent.
D'importantes quantités d'armes et de munitions sont régulière-
ment envoyées à Kigali par le gouvernement français, distrayant
le général Président du Rwanda de la solution de la crise par
la voie des négociations au profit de la guerre. C'est ainsi
que les efforts de l'OUA et des pays de la région,- qui avaient
abouti le 29.3.1991 à la signature d'un accord de cessez-le
feu entre le gouvernement rwandais et le FPR (1) furent
complétement anéantis par Paris, qui ne s'embarrassa pas de
l'ignorer, notamment dans son article II alinéa 6 prévoyant
le retrait de toutes les troupes étrangères dès la mise en
place du groupe d'observateurs militaires de la Tanzanie, de
l'Uganda, du Zaire, du Burundi et d'un certain nombre d'officiers
de notre gouvernement et du FPR. Rappelons que la signature
du cessez-le feu a été précédé par les sommets des Chefs
d'Etat de la région: à Mwanza (Tanzanie) le 17.10.1990, à
Gbadolite (Zaire) le 26.10.90 et à Goma (Zaire) le 20.11.1990.

Fort du soutien manifesté par le gouvernement français,
le général Habyalimana négligea l'accord, proclama une fausse
victoire sur le FPR et promit à l'armée rwandaise de venger
ses camarades tués par l'ennemi. C'était au mois de novembre
1990 dans la région du Mutara, plus précisément dans la


-7-

bourgade de Gabiro. La vengeance promise fut exécutée tout
juste au début de l'année suivante par le massacre collectif
de 1400 paysans Bagogwe, minorité tutsi vivant dans une extrême
pauvreté au nord du pays dont l'immolation fut ordonnée par
les très riches officiers originaires du nord dont le Président
et ses trois richissimes beaux-frères: le colonel Sagatwa
Elie, Rwabukumba Séraphin et Protais Zigiranyirazo.
Le prétexte pour ces massacres: les forces du FPR avaient pris
et occupé, un jour, la ville de Ruhengeri. Je signale que la
région du Mutara avait été en octobre 1990 le théâtre de
massacres collectifs de paysans similaires à ceux de la Commune
Kibilira. Une dizaine de milliers de personnes dut fuir les
Communes de cette région vers l'Uganda voisin.

4.Tous accusent, sauf les français.

Plusieurs journaux du Rwanda (2) ont dénoncé ces massacres
et la division des masses populaires dont les dirigeants
compromettent l'unité en les poussant à se massacrer les unes
les autres. C'est d'ailleurs grâce à ces divisions, et à
l'appui de la troupe française devenue sa garde prétorienne
que le Président Habyalimana peut encore maintenir son pouvoir.

L'Evêque Catholique de KABGAYI, le plus ancien DIOCESE
du Rwanda, Monseigneur Thaddée Nsengiyumva, a condamné les
massacres et la perfidie du régime de Habyalimana, dans la
célèbre lettre adressée aux Chrétiens le 1er décembre 1991.
intitulée:"Convertissons-nous pour vivre dans la Paix” (3).

“La lettre stigmatise également la conduite des ecclesiastiques
inféodés au régime du Général. La Nonciature Apostolique au
Rwanda, dans sa lettre du 17.2.1992 adressée à Monsieur André
Louis (4a), Secrétaire Général de l'Internationale Démocrate-
Chrétienne, salue le courage exemplaire de Mgr Thaddée Nsengiyumva
et dénonce entièrement la teneur du rapport par trop tendancieux
dressé par le Secrétaire Général le 08.2.1992 sur la démocrati-
sation du Rwanda (4b). Celui-ci avait été invité par le
gouvernement rwandais en collaboration avec les écclesiastiques
inféodés au régime.

Plusieurs organismes internationaux et hommes de science
ont condamné les massacres et les abus du pouvoir au Rwanda,
par exemple “Le Comité pour le Respect des Droits de l'Homme
et la Démocratie au Rwanda" (5), "La Commission Internationale
des Juristes" (6), "Amnesty International" (7), "Rapport
Africa Watch" (8), "La Résolution de l'Assemblée paritaire
ACP-CEE sur la situation au Rwanda" (9), "Le Rapport de la
Ligue Belge de Défense des Droits de l'Homme" (10),etc...
Monsieur Jean-Pierre Chrétien, chercheur à l'INRS Paris dénonce
l'idéologie et la propagande racistes au Rwanda et s'indigne:
"...cependant le silence quasi général des médias et des
milieux politiques français sur la situation du Rwanda, étonnant
vu l'implication politique, financière et surtout militaire de
notre pays dans cette crise, contraste avec la richesse des
informations et des débats dans l'opinion publique belge.

