Fiche du document numéro 29012

Num
29012
Date
Vendredi 24 juin 1994
Amj
Hms
13:00:00
Taille
28770
Surtitre
Journal de 13 heures
Titre
Jean-Claude Lafourcade : « Nous allons protéger les populations. Pas contre le FPR ni contre les Forces armées rwandaises mais contre les bandes un petit peu désorganisées qui, à la suite des malheureux évènements qui ont eu lieu dans ce pays, causent des gros problèmes pour la vie des populations »
Soustitre
L'accueil tant redouté à la frontière est surprenant : c'est en libérateurs que les militaires français sont accueillis aux cris de "Vive la France".
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Mot-clé
Résumé
- About sixty soldiers arrived in a camp where thousands of Tutsi fleeing the massacres took refuge. This is the start of Operation Turquoise.

- The reception so dreaded at the border is surprising: it is as liberators that the French soldiers are greeted with cries of "Vive la France".

- 14 kilometers from Cyangugu, the paratroopers of the 11 th DP from Toulouse have taken up positions since yesterday [June 23] in the Nyarushishi camp. For Colonel Thibaut [Didier Tauzin], no question of cooperation but of simple local liaison for the security of the camp. The French army is not there to fight one or the other faction but to protect threatened populations regardless of their identity.

- Initially, the mission of the French will consist in locating the Tutsi refugee camps to protect them from attacks and massacres. Paris does not forget the Hutus, however: several refugee camps are further north, near the town of Gisenyi, a place where the routed Rwandan government has taken refuge.

- Goma has become the hub of Operation Turquoise because of its airport which, unlike Bukavu, allows large aircraft to land. The military system is growing hour by hour: the men of the marine infantry and the Legion now have 13 light armored vehicles and six transport helicopters. In the event of a problem, they can call on four Jaguars and attack Mirage F1s, moved from the Central African Republic to Zaire.

- To give the operation every chance of success, Paris is stepping up contacts with the Tutsi armed opposition. Yesterday [June 23] two government emissaries met the President of the Rwandan Patriotic Front. Objective: to convince the leader of the rebellion of the good French intentions.

- The command of Operation Turquoise did not leave Paris until this morning with General Lafourcade at its head. Jean-Claude Lafourcade: "We are going to protect the populations. Not against the RPF nor against the Rwandan Armed Forces but against the somewhat disorganized bands which, following the unfortunate events which have taken place in this country, are causing big problems for the life of the people".

- The French command should remain in place for two months, the time necessary for the UN forces to set up for the UNAMIR II mission.
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Jean-Pierre Pernaut :] Pour commencer la première nuit des troupes françaises au Rwanda : une soixantaine de soldats sont arrivés dans un camp où des milliers de Tutsi, euh, fuyant, euh…, les massacres se sont réfugiés. C'est le début de l'opération Turquoise. Pas d'incidents, l'accueil de la population est même très bon. Avec cette avant-garde des troupes françaises, dans ce camp de réfugiés à Cyangugu, nos envoyés spéciaux Marine Jacquemin et Frans-Yves Marescot.

[Marine Jacquemin :] Nous quittons dans la nuit l'aéroport de Bukavu [on voit Marine Jacquemin s'entretenir avec des soldats français devant un avion militaire]. La colonne d'une demi-douzaine de véhicules entoure une cinquantaine d'hommes, roule vers le Rwanda à une quarantaine de kilomètres de là [diffusion d'une carte du sud-est du Zaïre et du Rwanda ; une flèche indique des soldats partir de Bukavu pour Cyangugu]. Les armes sont très présentes et très en vues. L'accueil tant redouté à la frontière est surprenant [diffusion d'images montrant de nombreux véhicules militaires lourdement armés ; une incrustation "Bukavu, Zaïre" s'affiche à l'écran] : c'est en libérateurs que les militaires français sont accueillis aux cris de "Vive la France". Ils agitent notre drapeau comme une relique. Prudemment toutefois, les Français s'enfoncent dans la brousse rwandaise à la recherche de populations menacées.

À 14 kilomètres de Cyangugu [diffusion de la même carte que précédemment ; le camp de Nyarushishi est indiqué en clignotant], nous rejoignons le camp de Nyarushishi où les paras de la 11ème DP de Toulouse ont pris position depuis hier [23 juin]. Ils ont sous leur garde près de [inaudible] personnes de l'ethnie tutsi [diffusion d'images d'archives du camp de Kabgayi]. Ils ne sont qu'une vingtaine dans cet environnement hostile. Quelques éléments des Forces armées rwandaises sont là dans le secteur.

Mais pour le colonel Thibaut [Didier Tauzin], pas question de coopération mais de simple liaison locale pour la sécurité du camp. L'armée française n'est pas là pour combattre l'une ou l'autre faction, c'est très clair, mais pour protéger les populations menacées sans souci de leur identité [à nouveau, des images des réfugiés du camp de Kabgayi sont diffusées]. Au début réticent, l'information de la mission française était mal passée. Ils ont très vite compris que ces hommes en uniforme étaient là pour les sauver, non pour les tuer.

