Fiche du document numéro 30315

Num
30315
Date
Lundi 11 avril 1994
Amj
Taille
4938631
Titre
Fiche particulière n° 18502/N - Rwanda : Précisions sur la mort des Présidents rwandais et burundais
Nom cité
Cote
18502/N ; 20210031/10
Source
Fonds d'archives
Type
Note
Langue
FR
Citation
CONFIDENTIEL DÉFENSE
Le 11 avril 1994
Déclassifié par décision 18502/N
du ministre de la Défense .

N° 009566 du OS OCT2015

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Phounatre de LA Ditiornzse

FICHE PARTICULIERE
RWANDA

PRECISIONS SUR LA MORT DES PRESIDENTS RWANDAIS ET BURUNDAIS

Sans anticiper sur les conclusions de l'enquête chargée de déterminer les
responsabilités de l'attentat qui a coûté la vie aux présidents Habyarimana et Ntaryamira, il est
possible d'avancer les éléments suivants.

I - HYPOTHESES

Le Falcon 50 revenant de Dar-es-Salam a été touché par deux roguettes. (1), tirées
d'une distance d'environ 300 mètres et provenant de la bordure du camp militaire de Kanombe. Il
n'y a eu aucun survivant (Cf. Annexe 1).

L'hypothèse selon laquelle ces roquettes pourraient avoir été tirées par des éléments
armés du Front Patriotique Rwandais (FPR) n'est pas satisfaisante. Pour pouvoir approcher de
l'aéroport, il est nécessaire de franchir plusieurs barrages militaires et la zone est strictement
interdite aux civils. Par ailleurs, des patrouilles de gendarmes et de soldats de la Mission
d'Assistance des Nations Unies au Rwanda (MINUAR) quadrillent le terrain. Les roquettes
semblent donc avoir été tirées par des personnels bien entraînés et se trouvant déjà dans le
périmètre de sécurité de l'aéroport.

Il faut aussi exclure de cet attentat les éléments les plus radicaux du réseau Zero (2).
D'une part, l'un de ses principaux chefs, le colonel Sagatwa, se trouvait dans l'avion et, d'autre
part, le président Habyarimana semblait s'être finalement rangé à l'avis de ses membres, à savoir
reprendre le combat contre le FPR.

Il est ainsi possible que l'attentat soit le fait d'une faction de l'armée, proche du parti
du Mouvement Démocratique Républicain (MDR) et majoritairement originaire du sud du pays. Le
sud du Rwanda, très opposé au président Habyarimana, natif du nord, s'est toujours refusé à
reprendre le combat contre le FPR. Or, il semble bien que c'est à cette solution que se trouvait
réduit le président, après avoir épuisé toutes les voies possibles pour retarder l'application des
accords d'Arusha.

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Déclassifié par décision

CONFIDENTIEL DÉFENSE du ministre de La Défense |
N° 009560 du 0 9 OCT 2015 |

(1) L'hypothèse, non vérifiée, d'un ou plusieurs missiles sol-air, est également avancée .
(2) Connu également sous l'appellation de "premier cercle" ou encore de clan des Akazu". Le
groupe comptait une vingtaine de membres prêts à tout pour conserver le pouvoir. Outre le colonel
Sagatwa, mort dans l'attentat, y figurent l'épouse du président Habyarimana, ainsi que son beau-
frère, M. Zigiranyrazo.

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IT - REACTIONS DE LA GARDE PRESIDENTIELLE

Dès l'annonce de l'attentat, mercredi 6 avril 1994, vers 21 heures, “Radio mille
collines", organe de radio-diffusion de tendance extrémiste hutu, proche de la Coalition pour la
Défense de la République (CDR) (1), a lancé des appels au meurtre.

La nuit du 6 au 7 avril 1994 à été relativement calme, mais, dès l‘aube du
jeudi 7 avril, la Garde Présidentielle (GP) est passée à l'action. Dans un premier temps, elle s'est
emparée de l'aéroport en se battant contre d'autres éléments de l'armée, probablement en rapport
avec l'attentat. Les forces de la MINUAR ont été désarmées ou se sont enfuies, perdant deux soldats
ghanéens. Des combats se sont ensuite poursuivis dans les casernes entre la GP et les auteurs ou
complices présumés de l'attentat.



Dans une deuxième phase, la GP a entrepris une série d'enlèvements et d'assassinats
programmés (Cf. Annexe I), dans le but de permettre aux radicaux, originaires du nord, de
conserver leur position dominante. L'épuration systématique, entreprise par la GP, poursuivait un
but de vengeance contre les tenants de la démocratie qui avaient soumis à rude épreuve la
domination, autrefois sans partage, de la Présidence. Elle consistait également à empêcher toute
succession constitutionnelle susceptible de maintenir au Pouvoir le gouvernement de transition de
Mme Uwilingiyimana. |

Par ailleurs, guidés par des activistes de la CDR, munis de listes préétablies, les militaires de la GP ont entrepris de massacrer tous les Tutsi, ainsi que les Hutu originaires du sud ou soutenant les partis d'opposition. Le plus souvent, ces liquidations n'épargnent ni les femmes, ni les enfants.



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Déclassifié par décision
du ministre de La Défense

N° 009560 du 08 OCT 2015



(1) La CDR est une organisation extrémiste hutu, dirigée par MM. Jean Barahinyura et Ferdinand
Nahimana. Déjà, en octobre 1993, "Radio mille collines" avait appelé au massacre des populations
tutsi pour venger la mort du président Ndadaye.




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N°7 091153 du 12H14 2021

ANNEXE I



LISTE DES VICTIMES SE TROUVANT DANS L'AVION

Outre les trois membres d'équipage français, les victimes sont :
- le président rwandais Juvénal Habyarimana,

- le chef d'état-major des Forces Armées Rwandaises (FAR), le colonel Déo
Nsabimana, :

- le colonel Sagatwa, beau-frère du président Habyarimana et l'un des principaux
chefs des escadrons de la mort du réseau Zero,

- le major Thaddée Bagaragaza, responsable de la Maison militaire du président,



- le Dr Emmanuel Hakingeneye, médecin personnel du président,

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009560 du 09 OCT 2015 |







- le ministre burundais du Plan, Bernard Ciza, un Hutu radical du Front pour la

Démocratie au Burundi (FRODEBU),

- le ministre burundais de la Communication, Cyriaque Simbizi, un Tulsi modéré.

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ANNEXE II

PRINCIPALES VICTIMES DES ASSASSINATS PERPETRES PAR LA GP

_ le Premier ministre, Mme Agathe Uwilingiyimana,

- le ministre de 1‘Agriculture, M. Nzamurambaho, nouveau président du
Parti Social Démocrate (PSD),

- M. Landoald Ndasingwa son épouse canadienne et leurs deux
enfants ont également été abattus.

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CONFIDENTIEL DÉFENSE Piclassitié par décision

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N° 009560 du 09 OCT2015





l'activiste des Droits de l'homme, Monique Mujawamaliva. Elle avait joué un rôle
essentiel dans la recherche et l'établissement du rapport du mois de décembre 1992
sur les violations des droits de l'homme qui dénonçait les exactions du réseau Zero,

- le Président de la Cour suprême, M. Kavaruganda,

- quinze ecclésiastiques du centre Christus et leur cuisinier, visés en raison de leur
soutien notoire aux droits de l'homme,

- M. Shamukiga, commerçant, consul du Luxembourg, connu pour ses opinions démocratiques et pour l'aide financière qu'il apportail aux ligues rwandaises des droits de l'homme.

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