La même personnalité s'insurge contre la présence militaire
inexplicable des français au Rwanda.. Il développe son argument
dans une publication intitulée:"Le régime de Kigali et l'inter-
vention française: sortir du silence" (12)-


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5. Un Multipartisme?

La guerre a précipité l'instauration par Habyalimana
d'un multipartisme à sa merci, auquel il se bat pour imprimer
sa philosophie ethniste et dont il se sert pour abuser les
bailleurs de fonds occidentaux. De nouvelles formations
politiques sont nées mais celles qui comptent plusieurs tutsi
parmi les membres sont farouchement combattues. Le Président
Habyalimana terrorise systématiquement ses adversaires politiques
non armés, apparemment soutenu par l'Ambassadeur de France au
Rwanda et un haut fonctionnaire de Paris appelé Paul DIJOUD
qui, pour le dossier particulier du Rwanda, recevrait les
instructions directes de l'Elisée. C'est donc avec ce genre
de formations politiques intimidées, exceptionnellement décour-
agées après quelques manifestations anti-gouvernementales, que
le Président Habyalimana est en train de négocier un gouvernement
de transition sous sa poigne avant des éléctions générales
précipitées qu'il est assuré d'avance de gagner. Ces pseudo-
négociations sont en cours alors que la guerre entre le gouver-
nement et le FPR fait rage, déplace des populations et rien ne
nous assure de sa fin, dont dépend le respect des accords de
la N'Sélé du 29.3.1991 et non d'un éventuel gouvernement
transitoire multipartiste dont serait exclu le FPR.

6. Monsieur DIJOUD et l'Ambassadeur de France au Rwanda

a. Monsieur Paul Dijoud aurait arraché le dossier Rwanda des
mains de l'OUA et des pays de la région (les seuls à supporter
sur leur sol le poids des réfugiés rwandais) pour en faire un
dossier de l'Elisée. Il aurait forcé quatre rencontres succes-
sives à Paris entre le FPR et le gouvernement rwandais, rencontres
vouées intentionnellement à l'échec parce qu'elles n'avaient
pour objectif que d'écarter justement l'OUA et les pays de la
région, et ainsi faire oublier l'accord de cessez-le feu
qu'ils avaient patronné.

b. Alors que ces tractations inutiles suivaient leurs cours à
Paris, il semble que l'Ambassadeur de France faisait pression
sur les nouvelles formations politiques pour qu'elles acceptent
d'entrer dans un gouvernement de coalition contre le FPR.
Pour imposer son point de vue, l'ambassadeur de France menaçait
de la puissance militaire et financière de son pays, qui
promettrait d'écraser militairement le FPR et de fermer les
robinets financiers français et européens à tout gouvernement
sans le général Habyalimana à la tête de l'Etat.

Effectivement ce sont les officiers français qui plannifient
les combats contre le FPR, entraînent officiers, sous-officiers
et hommes de troupes, et leurs militaires se battent aux côtés
des soldats gouvernementaux. Un de mes deux petits frères
recrutés de force dans l'armée rwandaise m'a affirmé qu'il y a
eu déjà des morts parmi les soldats français au front, mais
des instructions catégoriques données interdisent de laisser
leurs cadavres sur le terrain. Soldat de la Légion Etrangère,
qui te réclamera en France où le Lieutenant-Colonel CHOLLET
rapatrie ton corps dans une caisse marquée "secret d'Etat"?


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c. Une nouvelle étape dans l'immixtion des français dans le
conflit rwandais est franchie: la nomination du Lieutenant-
Colonel Chollet comme proconsul militaire de Paris à Kigali,
responsable réel des opérations militaires contre le FPR (13).

7. Deux conséquences

a.Pour le Rwanda, c'est extrêmement grave!

