Fiche du document numéro 21184

Num
21184
Date
Lundi 19 mars 2018
Amj
Taille
34703
Titre
Réaction au propos de Natacha Polony (France Inter) - Génocide contre les Tutsis : Toujours « Un génocide sans importance » pour certains
Sous titre
À la veille de la 24ème Commémoration, ceux qui ont mis fin au génocide contre les Tutsis et ceux qui l’on perpétré sont mis dans le même sac.
Mot-clé
Type
Note
Langue
FR
Citation
À trois semaines à peine de la 24ème commémoration du Génocide contre les Tutsis, ce dimanche 18 mars 2018 à 13 h 20 sur France Inter, radio publique française, dans l’émission « Le duel Natacha Polony, Raphaël Glucksmann » :

« Malheureusement, on est typiquement dans le genre de cas où on avait, j’allais dire, des salauds face à d’autres salauds ». Et, un peu plus loin, « Je pense qu’il n’y avait pas d’un côté les gentils et de l’autre les méchants dans cette histoire ».

C’est Natacha Polony, une journaliste vedette du PAF (Paysage audio-visuel français), qui parle de ce qui s’est passé en 1994 au Rwanda et qui n’est rien d’autre que le génocide contre les Tutsis.

Raphael Glucksmann, bien connu du public pour son film « Tuez-les tous » sur le génocide de 1994, a beau lui rappeler le b.a.-ba du génocide (« Dans un génocide, il y a des bourreaux et des victimes » et, en 1994, « il y a des gens qui commettent un génocide et des gens qui sont victimes du génocide »), elle persiste et signe : « On ne définit pas les gens par bourreaux et victimes, ce n’est pas comme ça ».

Et pourtant, elle veut bien reconnaître qu’il y a eu un génocide. Sauf que, pour elle, « ça n’est absolument pas remettre en cause le génocide que de dire qu’il y a ce fait-là ».

Ce fait-là, le voici: « Aujourd’hui, nous sommes face à un régime qui est un régime qui est devenu totalement dictatorial et qui accomplit, là aussi, des exactions vis-à-vis des journalistes, vis-à-vis de…, vis-à-vis de l’ensemble des oppositions ».

Or, c’est bel et bien remettre en cause le génocide contre les Tutsis que de mettre le FPR et le Hutu Power dans le même sac. Ce n’est pas une (simple) opinion mais un crime de révisionnisme voire de négationnisme que de placer, dans le même camp, ceux qui ont mis fin au génocide et ceux qui l’ont perpétré.

Aussi cette confusion volontairement et explicitement révisionniste doit-elle être fermement sanctionnée : pour le moins, France Inter et le Conseil supérieur de l’audio-visuel (CSA) doivent exiger de Natacha Polony qu’elle présente des excuses publiques. Elle les doit à la mémoire des victimes du Génocide. Elle les doit aussi non seulement aux rescapés et survivants mais à nous tous qui nous préparons à commémorer pour la 24ème fois, dans la douleur, ce qui s’est passé du 07 avril au 04 juillet 1994 au Rwanda : un génocide contre les Tutsis, un génocide qui a fait plus d’un million de victimes en 100 jours.

Cette sanction pourra sonner comme une mise en garde et un avertissement pour ceux -- manifestement encore trop nombreux, hélas ! -- qui continuent à considérer que « dans ces pays-là, un génocide n’est pas trop important », qu’il ne faut pas croire que « le caractère horrible de ce qui s’est passé là-bas a la même valeur pour eux et pour nous » et qu’au « Rwanda les Hutus tuent les Tutsis et les Tutsis tuent les Hutus ». L’avertissement, s’il est ferme, participera au travail de mémoire.

André Twahirwa

Président d’honneur de la Communauté rwandaise de France

Lien de l’émission : https://www.franceinter.fr/emissions/le-duel-natacha-polony-raphael-glucksmann/le-duel-natacha-polony-raphael-glucksmann-18-mars-2018

*([10’ 42’’] à [13’ 41’’]).

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