Fiche du document numéro 26883

Num
26883
Date
Lundi 12 mars 2018
Amj
Taille
80096
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Titre
La Commission Nationale de Lutte contre le Génocide (CNLG) demande le jugement ou l’extradition de Charles Ndereyehe Ntahontuye, membre fondateur de la CDR et organisateur du génocide au Rwanda
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Mot-clé
CDR
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Résumé
 
Source
Extrait de
 
Commentaire
 
Type
Communiqué
Langue
FR
Citation
REPUBLIQUE DU RWANDA
National Commission for the Fight against Genocide
Commission Nationale de Lutte contre le Génocide
Komisiyo y’Igihugu yo Kurwanya Jenoside
-CNLG-

COMMUNIQUE DE PRESSE

La Commission Nationale de Lutte contre le Génocide (CNLG) demande le
jugement ou l’extradition de Charles Ndereyehe Ntahontuye membre fondateur de
la CDR et organisateur du génocide au Rwanda.
Charles Ndereyehe Ntahontuye est originaire de la commune Cyabingo dans l’ancienne
préfecture de Ruhengeri, l’un des fiefs de l’ancien régime rwandais. En 1992, avec des
intellectuels extrémistes, comprenant Ferdinand Nahimana, Dr Rwamucyo Eugene, Dr
Jean-Berchmas Nshimyumuremyi et autres, Ndereyehe a créé et dirigé un groupe
criminel appelé Cercle des Républicains Progressistes qui a sensibilisé les étudiants pour
préparer le génocide dans les campus universitaires de Nyakinama et Butare.
Ndereyehe était au départ membre du parti présidentiel, le MRND. Mais en 1992, il a
quitté le MRND et contribua à la création d’un parti radical hutu, Coalition pour la
Défense de la République (CDR), dont le rôle dans le génocide commis contre les Tutsi en
1994 est crucial.
Le 05 novembre 2008, Ndereyehe a été jugé par contumace par la juridiction Gacaca de
Gikirambwa, et fut reconnu coupable et condamné à l’emprisonnement à perpétuité
pour génocide à l’Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda (ISAR).

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1. A l’ISAR, Ndereyehe a organisé le génocide
Dès son arrivée à l’ISAR en 1993 comme directeur général de cet Institut, Ndereyehe a
élaboré un plan d’extermination des familles des agents Tutsi placés sous son autorité et
celle de la population tutsi de ses environs. Il a d’abord mis en place un comité de tueurs
aussi bien à Rubona que dans ses sept succursales disséminées dans le pays.
Ndereyehe a chassé ou muté des agents non extrémistes de l’ISAR Rubona et a conservé
aux postes de direction les seuls membres du personnel qui partageaient son
extrémisme anti-tutsi et qui acceptaient de commettre le génocide.
Le 21/03/1993, Ndereyehe adressa à Didace Mugemana, chef du personnel de l’ISAR,
une lettre officielle dans laquelle il lui confiait les pleins pouvoirs, dont celui de prendre
vis-à-vis du personnel toutes les décisions qu’il jugerait utiles. Tous les cadres de
direction de l’ISAR reçurent copie de cette lettre. Appliquant les ordres de Ndereyehe,
Didace Mugemana créa et coordonna la mise en place des milices à l’ISAR.
Une fois ces milices recrutées, Ndereyehe en collaboration avec le capitaine Ildephonse
Nizeyimana qui était comme lui originaire du nord du pays, organisait leur formation au
maniement d’armes à l’Ecole des sous-officiers (ESSO) à Butare. Ceux qui terminaient la
formation revenaient à Rubona et entrainaient à leur tour les autres milices dans les
propriétés forestières de l’ISAR Rubona et Songa. Ndereyehe recevait l’appui des
gendarmes de Nyanza commandés par un autre officier extrémiste, le capitaine
François-Xavier Bilikunzira, lui aussi impliqué dans la perpétration du génocide dans la
ville de Nyanza et dans les communes avoisinantes.
En avril 1994, Ndereyehe a dirigé dans les bureaux de l’ISAR diverses réunions de
préparation du génocide en mettant en place un plan d’extermination efficace destinée à
ne laisser aucun survivant Tutsi dans l’ISAR et ses environs. Il a réquisitionné les
véhicules de l’ISAR pour le transport des tueurs et prévue des récompenses financières à
ceux qui s’illustreraient dans le génocide. Le grand massacre eut lieu le 26 avril 1994.
Plus de 300 personnes furent tuées sous ses ordres, hommes, femmes, enfants, bébés.

