Fiche du document numéro 28971

Num
28971
Date
Lundi 20 juin 1994
Amj
Hms
20:00:00
Taille
22061
Surtitre
Journal de 20 heures
Titre
Jacques Chirac : « Ce génocide est inimaginable. Et donc j'approuve tout à fait l'initiative d'une action humanitaire tendant à séparer des gens qui s'entretuent »
Soustitre
Le secrétaire général Boutros Boutros-Ghali a demandé au Conseil de sécurité d'accepter la proposition française d'une intervention humanitaire au Rwanda.
Nom cité
Nom cité
Mot-clé
Résumé
- At the United Nations, Secretary General Boutros Boutros-Ghali asked the Security Council to accept the French proposal for a military-humanitarian intervention in Rwanda. The United Nations will not be able to send troops to this country for three months.

- The French intervention is therefore set up and organized from Bangui. The most likely scenario would be simultaneous action on two axes from eastern Zaire for Hutu refugees as well as Tutsi refugees. There are tens of thousands of refugees there in both cases, all at risk of being massacred by one or the other camp. This shows how time is running out.

- The staff is expected tomorrow [June 21] in the Central African capital.

- Jacques Chirac: "This genocide is unimaginable. And so I totally approve of the initiative of a humanitarian action tending to separate people who are killing each other. We can't let these people slaughter each other like this".
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Patrick Poivre d'Arvor, en direct du bureau de Jacques Chirac à l'Hôtel de ville de Paris :] Aux Nations unies le secrétaire général Boutros Boutros-Ghali a demandé au Conseil de sécurité d'accepter la proposition française dont nous parlait hier [19 juin], dans le journal de Claire Chazal, Alain Juppé, à propos d'une intervention militaire, euh, humanitaire au Rwanda. Les Nations unies ne seront pas en mesure d'envoyer des troupes dans ce pays avant trois mois. L'intervention française se met donc en place de son côté. Elle s'organise à partir de Bangui, la capitale de la Centrafrique où nous retrouvons tout de suite au téléphone Marine Jacquemin.

[Marine Jacquemin :] Extérieurement, c'est une sorte de calme artificiel qui prévaut ce soir au sein des troupes françaises stationnées à Bangui [diffusion d'images de militaires français datant d'avril 1994 et filmées à Bangui]. Mais ce n'est qu'une apparence : cette force d'action rapide, classiquement prépositionnée dans cette région d'Afrique, est prête à intervenir à tout moment dès que l'ONU aura donné son feu vert, demain [21 juin] ou après-demain matin [22 juin] au plus tard espère-t-on ici.

À partir de là, le scénario le plus probable serait une action simultanée sur deux axes depuis l'Est du Zaïre à destination des réfugiés hutu mais aussi des réfugiés tutsi [diffusions de deux cartes, l'une montrant des soldats français partir de la République Centrafricaine pour le Rwanda, l'autre montrant deux flèches partir du Zaïre en direction du nord-ouest et du sud-ouest du Rwanda]. Il y a là des dizaines de milliers de réfugiés : dans les deux cas, tous risquent d'être massacrés par l'un ou l'autre camp. C'est dire comme le temps presse [diffusion d'images d'archives montrant des réfugiés].

Si ces informations filtrent déjà, c'est évidemment pour bien mettre l'accent sur le caractère humanitaire de l'opération. Les troupes françaises joueraient en quelque sorte un rôle tampon entre les réfugiés et leur environnement hostile. Pour l'instant l'état-major est attendu pour demain [21 juin] dans la capitale centrafricaine [diffusion d'images d'archives du camp de Kabgayi].

[Patrick Poivre d'Arvor s'adresse à présent à Jacques Chirac.]

Patrick Poivre d'Arvor : Jacques Chirac, vous approuvez le principe de cette intervention françaises au Rwanda ?

Jacques Chirac, "Président du RPR" : Je trouve d'abord que ce qui se passe au Rwanda est une véritable horreur. Ce génocide est inimaginable. Et donc, euh…, j'approuve tout à fait la position prise par le ministre français des Affaires étrangères, ses initiatives et, euh, celles du gouvernement. Il faut certainement obtenir, euh, l'accord du FPR, que celui-ci comprenne bien qu'il s'agit pas d'ingérence ! Mais d'une action humanitaire tendant à séparer des gens qui s'entretuent. Il faut aussi -- euh…, vous l'évoquiez à l'instant -- que l'ONU assume ses responsabilités. Il faut enfin que la France ne soit pas seule. Mais on ne peut pas laisser ces gens se massacrer comme cela.

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