Fiche du document numéro 26805

Num
26805
Date
Vendredi 24 juillet 2020
Amj
Taille
449226
Titre
Aloys Ntiwiragabo, pilier présumé du génocide des Tutsis, se terre en France
Soustitre
La justice internationale l’a recherché en vain pour son rôle dans le génocide des Tutsis du Rwanda en 1994. Il a aussi fondé et dirigé un groupe armé criminel, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), qui a ravagé l’Afrique centrale. Avant de disparaître. Mediapart l’a retrouvé et formellement identifié : Aloys Ntiwiragabo se terre dans la banlieue d’Orléans. Comment la France a-t-elle pu le laisser passer ?
Nom cité
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Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
1

Directeur de la publication : Edwy Plenel
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mari, Alain, une référence mondiale dans la traque
des génocidaires. On nous avait dit que ce type se
trouvait quelque part en Afrique, qu’il se baladait
souvent. On nous a aussi dit qu’il était mort. Mais au
bout du compte, c’est toujours le même scénario, qui
ressemble à celui de Félicien Kabuga. »

Aloys Ntiwiragabo, pilier présumé du
génocide des Tutsis, se terre en France
PAR THÉO ENGLEBERT
ARTICLE PUBLIÉ LE VENDREDI 24 JUILLET 2020

Félicien Kabuga, homme d’affaires rwandais
considéré comme le financier du génocide des Tutsis,
a en effet été arrêté le 16 mai à Asnières-sur-Seine,
après 13 années passées en France.
Aloys Ntiwiragabo, lui, n’était pas sur le point d’être
arrêté, la justice internationale ayant renoncé à le
poursuivre. Mediapart a mis sept mois à le retrouver et
à l’identifier avec certitude.

À gauche : une photo non datée d'Aloys Ntiwiragabo ;
à droite, ce même Rwandais, en février 2020. © DR

La justice internationale l’a recherché en vain pour son
rôle dans le génocide des Tutsis du Rwanda en 1994.
Il a aussi fondé et dirigé un groupe armé criminel,
les Forces démocratiques de libération du Rwanda
(FDLR), qui a ravagé l’Afrique centrale. Avant de
disparaître. Mediapart l’a retrouvé et formellement
identifié : Aloys Ntiwiragabo se terre dans la banlieue
d’Orléans. Comment la France a-t-elle pu le laisser
passer ?

En épluchant un à un les comptes-rendus
d’associations rwandaises fondées dans l’Hexagone,
nous avons d’abord retrouvé la trace de Catherine
Nikuze, son épouse, qui a posé le pied en France le 3
mars 1998 et obtenu l’asile le 22 septembre 1999.
L’année suivante, elle s’installe avec ses deux enfants
dans une triste banlieue d’Orléans où, sans faire
de vagues, elle prend rapidement part aux activités
d’extrémistes en exil. Catherine Nikuze est naturalisée
en 2005 et prend le nom de Tibot.

Un dimanche matin de février, la température
approche de zéro et la banlieue d’Orléans est plongée
dans une épaisse brume. Les habitants sont peu
nombreux à sortir affronter la morsure du froid.

À l’extérieur de l’immeuble HLM de la banlieue
d’Orléans où s’est réfugié Aloys Ntiwiragabo, seul ce
nom de Tibot apparaît sur l’interphone. En revanche,
sur la boîte aux lettres du couple, dans le hall, trois
noms figurent : Nikuze, Tibot et Ntiwiragabo. Le
couple demeure au quatrième et dernier étage.

Un groupe d’hommes s’active autour de la borne d’un
bar PMU et remplit frénétiquement des grilles de
loterie en sirotant des cafés. Au bout de la rue, une
assemblée de fidèles répond à l’appel des cloches et se
presse à l’approche de la messe. L’homme de 72 ans
qui nous intéresse se trouve parmi eux.
Qui pourrait se douter que ce septuagénaire aux
larges lunettes est en réalité Aloys Ntiwiragabo,
l’ancien maître espion du Rwanda, l’un des architectes
présumés du génocide des Tutsis, le fondateur et
dirigeant d’un groupe armé parmi les pires d’Afrique
centrale, recherché des années durant par la justice
internationale ?
« C’est incroyable, inouï même ! Cet homme est
très important, réagit à nos découvertes Dafroza
Gauthier, cofondatrice du Collectif des parties civiles
pour le Rwanda (CPCR) et qui constitue avec son

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Confondre le colonel n’est pas simple. Son passé de
maître espion et de chef d’une organisation clandestine
contraint à redoubler de discrétion et de prudence.

