Fiche du document numéro 24910

Num
24910
Date
Samedi 25 janvier 1997
Amj
Auteur
Taille
88246
Titre
Au Zaïre, le retour des « affreux »
Nom cité
Source
Type
Langue
FR
Citation
EXCITATION de la presse zaïroise ce vendredi pour planter le décor d'une contre-offensive encadrée par des « affreux » venus de l'extérieur. Les journaux de Kinshasa rivalisent ainsi d'enthousiasme pour saluer la reprise en main de la localité de Walikalé (est du pays) après de violents combats.

« Mahele (le chef d'état-major général) canonne Kabila: 100 rebelles tués », titre « le Palmarès » (proche du leader de l'opposition, Tshisekedi, lequel était venu en France fin 1996 rencontrer le vieux dictateur dans sa résidence de la Côte d'Azur, un geste qui semble avoir embarrassé d'autres composantes de « l'union sacrée de l'opposition radicale »). « Forum » (même tendance) affirme: « Les FAZ (Forces armées zaïroises) bientôt à Goma et Bukavu ». « Le Potentiel », également « tshisekediste », vante les « prouesses du Tigre », le surnom du général Mahele...

De son côté, « Salongo », proche du chef de l'Etat, affirme que « les FAZ devront se réserver le droit de poursuite des rebelles et compagnie en débandade. Car c'est au nom de ce droit que l'Ouganda et le Rwanda faisaient des incursions régulières sur le sol zaïrois avant de décider carrément de nous agresser ». Le gouvernement n'avait pour sa part pas diffusé de nouvelles informations hier matin sur la situation militaire.

Cette contre-offensive mobutiste s'appuie sur un double pilier. L'un, officiel, constitué par la garde présidentielle qui, elle, contrairement à l'armée « classique » a continué de palper des soldes en bonne et due forme; avec même des « rallonges » d'un montant non connu. L'autre, officieux, constitué de mercenaires professionnels recrutés à travers des capitales européennes et africaines, chaque révélation à cet égard étant bien évidemment suivie de démentis qui ne convainquent personne.

Ainsi dans la presse française. Décembre, « l'Humanité » évoque les « offres d'embauche » adressées aux « affreux » français, portugais et sud-africains en mal de pactole. Selon les rumeurs venues de Paris, de Lisbonne ou du Cap, l'objectif serait de recruter dans les 5.000 « professionnels » dûment expérimentés... Début janvier, « le Monde » note que des « ex-gendarmes de l'Elysée » participeraient au recrutement de mercenaires pour le Zaïre, deux à trois cents venus d'Europe, mais aussi d'Afrique du Sud, d'Angola (une vieille tradition de l'UNITA de Savimbi) et du Mozambique. Voilà deux jours, « Libération » reprenait cette information, précisant le nom de l'Européen chargé de cette opération concernant plus particulièrement la zone Kisangani-Watsa: Christian Tavernier, équivalent belge de Bob Denard, puisque, comme lui, ancien tueur à gages de Moïse Tshombé, au vieux temps du Katanga. Et, comme lui, prenant ses consignes du côté de Jacques Foccart, le sempiternel « M. Afrique » du gaullisme.

JEAN CHATAIN.

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024