Fiche du document numéro 30465

Num
30465
Date
Vendredi 29 juillet 1994
Amj
Hms
13:00:00
Taille
22599
Surtitre
Journal de 13 heures
Titre
Paul Kagame : « Nous souhaitons le retour des réfugiés au Rwanda. Mais il faut qu'on nous y aide. Nous ne pouvons pas faire face seuls à toute cette misère »
Soustitre
À Washington François Léotard a annoncé que Paris entamerait un retrait limité de ses troupes à partir d'aujourd'hui.
Nom cité
Lieu cité
Lieu cité
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Mot-clé
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Résumé
- Several people were killed in Burundi, a country neighboring Rwanda, during inter-ethnic clashes. As in Rwanda, it seems that the Tutsi are the first victims of this tragedy.

- In Washington the French Minister of Defense, François Léotard, announced that Paris would begin a limited withdrawal of its troops from today. But the UN hopes that Operation Turquoise will be extended. The force of the peacekeepers is having great difficulty in organizing itself.

- While waiting for American aid, refugee status has become the most widely shared thing in Rwanda. Of the country's seven million inhabitants before the massacres, at least five have been displaced. Whether or not this gigantic back-and-forth takes the dramatic form of the exodus to Zaire, the new Rwandan power is walking on eggshells. Paul Kagame, former warlord and strongman of the regime, has rather cautious formulas. Paul Kagame, "Vice-President of the new Rwandan Government": "We want the refugees to return to Rwanda. But we must be helped. We cannot face all this misery alone".

- Kigali the capital is mutilated. And the survivors of the massacres are not interested in the eventual return of the refugees. As if, to digest the horror of the last few months, it was better not to be too many.

- Life is made of nothing in Kigali: quiet looting and songs of the victorious soldiers. In the markets, with a few stocks of products pilfered or bought from the representatives of the United Nations, it is the resumption of trade and perhaps the school of a new dignity. All Rwandans will have to learn to be free again. And it's probably not just a question of humanitarian aid.

- The Red Cross is launching an "Emergency envelope for Rwanda" operation. From today, in stations, at highway tolls envelopes will be distributed to slip in a bank or postal check.
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Dominique Bromberger :] [Inaudible] personnes ont trouvé la mort au Burundi, pays voisin du Rwanda, au cours d'affrontements interethniques. Comme au Rwanda, il semble que les Tutsi soient les premières victimes de ce drame.

À Washington le ministre français de la Défense, François Léotard, a annoncé que Paris entamerait un retrait limité de ses troupes à partir d'aujourd'hui. Mais l'ONU espère que l'opération Turquoise se pourra…, sera prolongée. La force des Casques bleus a beaucoup de mal à s'organiser.

Nos envoyés spéciaux Gauthier Rybinski et Manuel Joachim sont en mesure de nous présenter maintenant des images de Kigali -- la capitale du Rwanda -- où le nouveau gouvernement est en place depuis plusieurs jours.

[Gauthier Rybinski :] En attendant l'aide américaine, le statut de réfugié est devenu au Rwanda la chose la mieux partagée. Sur sept millions d'habitants que comptait le pays avant les massacres, au moins cinq ont été déplacés. Que ce gigantesque va-et-vient prenne ou non la forme dramatique de l'exode vers le Zaïre, le nouveau pouvoir rwandais marche, pour ainsi dire, sur des œufs [on voit des militaires rwandais déambuler parmi les réfugiés dans un stade]. Paul Kagame, ancien chef de guerre et homme fort du régime, a des formules plutôt prudentes [on le voit en treillis militaire assis devant des micros de journalistes].

[Paul Kagame, "Vice-Président du nouveau Gouvernement Rwandais" [il s'exprime en anglais mais ses propos sont traduits] : "Bien sûr, dit-il. Nous souhaitons le retour des réfugiés au Rwanda. Mais il faut qu'on nous y aide. Nous ne pouvons pas faire face seuls à toute cette misère".]

Kigali, la capitale, est mutilée [on voit une rue vide de Kigali puis un homme balayer son magasin situé en face de la "Papeterie du Rwanda"]. Et les rescapés des massacres ne s'intéressent pas au retour éventuel des réfugiés [on voit un homme en train de jeter des cartons dans un feu]. Comme si, pour digérer l'horreur de ces derniers mois, il valait mieux ne pas être trop nombreux.

[Un rescapé, dans sa pharmacie : "Avant on était dans les trous. Maintenant on sait respirer à l'extérieur. C'est déjà beaucoup. Le reste…, on verra. C'est pas la fin du monde, hein. Y'a des enfants qui…, qui naissent, des vieux qui périssent. C'est un circuit…, c'est la montre".]

La vie est faite de rien à Kigali : de pillages tranquilles et de chants des soldats vainqueurs [un camion chargé de militaires du FPR passe devant la caméra]. Sur les marchés, avec quelques stocks de produits chapardés ou achetés aux représentants de l'ONU, c'est la reprise du commerce et peut-être l'école d'une nouvelle dignité.

[Un rescapé : "Là où j'habitais, on me cherchait pour me…, m'égorger. Mais maintenant je suis…, je crois que je suis libre. Parce que j'habite encore avec des Tutsi et des Hutu. C'est pour ça que nous sommes libres…, ouais".]

Il faudra donc que tous les Rwandais réapprennent à être libres. Et ce n'est sans doute pas uniquement une question d'aide humanitaire.

[Dominique Bromberger :] La Croix-Rouge lance une opération "Enveloppe d'urgence pour le Rwanda". À partir d'aujourd'hui, dans les gares, aux péages des autoroutes on vous distribuera des enveloppes -- libres d'affranchissement -- pour y glisser un chèque… bancaire ou postal. Ces enveloppes sont également à votre disposition dans les principaux bureaux de Poste.

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024