Un autre ancien membre du service de renseignement
ainsi qu’un ex-fonctionnaire rwandais le reconnaissent
aussi formellement. Contactées par Mediapart, des
sources proches de la présidence de la République
et des renseignements rwandais sont également
convaincues qu’il s’agit bien de lui.
Mais comment être certain de ne pas se méprendre
après tant d’années ? L’homme est un fantôme.
Officiellement domicilié chez son avocat dans le XIVe
arrondissement de Paris, il ne laisse pas de trace.
Le 10 juillet 2020, Aloys Ntiwiragabo a cependant
poussé la porte d’un bureau de La Poste dans
la banlieue d’Orléans, où il a récupéré une lettre
recommandée qui lui était personnellement adressée
à son identité véritable. Sur l’avis de réception que
Mediapart a pu consulter, il a coché la case « le
destinataire » et a signé.

Aloys Ntiwiragabo, en route vers l'église, en février 2020. © TE

Nous nous sommes rendus six fois dans la banlieue
d’Orléans entre décembre 2019 et mars 2020, en
changeant à chaque voyage notre apparence et nos
itinéraires, pour vérifier une information à la fois sans
attirer l’attention.

L'avis de réception à son nom signé par Aloys Ntiwiragabo.

Non seulement Aloys Ntiwiragabo réside bien là mais
il dispose de documents d’identité à son nom.

Un rituel se dessine : le dimanche, le général-major
Ntiwiragabo assiste à la messe. Se rendre au culte est
une obligation pour ces combattants rwandais qui se
surnomment les « abacunguzi », les « rédempteurs ».

Nous avons tenté de le contacter une première fois en
mars. Un homme avait décroché et refusé de confirmer
ou d’infirmer la présence d’Aloys Ntiwiragabo dans
la demeure. Depuis, plus personne ne décroche.
Interrogé, son avocat n’a pas non plus donné suite à
nos sollicitations.

La capuche serrée sur son visage et les mains
enfoncées dans les poches de sa veste noire, Aloys
Ntiwiragabo marche d’un pas sûr et se fraye un chemin
dans les allées du marché qui s’anime en fin de
matinée. Derrière ses lunettes, son regard reste alerte.
Catherine Nikuze le suit de sa démarche chancelante.

Aloys Ntiwiragabo a-t-il levé la garde ? Il est vrai
qu’il ne figure plus sur la liste des fugitifs recherchés
depuis des années : il fait partie de ces hommes pour
lesquels l’acte d’accusation n’a pu être établi par le
Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR)
dans les délais impartis. Des recherches trop longues,
trop onéreuses, des procès interminables : le procureur
du TPIR, installé à Arusha (Tanzanie), a décidé à
partir du milieu des années 2000 d’arrêter les frais, à
quelques exceptions près.

Personne ne prête attention au vieil homme à la
mine sévère et au comportement paranoïaque. Nous
le filmons discrètement. « Son visage a changé
avec l’âge. Mais je le reconnais », affirme Richard
Mugenzi, qui a officié sous ses ordres, quand nous lui
montrons les images au printemps dernier.

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Il se sent peut-être aussi à l’abri : la France n’a rien
entrepris pour mettre fin à sa cavale d’une décennie,
alors qu’elle en a eu l’occasion à plusieurs reprises.

