Fiche du document numéro 25740

Num
25740
Date
Vendredi 1er juin 2012
Amj
Taille
119963
Surtitre
Rwanda
Titre
La liste de la Minuar versée au dossier du juge Trévidic
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Le délai pour contester l'enquête balistique du magistrat expirait
hier.

La liste révélant la présence de missiles dans les arsenaux des forces
armées rwandaises à la veille du génocide se trouve désormais chez les
juges Marc Trévidic et Nathalie Poux, chargés de l'instruction sur
l'attentat contre le président Juvénal Habyarimana. Les avocats des
personnalités rwandaises mises en examen par le juge Bruguière en 2006
l'ont versée au dossier hier. Un jour qui marquait l'expiration du
délai offert à toutes les parties civiles pour commenter ou contester
la fameuse expertise balistique rendue publique le 10 janvier.

Emotion. Résultat de la première enquête scientifique française
réalisée sur les lieux du crash, cette expertise avait finalement
conclu que le lieu du tir le plus probable se situait près d'un
cimetière, à l'intérieur de l'enceinte du camp militaire de la garde
présidentielle à Kanombé, non loin de l'aéroport. Ces conclusions
contredisent totalement celles émises (sans jamais se rendre au Rwanda)
par le juge Bruguière en 2006, et qui ont suscité, en ce début d'année,
une certaine émotion. Surtout chez ceux qui, comme Bruguière, ont du
mal (ou peu d'intérêt) à admettre que les proches du président rwandais
ont pu assassiner leur chef, soupçonné de céder au partage du pouvoir
avec les rebelles tutsis.

Hier encore, à l'extrême limite du délai pour contester le rapport
balistique de janvier, plusieurs avocats représentant notamment les
proches des victimes (celles qui se trouvaient dans l'avion le soir de
l'attentat) ont présenté des demandes de contre-expertise ou des
commentaires. Premier avocat à avoir engagé cette procédure, Me Hélène
Clamagirand représente les intérêts de la famille d'un membre de
l'équipage français du Falcon 50. Mais cette avocate défend par
ailleurs les intérêts d'un certain Paul Barril (lire page 3),
ex-gendarme du GIGN dont le rôle dans le drame rwandais reste à
déterminer : mandaté par Habyarimana pour réorganiser ses services
secrets, présent au Rwanda deux jours avant l'attentat puis, aussitôt
après, mandaté par la veuve du Président pour faire la lumière sur
l'assassinat de son mari, avant de présenter aux médias français une
fausse boîte noire…

« Enfumage ». Depuis 1994, l'affaire de l'attentat contre le président
rwandais a donc donné lieu à une série de manipulations rocambolesques.
De vraies fausses boîtes noires, de vrais faux missiles, retrouvés sur
une colline mais mentionnés seulement deux ans après l'attentat avant
de disparaître, de vrais faux témoins et des affirmations qui défient
toute vraisemblance : « Les missiles, on le sait, sont de fabrication
soviétique, vendus à l'Ouganda, puis fournies au FPR », croit bon
d'asséner Hubert Védrine sur France Culture le 13 janvier, alors qu'il
exprimait ses « doutes » sur l'expertise balistique réalisée par les
juges parisiens. D'où tient-il de telles certitudes ? L'ancien fidèle
de Mitterrand ne le dit pas.

En réalité, la présence de missiles français dans les stocks de l'armée
rwandaise à la veille du génocide ne confirme ni ne contredit l'enquête
en cours du juge Trévidic. Elle n'est qu'un élément qui incite à se
poser des questions « sur l'enfumage constant de ce dossier » comme le
souligne Bernard Maingain, l'avocat des officiels rwandais mis en
examen. « Pour l'instant, cet enfumage est toujours venu de Paris »,
conclut-il.

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