J'avais 12 ans en 1959, année des troubles au Rwanda et
je m'en souviens avec remords. Le 1er juillet 1962 j'ai dansé
et chanté aussi notre victoire sur les tutsi, sans pouvoir en
apprécier la raison pour dire vrai. La propagande anti-tutsi
si aveuglante produisit si bien ses effets que je ne me posais
aucune question sur mes camarades tutsi de familles souvent
bien plus pauvres que la mienne, qui prenaient le chemin de
l'exil après avoir assisté à la démolition de leurs huttes, à
la dévastation de leurs récoltes et à la mise à mort de leurs
vaches squelettiques. Contrairement à ce qui se passait
partout ailleurs dans le pays, il n'y a pas eu alors de tueries
humaines à ma colline fort heureusement. Notre révolution
de 1959, faite au nom de la Démocratie, conseillée et assistée
par l'administration belge, a installé un pouvoir hutu autocra-
tique et radicalement éthniste. Je m'en rendis compte au fur
et à mesure que je grandissais et lisais des penseurs qui ont
écrit sur les inégalités et les révolutions dans les collectivités
humaines. Je compris qu'une révolution n'en est pas une du
tout lorsqu'elle permet à ses leaders de discriminer les
damnés de la terre, elle n'en est pas une lorsque ceux-ci
déciment et chassent le peuple parce qu'il porte dans son
carnet d'identité colonial l'ethnie tutsi, assimilée à un
parti politique combattu.

Je ne suis pas du tout étonné que ce peuple revienne
menacer la stabilité de l'Etat-Ethnie (je regrette de devoir
m'exprimer ainsi, même si je suis hutu) instauré en 1959 par
des belges plus motivés par leur haine contre des leaders
indépendantistes tutsi que par l'amour des hutu.

Comme Bruxelles en 1959, Paris veut en 1992 réimposer aux
Rwandais l'Etat-Ethnie en cours d'éclatement, prétextant que
ce faisant il aide les hutu, l'ethnie majoritaire. Mais en
réalité il aide une clique et un homme dangereux (Habyalimana)
au détriment de l'unité des rwandais régulièrement poussés par
les cliques exploitatrices de tous les temps à des extrémismes
fratricides pour la sauvegarde de leurs propres intérêts. Les
cliques qui se sont succédé au pouvoir depuis 1’ indépendance,
plus appréciées à l'étranger que dans le pays (sauf par contrainte),
se sont volontairement abstenus de favoriser une véritable
démocratie, afin d'éviter leur suicide politique. En effet un
peuple conscient de ses véritables intérêts choisira ses
représentants non en fonction de leur ethnie mais plutôt en
fonction de leurs compétences et de leur application à lui
assurer les besoins vitaux: le pain, la paix et l'unité,
justement les trois qui lui manquent cruellement, bien avant
la guerre d'octobre 1990 (les victimes de la famine au sud,
les assassinats politiques, les tensions ethniques et régionalistes


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entretenues au sein de la population, le port d'une carte
d'identité mentionnant obligatoirement l'ethnie). L'instabilité
inhérente à tout Etat-Ethnie étant bien claire, qui nierait
que tout étranger décidé à nous l'imposer serait notre ennemi
numéro un?

b. Pour la France, c'est absurde et pas facile

Si l'administration française engage son pays dans le
conflit pour y maintenir un “Bantoustan” rwandais, elle doit
s'apprêter à en payer les frais, c'est-à-dire:

1° évacuer et installer en France les deux millions de réfugiés
qui sont en Uganda, en Tanzanie, au Burundi, au Zaire et au
Kenya. C'est la seule garantie, plus sécurisante pour nous
que la mise à disposition d'un corps militaire permanent,
dût-on disposer d'un légionnaire par réfugié. Même si elles
ne remportaient pas une victoire militaire, les forces du FPR
pourraient maintenir à peu de frais autour et à l'intérieur
du pays une guérilla de longue durée que les moyens économiques
et l'enclavement du Rwanda ne lui permettraient pas de supporter.
Le peuple souffrirait beaucoup et en fin de compte une guerre
civile généralisée serait inévitable.