comme trop modérées. Le procureur du Tribunal pénal
international pour le Rwanda attribue la paternité de
ces listes au colonel Ntiwiragabo.
En établissant ces listes, Aloys Ntiwiragabo se serait
donc trouvé au cœur de la planification du génocide.
« [Il] était responsable des volets officiels et officieux
de ce plan », confirme Mugenzi.
Pendant le génocide, le G2 s’emploie ensuite à diffuser
de fausses informations sur les ondes radio de l’armée
rwandaise et à falsifier ses interceptions des messages
adverses pour attribuer ses propres crimes à son
ennemi.
« Au cours du génocide, les militaires ont accentué le
nombre de leurs messages, dont certains appelaient
clairement à l’extermination des “lnyenzi” (cafards)
ou les “lbyitso” (les acolytes du FPR) », se souvient
Valérie Bemekiri, ancienne animatrice de la Radio
télévision libre des mille collines (RTLM) devant un
enquêteur français qui l’interroge, bien des années plus
tard. Elle cite alors Aloys Ntiwiragabo parmi les trois
« principaux intervenants » qui « venaient voir le PDG
pour lui confier les communiqués à passer ».

Photo d'Aloys Ntiwiragabo, non datée, issue d'un rapport d'African Rights.

Aloys Ntiwiragabo a su se faire oublier d’autant
plus facilement qu’on trouve peu de traces de
sa vie dans la presse française. Originaire d’un
village situé dans le nord du pays, à une vingtaine
de kilomètres du fief présidentiel, il appartient
aux milieux les plus extrémistes et commande les
gendarmes de Kigali jusqu’en 1993 – le capitaine
Pascal Simbikangwa, condamné en France à 25
ans de prison pour génocide, opéra longtemps sous
ses ordres. Il appartient alors au premier cercle du
pouvoir que les Rwandais surnomment « l’Akazu ».
Ce cercle répandra l’idéologie des Hutu Power, ce
groupe d’extrémistes radicaux rwandais, qui conduira
au génocide.

La RTLM diffusera effectivement sur ses ondes les
listes préalablement établies de personnes à exécuter.
Transmises aux animateurs par l’intermédiaire de
son PDG, qui n’est autre que Félicien Kabuga, elles
mentionnaient les adresses, les lieux de travail et les
endroits fréquentés par les cibles.
Pendant le génocide, Aloys Ntiwiragabo prend part
aux réunions quotidiennes de l’état-major des forces
armées rwandaises. Il est l’un des deux seuls
participants à n’avoir jamais été arrêtés ni jugés.

En juin 1993, Aloys Ntiwiragabo prend la tête des
renseignements militaires rwandais (G2) et devient
chef d’état-major adjoint de l’armée rwandaise.
« C’était un fanatique », résume Richard Mugenzi qui
appartenait au G2.

D’après l’ONG africaine de défense des droits
de l’homme African Rights, Aloys Ntiwiragabo a
ordonné l’assassinat d’officiers qui ne coopéraient pas
avec les génocidaires. Il aurait également mis un poste
de police de Kigali à la disposition des miliciens pour
torturer, violer et exécuter les Tutsis.

Richard Mugenzi se remémore l’ambiance dans le
service de renseignement : « Tout était planifié. Il y
avait une vision. Elle impliquait de se débarrasser des
Tutsis. Une solution finale. »

Dans l’acte d’accusation qu’il dresse pour le premier
procès des militaires, le procureur du TPIR cite Aloys
Ntiwiragabo parmi 11 individus qui « dès la fin de
1990 et jusqu’à juillet 1994 […] se sont entendus

Le G2 dresse la liste des « ennemis » définis comme
« le Tutsi de l’intérieur et de l’extérieur », mais
également des opposants ou des personnes considérées

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entre eux et avec d’autres pour élaborer un plan
dans l’intention d’exterminer la population civile tutsi
et d’éliminer les membres de l’opposition et de se
maintenir au pouvoir. […] Ils ont organisé, ordonné
et participé aux massacres ».

Comme l’a montré le journaliste Jean-François
Dupaquier, ce sont ces génocidaires rwandais qui
importent au Congo l’utilisation du viol de masse
comme arme de guerre : les FDLR réduisent
des femmes en esclavage, recrutent des centaines
d’enfants soldats, asservissent les populations et
commettent d’innombrables atrocités documentées
par l’ONU et les ONG de défense des droits de
l’homme.

Son prédécesseur à la tête du G2 écopera d’une
peine de prison à vie. Sur les onze hommes, le TPIR
en condamnera cinq, en acquittera trois, mais ne
parviendra jamais à capturer les trois derniers, dont
Aloys Ntiwiragabo.