[Jean-Pierre Pernaut :] Voilà. Donc une opération Turquoise qui semble avoir bien commencé cette nuit. Dans un premier temps, la mission des Français va consister à repérer les camps de réfugiés pour protéger…, pour les protéger des attaques et des massacres. L'opération, vous l'avez vu, a commencé par le Sud du Rwanda. On fait le point avec Patricia Allémonière.

[Patricia Allémonière :] [Inaudible] ces Tutsi, une façon de rassurer l'opposi… [inaudible]. L'axe de pénétration se fait à partir de la ville de Bukavu [diffusion de la première carte évoquée ci-avant]. Paris n'en oublie pas pour autant les Hutu : plusieurs camps de réfugiés se trouvent plus au nord, près de la ville de Gisenyi, localité où s'est réfugié le gouvernement rwandais en déroute [diffusion d'images d'archives du camp de Kabgayi].

Des opérations de reconnaissance pourraient avoir lieu aujourd'hui. L'état-major est très discret sur les actions d'observations menées par ses troupes d'élite. L'axe de pénétration, cette fois, se fera à partir de Goma [diffusion de la même carte que ci-avant ; une flèche indique des soldats partir de Goma pour Gisenyi, orthographiée "Gisenye"]. Cette cité du nord-est du Zaïre est devenue la plaque tournante de l'opération Turquoise en raison de son aéroport qui permet, à l'inverse de Bukavu, l'atterrissage de gros-porteurs. Les rotations de Transall, d'Antonov, d'hélicoptères se poursuivent à un rythme impressionnant.

Le dispositif militaire grandit d'heure en heure : les hommes de l'infanterie de marine et de la Légion -- des professionnels du combat et du renseignement -- disposent désormais de 13 blindés légers et six hélicoptères de transport. En cas de problème, ils pourront faire appel à des Jaguar -- quatre -- et à des Mirage F1 d'attaque, déplacés de Centrafrique au Zaïre [diffusion d'images d'archives de gros-porteurs et de Mirage F1].

Pour donner toutes les chances de réussite à l'opération, Paris multiplie les contacts avec l'opposition armée tutsi. Hier [23 juin] deux émissaires du gouvernement rencontraient le président du Front patriotique rwandais [Alexis Kanyarengwe apparaît à l'écran]. Objectif : convaincre le chef de la rébellion des bonnes intentions françaises.

[Jean-Pierre Pernaut :] En tout cas si des centaines de soldats français se trouvent déjà au Rwanda ou tout près de la frontière du Rwanda, le commandement de l'opération Turquoise, lui, n'a quitté Paris que ce matin avec à sa tête le général Lafourcade. À l'aéroport de Roissy, reportage Laurent Delsol.

[Laurent Delsol :] Parachutistes de l'armée, de la Légion, conseillers de l'aviation légère ou fantassins, ils sont une centaine à former le comman… [inaudible]. Pour eux, 10 heures de vol dans cet Antonov pour arriver à l'aéroport de Goma au Zaïre où ils prendront position.

[Jean-Claude Lafourcade, "Commandant en chef, 'Mission Turquoise'" : "Nous allons, je vous l'ai dit, protéger les populations de… Pas contre le FPR ni contre les Forces armées rwandaises -- vous le…, en convenez -- mais contre les bandes un petit peu désorganisées, hein, qui, à la suite des malheureux évènements qui ont eu lieu dans ce pays, causent des gros problèmes pour la vie des populations. Mon mandat me donne les moyens d'utiliser la force pour protéger ces populations et je m'y emploierai".]

Dans l'appareil, 70 véhicules de tout type : médical, transmission, transport et combat. D'autres véhicules -- 300 au total -- vont être embarqués dans trois autres appareils. En attendant l'intendance est revérifiée, rien ne doit manquer [on voit des colonnes de véhicules qui attendent de se faire embarquer dans les avions]. Les militaires savent que leur mission ne va pas être facile mais ils sont plein d'espoir [on voit des militaires au béret rouge en train de rigoler avec un militaire au béret vert].

[Adjudant Jean-Luc Van de Kerkhove : "On y va pour ça. J'espère en tout cas, euh…, y contribuer pour pouvoir, euh, sauver des vies. Et ces…, ces enfants et ces femmes qui…, qui n'attendent que ça".

Colonel Robert de Resseguier, "Médecin-chef" : La crainte c'est, euh…, qu'il y ait…, d'être un peu débordé par la masse des, euh…, des malheurs qu'on va trouver là-bas !".]

Ce commandement français devrait rester en place deux mois, le temps nécessaire aux forces de l'ONU pour s'installer pour la mission MINUAR II.

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