Fiche du document numéro 23458

Num
23458
Date
Lundi 29 octobre 2007
Amj
Taille
180195
Sur titre
Saga Africa (III)
Titre
Françafrique : la guerre des réseaux
Sous titre
Suite de notre saga estivale sur Sarko et la politique africaine. Avec aujourd’hui, un petit résumé de la guerre des réseaux qui s’est joué entre Robert Bourgi, Patrick Balkany et la cellule Afrique. Finalement achevé par une paix armée entre Robert Bourgi, l’héritier des réseaux Foccart, et la cellule Afrique.
Nom cité
Nom cité
Nom cité
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Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
C’est la fin d’une époque, celle des rescapés des réseaux Foccart et
autres Bourgi. Mais la France n’abandonne pas son pré carré africain et
d’autres ont pris le relais. Avec comme toujours avec des proches du
chef de l’Etat.

« L’Afrique à la papa c’est fini ». La divine secrétaire d’Etat aux
droits de l’Homme Ramatoulaye Yade l’a dit devant l’assemblée Nationale.
Et tout ce que dit Rama, Bakchich y croit. Seul petit souci, les
intermédiaires, conseils et autres agents d’influence qui pullulent
entre la France et l’Afrique n’ont pas entendu le message. Et entre
France officielle, vieux crocodiles et jeunes ambitieux se livrent à une
guerre farouche, qui commence à faire des victimes.

Et comme souvent, ce sont les vieux de la vieille qui trinquent en
premier. Notamment Maître Robert Bourgi, avocat de profession,
cire-pompes de chefs d’Etat africain par passion. Héritier auto-proclamé
des réseaux Foccart, l’homme qui, sous De Gaulle créa un système de
contrôle du pré-carré africain la Françafrique, Robert a réussi une
bascule délicate. Passer du chiraquisme forcené, doublé il va de soi
d’un anti-sarkozysme viscéral, à l’adulation de Sarko Ier. Du bel
ouvrage, facilité par son verbiage. Bien en cour chez le président
gabonais Omar Bongo, Bourgi n’a de cesse d’expliquer que c’est grâce à
son intermède que les deux grands hommes se sont rencontrés et ont
sympathisé. Prié de le croire sur parole. Mais des signes ne trompent
pas. Homme de l’ombre, l’ami Robert est depuis mai dernier entré dans la
lumière. Et surtout dans la presse.


Lors de la cérémonie d’investiture de Sarko, sa présence est passée tout
sauf inaperçue. Et a plus qu’agacé les services de l’Elysée, qui se sont
sentis blousés : « Bourgi leur a fait croire qu’il représentait
Bongo
 », s’amuse un habitué. Pire, l’animal se met en scène. D’abord
quand Nicolas Sarkozy lui remet la légion d’honneur et insiste sur sa
filiation avec Foccart. Ensuite, très récemment, en se livrant à une
interview fleuve sur la chaîne ivoirienne Télé3A. L’avocat
franco-libanais s’y présentait comme le grand ordonnateur d’une
rencontre entre Laurent Gbagbo et Nicolas Sarkozy… qui s’est en fait
limité à une simple poignée de main lors de l’Assemblée générale des
Nations-Unies, le 24 septembre dernier à New York. Bref Bourgi s’agite,
se multiplie, sort de l’ombre. Et use de manœuvres de moins en moins
discrètes pour exister. Autant de signes de gênes, pour ne pas dire
d’acculement qui ne sont pas pour déplaire à la cellule Afrique de
l’Elysée et à son patron Bruno Joubert.


Ce « pied-nickelé de Joubert »



Un vieux contentieux oppose les deux hommes. Du temps où Joubert
officiait à la tête de la direction stratégie de la DGSE et où, moins malléable que
son prédécesseur, il éconduisait tous les messieurs bons offices.
Etonnamment, Bourgi depuis, ne manque jamais de dauber sur ce
« pied-nickelé de Joubert ». Et s’est installé une froideur
réciproque… doublé d’un constat : Bourgi et ses ersatz font partie d’un
monde finissant. Et n’ont guère plus d’influence que chez les « vieux
chefs d’Etat, rescapés de la période Foccart, les Bongo Sassou ou
Obiang
 », confie une vieille concierge des palais africains. « Leur
présence les rassure, mais chez les nouveaux, en Afrique de l’Est, en
Angola et même à présent au Sénégal, les choses changent. Pour Bourgi
notamment
 ». Le vieux Robert, au plus mal avec la cellule Afrique, voit
même des jeunots lui manger la laine sur le dos. Et s’en méfie. « Je
sais très bien que Bourgi et Paul Barril cherche des renseignements sur
moi
 », s’amuse Philippe Solomon. Copain de l’ancien Pédégé d’Elf, Loïk
Le Floch-Prigent, de Bernard Tapie ou de Arkadi Gaydamak, le bonhomme a
de l’entregent qui voyage sur le continent. Et de belles entrées en
Centrafrique, pays charnière, dont il se dit consul honoraire en Israël
(voir son portrait en p.16).

Manque de chance pour la cellule Afrique, ce petit réseau a trouvé son
héros, en la personne de l’ancien « bébé Pasqua » et surtout ami intime
du président Sarkozy, Patrick Balkany. Tout nouvel amoureux transi de
l’Afrique, le député-maire de Levallois a été charmé par la gouaille de
Solomon, lors de son dernier séjour africain (cf. La Balkanysation de
l’Afrique). Si bien qu’il l’a ramené de Bangui à Paris dans le jet qui
lui avait préféré, pour l’occasion, Georges Forrest, consul honoraire de
France à Lumumbashi (République démocratique du Congo). Mieux, Balkany,
Solomon et le président centrafricain François Bozizé, en visite à
Paris, ont cassé la croûte ensemble lundi 19 novembre. Et de plus en
plus de margouillats qui traînent en Afrique cherchent à discuter avec
Balkany.

Si flinguer Bourgi ne pose guère d’ennuis, difficile pour les services
officiels de dézinguer une équipe dont la tête de pont est si proche du
grand patron. Un réseau s’éteint, un autre s’éveille…

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