Quelques années après le déclenchement de la
guerre, la présence des FDLR devient cependant le
principal obstacle au processus de paix dans la région.
Pour sauver les apparences, l’organisation décide de
remplacer les dirigeants trop liés au génocide de
1994 par des individus dont l’implication paraît moins
évidente.

La cavale puis l’arrivée en France
Au mois de juillet 1994, de nombreux génocidaires
ont en effet fui au Zaïre (actuelle République
démocratique du Congo, RDC), convaincus de leur
retour imminent au Rwanda. Aloys Ntiwiragabo en
fait partie. En 1996, il rejoint le Kenya.

Aloys Ntiwiragabo se retire et quitte alors son quartier
général de Kinshasa (RDC) vers une retraite bien
préparée. Car depuis son départ du Rwanda, il s’est
aussi impliqué dans un autre conflit, celui du Soudan,
où il fait une première halte en 1997.
À l’époque, englué dans un violent conflit qui l’oppose
aux socialistes laïcs sud-soudanais, le pouvoir central
de Khartoum accueille à bras ouverts les combattants
étrangers. Génocidaires rwandais et rebelles illuminés
ougandais s’ajoutent ainsi aux nombreuses milices
inféodées au régime d’Omar el-Béchir.

Photos de victimes du génocide dans un mémorial situé dans la province de Kigali. © AFP

Le 18 juillet 1997, les limiers du Tribunal pénal
international pour le Rwanda lancent l’opération «
Naki » pour arrêter les fugitifs. Aloys Ntiwiragabo est
l’une de leurs cibles. Mais avec deux autres suspects,
il « glisse entre les mains » des enquêteurs, selon le
communiqué du TPIR diffusé après l’opération.

Lorsqu’il revient au Soudan après quatre ans de
guerre au Congo, Aloys Ntiwiragabo ne figure plus
dans l’organigramme des FDLR et proclame ne plus
entretenir de lien avec l’organisation qu’il a fondée
et dirigée. Même s’il est suspecté de maintenir des
rapports étroits.

Aloys Ntiwiragabo prend la fuite et se réfugie dans
le sud du Soudan. Lorsque la seconde guerre du
Congo éclate en 1998, les génocidaires rwandais
s’allient au nouveau pouvoir congolais et se mobilisent
sur plusieurs fronts. Aloys Ntiwiragabo devient
leur « commandant suprême ». Les différents
contingents qu’il contrôle fusionnent dans les Forces
démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), dont
il est proclamé général-major. Il met sur pied ce que
l’ONU désigne depuis lors sous le nom de « forces
négatives ».

Aloys Ntiwiragabo veut quitter l’Afrique et, en France,
il dispose d’un solide réseau de soutiens.
Il ne peut décemment pas solliciter l’asile de la France.
Mais alors qu’il est activement recherché par le TPIR,
en 2001, il ose par deux fois se rendre en personne dans
des représentations diplomatiques françaises pour y
demander un visa long séjour. D’abord au consulat
français à Khartoum, puis à Niamey, au Niger. Son

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passé criminel pourrait justifier un refus immédiat
et son arrestation par les autorités françaises ou
nigériennes. Mais rien ne se passe.

échafaudé par le juge était influencé par d’anciens
génocidaires et des membres du FDLR. Une fable que
Ntiwiragabo a lui-même alimentée ce jour-là.

Le ministre des affaires étrangères s’appelle alors
Hubert Védrine. Il était secrétaire général de l’Élysée
pendant le génocide. Contacté par Mediapart, il coupe
court : « Je vous arrête. Je connais les positions de
Mediapart sur le Rwanda et donc je ne réponds à
aucune question précise et je n’entrerai pas dans le
détail. Les médias français sont de parti pris et ils
n’auront jamais le courage d’écrire qu’ils ont écrit des
trucs faux depuis 20 ans. »

Sa contribution aux efforts d’un magistrat français
pour incriminer les autorités du Rwanda a-t-elle pu
conduire Aloys Ntiwiragabo à penser qu’il serait le
bienvenu en France ? Ce sentiment a-t-il été renforcé
par l’ordonnance du juge Bruguière qui lance en
2006 neuf mandats d’arrêt contre des dirigeants du
Rwanda ?
La voie peut paraître d’autant plus libre que le
TPIR, qui doit achever ses travaux dans un délai
raisonnable, renonce dans le même temps à présenter
de nouveaux actes d’accusation contre un certain
nombre de génocidaires présumés, parmi lesquels
Aloys Ntiwiragabo.