2° accepter sa responsabilité si la vie des citoyens français
vivant au Rwanda devait réellement être menacée où qu'ils
soient dans le pays. En effet si Paris, à son tour, tient à
nous faire avaler de force une politique qui prépare des
lendemains sanglants, ce ne sont pas les maquisards du FPR
qui les tueront, mais bien les masses, surtout les hutu si
longtemps victimes des manipulations par des dirigeants
meurtriers qui les hypnotisent dans le racisme et les réveillent
dans le sang, à intervalles réguliers de leur histoire post-
coloniale.

3° la réparation des relations avec nos voisins gravement
détériorées. Enclavé, notre pays a intérêt à vivre en très
bons termes avec les voisins. Je regrette de devoir dire que
la responsabilité de la détérioration de ces relations revient
entièrement à Paris qui veut se substituer à eux alors qu'ils
hébergent nos réfugiés plusieurs décades sans la moindre
assistance française, malgré d'évidentes difficultés économiques.
Comment nos voisins peuvent-ils être écartés du règlement de
leurs problèmes? Comment l'administration française, sans
hypothéquer nos relations avec l'Uganda, la Tanzanie, le
Burundi et le Zaire, peut-elle peser la menace de sa puissance.
militaire et finançière sur ces pays afin qu'ils acceptent
“sa” solution de la crise rwandaise qui ne déracine pas les
causes profondes des exodes massifs et réguliers de réfugiés
du Rwanda vers ces pays limitrophes (non certes vers la
France ou la Belgique).

8. L'opinion publique rwandaise.

a. Le Rwanda est voisin du Burundi, pays où sous le régime
déchu de l'ex-président Bagaza, eut lieu le scandale du
célèbre "Carrefour du Développement". Et plusieurs rwandais
(surtout les fonctionnaires) d'imputer l'engagement de Paris
dans la crise rwandaise à des motivations bassement matérielles
au profit de quelques lobbies privés au bras long, de
de connivence avec Kigali, l'enveloppe financière de la
coopération franco-rwandaise étant la source même de leur
financement.


-11-

b. Dans sa comptabilité de la complexité socio-politico-
ethnique de la région, l'administration française aurait été
convaincue, malgré la contradiction des faits, que le maintien
d'un Etat-Ethnie serait un résultat positif de sa mise militaire,
financière et diplomatique, Etat à partir duquel elle pourrait
embraser ou éteindre au gré de ses intérêts les conflits dans
les pays de la région avoisinant le nôtre.

c. L'administration actuelle de la France soutiendrait la
dictature du Général Habyalimana pour protéger la langue
française. Comme plusieurs maquisards nés de parents réfugiés
en Uganda ex-britannique sont forcément d'éducation anglophone,
ils constitueraient une menace pour la langue française!
Notre peuple au Rwanda et dans les pays limitrophes parle une
langue commune, le kinyarwanda, et il en est fier. Mais sans
devoir s'immiscer dans une quelconque guerre linguistique du
français et de l'anglais, il utilisera certainement une
langue étrangère dont la culture a le plus marqué la nôtre
sans pour autant l'assimiler.

9.Recommandations

L'administration française devrait se retirer complè-
tement de la crise rwandaise, laisser l'OUA et les pays
limitrophes qui hébergent les réfugiés reprendre leur médiation
entre le FPR et le gouvernement du général Habyalimana en vue
d'un cessez-le-feu immédiat et du respect de tout l'accord de
la N'Sélé signé par les deux parties. Faire autrement serait
faire perdurer la souffrance du peuple rwandais qui est à la
recherche d'un projet de société. Non, à la dimension d'une
ethnie, dût-elle être majoritaire, mais à la dimension de
tout le peuple rassemblé et réconcilié pour toujours.


