Fiche du document numéro 29222

Num
29222
Date
Mercredi Décembre 1993
Amj
Auteur
Taille
387958
Titre
Habyarimana mourra en mars 1994
Soustitre
Traduction par Vénuste Kayimahe
Nom cité
Cote
Kangura n° 53 p. 3
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Habyarimana mourra en mars 1994
Hassan Ngeze
Kangura, Décembre 1993

Rien n’arrive que nous ne
l’ayons prédit
Le président Habyarimana pourrait mourir
avant le mois de mars 1994. Ces trois derniers
mois, nous avons révélé les nombreux desseins cachés dans les têtes des gens, aussi bien
ceux qui sont couchés sur papier que ceux qui
ont été planifiés mais ont avorté avant leur
concrétisation.
La plupart de ces projets ont été signalés
par Kangura, mais comme il n’est pire sourd
que celui qui ne veut pas entendre, ce que
nous disions ou publiions dans nos écrits n’a
reçu pour toute réponse que le mépris.

Paul Kagame sur les épaules de Juvénal Habyarimana. Kagame (en swahli) : Avance
jusqu’à Kigali. Habyarimana (en kinyarwanda) : J’ai fait tout mon possible pour que
vous les tutsi, vous vous sentiez bien. Kagame (en kinyarwanda) : Qui t’avait donné
cette mission ?

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Un exemple proche : le regretté Ndadaye.
Lorsque nous nous trouvions en sa compagnie
chez lui à Bujumbura, nous lui avons mis sous
les yeux toutes les preuves démontrant que
Bikomagu allait le tuer. Il a persisté à ne pas
croire cela. Et quand nous lui demandions ce
qu’il pensait qu’il arriverait si jamais ils (les
Tutsi) l’éliminaient, il répliquait que si quelqu’un tue Ndadaye, il en naîtra trois autres
comme lui. Nous en avons conclu qu’il était
incapable d’admettre nos preuves, d’autant
plus qu’il disait que nous exagérions l’information.

Rien de plus malheureux
que d’être informé des tragédies à venir tout en étant
impuissant à les prévenir

Le mois dernier, nous avons obtenu des
preuves irréfutables démontrant la manière
dont Habyarimana est sur le point d’être assassiné. Et lui ne sera pas assassiné par un
Tutsi mais par un Hutu acheté par des Tutsi ! Cette information, nous l’avons examinée

avec sagesse, avons analysé toutes ces preuves
et sommes arrivés à la conclusion que ce plan
a été préparé de longue date mais était (néanmoins) facile à mettre en œuvre. Excepté
que ses concepteurs en redoutaient les conséquences. Ici cependant, ceux qui tueront Habyarimana ont mieux réfléchi que ces criminels de Bujumbura : ils ont évité qu’un successeur à Habyarimana soit vite trouvé, qui
de plus serait accepté par le peuple.
La seule option qui restait était que soit
mis en place le Gouvernement de transition
et qu’alors un Conseil National de Développement soit instauré avec à sa présidence quelqu’un qui satisfasse pleinement les Inyenzi Et
leurs complices. Ainsi Twagiramungu, qui sera devenu Premier ministre, se liera d’indéfectible amitié avec le président du Parlement.
Aussitôt que ces deux institutions auront été
mises en place, Habyarimana sera assassiné
sans tarder, de la manière que nous allons
vous expliquer ci-dessous :
1. L’abattre lors d’une messe.
2. L’abattre à l’occasion d’une assemblée
avec les autres autorités de cette période.
Le président Habyarimana sera abattu par
quelqu’un qui aura été démobilisé des Forces
Armées Rwandaises suite aux accords d’Arusha. Cet individu sera un hutu qui aura été
acheté par les Inyenzi. Le mobile qui sera attribué à cet acte abominable sera qu’il s’agit
d’un des soldats qui ne sont pas décemment
pris en charge alors qu’ils se sont battus pour
la défense du pays. Cela nous paraitra énigmatique. Et nul n’élèvera la voix car notre
Service de renseignements sera en grande majorité entre les mains des Inyenzi, de même la
Gendarmerie. Nos militaires non plus ne se

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fâcheront en ce moment-là ; plutôt une bonne
partie d’entre eux approuvera en disant qu’il
est responsable de sa propre mort de par les
faveurs et la confiance indues qu’il a accordées aux Inyenzi. Toutes ces choses, nous les
avons apprises de personnes bien informées.
Nous avons écrit au concerné, le président
Habyarimana, pour solliciter une audience en
tant que média d’information, avons déposé
ous-mêmes la lettre en question au bureau de
la présidence, mais Habyarimana a refusé de
nous recevoir. Ce qui nous a fait de la peine
cependant fut de voir cet Inyenzi de Karenzi,
qui évolue au sein de la MINUAR, nous téléphoner pour nous apprendre que nous n’aurons aucune réponse à notre lettre transmise
au président. Lorsque nous lui avons demandé comment il l’avait su, il nous a rétorqué
avec arrogance que c’était pour nous démontrer que tout (lieu de pouvoir) avait déjà commencé à tomber sous le contrôle des Inyen-

zi. Cela nous a découragés et ceux que nous
informions de notre courrier adressé au président dans l’espoir d’être reçus par lui plutôt
que de recevoir une réponse de cet Inyenzi.
Cependant, nous avons fini par apprendre
avec certitude que le conseiller du président,
Enoch Ruhigira, s’entretient au téléphone
avec l’Inyenzi Karenzi au moins trois fois par
jour. Cela afflige beaucoup de gens qui se demandent ceci : « N’y a-t-il personne d’autre
que l’Inyenzi Karenzi, à qui Ruhigira peut remettre des messages pour le FPR ? Et puis,
pourquoi ne confierait-on pas à la MINUAR
ce qu’il y a à transmettre à la direction du
FPR au lieu de passer par l’Inyenzi Karenzi
qui se mêle à ce point de ce qui ne le regarde
pas ? Personne ne tient à la vie de Habyarimana plus que lui-même. L’important c’est
de l’informer de la manière dont il sera assassiné.
Ngeze Hassan

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