Fiche du document numéro 29471

Num
29471
Date
Mercredi 3 février 2021
Amj
Taille
30537
Titre
Pascal Jouary et Max Milo : fausse interview de Survie, vrai négationnisme
Sous titre
Le journaliste Pascal Jouary et l’éditeur Max Milo publient une fausse interview de l’association Survie accompagnée de commentaires qui donnent une présentation biaisée du génocide des Tutsis, dans la lignée d’écrits négationnistes publiés par cette maison d’édition.
Nom cité
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Source
Type
Page web
Langue
FR
Citation
C’est avec étonnement que l’association Survie a découvert le livre du journaliste Pascal Jouary : Secret Défense, le livre noir (Editions Max Milo, novembre 2021). Le chapitre consacré à la complicité de la France lors du génocide des Tutsis au Rwanda comprend un dialogue présenté comme une interview qui aurait été accordée à l’auteur par un porte-parole non précisé de Survie, à une date non précisée de l’année 2021. Cet entretien n’a pas eu lieu et n’a même pas été demandé (si cela avait été le cas, Survie l’aurait volontiers accordé).

Max Milo a contribué à réécrire ce livre, via notamment son collaborateur régulier Bertrand Ferrier, qui le précise sur son site [1]. Que le choix soit celui de Pascal Jouary ou de Max Milo, le résultat est là. Les questions et les réponses sont en réalité librement inspirées d’articles existants (d’ailleurs cités dans le texte) sur des sujets voisins, notamment un article de Ouest France en 2021 ; et un autre de Billets d’Afrique, la revue éditée par Survie, en 2020, au sujet de la bataille de membres de l’association concernant l’accès à des archives déjà déclassifiées.

Survie, qui se réserve la possibilité de saisir la justice, s’insurge d’un tel procédé consistant à présenter comme un entretien la sélection et la reformulation de certaines de nos déclarations.

Cette malhonnêteté intellectuelle se double d’accusations infondées, que les éditions Max Milo aiment à relayer, présentant Survie comme un « soutien du Front patriotique rwandais », dans la lignée des affirmations fantaisistes du journaliste Pierre Péan dans son entreprise de négation du génocide des Tutsis du Rwanda [2]. En outre, le texte met en doute plusieurs de nos positions (reformulées par l’auteur ou son éditeur) sur le génocide. Il se réfère à des auteurs comme Bernard Lugan et Charles Onana, connus pour leur approche négationniste du génocide des Tutsis, ou encore Judi Rever, essayiste canadienne publiée par Max Milo qui réécrit à l’envers l’histoire du génocide [3].

Tout en cherchant, objectif louable, à dénoncer le scandale anti-démocratique que constitue le secret-défense, dans ce chapitre Pascal Jouary travestit donc la réalité et entretient la confusion qui favorise le négationnisme du génocide des Tutsis au Rwanda.

[Notes :]



[1] https://www.bertrandferrier.fr/litteratures/

https://www.bertrandferrier.fr/pascal-jouary-violeur-de-secret/

https://www.bertrandferrier.fr/le-partisan-du-secret-defonce/

[2] Voir Benoît Collombat, « Le grand retournement de Pierre Péan : du dénonciateur d’Affaires africaines au défenseur de la Françafrique », in T. Borrel, A. Boukari-Yabara, B. Collombat, T. Deltombe (dir.), L’Empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique, éditions du Seuil, 2021, p. 672-676.

[3] Pour une critique documentée du livre en question, voir Raphaël Doridant, « Négationnisme - Le génocide à 
l’envers de Judi Rever », Billets d’Afrique n°301, octobre 2020.

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