Le ministre a-t-il pu ignorer la démarche du colonel
Ntiwiragabo ? Mediapart a consulté des documents
confidentiels, issus notamment d’ambassades, qui
montrent qu’il était alors d’usage dans les consulats
et les préfectures de faire remonter en haut lieu les
informations concernant des personnalités rwandaises.

Rien dans nos recherches ne nous a permis d’établir la
date à laquelle il s’est installé sur le territoire français.
La France l’a-t-elle alors sciemment laissé passer ?

La demande de visa du suspect passera dix longues
années dans un placard. En 2011 survient la décision
négative et très tardive du Quai d’Orsay et de
l’Intérieur. Aurait-elle pu offrir une nouvelle occasion
de l’arrêter ? Le ministre des affaires étrangères
s’appelle alors Alain Juppé. Il occupait le même poste
pendant le génocide. Contacté par Mediapart, il n’a pas
donné suite.

La présence de Catherine Nikuze en France n’est en
tout cas pas passée inaperçue. Dès 2000, la Direction
de la surveillance du territoire (DST) menait deux
« enquêtes d’environnement » à Orléans. Mediapart
a pu consulter deux documents émis par le service,
déclassifiés pour des procédures judiciaires mais
presque entièrement caviardés.

Les époux Ntiwiragabo réclament l’annulation du
refus. Mais leur requête est rejetée par le tribunal
administratif de Nantes en 2014, puis en appel l’année
suivante.

Le 3 mai 2001, le contre-espionnage produit une
première note de renseignement de neuf pages, classée
« confidentiel défense », au sujet de Catherine Nikuze.
Le 19 septembre 2001, une seconde note classifiée
de huit pages est produite concernant l’ex-diplomate
Jean-Marie Vianney Ndagijimana, membre du bureau
de l’Association des Rwandais de l’agglomération
orléanaise (ARAO), dont Catherine Nikuze est la
trésorière depuis 2001.

Avait-il déjà rejoint la France à cette époque ?
Deux mois après la demande de visa d’Aloys
Ntiwiragabo en 2001, le juge français Jean-Louis
Bruguière rencontre le général-major Ntiwiragabo à
Kinshasa, en RDC, pour l’entendre dans l’enquête
sur l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion du
dictateur rwandais Juvénal Habyarimana, qui fut l’acte
déclencheur du génocide.

Alors que sa femme est surveillée, alors qu’il
projette de venir depuis 2001, comment l’arrivée de
Ntiwiragabo a-t-elle pu passer inaperçue ?

Jean-Louis Bruguière mène alors depuis trois ans une
enquête à charge contre les nouvelles autorités du
Rwanda. Il est désormais établi que le scénario bancal

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D’autant que le général-major Ntiwiragabo n’a jamais
disparu du paysage. Récemment, en 2018, il publie
même un livre dans lequel il expose sa version
de l’histoire. Le mot génocide s’avère absent de
l’ouvrage.

Sollicité pour savoir s’il avait enquêté sur Aloys
Ntiwiragabo, le Parquet national antiterroriste,
compétent pour les crimes contre l’humanité, ne nous
a pas répondu.
« On a l’impression que la France s’est abonnée
pour abriter ces gros bonnets ni vu ni connu. Il
y a forcément des complices derrière pour leur
permettre de vivre comme ça, déplore Dafroza
Gauthier, du Collectif des parties civiles pour le
Rwanda. Qu’est-ce que les autorités compétentes vont
faire en apprenant ça ? On espère qu’elles vont faire
leur travail et l’arrêter pour qu’il rende des comptes
à la justice. »

Puis en février 2019, lorsque nous révélons une note
de la DGSE désignant les extrémistes du Hutu Power
comme les commanditaires de l’attentat du 6 avril
1994, Aloys Ntiwiragabo réagit en publiant une « mise
au point » sur un site extrémiste hébergé en France.

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