Fiche du document numéro 29695

Num
29695
Date
Mardi 14 juin 1994
Amj
Hms
20:00:00
Taille
23526
Surtitre
Journal de 20 heures
Titre
Les deux derniers Pères blancs du Rwanda sont rentrés en France pour témoigner de l'horreur quotidienne que vit une population abandonnée même par la MINUAR
Soustitre
En France, une délégation de Médecins sans frontières a été reçue par le président de la République.
Nom cité
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Lieu cité
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MSF
Résumé
- New scenes of violence in Rwanda: Hutu militias allegedly kidnapped and probably massacred around 40 Tutsi children who had taken refuge in a church.

- Despite the courage of two White Fathers Otto Mayer and Henri Blanchard, nothing could be done to save them.

- Father Henri Blanchard: "They made people get into a truck by force. In any case, we know that there are at least a dozen who were killed because we saw them afterwards". Since then, no news from the others but their fate, alas, is not in doubt.

- The two Fathers therefore returned to France to bear witness to the daily horror experienced by a population abandoned even by UNAMIR. Father Henri Blanchard: "We were really deeply disappointed by the lack of interest of the international community, especially when we saw that the UNAMIR, instead of reinforcing its presence and immediately creating humanitarian corridors to save people, withdrew 2,100 people. They stayed at 400. What did you want them to be able to do ?! […] Politicians on both sides must come to understand that there is no solution without dialogue and without giving up something of your own".

- Even today, the raging fighting between rebels and governments has prevented the peacekeepers from evacuating civilians.

- An MSF delegation was received by the President of the Republic and asked for more peacekeepers, especially in Kigali and its surroundings.
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Patrick Poivre d'Arvor :] Mesdames, Messieurs, bonsoir. Dans ce journal de nouvelles scènes de violence au Rwanda avec l'assassinat d'une quarantaine d'enfants enlevés après s'être réfugiés dans une église.

[…]

Tout de suite, donc, le Rwanda parce que nous avons été ébranlés par les témoignages des deux derniers Pères blancs qui restaient encore là-bas. Et parce qu'on a appris, il y a une heure à peine, que les milices hutu auraient enlevé et probablement massacré une quarantaine d'enfants tutsi qui s'étaient réfugiés dans une église. Ces mêmes milices qui ont par ailleurs tué une centaine de réfugiés tutsi au Burundi cette fois. Le reportage d'Isabelle Marque et de Jean-Claude Bruzzi.

[Isabelle Marque :] Vendredi dernier [10 juin], des miliciens hutu se présentent devant une mission comme celle-ci à Kigali [diffusion d'images d'archives d'un hôpital de fortune]. Leur prétexte : mettre en lieu sûr des civils. Mais les 180 enfants et adultes qui s'y sont réfugiés le savent : pour eux, c'est la fin.

Malgré le courage de ces deux hommes -- dont l'un, le Père allemand Otto Mayer a été blessé [on voit à l'écran les Pères Mayer et Blanchard en train de regarder une carte du Rwanda accrochée au mur] -- rien n'a pu être fait pour les sauver [gros plan sur sa croix catholique puis sur sa main gauche soutenue par un bandage].

[Père Henri Blanchard : "Et ils ont attaqué, ils ont… tiré sur les portes, ils nous ont tiré une grenade lacrymogène dans la maison. Vous pensez bien que… avec 180 personnes dans une petite maison -- nous étions 180 personnes dans cette petite maison -- les enfants suffoquaient. Moi aussi j'ai cru que j'allais [sourire] être asphyxié complètement. Les gens sont montés…, ils les ont fait monter de force dans un camion. Il y en a qui sont tombés, il y en a qui sont remontés. Nous savons que…, en tout cas, qu'il y a au moins une dizaine qui ont été tués parce qu'on les a vus après".]

Depuis, aucune nouvelle des autres mais leur sort, hélas, ne fait guère de doute. Les deux Pères sont donc rentrés en France pour témoigner de l'horreur quotidienne que vit une population abandonnée même par la MINUAR, la force de l'ONU sur place [diffusion d'une scène de massacre].

[Père Henri Blanchard : "Vraiment on était profondément déçu du désintérêt de la communauté internationale. Et surtout quand on a vu que la MINUAR…, au lieu de renforcer sa présence et de créer tout de suite des co…, des couloirs humanitaires pour sauver les gens, on nous a retiré 2 100… personnes de la MINUAR. Ils sont restés à 400. Que vouliez-vous qu'ils puissent faire ?! [Coupe]. Nous voudrions dire et qu'on nous aide à dire et à crier qu'il faut venir au secours de ce pays. Et que les politiciens des deux bords… finissent par comprendre que… il n'y a pas de solution sans dialogue et sans renoncer à quelque chose de soi-même".]

Aujourd'hui encore, les combats qui font rage entre rebelles et gouvernementaux ont empêché les Casque bleus d'évacuer des civils [on voit un abri enterré et on entend le bruit d'un obus]. Raison de plus pour les deux Pères de retourner là-bas dès qu'ils le pourront parmi les rares Occidentaux prêts à prendre des risques pour apporter un peu de réconfort à une population massacrée dans l'indifférence générale [diffusion d'images de camps de réfugiés].

[Patrick Poivre d'Arvor :] Et tout à l'heure une délégation de MSF -- de Médecins sans frontières -- a été reçue par le président de la République, a demandé davantage de Casques bleus, notamment à Kigali et autour de cette région. À Kigali, c'est la seule organisation non gouvernementale à travailler avec le CICR.

Et puis j'ajoute -- puisque nous sommes sur le continent africain -- qu'au Zaïre, c'est, euh, le… candidat de l'opposition Kengo Wa Dondo qui a été élu tout à l'heure Premier ministre.

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024