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2. Ndereyehe a financé la perpétration du génocide
Le 25/05/1994, en plein génocide, le Premier ministre Jean Kambanda envoya une
directive à tous les préfets de poursuivre la chasse aux Tutsi et aux Hutu qui étaient
contre le génocide. Cette opération fut baptisée « Auto-défense civile ». En application de
cette directive, Ndereyehe adressa le même jour une lettre à tout le personnel de l’ISAR,
ordonnant à chacun d’entre eux de céder 20% de son salaire du mois de mai 1994 à
l’appui à cette opération qui était en réalité une incitation à accélérer le génocide. Dans
cette lettre, Ndereyehe promit également de prendre sur le budget de l’ISAR, la somme
d’un million de francs rwandais destinée à récompenser les tueurs.
La lettre fut cosignée par les 10 cadres de direction du siège de l’ISAR et de ses
succursales et y fut distribuée. Ceux qui l’ont cosigné sont: Nyabyenda Pierre (Directeur
scientifique),

Shyirambere Jean Damascène (directeur financier), Rutunga Venant

(Directeur du Centre régional du Plateau Central), Tegera Pierre (directeur du Centre
régional des terres des laves), Sibomana Gaëtan (Directeur du Centre régional du
Bugesera et Mayaga), Nkusi Jean Baptiste (directeur du Centre régional des hautes du
Buberuka), Gahamanyi Anastase (directeur régional des hautes terres de la Crète Zaïre
Nil), Musabyimana Thaddée (directeur du Centre régional du plateau de l’Est),
Ndayizigiye Francois (directeur du centre régional du Bugarama et bordures du Lac
Kivu) et deux chercheurs de l’ISAR Kavamahanga Francois et Kagenzi Pierre.
3. Ndereyehe était publiquement cité par le régime génocidaire comme un
modèle dans l’incitation publique et directe à commettre le génocide
L’exemple criminel de Ndereyehe dans l’incitation au génocide a dépassé les limites de
l’ISAR Rubona. Son engagement était cité comme modèle dans des réunions organisées
par le Gouvernement pour inciter la population à s’activer au génocide. Ainsi, au cours
d’une réunion dirigée par Nsabumugisha Basile, préfet de Ruhengeri, le 9 juin 1994, à
laquelle participaient tous les bourgmestres de cette préfecture, le colonel Ntibitura
Bonaventure, alors responsable de l’auto-défense civile à Ruhengeri, prit la parole en
citant le bon exemple de Ndereyehe Charles pour réclamer une participation financière
aux forces génocidaires: « Ndereyehe, le Directeur de l’ISAR, en accord avec le Conseil
d’administration de cet établissement, ont dégagé une participation financière de
1,000,000 Frw, de telle façon que toute personne qui aura désarmé un Inyenzi-Inkotanyi et
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ramené son arme, recevra une récompense de 10,000 Frw. » Ceci correspondait à
l’encouragement direct et public à pourchasser et à tuer les Tutsi.
L’une des principales décisions de cette réunion a été celle de fournir l’essence aux
tueurs pour qu’ils puissent se rendre sur tous les lieux de massacres, y compris en
dehors de la préfecture de Ruhengeri. C’est de cette façon que les tueurs qui ont
exterminé les Tutsi de Bisesero le 30 juin 1994, provenaient de différents endroits dont
Cyangugu, Gisenyi, Ruhengeri et Kibuye.
4. Ndereyehe a commencé le projet du génocide avant d’être nommé à l’ISAR
Avant d’être envoyé à l’ISAR, Ndereyehe dirigeait le Projet de développement agricole de
Gikongoro (PDAG). A cette époque, Ndereyehe a fait partie des responsables de l’État qui
ont installé des milices Interahamwe à Gikongoro, en collaboration avec le capitaine
Faustin Sebuhura, commandant adjoint de la gendarmerie de Gikongoro. Sebuhura était
originaire de la commune Mukingo à Ruhengeri, même région que Ndereyehe.
Dans la mise en place des milices à Gikongoro, Ndereyehe collabora également avec les
directeurs des projets agricoles situés dans Gikongoro, notamment Pierre Célestin
Mutabaruka, chef du projet Crête Zaïre Nil, les directeurs des usines à thé de Mata (Denis
Kamodoka) et Kitabi

