Fiche du document numéro 2412

Num
2412
Date
Mercredi 27 novembre 1996
Amj
Taille
88260
Sur titre
Afrique des Grands Lacs
Titre
L'incertitude règne dans l'est du Zaïre
Sous titre
Les ministres des Affaires étrangères des Quinze se prononcent pour une conférence régionale sous l'égide de l'ONU et de l'OUA. La situation dans l'est zaïrois reste confuse.
Lieu cité
Lieu cité
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
LES ministres des Affaires étrangères des Quinze ont appelé à la tenue
d'une conférence régionale sur la paix, la stabilité et le
développement de la région de l'Afrique des Grands Lacs. Dans leurs
conclusions adoptées à l'issue d'un Conseil à Bruxelles, les ministres
de l'Union européenne ont estimé lundi soir qu'une telle conférence,
sous l'égide de l'ONU et de l'OUA (Organisation de l'unité africaine),
permettrait de garantir la stabilité à long terme de la région.

Les ministres se sont félicités du retour d'un nombre important de
réfugiés au Rwanda mais ont exprimé leur préoccupation face au sort
des réfugiés et des personnes déplacées dans l'est du Zaïre
. Ils ont
noté que les discussions sur une intervention militaire dans la
région se poursuivaient dans le cadre des Nations unies. Mais le
ministre des Affaires étrangères français, Hervé de Charette, s'est
dit choqué devant l'apathie qu'on dissimule derrière
d'interminables discussions
, alors que le chef de la diplomatie
britannique, Malcolm Rifkind, se serait montré le plus réticent à ce
que l'UE s'engage plus clairement en faveur de l'envoi de soldats.

Les responsables militaires réunis dimanche à Stuttgart n'ont rien
décidé, préférant s'en remettre aux gouvernements. Ils ont présenté
plusieurs options pour assurer une aide strictement humanitaire
aux réfugiés qui se trouvent encore au Zaïre. Mais l'intérêt suscité
désormais par une telle mission est nettement retombé avec le retour
de centaines de milliers réfugiés au Rwanda.

Les actions entreprises la semaine dernière par le Comité
international de la Croix-Rouge (CICR) et par le Fonds des Nations
unies pour l'enfance (UNICEF) pour acheminer par camions des vivres et
des médicaments dans l'est du Zaïre, au départ de Kisangani, ont été
peu concluantes. Ces organisations affirment ne pouvoir travailler
dans la région et réclament que la force multinationale soit mise sur
pied.

Des centaines de réfugiés rwandais arrivés hier à Goma, dans l'est du
Zaïre, ont signalé une forte concentration de personnes errant à
l'ouest et au sud de la ville de Saké, non loin de Goma, a rapporté un
membre du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
Ce mouvement pourrait être le prélude à une nouvelle vague de réfugiés
succédant aux centaines de milliers de personnes déjà rentrées au
Rwanda après l'intervention des Banyamulenge (rebelles zaïrois) contre
les anciens militaires zaïrois et les milices hutu qui contrôlaient
les camps. Ray Wilkinson, porte-parole du HCR à Goma, a fait état de
l'arrivée à Saké, ces deux derniers jours, de 1.400 réfugiés venus de
Bukavu et repartis vers le Rwanda en passant par Goma. Mais
maintenant, peut-être en raison des combats, les gens de Saké sont
peut-être partis dans les collines
, a-t-il dit.

Un avion militaire américain a survolé hier Goma et Saké pour
officiellement évaluer la situation des réfugiés auxquels les
organisations humanitaires tentent de distribuer les vivres et l'eau
potable dont ils sont privés depuis plusieurs semaines.

Les rebelles zaïrois ont interdit l'accès à Saké. Les organisations
humanitaires ont dû quitter le Kivu lorsque les combats ont débuté en
octobre, et les rebelles ne les ont pas laissé revenir depuis. Ils
leur ont néanmoins permis cette semaine d'entreprendre un travail de
repérage dans la région de Bukavu.

Le HCR estimait avant la mi-novembre le nombre de réfugiés rwandais au
Kivu à 1,2 million. Mais leur nombre exact aujourd'hui et l'endroit où
ils se trouvent sont souvent sujets à caution. Le gouvernement
rwandais affirme qu'il ne reste plus de réfugiés et que seuls restent
sur place des soldats de l'ancienne dictature rwandaise et des
miliciens hutu accompagnés de leurs familles. Il estime dès lors
qu'une force multinationale d'intervention ne se justifie pas et
refuse en tout cas qu'elle soit basée au Rwanda.

BERNARD DURAUD.

Haut

fgtquery v.1.9, 9 février 2024