Fiche du document numéro 29983

Num
29983
Date
Vendredi 8 avril 1994
Amj
Hms
23:00:00
Taille
22510
Surtitre
Journal de 23 heures
Titre
Ce soir au Rwanda, on apprend qu'un sous-officier français et sa femme auraient été assassinés à leur domicile
Soustitre
En France, le Parquet de Paris confirmait aujourd'hui la thèse du suicide de François de Grossouvre.
Nom cité
Lieu cité
Mot-clé
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Résumé
- Belgium and France plan to evacuate their nationals this evening, most of whom are in Kigali, the capital.

- At 41, Agathe Uwilingiyimana was the first female head of an African government. She was the first victim of the unleashing of violence that has been raging since yesterday [April 7] in Kigali.

- It was while wanting to protect his escape that 10 Belgian blue helmets in charge of his protection were killed, probably by the men of the presidential guard thirsty for revenge after the death the day before yesterday [April 6] of the Rwandan President.

- This evening we learn that a French non-commissioned officer and his wife were murdered in their home. And we are already talking about several thousand victims. Éric Bertin-Maghit, Doctors Without Borders: "What we know is that a large part of the people we know had neighbors killed. There were a lot of people, following the looting, who were killed. The ICRC started going out this afternoon in the streets and they really saw many, many dead bodies".

- In this former Belgian colony, the Tutsi, a minority, claim power in the hands of the Hutu. But never in four years has the fighting been so violent in the Rwandan capital. Jean-Pierre Chrétien: "For a few years now, there has been rather an opposition between democrats, let's say, Hutu and Tutsi, who are trying to overcome this ethnic antagonism and open the country towards more freedom. And on the other hand, the movement of former President Habyarimana, who has just died, who systematically mobilized ethnic passions. People never massacred themselves spontaneously".

- While the United Nations Security Council demands an end to acts of violence in Rwanda, Belgium and France say they are ready to send troops to evacuate trapped foreigners from Kigali. The United States asks its nationals to leave the country and also prepares an evacuation plan.

- In France, the Paris Public Prosecutor's Office today confirmed the thesis of the suicide of François de Grossouvre, the close friend of the President of the Republic who killed himself last night [April 7] at the Élysée.

- Last night [April 7], François de Grossouvre committed suicide at the Élysée. He left no explanation. Those close to him said he was tired and irritated at having been removed from the circle of the President of the Republic's intimate circle. A friend of François Mitterrand from the 1960s, in 1981 he became his adviser at the Élysée. He was a man of the shadows, the man of sensitive files.

- In recent years, his place alongside the Head of State has become less important. In 1993, François de Grossouvre was heard twice in the context of the Pelat affair. He committed suicide at the age of 76.
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Richard Tripault :] La Belgique et la France envisagent ce soir d'évacuer leurs ressortissants qui se trouvent pour la plupart à Kigali, la capitale. Francine Raymond.

[Francine Raymond :] À 41 ans, Agathe Uwilingiyimana était la première femme cheffe d'un gouvernement africain [un bandeau "aujourd'hui, massacres" s'affiche à l'écran ; diffusion d'une image d'archives montrant Agathe Uwilingiyimana en train de donner une interview]. Elle a été la première victime du déchaînement de violence qui sévit depuis hier [7 avril] à Kigali.

C'est en voulant protéger sa fuite que 10 Casques bleus belges chargés de sa protection ont été abattus, vraisemblablement par les hommes de la garde présidentielle assoiffée de vengeance après la mort avant-hier [6 avril] du Président rwandais [diffusion d'images d'archives montrant des Casques bleus en train de patrouiller dans la ville de Kigali].

Ce soir on apprend qu'un sous-officier français et sa femme auraient été assassinés à leur domicile. Et l'on parle déjà de plusieurs milliers de victimes [diffusion d'images d'archives montrant des soldats des FAR à l'entraînement].

["Par téléphone, Eric Bertin-Machit [Bertin-Maghit], médecins sans frontières" : "Ce qu'on sait, donc, euh, c'est que une grande partie des gens qu'on connaît -- qu'on peut joindre par téléphone, par radio -- ont eu des voisins, euh…, tués. Y a eu énormément de…, de personnes, euh…, suite aux pillages, qui ont été tuées. Le CICR a commencé à sortir, euh, cet après-midi dans les rues et ils ont vraiment vu beaucoup, beaucoup de cadavres, euh…" [diffusion d'images d'archives de la ville de Kigali].]

Dans cette ancienne colonie belge, les Tutsi, minoritaires, revendiquent le pouvoir aux mains des Hutu. Mais jamais depuis quatre ans les combats n'ont été aussi violents dans la capitale rwandaise [diffusion d'images d'archives montrant des soldats du FPR].

[Jean-Pierre Chrétien, "chercheur CNRS" :] "Depuis quelques années, il y aurait plutôt une opposition entre des démocrates, disons, au Rwanda, hutu et tutsi, euh, qui essaient de dépasser cet antagonisme ethnique et d'ouvrir le pays vers plus de liberté. Et d'autre part, euh, euh…, des…, euh, la mouvance de l'ancien Président Habyarimana, qui vient de mourir, qui a mobilisé systématiquement les passions ethniques. Jamais les gens ne se sont… massacrés spontanément".]

Alors que le Conseil de sécurité des Nations unies exige la cessation des actes de violence au Rwanda, la Belgique et la France se disent prêtent à envoyer des troupes pour évacuer les étrangers pris au piège de Kigali. Les États-Unis demandent à leurs ressortissants de quitter le pays et préparent eux aussi un plan d'évacuation [diffusion d'images d'archives montrant des soldats du FPR].

[Richard Tripault :] En France, le Parquet de Paris confirmait aujourd'hui la thèse du suicide de François de Grossouvre, l'ami intime du président de la République qui s'est donné la mort hier soir [7 avril] à l'Élysée. Grégoire Deniau.

[Grégoire Deniau :] Hier soir [7 avril], François de Grossouvre s'est suicidé à l'Élysée [un bandeau "aujourd'hui, suicide" s'affiche à l'écran]. Il n'a laissé aucune explication. Ses proches le disaient fatigué et irrité d'avoir été écarté du cercle des intimes du président de la République. Ami de François Mitterrand dès les années 60, il était devenu en 81 son conseiller à l'Élysée. C'était un homme de l'ombre, l'homme des dossiers sensibles [diffusion d'images d'archives montrant notamment François de Grossouvre aux côtés de François Mitterrand].

[Hervé Brusini, "journaliste" : "Son nom a été retrouvé sur plusieurs dossiers : libanais, Irlandais de Vincennes, et tant d'autres, financiers aussi, qui ne sont pas toujours la partie la plus belle de l'action d'État".]

Depuis quelques années, sa place aux côtés du chef de l'État devenait moins importante. En 93, François de Grossouvre avait été entendu à deux reprises dans le cadre de l'affaire Pelat [gros plan sur un dossier "COB, Affaire Pechiney" posé sur une table]. Il s'est donné la mort à l'âge de 76 ans.

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