Fiche du document numéro 29570

Num
29570
Date
Lundi 11 avril 1994
Amj
Hms
20:00:00
Taille
9129216
Surtitre
Journal de 20 heures [2/2] [2:14]
Titre
Quatre hommes et quatre femmes de la minorité tutsi viennent d'être massacrés à coups de machettes, sous les yeux d'étrangers évacués. Les soldats français en armes, qui assuraient la sécurité du convoi, n'ont pas bougé
Soustitre
À l'ambassade de France, on fait le tri du passé. On brûle les archives comme si l'on envisageait aussi de s'en aller.
Mot-clé
Mot-clé
Mot-clé
ONU
Résumé
- This morning 500 meters from the airport, eight bodies lie in their blood. Four men and four women from the Tutsi minority have just been massacred with machetes, under the eyes of evacuated foreigners. The armed French soldiers, who ensured the security of the convoy, did not move. Their mission clearly specifies that they must not side with any of the belligerents.

- It is in a city delivered to the fights that the French soldiers carry out the last evacuations. Submachine guns but also grenades, mortars sometimes punctuate the call of those who can finally leave. A few meager luggage as the only memory of the years spent in Rwanda. And then it's off to the rutted track that bypasses the city. The only one safe for traumatized people. A blonde woman: "They killed a lot of people. It was the presidential guard especially who started. Soldiers, the army, the gendarmes. There were a lot of civilians too. They killed a lot of people. We saw a lot of people we buried. They made huge holes to bury them."

- Then they win in close ranks the military planes which since yesterday do not cease to make rotations with the close countries. Evacuations which should continue in the coming days even if almost all the French have already left.

- At the French Embassy, ​​we also sort out the past. We burn the archives as if we were also planning to leave.

- Many foreigners on the way out wondered if the 2,500 UN soldiers present here were very useful when they allowed such massacres to take place. Yet with the departure of foreigners, the UN remains the only force present here without being sure to avoid the scenario already experienced in Somalia or Liberia.
Source
Fonds d'archives
INA
Commentaire
The 20 o'clock news of France 2 of April 11, 1994 is visible in its entirety here: https://www.youtube.com/watch?v=Pp6hzGsNmzI
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[Bruno Masure :] Merci beaucoup Didier. Journal un petit peu chahuté. Nous venons de recevoir le reportage de nos envoyés spéciaux au Rwanda, Philippe Boisserie, Marcel Martin. Je vous propose de le découvrir maintenant avec nous.

[Philippe Boisserie :] Ce matin à 500 mètres de l'aéroport, huit corps gisent dans leur sang. Quatre hommes et quatre femmes de la minorité tutsi viennent d'être massacrés à coups de machettes, sous les yeux d'étrangers évacués [gros plans sur des corps gisant au sol dans leur sang]. Les soldats français en armes, qui assuraient la sécurité du convoi, n'ont pas bougé. Leur mission spécifie clairement qu'ils ne doivent prendre parti pour aucun des belligérants [un véhicule de l'armée française avec à son bord un soldat armé d'un fusil mitrailleur sillonne une route du Rwanda ; la scène est filmée de l'intérieur du véhicule].

[Un para au béret rouge parle dans son poste émetteur : "On est devant l'école française. Il y a des tirs qui sont dirigés vers nous".]

C'est dans une ville livrée aux combats que les militaires français effectuent les dernières évacuations. Mitraillettes mais aussi grenades, mortiers ponctuent parfois l'appel de ceux qui peuvent enfin partir [on voit des civils blancs regroupés sous le préau de l'école française de Kigali].

[On entend un militaire dire : "Lefèvre Thierry ! Lefèvre [inaudible] !".]

Quelques maigres bagages pour seul souvenir des années passées au Rwanda. Et puis c'est le départ vers la piste défoncée qui contourne la ville [on voit les civils en train d'embarquer dans des pick-up blancs conduits par des militaires français]. La seule à être sûre pour des gens traumatisés.

[Une femme blanche avec un léger accent espagnol répond au journaliste aux côtés de sa fille : - "Nous avons eu des…, une bombe dans la maison. On était réuni avec les amis. Enfin c'est…, vous savez, euh, on a…, ça fait trois jours qu'on…, on est terrorisé. On n'arrive même pas à parler. En plus nous avons notre fils qui est…". La fille : - "Qui est bloqué à l'ambassade…'. La mère : - "Qui est bloqué à l'ambassade de Belgique". La fille fond en sanglot : - "Moi je trouve c'est terrible… Pour tout le monde !".

Une autre femme blonde : "Ils ont tué beaucoup de gens. C'est la garde présidentielle surtout qui a…, qui a commencé. Des militaires, l'armée, les gendarmes. Y avait beaucoup de civils aussi. Ils ont tué énormément de gens. On a vu beaucoup de gens qu'on a enterré. Ils ont fait d'énormes trous pour les enterrer".]

Alors, ils gagnent en rangs serrés les avions militaires qui depuis hier ne cessent de faire des rotations avec les pays voisins [on voit à présent les civils embarquer dans les avions]. Des évacuations qui devraient se poursuivre dans les jours qui viennent même si presque tous les Français sont déjà partis.

À l'ambassade de France, on fait également le tri du passé [on voit deux militaires français au béret rouget et deux hommes noirs en train de brûler les archives dans le jardin de l'ambassade]. On brûle les archives comme si l'on envisageait aussi de s'en aller.

[Philippe Boisserie, face caméra, sur le tarmac de l'aéroport de Kigali : "Beaucoup d'étrangers sur le départ se demandaient si les 2 500 militaires onusiens, présents ici, étaient bien utiles à partir du moment où ils laissaient se perpétrer de tels massacres. Pourtant avec le départ des étrangers, l'ONU reste la seule force présente ici sans être sûre d'éviter le scénario déjà vécu en Somalie ou au Libéria".]

Haut

fgtquery v.1.9, 9 février 2024