Fiche du document numéro 29014

Num
29014
Date
Lundi 27 juin 1994
Amj
Hms
13:00:00
Auteur
Taille
30830
Sur titre
Journal de 13 heures
Titre
Pour l'instant les militaires français ont évité tout contact avec les miliciens, les Tutsi du FPR. Mais plus on s'enfonce à l'intérieur du pays, plus on risque de les rencontrer
Sous titre
Il y a une tension certaine avec les extrémistes sur le terrain qui voient d'un mauvais œil l'intervention de la France.
Nom cité
Lieu cité
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Mot-clé
Résumé
- In Rwanda, Operation Turquoise continues. Throughout yesterday [June 26], military planes did not stop their rotations at Goma airport, which is the command post for Operation Turquoise. The French army plans a rotation of 20 planes per day which will transport 500 tons of equipment. There are currently 1,200 French soldiers on the border with Rwanda. The planned strength is 2,500 men. The device will be complete within a maximum of one week.

- Yesterday [June 26] the commander of the operation recalled that his mission is to stop the massacres while waiting for the United Nations force which should be in Rwanda in two months at the latest. Jean-Claude Lafourcade: "Calm returns to the regions where we are carrying out our reconnaissance. If calm returns to complete between the different parties, then we will no longer need a major device".

- For the moment the French army is advancing with great caution. There is a certain tension with the extremists on the ground who take a dim view of France's intervention. As long as the military device is not complete, the army will therefore avoid areas controlled by the RPF.

- In the south of the country, the operation started on Friday [June 24] between Bukavu and the famous Cyangugu refugee camp. 300 men from a joint detachment, mainly paratroopers and commandos, passed through here. The French notably protect the largest Tutsi refugee camp in the region, that of Nyarushishi. Nearly 8,000 people crowded there. They welcomed the paratroopers with reluctance: rumors circulated that the French had come to massacre them. Today confidence seems established.

- For the moment the French have still not met the men of the RPF, fiercely hostile to the French intervention. Régis Faucon: "We avoided all contact with the militiamen, the Tutsis of the RPF. But clearly, the deeper we go into the interior of the country, the more we risk encountering them".

- Alain Juppé, Minister of Foreign Affairs, believes that "the first objectives have been achieved, but the priority now is to ensure that the United Nations troops arrive on the ground as quickly as possible".

- There is also still very violent fighting in Kigali. The RPF mortars lacked precision and the Red Cross hospital located at the foot of the hill took its share of shells. The Red Cross had negotiated a truce of 30 minutes, the RPF does not respect it. The leaders of the Red Cross and Doctors Without Borders no longer have a place to bury the dead.
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Jean-Pierre Pernaut :] L'autre grand titre ce matin encore dans l'actualité, c'est bien sûr le Rwanda où l'opération Turquoise continue. On commence à parler de tensions entre soldats français et miliciens hutu. En tout cas le dispositif français cont… [inaudible] déployer. Du côté d'un des quartiers généraux de nos troupes là-bas, à Goma, [inaudible] Nahida Nakad et Sébastien Renouil.

[Nahida Nakad :] L'aéroport de Goma au nord du Zaïre, le poste de commandement de l'opération Turquoise [une incrustation "Goma, Zaïre" s'affiche à l'écran]. Pendant toute la journée d'hier [26 juin], les avions militaires n'ont pas cessé leurs rotations sur cette base. L'acheminement du matériel continuera au même rythme aujourd'hui. L'armée française prévoit une rotation de 20 avions par jour qui transporteront 500 tonnes de matériel [on voit notamment des hélicoptères et des gros-porteurs décoller et atterrir sur l'aéroport de Goma].

Il y a actuellement 1 200 soldats français sur la frontière du Rwanda. L'effectif prévu est de 2 500 hommes. Le dispositif sera au grand complet dans un délai maximum d'une semaine. Hier [26 juin] le commandant de l'opération a rappelé que sa mission est d'arrêter les massacres, en attendant la force des Nations unies qui devrait être au Rwanda dans deux mois au plus tard [on voit notamment des hélicoptères, des C-160 Transall, des blindés, des jeeps, trois mortiers, etc. ; des militaires français comptent leurs munitions et vérifient leur équipement].

[Général Jean-Claude Lafourcade, "Commandant en chef 'Opération Turquoise'" en pleine conférence de presse : "Le calme revient dans les régions où nous effectuons nos reconnaissances. Eh bien, à ce moment-là, et si le calme revient au Rwanda au complet entre les différentes parties, à ce moment-là nous n'aurons plus besoin d'un dispositif important".]

Pour l'instant l'armée française avance avec beaucoup de précautions. Il y a une tension certaine avec les extrémistes sur le terrain qui voient d'un mauvais œil l'intervention de la France [on voit des jeeps de l'armée française sillonner une route ; une barrière se referme après son passage]. Tant que le dispositif militaire n'est pas au complet, l'armée évitera donc les zones contrôlées par le FPR.

[Jean-Pierre Pernaut :] Voilà. Goma c'est au nord-ouest du Rwanda. Autres envoyés spéciaux maintenant, Catherine Jentile et Thierry Froissart. Eux se trouvent dans le Sud du pays, euh, là où l'opération a démarré vendredi [24 juin] entre Bukavu et le fameux camp de réfugiés de Cyangugu. Regardez leur témoignage.

[Catherine Jentile :] Voici la plaque tournante du dispositif de l'opération Turquoise dans le Sud [une incrustation "Bukavu, Zaïre" s'affiche à l'écran]. 300 hommes d'un détachement interarmées -- principalement des parachutistes et des commandos -- ont transité par ici [on voit leur camp à l'image]. Bukavu représente le soutien logistique de ceux qui sont entrés au Rwanda. Un hôpital de campagne est en train d'être acheminé.