-12-

10.Annexes et Références

(1) Accord de cessez-le-feu entre le gouvernement de la
Republique Rwandaise et le Front Patriotique Rwandais à la
N'Sélé, le 29.3.1991 (annexé)
(2) Kinyamateka (B.P.761 Kigali), Isibo B.P. 2258 Kigali,
Kanguka, Rwanda Rushya B.P.333 Kigali,etc.etc.
(3) Mgr T.Nsengiyumva: “Convertissons-nous pour vivre ensemble
dans la paix". Kabgayi 1.12.1991. B.P.66 Gitarama
(4a) Nonciature Apostolique au Rwanda: lettre du 17.2.1992
adressée au Secrétaire Général de l'IDC.
(4b) Mr André Louis. Lettre 1/85/AL-NC du 11/2/1992.
Rue de la Victoire (Bte 1)
1060 Bruxelles
(5) Le Comité pour le Respect des Droits de l'Homme et de la
Démocratie au Rwanda. 1990-1992. Fax 3224270344
(6) La Commission Internationale de Juristes. 1990-1992.
109 route de Chene, B.P.120
CH-1224 CHENE-BOUGERIES , Genève. Té1.22.493545
(7) Amnesty International 1990-1992. London
(8) Africa Watch Vol.IV, Issue N° 3 du 27.2.92
90 Borough High Street, London SE1 1LL.Fax 4471-3788029
(9) ACP-CEE 601/92/déf. du 20/2/1992 à Santo Domingo (annexé)
(10) Ligue Belge de Défense des Droits de l'Homme Janvier
1992. C/o Parkstraat 219,
3000 LEUVEN, Belgique.
(11) Jean-Pierre CHRETIEN
Directeur de Recherche CNRS
Centre de Recherches Africaines
9 rue Malher 75004 Paris. Tél.:42.78.33.22.
(12) Jean-Pierre Chrétien (comme ci-haut).
"Le Régime de Kigali et l'intervention française au
Rwanda: sortir du silence. 20-12-1991 Le
(13) MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES B.P.179 Kigali-Rwanda
N° 0086/16.02.07/AP du 03.02.92


-13-


Après le Recensement de 1978



A. STATISTIQUES RACIALES NON PUBLIEES

I. Groupe _Hutu

Code de l'ethnie hutu: O1
Pur sang et sang mêlé
a) hutu pur, code 01 = 35% de la population
b) hu-tsi (de père hutu &
& de mère tutsi) = 25% de la population
Total nomenclature
hutu (01) = 60% de la population

II. Groupe Tutsi

Code de l'Ethnie Tutsi: 02
Pur sang et sang mêlé
a) tutsi pur, code 02 = 18% de la population
b) tsi-hu (de père tutsi
& de mère hutu): = 21% de la population
Total nomenclature
tutsi (02) - 39% de la population

III. Nomenclature Twa, Code 03: = +1% de la population


B. STATISTIQUES RACIALES OFFICIELLES TENUES PAR
LES COMMUNES POUR L'IDENTIFICATION.

a) Hutu Code O1 = 90% de la population
b) Tutsi Code 02 = 9% de la population
c) Twa Code 03 | = +1% de la population

C. STRATEGIES RACIALES NON PUBLIÉES.

1. Alignement des alliances possibles
a) nomenclature O1 = hutu+hutsi+tsi-hu = 81%
b) nomenclature 02 = tutsi+hutsi+tsi-hu= 64%
c) Hutsi + Tsihu = = 46% de toute la
population.
2. Stratégies pour une majorité éternelle
a) surveiller de près la démographie du stock hutsi-tsihu:
A cet effet le gouvernement hutu doit favoriser les mariages
entre hutu-hutsi ou tsihu. Décourager les mariages hutu-tutsi
et vice-versa.

b) Empêcher par tous les moyens l'alliance possible tutsi+hutsi+
tsihu, en englobant dans la nomenclature hutu, et les hutsi et
les tsihu (dont le nombre devra diminuer progressivement).
Accorder au hutsi et tsihu toute la gamme des privilèges
socio-politiques attachés à la nomenclature O1 et compromettre
leurs relations avec les tutsi.

-14-

Partir des pourcentages réels des tutsi (18%) sauf les
réfugiés, des hutu(pur) 35%, des sang-mêlés pour achever le
programme de faire du Rwanda un pays entièrement hutu
en l'an 2078, année où il est prévu 99% hutu, 1% tutsi
et 0% twa.

D. STRATEGIES RACIALES OFFICIELLES

1. Diminution progressive de la population alphabétisée des
tutsi à qui, officiellement 9% des places au secondaire
sont réservées, mais réellement uniquement 3 à 5%.


2. Application d'un statut de seconde zone au tutsi qui préférera
émigrer. Il empêchera les réfugiés rwandais de vouloir
rentrer.

