Fiche du document numéro 2410

Num
2410
Date
Vendredi 22 novembre 1996
Amj
Auteur
Taille
114071
Sur titre
Une commission d'enquête des Nations unies met en cause plusieurs pays européens, dont la France. Kinshasa joue le rôle de plaque tournante. Bénéficiaires: les miliciens auteurs du génocide rwandais.
Titre
Afrique des Grands Lacs : Les Nations unies confirme la réalité du trafic d'armes
Nom cité
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
DEPUIS juillet 1994, date de l'écroulement de la dictature de Kigali,
les miliciens et les FAR (Forces armées rwandaises) n'ont jamais eu
à se préoccuper de leur approvisionnement en armes et munitions.
L'Humanité a dénoncé ces derniers jours certains trafics pouvant
provenir de deux sociétés françaises (SOFREMAS et Luchaire) et de
la société Herstal (qui, pour être officiellement belge, n'en est
pas moins une filiale du groupe français GIAT Industries); si l'on
en croit un rapport produit par une commission de l'ONU, mais
toujours tenu sous le coude, il ne s'agirait là que d'une partie
émergée de l'iceberg.

Dix-huit pays seraient mis en cause par cette commission d'enquête de
l'ONU pour des livraisons d'armes illégales aux auteurs du génocide
réfugiés dans l'Est zaïrois, si l'on en croit l'AFP. En dépit de
l'embargo international décrété en mai 1994, soit un mois après le
début du carnage. Le Zaïre de Mobutu aurait bien évidemment joué un
rôle central dans ce trafic d'armes. Parmi les pays européens
soupçonnés figurent la France, la Belgique, la Grande-Bretagne,
l'Italie et l'Espagne.

Le mutisme de Paris



Cette commission avait été créée en septembre 1995. Composée de quatre
membres, elle est présidée par l'Egyptien Mahmoud Kassem.
Périodiquement mis en cause, le gouvernement français avait choisi
jusqu'alors le mutisme. Désormais, il préfère le démenti officiel,
esquivant toute demande d'investigation et laissant donc, de ce fait,
planer plus qu'un doute.

A la commission d'enquête de l'ONU, Paris a assuré que, contrairement
à ce qu'elle croit savoir, aucun ressortissant français n'a rencontré,
dans le camp de réfugiés de Mugunga, près de Goma, le général Augustin
Bizimungu, ancien chef d'état-major de l'armée rwandaise et grand
organisateur du génocide, à propos de ventes d'armes. Aucune personne
accréditée par le gouvernement français n'a, d'aucune manière,
rencontré les anciennes forces armées rwandaises
, proclame-t-on à
Paris. Mais est-il déraisonnable d'imaginer des tractations animées
par un non-accrédité appartenant à l'un de ces multiples réseaux et
lobbies qui caractérisent ce que d'aucuns surnomment la
Françafrique?

Pour sa part, le gouvernement britannique n'a toujours pas fourni à la
commission les demandes d'éclaircissement sur l'origine des armes dont
les numéros de série ont été relevés.

L'implication du Zaïre



Ces numéros, selon Londres, ne fournissent qu'une information
préliminaire
. Les douanes britanniques n'ont pas répondu aux lettres
de la commission leur demandant des informations concernant une
société ayant son siège en Grande-Bretagne et qui aurait transporté
des armes à Goma.

Les autorités belges n'ont également pas encore répondu à la
commission leur ayant demandé de vérifier que la Belgique n'avait pas
servi de transit à un trafic d'armes en provenance notamment d'Europe
de l'Est et à destination des Forces armées rwandaises.

Le Zaïre, principal pays d'Afrique mis en cause dans le rapport de
l'ONU, s'est abstenu de répondre à la commission sur des allégations
persistantes concernant (son) implication dans la fourniture illégale
d'armes aux anciennes Forces armées rwandaises
.

JEAN CHATAIN

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