Fiche du document numéro 29100

Num
29100
Date
Vendredi 5 août 1994
Amj
Hms
20:00:00
Taille
21210
Surtitre
Journal de 20 heures
Titre
Paul Kagame : « Les Français qui ont en principe le contrôle sur la zone de sécurité ont fait peu de choses pour stopper les ex-milices et les soldats. On peut dire que les Français sont leurs complices »
Soustitre
L'avertissement de Kigali à la France est clair : les forces du FPR veulent régner sur tout le territoire.
Nom cité
Nom cité
Lieu cité
Lieu cité
Résumé
- In Rwanda the United Nations High Commissioner for Refugees believes the cholera epidemic has been stopped in the camps. The death rate is decreasing. In contrast, the dysentery epidemic is on the rise. The return of the refugees to their villages is taking place slowly.

- In the capital, the new order is gradually imposed. From dawn, the victors of the Rwandan Patriotic Front rule Kigali. Elements of a well-organized army, the base soldiers of the RPF, constantly supervised by their commander, are subjected to a strict discipline illustrated by the prohibition of smoking or drinking alcohol.

- 24 hours a day RPF fighters patrol. In their van or on foot, they are often very young. Here they control the district of Nyamirambo. Safety is an obsession: there are rumors that uncontrolled and enemy elements are still hiding in the city.

- Slogans are launched for reconstruction. Today the priority is to clean up the city: the traces of the war must be erased as quickly as possible. But at each strategic crossroads, the comings and goings of the population are not so fluid: checks and searches for all. Strange situation that prevails: the official government is civilian but the military are omnipresent.

- For the first time, General Paul Kagame, the real boss of the country, exchanged his fatigues for a civilian costume. It justifies an uncompromising attitude, especially vis-à-vis the French. Paul Kagame, "Vice-President of Rwanda": "The French, who in principle have control over the safe zone, have done little to stop the ex-militias and the soldiers. We can say that the French are their accomplices. The security zone is an integral part of Rwandan territory. Rwanda has a legal government. The process will obligatorily lead us to exercise our power over this zone".
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Jean-Claude Narcy :] Au Rwanda le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies estime l'épidémie de choléra enrayée dans les camps. Le taux de mortalité va décroissant. En revanche, l'épidémie de dysenterie est en progression.

Le retour des réfugiés dans leurs villages s'effectue lentement. Nos envoyés spéciaux, Isabelle Baillancourt et Gilles Hémart, ont interviewé le nouvel homme fort du Rwanda, Paul Kagame. Vice-président et ministre de la Défense, il parle d'ailleurs pour la première fois.

[Isabelle Baillancourt :] Jogging spartiate pour les maîtres de Kigali. Dans la capitale, le nouvel ordre s'impose peu à peu. Dès l'aube, les vainqueurs du Front patriotique rwandais régentent Kigali [on voit des militaires du FPR en train de courir armes en mains dans les rues de Kigali en chantant]. Éléments d'une armée bien organisée, les soldats de base du FPR, constamment encadrés par leur commandant, sont soumis à une stricte discipline illustrée par l'interdiction de fumer ou de boire de l'alcool.

24 heures sur 24 les combattants du FPR patrouillent. À bord de leur camionnette ou à pied, ils sont souvent très jeunes. Ici ils contrôlent le quartier de Nyamirambo. La sécurité est une obsession : certaines rumeurs laissent entendre que des éléments non contrôlés et ennemis se cacheraient encore dans la ville [on voit de jeunes soldats du FPR patrouiller dans le quartier].

[Major Philber Rwijamba [Philbert Rwigamba] [il s'exprime en anglais mais ses propos sont traduits] : "La population nous dénonce les gens. Chaque fois qu'elle arrête un ex-milicien, elle nous l'amène et nous le mettons en prison".]

Des mots d'ordre sont lancés pour la reconstruction. Aujourd'hui [inaudible] au nettoyage de la ville : il faut effacer au plus vite les traces de la guerre. Mais à chaque carrefour stratégique, le va-et-vient de la population n'est pas si fluide : contrôles et fouilles pour tous.

[Un jeune rwandais : "Le nombre de militaires, euh…, qu'il y a en ville suffit…, hein. En tout cas on est en sécurité, euh, plus qu'avant".]

Étrange situation qui prévaut : le gouvernement officiel est civil mais les militaires sont omniprésents. Pour la première fois le général Paul Kagame, le véritable patron du pays, a troqué son treillis contre un costume civil. Il justifie une attitude intransigeante, notamment vis-à-vis des Français.

[Paul Kagame, "Vice-Président du Rwanda" [il s'exprime en anglais mais ses propos sont traduits] : "Les Français qui ont en principe le contrôle sur la zone de sécurité ont fait peu de choses pour stopper les ex-milices et les soldats. On peut dire que les Français sont leurs complices. La zone de sécurité fait partie intégrante du territoire rwandais. Le Rwanda a un gouvernement légal. Le processus nous amènera obligatoirement à exercer notre pouvoir sur cette zone".]

L'avertissement de Kigali à la France est clair : les forces du FPR veulent régner sur tout le territoire [on voit de nouveau des militaires du FPR à l'entraînement].

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024