Fiche du document numéro 30467

Num
30467
Date
Samedi 30 juillet 1994
Amj
Hms
20:00:00
Taille
23467
Sur titre
Journal de 20 heures
Titre
À Kibumba le choléra fauche, l'épidémie n'a pas reculé. À bout de forces, les auxiliaires locaux qui aident les organisations humanitaires cèdent au découragement devant le nombre de victimes
Sous titre
Edouard Balladur a prévenu aujourd'hui la communauté internationale que les troupes françaises ne resteraient pas au Rwanda au-delà du 22 août.
Nom cité
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Lieu cité
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Résumé
- Edouard Balladur today warned the international community that French troops will not stay in Rwanda beyond August 22. On the eve of his visit to Zaire and Rwanda, the Prime Minister ruled that the member countries of the United Nations should be able to find 2,000 men by August 22.

- Last night [July 29] Bill Clinton announced that the United States would send 200 troops to Kigali as of this weekend. But the multinational force of the United Nations is struggling to constitute itself.

- Meanwhile refugees continue to die by the thousands: more than 1,200 a day in the city of Goma alone.

- Goma-Katale, 60 kilometers of tar to the North. Every day tens of thousands of newcomers take this route and end up in makeshift camps. A humanitarian: "The Zairian army is pushing them all back north, bringing them back to Kuvumba and Katale".

- In Kibumba cholera is mowing down, the epidemic has not abated. And at the end of their rope, the local auxiliaries who help humanitarian organizations give in to discouragement at the number of victims.

- The arrival by road of several tons of food also swells the mass of disoriented refugees, struck down by disease but also fear. Xavier Emmanuelli, "Médecins sans frontières, France": "All these huge gatherings of people are riddled with rumors, said 'don't go there because there is disease, because we are going to settle your account'".

- 60 kilometers to the north, death is still expanding its empire. There is only salvation in the return to the country for these Rwandan refugees. You still need to have enough strength to escape this curse.
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Dominique Bromberger :] Edouard Balladur a prévenu aujourd'hui la communauté internationale que les troupes françaises ne resteraient pas au Rwanda au-delà du 22 août. À la veille de sa visite au Zaïre et au Rwanda, le Premier ministre -- qui se trouvait au Gabon -- a jugé que les pays membres des Nations unies devraient pouvoir trouver 2 000 hommes d'ici ce 22 août. Hier soir [29 juillet] Bill Clinton a annoncé que les États-Unis enverraient 200 soldats à Kigali dès cette fin de semaine. Mais la force multinationale de l'ONU a bien du mal à se constituer.

Pendant ce temps les réfugiés continuent à mourir par milliers : plus de 1 200 par jour dans la seule ville de Goma. Isabelle Baillancourt et Gilles Hémart se sont rendus, eux, au camp de Kibumba, au nord de Goma, où la dysenterie s'ajoute désormais au choléra.

[Isabelle Baillancourt :] Goma-Katale, 60 kilomètres de goudron vers le Nord [gros plan sur un jeune enfant qui pleure, forcé à marcher sur la route par un adulte]. Nul besoin de carte, les cadavres de réfugiés rwandais balisent toujours et encore le chemin de l'exode et les camps mouroirs [on voit de nombreux corps alignés sur le fossé de la route]. La procession des survivants les contourne sans un regard. À quoi bon d'ailleurs, il leur faut marcher, toujours marcher vers une promesse d'eau, un camp de fortune. Et la colonne humaine progresse doucement. Enfin, un peu d'eau potable, un sursis. Mais seuls les moins anémiés y sont parvenus.

[Un réfugié : - "Il y a des jours que je suis ici". Isabelle Baillancourt : - "Et vous veniez d'où ?". Le réfugié : - "Je suis tout près de la frontière". Isabelle Baillancourt : - "Vous veniez de Goma ?". Le réfugié : - "Oui".]

Chaque jour donc, plusieurs dizaines de milliers de nouveaux venus empruntent cette route et échouent dans ces camps de fortune, ceux des 1 000 douleurs rassemblées.

[Une humanitaire blanche [il s'agit de Catherine Lefebvre de MSF Hollande] : "L'armée zaïroise les…, les repousse tous vers le Nord, les fait remonter sur Kuvumba et Katale".]

À Kibumba le choléra fauche, l'épidémie n'a pas reculé. Et à bout de forces, les auxiliaires locaux qui aident les organisations humanitaires cèdent au découragement devant le nombre de victimes [gros plans sur des adultes très affaiblis et des enfants en train de pleurer ou d'agoniser].

[Un auxiliaire local : - "Presque 100 personnes". Isabelle Baillancourt : - "Aujourd'hui ?". L'auxiliaire local : - "Oui" [on entend une autre personne acquiescer]. Isabelle Baillancourt : - "C'est beaucoup". L'auxiliaire local : - C'est beaucoup. Mmm". Isabelle Baillancourt : - "Et est-ce que vous avez l'impression… que chaque jour il y en a un peu moins ou y'en a toujours autant ?". L'auxiliaire médical : - "Ça augmente ! Ça augmente chaque jour".]

Bien sûr nul n'ignore rien des besoins. Ils sont encore colossaux. Malgré cela une lueur d'espoir : une vingtaine de perfusions qui sauvent quelques vies. On est loin, très loin du compte [on voit des femmes et des enfants se faire soigner sous une tente].

Et l'arrivée par la route de plusieurs tonnes de vivres gonfle aussi la masse de réfugiés déboussolés, foudroyés par la maladie mais aussi la peur [on voit une colonne de personnes porter sur leur dos des sacs de vivres de la Croix-Rouge].

[Xavier Emmanuelli, "Médecins sans frontières, France" : "Tous ces immenses, euh…, rassemblements de population sont travaillés par les rumeurs, dit [sic] : 'n'allez pas là-bas parce que y'a la maladie, parce qu'on va vous régler votre compte'. Enfin… Et en attendant, ça…, ça fixe les gens".]

60 kilomètres au nord, la mort étend toujours son empire. Il n'est de salut que dans le retour au pays pour ces réfugiés rwandais. Encore faut-il avoir assez de forces pour échapper à cette malédiction [gros plan sur un jeune enfant en train de regarder sa mère puiser de l'eau souillée dans un étang].

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024