Fiche du document numéro 30024

Num
30024
Date
Mardi 12 avril 1994
Amj
Hms
19:00:00
Auteur
Taille
24783
Surtitre
Journal de 19 heures
Titre
Filip Reyntjens : « Il n'est pas exclu que le Front patriotique rwandais prenne le pouvoir à Kigali. Ce qui provoquerait une guerre civile généralisée dont les Tutsi seraient les principales victimes »
Soustitre
94 orphelins ont été évacués en urgence de Kigali pour échapper à la tuerie.
Nom cité
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Lieu cité
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Résumé
- Rwanda practically left to itself: the fighting continues after the evacuation of the last foreigners. In four days, French soldiers took care of 1,600 people!

- The evacuation of Westerners from Kigali is almost complete. The French soldiers are now withdrawn to the airport where they remain until further notice. Also evacuate the humanitarian associations. Closed, the embassies of France, Belgium and Germany. Gone, the legal government which fled under good escort about forty kilometers from the capital.

- The Rwandan drama will enter its second act: the capture of Kigali by the forces of the Rwandan Patriotic Front, the rebels with a Tutsi majority. According to the UN, their reinforcement troops have already entered the city. They were able to link up with one of their battalions which was already there. Objective: defeat the Hutu-dominated regular army and depose the government. If it is achieved, Rwanda is likely to be drawn into a Somali-type scenario. Filip Reyntjens, "specialist in Rwanda, University of Antwerp": "It is not excluded that the Rwandan Patriotic Front takes power in Kigali. This would cause a generalized civil war of which the Tutsi would be the main victims. And in this In this case, it is not only Rwanda that would see a Somali scenario emerging, but it would probably be the whole sub-region, certainly in Burundi, and perhaps even eastern Zaire".

- For the time being, the UN seems completely incapable of preventing such a scenario. Discredited with both parties, his calls for a truce are totally ignored. Tonight the people of Kigali can expect neither recourse nor help from the international community.

- Children were able to escape these fights: orphans who had been gathered in Kigali. Some were to be adopted by French families and given the events, their return was hasty.

- This Polish nun is reassured: the 94 children of her orphanage located at the gates of the Rwandan capital are safe and sound, accommodated since last night in this reception center of France Terre d'Asile in the Paris suburbs. All evacuated urgently to escape the slaughter. This nurse recounts the passage of the looters to the orphanage. "Jeanne, orphanage nurse from Masaka": "An extremist group wanted to enter to look for some people and kill them".

- Three Rwandan staff members were killed on the spot. But none of the orphans who belong to the two ethnic groups, Hutu and Tutsi, were mistreated. Sister Edith, who has already had a hundred children adopted by French families over the past few years, remains optimistic despite everything.

- The majority should therefore return once calm has returned. But 15 children are being adopted. His future family, who had already taken the steps several months ago, saw him here for the first time. The war precipitated their meeting but it is not sure that they will be able to adopt it immediately.
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Marc Autheman :] Le Rwanda pratiquement livré à lui-même : les combats continuent après l'évacuation des derniers étrangers. En quatre jours, les soldats français ont pris en charge 1 600 personnes ! Jean-Paul Gérouard.

[Jean-Paul Gérouard :] L'évacuation des Occidentaux de Kigali est quasiment achevée [une incrustation "Kigali, hier [11 avril]" s'affiche à l'écran]. Les soldats français sont désormais repliés sur l'aéroport où ils demeurent jusqu'à nouvel ordre. Évacuent aussi les associations humanitaires. Fermées, les ambassades de France, de Belgique et d'Allemagne [on voit des soldats français en train d'évacuer des Blancs]. Parti, le gouvernement légal qui s'est enfui sous bonne escorte à une quarantaine de kilomètres de la capitale [on voit une famille massacrée dans une rue de Kigali].

Le drame rwandais va entrer dans son deuxième acte [une incrustation "Mulindi, le 10 avril 1994" s'affiche à l'écran] : la prise de Kigali par les forces du Front patriotique rwandais, les rebelles à majorité tutsi [diffusion d'images d'archives montrant des soldats du FPR].

