Fiche du document numéro 23461

Num
23461
Date
Vendredi 11 juillet 2008
Amj
Taille
115937
Titre
Les tribulations de Robert Bourgi à la DGSE
Soustitre
Voici le 4e épisode de la saga épistolaire de Robert Bourgi, intermédiaire en Françafrique devant l’Eternel. Au menu cette semaine, une tentative (avortée) de fabrication d’un réseau parallèle à l’intérieur même de la vénérable DGSE.
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Avocat ayant peu plaidé, maître Robert Bourgi connaît toutefois la
nature humaine. Et particulièrement celle de son « petit papa »
préféré, le président gabonais Omar Bongo, bien connu pour son
attirance envers tout ce qui à trait à l’espionnage. Des penchants
coupables qui n’ont pas échappé à Robert Bourgi. Ainsi, en 1994,
l’émissaire de la Françafrique s’est-il activé pour lui dénicher un
ponte de la DGSE (renseignement extérieur français), bien pratique pour
orchestrer quelques barbouzeries. En l’occurrence l’ambassadeur Guy
Azaïs, alors directeur de la stratégie. à la DGSE, comme l’annonce
Robert à son papa dans une missive datée du 15 mars 1994.

Habile, l’avocat commence par faire saliver le président gabonais en
lui expliquant qu’Azaïs « vient me voir vendredi 18 mars à mon cabinet
à 12h30 ». Mais, surtout, que Papa Bongo ne s’inquiète pas. « Nous
avons fixé ce rendez-vous pour préparer notre rendez-vous commun à
Libreville ». Papa Omar aura même droit à un petit encas au téléphone
avec le ponte de la DGSE. « Je vous le passerais au téléphone. Je pense
que le premier contact téléphonique entre vous est très opportun et
très vraisemblablement, le stimulera (souligné deux fois !) pour les
mois à venir » écrit l’avocat à son papa gabonais. Une stimulation fort
mystérieuse mais promise, apparemment, à une belle réussite : « il est
déjà préparé par mes soins ».

Et Bourgi de s’aventurer dans une comparaison biblique et fayotte, « Je
ne craindrai pas d’être Job du moment que vous êtes satisfait ». Le
tout est de savoir dans quelle grosse baleine l’intermédiaire compte
séjourner pour Omar. La France en général ou la DGSE en particulier ?
La réponse apparaît dans une lettre datée du 22 mars 1994, tout comme
le plan de bataille concocté par le « fidèle et respectueux serviteur »
Bourgi. Azaïs et lui arriveront le 7 avril au matin à Libreville. Ils y
resteront jusqu’au lendemain. Comme il n’est pas question d’éveiller
les soupçons des services officiels, un malicieux subterfuge est prévu
« pour sauvegarder toutes les apparences et nous permettre de continuer
à vous servir directement et discrètement par la suite » : la barbouze
logera « chez l’ambassadeur de France » et Bourgi, à l’hôtel. C’est
sioux !

« Pour l’ambassadeur, c’est le hasard (souligné) qui aura fait qu’Azaïs
et moi-même soyons dans le même avion et séjournions dans la même
période à Libreville » s’avance l’ami Bourgi. Tout ça pour ça…
serait-on tenté de penser. Car l’ambassadeur Azaïs n’a pas fait long
feu à la direction de la stratégie de la DGSE. En 1997, un nouveau
directeur le remplace et fait quelque peu le ménage autour de lui. Un
homme que Robert Bourgi depuis lors ne porte guère dans son coeur et
sur lequel il déverse des tombereaux de fiel. L’individu en question ?
Un certain Bruno Joubert, désormais patron de la cellule africaine de
l’Élysée et qui a promis de mener la vie dure aux vieux intermédiaires
françafricains. Les vieilles rancœurs ne meurent jamais.

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