Fiche du document numéro 29064

Num
29064
Date
Mercredi 3 novembre 1993
Amj
Taille
501360
Titre
Message de son Excellence le Premier ministre, Madame Uwilingiyimana, à la nation [Extraits]
Nom cité
Extrait de
Guichaoua, Les crises politiques au Burundi et au Rwanda (1993-1994), pp. 652-653
Type
Communiqué
Langue
FR
Citation
Rwandaises, Rwandais,

Permettez-moi de dénoncer publiquement les visées qu'un groupe d'individus farouchement opposés aux dispositions de l'accord de paix signé le 4 août 1993 à Arusha en Tanzanie entre le Gouvernement Rwandaïs et le FPR-Inkotanyi se propose de concrétiser dans les prochains jours.

Ces individus ont l'intention d'entraver l'action du Gouvernement actuel, de
s'attaquer à la sécurité des personnes et des biens et de faire tout leur possible pour contrecarrer la mise en application de l'accord de paix.

Ce groupe fait tout ce qui est de son pouvoir pour empêcher le déploiement de la Force internationale neutre et bloquer de ce fait la mise en place des institutions de transition à base élargie prévues par les accords de paix à savoir: l'Assemblée nationale de transition et le Gouvernement de transition à base élargie, situation qui placerait notre pays dans un désordre dont les conséquences seraient désastreuses.

Cette faction est actuellement occupée à préparer une manifestation accompagnée d'actes de vandalisme qu'elle compte organiser le 3 novembre 1993. Cette manifestation serait destinée à investir les bureaux occupés par les services du Premier ministre, les ministères dévolus au parti MDR ainsi que la maison de Radio-Rwanda. Les manifestants se proposeraient de chasser le Premier ministre, les titulaires des ministères précités ainsi que leurs proches collaborations oeuvrant dans les cabinets politiques.

Si ces individus parviennent à provoquer des troubles à caractère politique qu'ils se proposent de faire, tous les ennemis du gouvernement actuel auront atteint un de leurs objectifs.

Le deuxième objectif que cette faction se propose d'atteindre est d'empêcher le Premier ministre désigné, Son Excellence Monsieur Twagiramungu Faustin, de former le Gouvernement de transition à base élargie prévu par les accords d'Arusha.

Le plus grave est que certains éléments des forces de l'ordre ainsi que les adhérents de certaines formations politiques qui ont dénoncé certaines dispositions de l'accord de paix, comptent se joindre, déguisés, à cette action répréhensible.

Chacun de nous a été consterné par l'assassinat de son Excellence Monsieur Melchior Ndadaye, président de la République du Burundi, de ses proches collaborateurs et par le massacre des populations burundaises innocentes. Il est toutefois inadmissible de voir certains responsables politiques se complaire dans l'appel aux massacre [sic] entre les Hutu et les Tutsi alors que notre pays était prêt pour la réconciliation nationale, la tolérance et l'accueil des réfugiés. Ces irresponsables lancent leurs appels au meurtre grâce à des tracts, à des journaux et à leurs discours incendiaires tels que ceux qui ont été prononcés le 23 octobre 1993 à Nyamirambo. (..)

Rwandaises, Rwandais,

Je dénonce publiquement les plans archestrés par ce groupe d'individus et j'en
appelle à votre bonne volonté pour vous opposer énergiquement aux objectifs de ces ennemis de la paix qui veulent mettre notre pays à feu et à sang.

Je demande au ministre de la Défense, au ministre de l'Intérieur et du Développement communal, au ministre de la Justice ainsi qu'à tous les services de sécurité, de mettre tout en oeuvre pour veiller à la sécurité des personnes et des biens. Je remercie vivement le Conseil de sécurité de la préfecture de la ville de Kigali qui a refusé d'accorder l'autorisation d'organiser une telle manifestation le vendredi, un jour ouvrable, car elle risque de perturber la sécurité des personnes et des biens.

Je rappelle aux organisateurs des manifestations qu'ils doivent :

— observer toutes les dispositions prévues par la loi sur les manifestations publiques et les droits reconnus à ceux qui ne veulent pas y prendre part ;

— savoir que tous les dégâts subséquents à toute manifestation sont à la charge de son organisateur ;

— éviter de s'écarter de l'itinéraire autorisé et observer scrupuleusement l'horaire fixé par la manifestation.

Le Conseil des ministres a demandé que toute manifestation illégale doit être dispersée par les services de l'ordre. Je demande donc au ministre de la Défense de donner les instructions fermes à la gendarmerie pour qu'elle s'acquitte de ses tâches de maintien de l'ordre.

Et pour terminer, je demande aux autorités administratives de tous les échelons, aux responsables des partis politiques, aux autorités religieuses, aux associations de défense des droits de l'homme ainsi qu'aux journalistes, de prêcher plus que par le passé les méthodes démocratiques, de prêcher la tolérance, la réconciliation nationale et la bonne entente entre les régions et les ethnies qui composent notre pays, En agissant ainsi, notre pays pourra connaître la paix à laquelle il aspire.

Je vous remercie.

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024