3. Exclusion catégorique des éléments tutsi dans les postes
en relation avec:

- l'administration communale et préfectorale (éviter
tout contact politique avec les masses populaires)
- les services de sécurité et de renseignements
- la diplomatie et les affaires étrangères.

4. Une politique d'équilibre ethnique destinée à exclure les
tutsi de la vie sociale et politique.

5. Maintenir vivace la problématique hutu majoritaire contre
tutsi minoritaire dans la diplomatie extérieure du Rwanda.


Derniers Développements

A l'heure où je suis en train de vous faire parvenir ce
courrier, j'apprends de source informée que les militaires de
la Garde Présidentielle (G.P) habillés en civil, accompagnés
de quelques fanatiques du régime (conduits par un membre de
la famille de l'épouse du Président.. appelé Léon Mbonabaryi)
sont en train de massacrer par centaines les tutsi de la
région du Bugesera à une vingtaine de kilomètres de Kigali.

A peine deux semaines avant, ces mêmes militaires
avaient massacré une religieuse française à l'Est du pays
pour une raison non encore éclaircie.

Dans le tourbillon des tueries en cours au Bugesera,
ils viennent d'éliminer une autre religieuse de nationalité
italienne, tout simplement parce qu'elle en savait trop sur
leurs exactions dans la région ainsi que le nombre réel des
victimes tutsi. Ces militaires de la Garde Présidentielle
empêchent les fuyards de se réfugier dans la paroisse locale
afin de pouvoir les exterminer complètement.

Je fais noter que la Garde Présidentielle est rendue
disponible par la présence de la troupe française qui garde
la Capitale et la famille présidentielle.

Interrogé par RFI à propos de la passivité des troupes
françaises devant cette extermination, l'Ambassadeur de
France à Kigali a répondu: "Si Paris m'en donne l'ordre,
j'interviendrai, sinon nos troupes ne bougent pas."

Les massacres sont en train de s'étendre sur l'ensemble
du territoire...C'est à suivre.




République du Zaire



AOCORD DE CESSEZ-LE-FEU ENTRE
LE GOUVERNEMENT DE LA .
REPUBLIQUE RWANDAISE ET LE
FRONT PATRIOTIQUE RUANDAIS

#

>

Nous, Jas reprérantéèntrs du Couvarnement de -ta

République
Rvandeise at dau Front Patriotique Rwandsis ; :

Oonscients des &vénéments malheureux qui opposent jes

Ruandais les uns contre les autres @t qui troublent le pain
et l'ordre public dans 18 pays }

Nous référant aux communiqués des Somnety des Ohefs d'Etat

de la Région, réunis à Musnza ten Tanzanie) le 17 octobre

1790, à .ObadoLite (au Zaïre) le 26 octobre 1990, et à Goma
(au Zéïre) Île 20 novembre 4990 3; -

Oonsidérent que toutes ces rencontres au fommet ont mis un
accent particulier sur 18 presleble du cessez-le-feu ;


Le cessez:-le-feu implique:

r)
e

Fr)

ARTICLE IT

1 "

le cossstion de toutes Îles hostilités en vue du dialogue
des nogoc{iations sérieuses entre les deux parties sous
les ouspices du Médiateur ;

la suspension des aepprovisionnements en munitions et en
tout autra matériel de guerre sur Île tarrain !

l’épprovisionnement en besoins jiogistiques non dangereux
pour jes forces militaires sur 1e torrain :

ls Jlibérotion de tous les prisonniers de guerre : la 1i-
bérotion cifective de toutes les personnes arrêtées à ls
suite et à cause de cètte querre, dons les cina (6) jour

de ja signature du présent Accord !

le possibilité de reprendre les corps des morts :

t

le retrait de toulens Jles troupes étrangères oprès ]48 mis
en plece effoctia Uu Oroura d'observateurs militaires
noutros à l'excénifjon des Ooopérants militeires 85e trou.

vant au Rvanda suite aux accords bilatéraux de Coopéra-
tion ;

>

le non infiltration des troupes et l'interdiction d'eche
minement des troupes et de matériel de guerre sur ie
terrein occupé par chaque partie }

«

l'interdiction de mener des opêrations de minage ou d'Eé“”
trever les opéretions de déminags.-




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fgtquery v.1.9, 9 février 2024