Les Français déployés depuis quatre jours sur place protègent notamment le plus grand camp de réfugiés tutsi de la région, celui de Nyarushishi [on voit de dos le colonel Didier Tauzin s'avancer dans le camp avec des militaires rwandais au béret rouge]. Près de 8 000 personnes s'entassent sous ces minuscules tentes [une incrustation "Camp de Nyarushishi, Rwanda" s'affiche à l'écran]. Elles ont accueilli les paras avec réticence : des rumeurs circulaient selon lesquelles les Français étaient venus pour les massacrer [deux gendarmes rwandais regardent un hélicoptère décoller]. Aujourd'hui la confiance semble établie et hier [26 juin], pour la première fois depuis le début des massacres il y a deux mois, la messe a pu être célébrée [inaudible] justement des militaires de la 11ème division parachutiste [on voit notamment des réfugiés en train de célébrer la messe].

[De Bukavu Catherine Jentile, face caméra, devant un camion militaire de l'armée française : "Les Français continuent leur progression à l'intérieur du Rwanda dans de bonnes conditions. Mais pour l'instant ils n'ont toujours pas rencontré les hommes du FPR, farouchement hostiles à l'intervention française dans leur pays.]

[Jean-Pierre Pernaut s'entretient à présent avec Régis Faucon, en duplex de Goma.]

Jean-Pierre Pernaut : En direct maintenant on va retrouver Régis Faucon qui se trouve, comme pendant notre opération spéciale d'hier soir [26 juin], à Goma -- c'est le quartier général de l'opération Turquoise --, euh, du Zaïre, à quelques kilomètres de la frontière du Rwanda [diffusion d'une carte du Rwanda et de l'Est du Zaïre indiquant la ville de Goma]. Apparemment quelques tensions -- on l'a entendu dans ces reportages --, Régis, mais apparemment tout va à peu près bien quand même ?

Régis Faucon : Oui Jean-Pierre. Vous savez, quand on demande aux militaires comment les choses se passent, ils vous expliquent que ça se passe [inaudible] ne sera pas pour vous surprendre : on assiste à ce qu'ils appellent dans le…, leur jargon "la montée en puissance", c'est-à-dire l'arrivée régulière de renforts comme on vient de l'expliquer dans les reportages. Et, immédiatement, des missions de reconnaissance, euh, s'enfoncent à l'intérieur du pays pour visiter, répertorier les camps. J'étais ce matin dans le bureau d'un des responsables. Il y a une grande carte avec des punaises de couleur pour chaque camp, euh, j'allais dire, découvert : punaises, euh, bleues pour les Tutsi, punaises rouges pour les quelques camps hutu. Et il s'agit -- les militaires insistent beaucoup là-dessus --, bien sûr, il s'agit pas de rester en permanence, de monter la garde mais de préparer le…, le terrain pour les humanitaires. Quelquefois, bien sûr, il faut protéger certaines personnes. On m'expliquait par exemple ce matin qu'une trentaine de religieuses, dans une région particulièrement exposée, étaient sous la garde des militaires. Alors effectivement aussi, pour l'instant, on a évité tout contact avec les…, les miliciens, les Tutsi, euh, du FPR. Mais… clairement, plus on s'enfonce à l'intérieur du pays plus on risque, euh…, de…, de les rencontrer. C'est un risque que les Français connaissent, qui ne leur fait pas très peur. Mais enfin, il faut le…, il faut le savoir.

Jean-Pierre Pernaut : Merci Régis. Merci. On vous retrouvera en direct ce soir dans le journal de 20 heures avec une nouvelle page spéciale consacrée au Rwanda.

Sachez… aussi que Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, estime que "les premiers objectifs sont atteints mais, poursuit-il, la priorité est maintenant de faire en sorte que les troupes des Nations unies viennent sur le terrain le plus vite possible".

On a parlé de l'opération française mais il y a aussi toujours des combats au Rwanda, très violents combats à Kigali la capitale rwandaise. Ils ont retardé l'évacuation -- qui a pu se faire ce matin -- d'une quarantaine de blessés dans un hôpital complètement surchagé…, surchargé. Et hier [26 juin] notre envoyé spécial Loïck Berrou était au cœur de ces combats. Éc… [inaudible] reportage.

[Par téléphone, Loïck Berrou :] [Inaudible] lieu des combats hier [26 juin] était l'une des multiples collines de la capitale tenue par la garde présidentielle. Les rebelles du Front patriotique, dans une bataille de colline à colline, l'ont pilonné hier à l'artillerie lourde. Mais les mortiers du FPR manquent de précision et l'hôpital de la Croix-Rouge, situé au pied de la colline, a pris son lot d'obus. L'hôpital reçoit encore chaque jour plus de 50 victimes. 900 personnes y sont hébergées dans des conditions indescriptibles. La Croix-Rouge avait décidé hier [26 juin] d'évacuer une soixantaine d'entre eux vers une zone moins sensible. À peine embarqués dans les camions, les blessés entendent les premières rafales siffler. Puis c'est au tour des obus de fuser. Bientôt les médecins et infirmières sont contraints d'aller aux abris. La Croix-Rouge avait négocié une [inaudible] cessez-le-feu de 30 minutes, le FPR ne la respecte pas. Les responsables de la Croix-Rouge et de Médecins sans frontières sont au désespoir : cela fait deux mois et demi qu'ils survivent ainsi. Ils n'ont plus de place pour enterrer les morts [diffusion d'images d'archives d'un hôpital de la Croix-Rouge].

[Jean-Pierre Pernaut :] Oui, ce matin les combats -- je vous l'ai dit -- se sont un peu calmés et les blessés ont pu être évacués.

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024