(Juvénal Ndabarinze), les divers cadres de la préfecture de

Gikongoro, dont Justin Ayurugari, responsable de l’ELECTROGAZ et Celse Semigabo,
Procureur de la République. Ils sont tous aujourd’hui poursuivis pour génocide.
5. Depuis son exil aux Pays Bas, Ndereyehe poursuit son projet génocidaire
Ndereyehe quitta le Rwanda en 1994 lorsque le Gouvernement criminel et son armée
perdirent la guerre. Il fut parmi ceux qui, alors refugiés en République Démocratique du
Congo (RDC), ont créé le 3 avril 1995, un mouvement politico-militaire extrémiste, le
RDR, basé sur l’idéologie du génocide. Ndereyehe vit actuellement aux Pays Bas et est un
des dirigeants du parti terroriste FDU-Inkingi tenant de l’idéologie du génocide.
Dans de très nombreux communiqués du FDU-INKINGI qu’il publie, Ndereyehe nie
farouchement le génocide commis contre les Tutsi, prêche le négationnisme et attaque la
mémoire de ce génocide en la qualifiant de « fonds de commerce. »

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Aux Pays Bas, Ndereyehe coordonne les activités d’autres groupes extrémistes
regroupant d’exilés Rwandais radicaux, nostalgiques d’une idéologie ethniste qui a
conduit au génocide commis contre les Tutsi en 1994. Parmi ces groupes figurent la
FEDERMO (Fédération des Organisations Rwandaises aux pays Bas), CARP (Collectif des
Associations Rwandaises aux Pays-Bas), RIFDP-NL (Réseau International des Femmes
pour la Démocratie et la Paix), DEN HAAG, Pro Justitia, FFDR (Foundation for Freedom
and Democracy in Rwanda).
Depuis le 20 avril 2010, Ndereyehe est visé par un mandat d’arrêt international établi
par la justice rwandaise. Il est également sur la liste des personnes recherchées par
Interpol. Ce qui ne l’empêche cependant pas de poursuivre tranquillement ses activités
de propagande criminelle, en Europe et ailleurs, qu’il mène avec d’autres groupes
animés par l’idéologie du génocide, dont RNC, FDLR et FDU-Inkingi.
6. Urgence de juger ou d’extrader
Conformément à la résolution 2150 (16 avril 2014) du Conseil de sécurité qui exige aux
Etats « d’arrêter, de poursuivre ou d’extrader, en exécution de leurs obligations
internationales en la matière, tous autres fugitifs accusés de génocide qui résident sur leur
territoire, y compris les dirigeants des FDLR », la Commission Nationale de Lutte contre le
Génocide demande aux Pays Bas de juger Ndereyehe Charles Ntahontuye. Faute de
jugement, la justice hollandaise devrait extrader Ndereyehe au Rwanda comme cela a
été fait pour Jean Claude Iyamuremye et Jean Baptiste Mugimba extradés au Rwanda le
12/11/2016.
Rappelons que la justice hollandaise a déjà jugé Joseph Mpambara qui a été condamné à
perpétuité le 07 juillet 2011 pour des crimes qu’il a commis à Mugonero pendant le
génocide. De même, Yvonne Basebya Ntacyobatabara a été jugée en Hollande et
condamnée, le 1er mars 2013, à 6 ans et 8 mois de prison après avoir été reconnue
coupable des crimes commis à Gikondo pendant le génocide.
Kigali, 12 mars 2018
Dr BIZIMANA Jean Damascène
Secrétaire Exécutif

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