Selon l'ONU, leurs troupes de renfort sont déjà entrées dans le ville. Elles ont pu opérer leur jonction avec un de leurs bataillons qui se trouvait déjà sur place. Objectif : vaincre l'armée régulière dominée par les Hutu et déposer le gouvernement. S'il est atteint, le Rwanda risque fort d'être entraîné dans un scénario de type somalien [diffusion d'images d'archives montrant des soldats du FPR en train notamment de tirer à l'arme lourde].

["Philip [Filip] Reyntjens, spécialiste du Rwanda, université d'Anvers" : "Il n'est pas exclu que le Front patriotique rwandais, euh, prenne le pouvoir à Kigali. Ce…, ce qui provoquerait, me paraît-il, une…, une guerre civile généralisée dont les…, dont les Tutsi seraient les…, les…, les…, les principales victimes [une incrustation "entretien, rédaction européenne, C. Loiseau" s'affiche à l'écran]. Et dans ces cas-là, ce n'est pas que le Rwanda, euh…, qui, euh, ce…, qui… verrait se profiler un…, un scénario somalien. Mais [inaudible] bien que ce serait probablement toute la sous-région, certainement au Burundi, voire peut-être même l'Est du Zaïre".]

Pour l'heure, l'ONU semble totalement incapable d'empêcher un tel scénario [gros plans sur des véhicules de l'ONU dont l'un est immatriculé "UNAMIR 1253"]. Décrédibilisée auprès des deux parties, ses appels à la trêve sont totalement ignorés. Ce soir les habitants de Kigali ne peuvent espérer ni recours ni secours de la communauté internationale.

[Marc Autheman :] Des enfants ont pu échapper à ces combats : des orphelins qui avaient été regroupés à Kigali. Certains devaient être adoptés par des familles françaises et compte tenu de leur…, des évènements, leur retour a été précipité. Première journée dans un centre de France Terre d'Asile. Reportage Alain Chabod et Joseph Tual.

[Alain Chabot :] Cette religieuse polonaise est rassurée [on voit la Sœur Edith Budynek en train de donner à manger à un orphelin tout en discutant avec un homme noir] : les 94 enfants de son orphelinat situé aux portes de la capitale rwandaise sont sains et saufs [une incrustation "Créteil, centre 'France Terre d'Asile', ce matin" s'affiche à l'écran], hébergés depuis la nuit dernière dans ce centre d'accueil en banlieue parisienne [on voit les orphelins en train de manger avec l'aide du personnel de l'orphelinat et des familles adoptives]. Tous évacués en urgence pour échapper à la tuerie. Cette infirmière raconte le passage des pillards à l'orphelinat.

["Jeanne, infirmière orphelinat de Masaka" : "Alors c'était très difficile parce que il y a un…, un groupe déjà extrémiste qui sont venus [sic], euh…, qui voulaient entrer pour tuer, pour chercher les certains gens [sic] et pour tuer aussi. Euh…, et on entendait parler aussi qu'ils voulaient voler, quoi".]

Trois Rwandaises membre du personnel ont été abattues sur place. Mais aucun des orphelins qui appartiennent aux deux ethnies, hutu et tutsi, n'ont été malmenés. Sœur Edith, qui a déjà fait adopter les années passées une centaine d'enfants par des familles françaises, reste malgré tout optimiste [on la voit en train d'embrasser une famille adoptive].

["Sœur Edith, dir. orphelinat de Masaka" : "Alors parmi les enfants sont aussi les enfants [sic] qui sont adoptables, qui sont déjà…, viennent de commencer les démarches. Mais…, ils sont ici parmi nous. Mais en général, les enfants, je pense qu'ils vont rentrer…, dans son pays [sic]".]

La majorité devrait donc rentrer une fois le calme revenu. Mais 15 enfants sont en cours d'adoption comme Muvumba, cinq ans [on le voit dans les bras de son père adoptif]. Sa future famille qui avait déjà entrepris les démarches voici plusieurs mois le voit ici pour la première fois. La guerre a précipité leur rencontre mais il n'est pas sûr qu'ils puissent l'adopter tout de suite [gros plans sur l'enfant et sa famille adoptive].

["Robert Coudray, famille adoptive" : "Tous nos papiers sont faits. Tout est…, est réglé en France. Il suffit d'avoir le…, le papier de…, de…, du gouvernement du Rwanda".]

Le calme après la tourmente. Ce centre d'accueil s'appelle "France Terre d'Asile" [gros plans sur un bébé et deux jeunes enfants en train de se reposer sur un lit].

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024