Fiche du document numéro 26660

Num
26660
Date
Mardi 7 avril 2020
Amj
Taille
0
Surtitre
Saison 8
Titre
Mécaniques du complotisme - Rwanda, le génocide des Tutsi et la conspiration (2/4) : "Paul Barril, le clown du révisionnisme"
Soustitre
A qui profite le crime ? A ceux qui ont gagné la guerre bien sûr ! En partant de ce raisonnement simple, un ancien officier du GIGN, le capitaine Paul Barril, va être le premier porte-parole d'un "révisionnisme populaire" qui consiste à transformer les bourreaux en victimes et vice-versa. Où l'on retrouve dans le rôle du diffuseur de rumeur, l'animateur de télévision Thierry Ardisson, grand amateur de complotisme…
Nom cité
Nom cité
Mot-clé
Type
Émission de radio (son)
Langue
FR
Citation
Le capitaine Paul Barril, ancien chef-adjoint du GIGN et porte-parole du

Alors que le génocide est presque terminé fin juin 1994, après trois mois de massacres intensifs, l'ancien chef adjoint du GIGN intervient spectaculairement sur la scène médiatique pour affirmer avec force (mais sans la moindre preuve) qu'il a résolu l'énigme de la responsabilité de l'attentat contre le Falcon Jet du président Habyarimana. Paul Barril prétend dévoiler qui sont les forces à l'oeuvre derrière les massacres... en se basant sur une question simple "A qui profite le crime ? Réponse : à ceux qui sont en train de gagner la guerre".

Problème : ces pseudo-révélations sont relayés par deux médias influents, le quotidien Le Monde et la télévision publique France 2, qui leur offrent un certain crédit. Et ce, malgré des démentis dès le lendemain de cette sortie médiatique. Second problème : le "clown", ainsi qu'il est surnommé, va resurgir dans les médias régulièrement dans les années suivantes. En novembre 2000 d'abord, puis à l'occasion de chaque anniversaire jusqu'en 2014 où Paul Barril continue de réciter le même credo sans apporter la moindre preuve.

Ce "révisionnisme populaire" n'est pas sans cause, ni sans conséquences. Il puise son inspiration directement auprès des génocidaires qui, très tôt, ont compris l'utilité de construire un argumentaire négationniste, parce qu'ils espèrent ainsi pouvoir échapper aux condamnations judiciaires. Le témoignage du colonel Théoneste Bagosora, en septembre 1994 dans les camps de réfugiés de Goma (Zaïre), en est un exemple flagrant.

Mais ces manipulations s'étendent aussi au terrain judiciaire français, puisque Paul Barril va réussir à introduire comme interprète auprès du juge Jean-Louis Bruguière (le magistrat chargé d'enquêter sur l'attentat du Falcon) un ancien espion rwandais, membre du premier cercle des extrémistes hutus. Ou comment un vrai complot peut s'insérer dans du complotisme de bas étage.

Un podcast de David Servenay et Thomas Dutter. Mixage : Audrey Guellil.

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