Fiche du document numéro 29673

Num
29673
Date
Lundi 30 mai 1994
Amj
Hms
20:00:00
Taille
23870
Sur titre
Journal de 20 heures
Titre
Au Rwanda les combats se sont poursuivis toute la journée dans la capitale, entraînant l'exode massif de familles qui n'ont d'autre destination que les camps de réfugiés qui prolifèrent un peu partout
Sous titre
Avec l'avancée des forces rebelles, le camp de Kabgayi est menacé d'extermination.
Nom cité
Lieu cité
Lieu cité
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Résumé
- In Rwanda, agreement in principle on a ceasefire on the evacuation of civilians and on the resumption of talks between the rebels of the Patriotic Front and the government forces. And this while the fighting continued throughout the day in the capital, causing the mass exodus of families who have no other destination than the refugee camps which proliferate everywhere.

- In Kabgayi camp, the refugees lack everything: there are few tents, barely two blankets per family. A poorly adapted meal every three days, the corn causing bloody diarrhea. The Red Cross installed opposite is totally outdated.

- About ten people die a day, or even more. The end, the epidemics but also the rapes and the massacres which continue. Because in their madness women and children are not spared.

- With the advance of rebel forces, the camp is threatened with extermination. The exchange of a Tutsi for a Hutu does not work well on the government side. Humanitarian corridors should be opened in the coming hours to respond to these calls for help.
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Patrick Poivre d'Arvor :] […] Au Rwanda, accord de principe sur un cessez-le-feu sur l'évacuation des civils et sur la reprise des pourparlers entre les rebelles du Front patriotique et les forces gouvernementales. Et ce alors que les combats se sont poursuivis toute la journée dans la capitale, entraînant l'exode massif de familles qui n'ont d'autre destination que les camps de réfugiés qui prolifèrent un peu partout.

Marine Jacquemin, Thierry Froissart et Gilles Tuban ont visité, euh, l'un d'entre eux en compagnie d'une religieuse, vous le verrez, d'un dénouement extrême…, d'un dévouement extrême.

[Marine Jacquemin, envoyée spéciale au camp de Kabgayi :] La mission des Frères des Sainte-Croix nous a accueilli pour la nuit [une incrustation "Camp de Kabgayie [Kabgayi], Rwanda" s'affiche à l'écran]. Les fenêtres de notre chambre donnent sur le camp de la désolation. Ces pauvres ombres errantes dans la nuit froide et pluvieuse et ces sons douloureux [on voit des réfugiés pataugeant dans la boue, trempés de pluie, transis de froid et on entend des gens tousser]. Les plus chanceux s'entassent dans cet hangar malsain. Recroquevillés, abandonnés, le regard vide : ils nous interrogent [gros plans sur des réfugiés très affaiblis qui fixent la caméra].

Au petit matin, ce voile blanc dans toute cette misère souffle un peu d'espoir. Sœur Bernadette est tutsi. Pour leur porter secours, elle risque sa vie à tout moment [on la voit déambuler parmi les réfugiés].

[Sœur Bernadette : "Au début quand ils ont commencé à venir, ils étaient au nombre de 8 000, on comptait dans les 8 000. Et maintenant ç…, ça va jusqu'à 14 000 !".]

Ils manquent de tout : rares sont les tentes, à peine deux couvertures par famille. Un repas tous les trois jours mal adapté, le maïs provoquant des diarrhées sanglantes. La Croix-Rouge installée en face est totalement dépassée [gros plans sur des réfugiés malades et amaigris].

[Aalane Fereydoun, chef de la mission de la Croix-Rouge, camp de Kabgayi : "Complètement débordé ! Et puis on est les seuls dans le pays pour le moment qui ont une présence. Il faut que les autres viennent ! Il y a…, parce que c'est la grande catastrophe maintenant ici".]

Dans un coin du camp, les plus forts creusent les tombes des plus faibles. Il meurt une dizaine de personnes par jour, voire plus [on voit des hommes en train de creuser des trous]. La faim, les épidémies mais aussi les viols et les massacres qui continuent [on voit un jeune garçon noir au visage tuméfié].

Sœur Bernadette : - "On vient, on cherche, on prend des gens, on les tue devant nous". Marine Jacquemin : - "Et vous-même, vous êtes tutsi ma sœur ?". Réponse : - "Oui [sourire inquiet]". Marine Jacquemin : - "Est-ce que vous n'avez pas peur ?". Réponse : - "Est-ce que je peux dire que je n'ai pas peur ? J'ai un peu peur mais… je dépasse ma peur".]

Car dans leur folie les femmes et les enfants ne sont pas épargnés. L'impuissance des témoins est terrible [gros plan sur une maman et son bébé très amaigri].

[Aalane Fereydoun : "On essaie de contacter les autorités militaires mais hééé…, les autorités militaires, c'est où maintenant ?".]

Avec l'avancée des forces rebelles, ce camp de Kabgayi est menacé d'extermination. L'échange d'un Tutsi pour un Hutu fonctionne mal côté gouvernemental. Il faudrait ouvrir dans les heures qui viennent des couloirs humanitaires pour répondre à ces appels au secours [gros plans sur des visages d'enfants qui attendent assis, le regard vide].

[Un homme noir : "J'écoute des radios étrangères. J'ai été en France depuis…, en 90. J'ai fait un stage là-bas. J'ai vu les médias. Il faut que vraiment l'opinion, tant nationale qu'internationale…, qu'internationale, soit vraiment, euh, sensibilisée sur les évènements et sur la tragédie du Rwanda".

Au Rwanda, ils sont encore des centaines en danger de mort. Le temps presse [gros plans sur des visages d'enfants].

[Patrick Poivre d'Arvor :] Puis nous avons reçu une…, une lettre magnifique, euh, en provenance de la prove…, la…, la paroisse de Notre-Dame de Villefranche-sur-Saône. Une lettre de deux religieuses françaises, euh, Sœur Marie-Louise et Sœur Emmanuelle, qui vivent, euh, au Rwanda dans, euh…, à Gihuma très précisément. Et, euh, qui disent : "Si vous apprenez un jour que nous avons rejoint, euh, Jésus-Christ, ne soyez pas triste". Et… une lettre d'une très, très grande dignité.

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