Fiche du document numéro 29826

Num
29826
Date
Mercredi 29 juin 1994
Amj
Hms
20:00:00
Auteur
Taille
21228
Surtitre
Journal de 20 heures
Titre
François Léotard était aujourd'hui au milieu des soldats français qui remplissent la mission qui leur a été confiée, humanitaire, mais qui restent vigilants
Soustitre
Les soldats français ont pour ordre de ne pas rechercher le contact face au FPR qui progresse.
Lieu cité
Mot-clé
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Résumé
- François Léotard was able to observe on the spot the effectiveness of the Turquoise operation. The Minister of Defense was today in the midst of French soldiers who fulfill the mission entrusted to them, humanitarian, but who remain vigilant.

- First stage of François Léotard's tour in Rwandan territory, the Nyarushishi camp. The one and only camp placed under the protection of around fifty French soldiers, the only tangible demonstration of the humanitarian aspect of Operation Turquoise.

8,000 refugees were rounded up here by the Rwandan gendarmes and cared for by the Red Cross. But the presence of French soldiers secured the Tutsi who are here and put an end to the settling of scores by the militia.

- François Léotard: "You see all these thousands of people who are around us. It is they who are protected today by French forces. And if we weren't there, they would probably be very threatened. It is already a result. Each time we turn to France, it touches us, of course. But we are not alone. Why would we be the only ones to permanently have to intervene everywhere in the world? We do it with the maximum of heart, generosity and efficiency when we can. But our vocation is to leave! It has to be clear. Our vocation is to make room for humanitarian organizations. And if possible to Africans, because it is an African crisis that must be managed as much as possible by Africans".

- In the meantime, France is almost alone with 300 soldiers deployed in Rwanda for the moment. And even if in the long term there will be 1,000 on this side of the border, it is little in the face of the hundreds of thousands of refugees, in the face of the abuses which continue and in the face of the RPF which is progressing. Infiltrations up to three kilometers from the first French positions, but the orders are clear: the soldiers must not seek contact.

- The Turquoise mission is only in its infancy and we are already wondering about its limits. Certainly the French only want to stay two months. But will this delay be enough for the UN forces to deploy? Certainly they do not want to intervene in this conflict. But the local populations and the politicians who welcomed them as saviors understand this neutrality less and less. In short, things have only just begun and, by François Léotard's own admission, the difficulties are yet to come.
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Paul Amar :] François Léotard a pu constater sur place l'efficacité de l'opération Turquoise. Le ministre de la Défense était aujourd'hui au milieu des soldats français qui remplissent la mission qui leur a été confiée, humanitaire, mais qui restent vigilants. Reportage de nos envoyés spéciaux Benoît Duquesne et Joseph Tual.

[Benoît Duquesne :] Première étape de la tournée de François Léotard en territoire rwandais, le camp de Nyarushishi [on voit l'hélicoptère Puma transportant François Léotard en train d'atterrir]. Le seul et unique camp placé sous la protection d'une cinquantaine de soldats français, la seule démonstration tangible de l'aspect humanitaire de l'opération Turquoise [on voit la délégation de François Léotard se faire accompagner dans le camp de Nyarushishi par le colonel Didier Tauzin].

8 000 réfugiés ont été rassemblés ici par les gendarmes rwandais et pris en charge par la Croix-Rouge [gros plans sur les réfugiés du camp de Nyarushishi]. Mais la présence de soldats français a sécurisé les Tutsi qui se trouvent ici et mis fin aux règlements de compte de la milice [on voit François Léotard en train de discuter avec l'évêque de Cyangugu, Monseigneur Thaddée Ntihinyurwa, devant une foule d'enfants ; on entend le ministre dire à l'évêque : "C'est ceux qui sont orphelins, ça ?"].

[François Léotard, "Ministre de la Défense" : "Euh, vous voyez tous ces milliers de gens qui sont autour de nous. C'est eux qui sont protégés, aujourd'hui, par des forces françaises. Et si nous n'étions pas là probablement seraient-ils très menacés. C'est déjà, c'est…, un résultat. Et en plus nous ne sommes pas tout seuls. Et à chaque fois on se tourne vers la France, ça nous touche, bien entendu. Mais nous ne sommes pas tout seuls. Pourquoi, euh, serions-nous les seuls à devoir en permanence intervenir partout dans le monde ? Nous l'avons fait. Nous le faisons avec le maximum de cœur, de générosité et d'efficacité quand nous le pouvons. Mais nous ne sommes pas seuls. Notre vocation c'est de partir ! Il faut bien que ça soit clair. Notre vocation c'est de laisser la place à des organisations humanitaires. Et si possible à des Africains, parce que c'est une crise africaine qui doit être au maximum gérée par les Africains".]

En attendant la France est seule ou presque avec pour l'instant 300 militaires déployés au Rwanda [on voit le colonel Tauzin en train de donner des explications au ministre sur une carte]. Et même si à terme ils seront 1 000 de ce côté-ci de la frontière, c'est peu face aux centaines de milliers de réfugiés [on voit Marin Gillier à Gishyita en train de montrer au ministre les hauteurs de Bisesero], face aux exactions qui continuent [on voit un commando de marine en train d'observer à travers le viseur d'un lance-missiles Milan] et face au FPR qui progresse [on voit François Léotard et Marin Gillier en train de discuter assis sur les marches d'un bâtiment]. Des infiltrations jusqu'à trois kilomètres des premières positions françaises, mais les ordres sont clairs : les soldats ne doivent pas rechercher le contact.

[Benoît Duquesne, dans la nuit de Bukavu, face caméra : "La mission Turquoise n'en est qu'à ses débuts et l'on s'interroge déjà sur ses limites. Certes les Français ne veulent rester que deux mois. Mais ce délai suffira-t-il aux forces de l'ONU pour se déployer ? Certes ils ne veulent pas intervenir dans ce conflit. Mais les populations locales et les politiques qui les ont accueillis comme des sauveurs comprennent de moins en moins cette neutralité. Bref, les choses ne font que commencer et de l'aveu même de François Léotard les difficultés sont à venir. La France, pour l'instant, a mangé son pain blanc".]

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