Fiche du document numéro 30250

Num
30250
Date
Vendredi 29 avril 1994
Amj
Hms
20:00:00
Taille
8924339
Surtitre
Journal de 20 heures [2:32]
Titre
Au Rwanda des témoignages de plus en plus effrayants font état d'un exode massif des civils qui fuient la guerre civile. Une guerre ethnique entre les Hutu et les Tutsi mais aussi une guerre politique
Soustitre
D'après un délégué du CICR encore sur place, un nouveau massacre a eu lieu aujourd'hui à Gitarama.
Nom cité
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Résumé
- In Rwanda, increasingly frightening testimonies point to a massive exodus of civilians fleeing the civil war to seek refuge in neighboring Burundi. An ethnic war between the Hutu and the Tutsi but also a political war.

- In Rwanda there is an exodus. An exodus of such magnitude that it has been described as a major humanitarian disaster by the Red Cross. Half a million people fled the country, crossed the rivers. Not all of them were able to cross into Burundi so they flowed back to Tanzania where the UNHCR reports queues eight kilometers long.

- In the camps there are always the same wounded, the bandaged neck hiding the machete blow which missed its target. In Rwanda the massacres continue. According to one of the rare European witnesses still on the spot, an ICRC delegate whom we have just contacted in Kigali, a new massacre took place today in Gitarama, to the south of the capital, where the provisional government folded. Philippe Gaillard: "I don't think there is a single prefecture in Rwanda that has escaped the killings. There is a manhunt, for ethnic reasons, for political reasons".

- For political reasons, refugees are beginning to dare to talk about it like this man, one of the rare opponents of the regime in place to have been able to save his skin. Alphonse-Marie Nkubito: "It's not even an ethnic massacre. It's a political operation. It's a political game that was played between those who didn't want democratic change, that is to say the presidential movement, and the opposition. In fact the presidential movement wanted to put an end to all these attempts at democracy and they succeeded. If they caught me, even today, they would kill me even though I am a Hutu!".

- Hutu, like this woman: the former Prime Minister massacred in the early hours by extremists of his own ethnic group. Extremists who did not want to share power with the Tutsi. The Hutu democrats therefore joined the persecuted Tutsi in death and in the exodus.
Source
Fonds d'archives
INA
Commentaire
The 20 o'clock news of France 2 of April 29, 1994 is visible in its entirety here: https://www.youtube.com/watch?v=GlA-0gxrjrU
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[Étienne Leenhardt :] Au Rwanda des témoignages de plus en plus effrayants font état d'un exode massif des civils qui fuient la guerre civile pour se réfugier au Burundi voisin. Une guerre ethnique -- on le sait -- entre les Hutu et les Tutsi mais aussi une guerre politique. Patricia Coste.

[Patricia Coste :] Au Rwanda c'est l'exode. Un exode d'une ampleur telle qu'il a été qualifié de catastrophe humanitaire majeure par la Croix-Rouge. Un demi-million de personnes fuient le pays, franchissent les fleuves [diffusion d'images montrant des gens en train de fuir à pied ou sur des pirogues]. Tous n'ont pas pu passer au Burundi alors ils refluent vers la Tanzanie où le HCR signale des files de huit kilomètres de long [diffusion d'une carte du Rwanda montrant des flèches rouges partir du pays en direction de la Tanzanie, du Burundi et du Zaïre].

Dans les camps se retrouvent toujours les mêmes blessés, la nuque bandée cachant le coup de machette qui a manqué sa cible [gros plan sur un homme blessé au cou et qui erre dans un camp de réfugiés]. Au Rwanda les massacres continuent [diffusion d'images d'une centaine de personnes massacrées en rase campagne ; une incrustation "24/04/1994, images Reuter" s'affiche à l'écran]. D'après un des rares témoins européens encore sur place, un délégué du CICR que nous venons de joindre à Kigali, un nouveau massacre a eu lieu aujourd'hui à Kitarama [Gitarama], au sud de la capitale, là où le gouvernement provisoire s'est replié [diffusion d'une carte situant la ville en cause au sud-est de Kigali].

["Kigali, par téléphone, Philippe Gaillard, Délégué du CICR" : "Euh, je crois qu'il n'y a pas une seule, euh, préfecture du Rwanda qui ait échappé, euh, aux tueries [gros plan sur une famille massacrée dans sa maison en terre]. On fait, euh…, la chasse à l'homme, pour des raisons ethniques, pour des raisons politiques" [on voit des soldats du FPR tentant de secourir un enfant gisant au milieu d'un charnier].]

Pour des raisons politiques, des réfugiés commencent à oser en parler comme cet homme, l'un des rares opposants au régime en place à avoir pu sauver sa peau.

["Alphonse [Alphonse-Marie] Nkubito, Défense des Droits de l'Homme, Procureur Général à Kigali" : - "Ce…, ce n'est même…, ce n'est pas un massacre ethnique, c'est un…, c'est une opération politique. C'est un jeu politique qui a été joué entre ceux qui ne voulaient pas le changement -- le changement démocratique --, c'est-à-dire la mouvance présidentielle, et l'opposition [on entend la journaliste qui l'interroge acquiescer à ses propos]. En fait l'opp…, la mouvance présidentielle voulait liquider, mettre fin aux T…, au…, à…, à toutes ces velléités de démocratique [sic] et… ils y sont parvenus. [Coupe] Je dois vous dire que si on m'attrapait, même aujourd'hui, on me tuerait". La journaliste qui l'interroge : - "Mmm. Alors que vous êtes…, alors que vous êtes hutu". Alphonse-Marie Nkubito : - "Je dois vous dire à… Je suis hutu !".]

Hutu, comme cette femme [diffusion d'une image d'archives d'Agathe Uwilingiyimana] : l'ancien Premier ministre massacrée dès les premières heures par les extrémistes de sa propre ethnie. Extrémistes qui ne voulaient pas partager le pouvoir avec les Tutsi. Les démocrates hutu ont donc rejoint dans la mort et dans l'exode les Tutsi persécutés [gros plan sur une famille en train de fuir sur une pirogue].

[Étienne Leenhardt :] Oui et demain à 13 h 15, euh, l'émission "Géopolis" présentée par Claude Sérillon sera entièrement consacrée à la situation, euh, donc au Rwanda et au Burundi, le pays voisin.

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