Fiche du document numéro 24620

Num
24620
Date
Mardi 18 juin 2019
Amj
Taille
178634
Titre
Rwanda : Twagiramungu rejoint la plateforme MRCD
Soustitre
Le Mouvement rwandais pour le Changement démocratique (MRCD) a organisé mardi une conférence de presse à Bruxelles, pour signaler l’arrivée d’un quatrième parti en son sein: le Rwanda Dream Initiative (RDI), de Faustin Twagiramungu
Nom cité
Nom cité
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation


La plateforme MRCD a été créée « en décembre 2016 », a indiqué mardi son président, Paul Rusesabagina, 65 ans – ancien gérant de l’Hôtel des Mille Collines, à Kigali, durant le génocide, qui a inspiré et supervisé le scénario du film « HôtelRwanda » – par la réunion de la formation de ce dernier, le Parti pour la Démocratie au Rwanda (PDR), avec le Conseil national pour le Renouveau démocratique (CNRD). Derrière ce nom pacifique se cache une dissidence des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda), un mouvement armé issu des génocidaires rwandais de 1994, souvent cité par les sources onusiennes comme le principal responsable, avec l’armée congolaise, des viols, et autres crimes commis contre la population civile au Kivu (est du Congo). M. Rusesabagina présente le CNRD simplement comme « des réfugiés rwandais au Congo ».

Le chanteur Callixte Sankara



En 2018, a ajouté M. Rusesabagina, le MRCD a été rejoint par le Rwandan Revolution Movement (RRM) du « major » Callixte Sankara – Nsabimana à l’état civil. Ce chanteur-compositeur a été, jusqu’à fin 2017, membre du RNC (Rwanda National Congress), qui regroupe des dissidents armés du FPR (Front patriotique rwandais, au pouvoir à Kigali), où il était chargé de poster sur Youtube ses chansons anti-FPR et anti-Kagame.

Puis il quitte le RNC et, nanti du grade de « major », à la mi-2018, signe comme porte-parole des déclarations des Forces de libération nationale (FLN) publiées sur Facebook; les FLN ont revendiqué des attaques à la frontière rwandaise. Devenu vice-président du MRCD, « Sankara » a été arrêté en avril dernier et a comparu devant un juge en mai à Kigali. M. Rusesabagina assure que ses aveux de collaboration avec le Burundi et l’Ouganda – en mauvais termes avec Kigali – lui ont été extorqués par « la torture ».

Twagiramungu, déjà allié des FDLR



C’est à ce groupe que se joint l’opposant Faustin Twagiramungu, 73 ans, à la tête de son micro-parti Rwanda Dream Initiative, fondé en 2010. Pourquoi? « Parce que nous devons nous unir ». En 2014, M. Twagiramungu s’était déjà allié aux FDLR pour former une « Coalition des partis politiques pour le changement » qui n’a duré que quelques mois.

Twagiramungu assure qu'« aujourd’hui, on tue en masse » au Rwanda « et vous (les journalistes) ne dites rien; il n’y a que… d’autres, là, qui ont commis le génocide » (comprendre: vous ne parlez que de ceux – qu’il ne nomme pas – qui ont commis le génocide des Tutsis en 1994). Ce génocide, dit-il, a été « provoqué » par l’attaque armée du FPR depuis l’Ouganda, en 1990, contre le régime Habyarimana qui refusait le retour des exilés tutsis au Rwanda. M. Twagiramungu assure que les FDLR sont dans la même situation aujourd’hui et ont « le droit de prendre les armes pour rentrer dans leur pays » – oubliant que 11.000 ex-FDLR qui ont fui leurs chefs au Congo ont déjà été réintégrés au Rwanda (il reste essentiellement le noyau dur au Kivu) et que le FPR n’a jamais commis en Ouganda les crimes perpétrés, massivement, par les FDLR au Congo.

« Dans l’intérêt supérieur du peuple rwandais »



Selon le communiqué officiel de ralliement de M. Twagiramungu, les deux parties « ont les mêmes objectifs et se sont mis d’accord pour œuvrer ensemble dans l’intérêt supérieur du peuple rwandais ». Elles s’appuient sur les valeurs suivantes: « l’unité des Rwandais, la vérité, la justice, la démocratie, l’Etat de droit et le respect des droits de l’homme ».

Le MRCD « condamne la fermeture de l’espace politique par la dictature du FPR au Rwanda » et demande « aux membres de la communauté internationale soucieux de la paix et du respect des peuples d’user de leur influence sur le gouvernement rwandais pour permettre au peuple rwandais d’exprimer ses opinions politiques et contribuer ainsi à la démocratisation du pays et à sa réconciliation ».

La plateforme appelle cependant « les Rwandais à l’unité pour forcer ce dialogue par tous les moyens ». M. Rusesabagina dit « condamner la violence » mais, interrogé sur ses rapports avec les FDLR et le RNC, il répond que « les réfugiés ont le droit de se défendre pour ne pas être comme un mouton ».

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